Société de la connaissance
La société de la connaissance (knowledge society), ou société du savoir, est une expression employée pour la première fois en 1969 par l'Américain Peter Drucker, dans son livre The Age of Discontinuity[1].
Elle désigne un type de société où, sous l'effet des technologies de l'information, une forte diffusion des informations agrège les savoirs de sorte que cette agrégation constitue peu à peu le facteur central de l'économie, le plus déterminant. On parle alors d'économie de la connaissance.
Elle désigne aussi une théorie selon laquelle l'accès aux infrastructures de l'information favorise la démocratisation du savoir. Elle considère que le savoir et l'innovation sont les facteurs-clé du développement économique. La théorie de la société de la connaissance se veut à la fois analyse et projet politique. Le sociologue Gérald Bronner remet en cause cette théorie, considérant que la massification de l'information favorise une société de crédulité informationnelle[2] - [3].
Entrée dans la langue française dans les années 1980, cette expression est parfois préférée à celle de société de l'information.
Définition de la société de la connaissance
La société de la connaissance :
- reprend en partie la notion de société de l'information, désignant une société dans laquelle se généralise la diffusion et l’usage d’informations et qui s’appuie sur des technologies de l'information et de la communication (TIC) à bas coûts.
- met plus largement l'accent, non pas sur les flux d’information et les réseaux qui les supportent, mais sur le savoir, l'expertise, la créativité, l'innovation, la connaissance. La vision est donc plus humaine même si cette société de la connaissance est portée par un développement technique.
- prend en compte aussi l'impact, considéré de plus en plus crucial (économie du savoir), de la création et diffusion des connaissances sur le développement économique, par l'intermédiaire de l'intelligence économique dans les entreprises et les territoires.
Dans ce cadre, la stratégie arrêtée au Conseil européen de Lisbonne () désigne un axe majeur de la politique économique et de développement de l'Union européenne.
Le Conseil européen de Lisbonne a ainsi fixé un objectif stratégique visant à faire de l’Union européenne « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d'ici à 2010, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ».
Selon Benjamin Bayart, le logiciel libre et Internet sont les deux facettes d'un même objet connu sous l'appellation « société de la connaissance »[4].
Aspect individuel
Selon Jean-Yves Prax, expert en gestion des connaissances (knowledge management), l'information est une collection de données organisées pour donner forme à un message. La connaissance au contraire implique l'homme porteur de trois façons :
- Elle s'intègre dans le système personnel de représentation,
- Elle est activable selon une finalité,
- Elle est liée à une recherche de vérité chez le sujet.
Débat sur les relations sociologiques entre connaissance, information et mode de pensée
Certains considèrent que les notions de société de l'information, voire de la connaissance recouvrent en fait peu de chose. En particulier la question de savoir si l’information constitue - au-delà d’un certain débit qui ne permet plus de la recouper - une aide ou un frein à la bonne maîtrise des connaissances reste ouverte. Aucun gouvernement totalitaire du monde, en effet, ne s’est fait faute de submerger ses peuples sous de l’information, mais qui avait été au préalable soigneusement filtrée par ses soins.
Un article du Monde résumait la chose en disant que les médias étaient sans doute, et heureusement, incapables de nous dire quoi penser, mais se montraient hélas très efficaces en revanche pour nous dire à quoi penser.
Notes et références
- Peter Drucker, The Age of Discontinuity. Guidelines to Our Changing Society, New York, Harper and Row, 1969
- Gérald Bronner, La Démocratie des crédules, Presses universitaires de France, , 55-128 p.
- Rachel Sarg, « Bronner (Gérald), La démocratie des crédules », Revue française de sociologie, vol. 55, no 3, , p. 593.
- « Conférence de Benjamin Bayart: Internet libre, ou Minitel 2.0? », fdn.fr, 13 juillet 2007.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Pierre Fayard, Culture et stratégie japonaises dans la société de la connaissance, Dunod, 2006, (ISBN 2100501879)
- Jérôme Bindé, Vers les sociétés du savoir, Rapport Mondial de l'UNESCO, éditions UNESCO, 2005
- Richard M. Stallman, Free Software, Free Society: Selected Essays, GNU Press, 2002; seconde édition 2010.
- Jean-Gustave Padioleau, “La société de la connaissance et la gestion de sa complexité”, Cycle de séminaires Vicente Pérez Plaza, Université technique de Valence, 2001
- Jean-Yves Prax, Le guide du knowledge management, concepts et pratiques du management de la connaissance, Dunod, 2000, (ISBN 2100047019)
- Erik Neveu, Une société de communication, Paris, Montchrétien, 1997 - réédition 2011 (ISBN 2707617342)
Liens externes
- L’économie de la connaissance, Coordination Nationale des Conseils de Développement (CNCD),
- L’économie de la Connaissance par Peter Drucker, The Hypertextual,
- Révolution dans la Connaissance, Roger Sue, Institut Polanyi France,
- Société de l’information / Société de la connaissance, Sally Burch, Vecam,
- Vers les sociétés du savoir [PDF], UNESCO, 2005
- La “société de la connaissance” : généalogie d’une double réduction, Philippe Breton, Éducation et Sociétés n°15, pp. 46-57, 2005