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Simulant de régolithe lunaire

Un simulant de rĂ©golithe lunaire, ou simulant de sol lunaire, est un matĂ©riau crĂ©Ă© pour imiter certaines propriĂ©tĂ©s du rĂ©golithe lunaire utilisĂ© en gĂ©nĂ©ral dans un but scientifique. Les propriĂ©tĂ©s Ă  imiter varient selon les expĂ©riences scientifiques Ă  rĂ©aliser, le besoin peut ĂȘtre de reproduire les caractĂ©ristiques chimiques, mĂ©caniques, minĂ©ralogiques du sol lunaire ou encore la granulomĂ©trie, les frictions relatives des particules ou d'autres propriĂ©tĂ©s plus complexes.

Échantillon 70050 de rĂ©golithe lunaire rapportĂ© par Apollo 17. Les simulants de rĂ©golithe lunaire ont pour but de reproduire certaines des propriĂ©tĂ©s de ce genre de poussiĂšre lunaire.

Les simulants de régolithe, parce qu'ils ont un matériau à visée scientifique, ne sont pas produits en masse. Les premiers ont été conçus durant la course à l'espace, alors que peu de choses étaient connues de la composition des régolithes extraterrestres. Par la suite, l'arrivée d'échantillons de sol lunaire ramenés par les missions Apollo, a permis de créer de meilleurs simulants. AprÚs la fin des missions habitées pour la Lune en 1973, la production de simulants a chuté de maniÚre drastique. Avec la relance de projets de bases lunaires en 2004-2005, la demande en simulant a augmenté de maniÚre forte et la recherche de matériaux plus fidÚles, plus adaptés et standardisés a re-dynamisé le domaine.

Reproduire tout ou partie des propriĂ©tĂ©s du rĂ©golithe lunaire est important en premier lieu car les Ă©chantillons de sol ramenĂ©s de la Lune sont trop rares et trop petits pour pouvoir ĂȘtre utilisĂ©s dans des projets de recherche et de dĂ©veloppement : par exemple les demandes des branches de l'ingĂ©nierie spatiale sont trĂšs importantes et le volume de rĂ©golithe requis pour tester un rover n'existe pas sur Terre.

Ces matĂ©riaux de simulation sont majoritairement employĂ©s par le domaine de l'utilisation des ressources in situ (URIS) et par l'ingĂ©nierie spatiale. Le premier domaine se concentre sur l'extraction, la transformation et la production de produits et matĂ©riaux issus du sol lunaire et demande des quantitĂ©s en gĂ©nĂ©ral faible de simulant mais dont les propriĂ©tĂ©s peuvent ĂȘtre trĂšs difficiles Ă  reproduire. Le deuxiĂšme domaine peut concerner des sujets aussi divers que la manutention, l'excavation, le transport sur place, la mise en Ɠuvre d'Ă©quipement adaptĂ© et rĂ©sistant Ă  la poussiĂšre, etc.

Historique

Le premier simulant de rĂ©golithe lunaire remonte aux annĂ©es 1960, et a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par David Carrier dans le but de tester des techniques de forage. Ce simulant Ă©tait trĂšs simple puisque constituĂ© de sable de League City et de kaolinite, deux composants locaux facilement disponibles ; ses propriĂ©tĂ©s gĂ©otechniques Ă©taient similaires Ă  la surface lunaire mais absolument dissemblables au vrai rĂ©golithe en tout autre point[1]. De la mĂȘme maniĂšre le premier simulant de poussiĂšre lunaire utilisĂ© pour tester la rĂ©sistance Ă  l'abrasion des combinaisons Ă©tait trop dissemblable du sol lunaire : toutes les modifications apportĂ©es prĂ©ventivement sur les joints des Ă©quipements Ă©taient inadaptĂ©es aux conditions rĂ©elles[2].

Photo de plagioclases et de pyroxÚne composant une roche de basalte prise avec polariseurs croisés et une plaque de gypse. La plupart des simulants sont issus de roches basaltiques réduites en poudre avec d'autres minéraux en supplément.

AprĂšs le retour de la mission Apollo 11, les premiers Ă©chantillons de sol lunaire exploitables permettent de connaĂźtre la composition rĂ©elle du rĂ©golithe, ainsi que ses propriĂ©tĂ©s physico-chimiques. Pour mieux s'approcher de la teneur de titane des Ă©chantillons rapportĂ©s, Paul Weiblen de l'UniversitĂ© du Minnesota dĂ©veloppe en 1971 le MLS-1, pour Minnesota Lunar Simulant 1, Ă  partir d'une roche basaltique extraite d'une carriĂšre de Duluth dont la proportion de TiO2 est la plus haute sur Terre[3]. Ce simulant contient en particulier une proportion notable d'ilmĂ©nite. Les minĂ©raux et les tailles de grains ressemblent Ă  la chimie de la mission Apollo 11 (plus prĂ©cisĂ©ment, des Ă©chantillons de sol 10084), mais la similitude demeure limitĂ©e : la teneur en Ti est deux fois moins grande que celle des Ă©chantillons Apollo, et pour reproduire la prĂ©sence de verre dans le rĂ©golithe, Weiblen a mĂ©langĂ© une part de basalte natif et une part prĂ©alablement passĂ©e dans un four Ă  6 000 °C pour obtenir une poudre contenant Ă  la fois des cristaux et des particules amorphes. Ce processus permettait de s'approcher des Ă©chantillons rapportĂ©s par Apollo 11 mais la minĂ©ralogie, la gĂ©otechnique et la granulomĂ©trie du MSL-1 en Ă©tait encore loin[3].

Alors que jusqu'à 1985 les simulants développés le sont dans des proportions trÚs réduites, souvent pour une application bien particuliÚre avec une quantité juste adaptée aux besoins du chercheur concerné par l'expérimentation mise en jeu, l'arrivée du MLS-1 et de sa mise à disposition plus globale pour l'ensemble des chercheurs intéressés en 1988 change la donne au niveau des quantités et des modes de production de simulants[4].

En 1993, un nouveau simulant est dĂ©veloppĂ©, le JSC-1, pour s'approcher de la composition des maria. À la diffĂ©rence du MLS-1, il simule un sol pauvre en titane et Ă  haute teneur en verre ce qui le rapproche mieux des Ă©chantillons Apollo dont les particules ont tendance Ă  s'agrĂ©ger[3]. Ce simulant est une cendre basaltique minĂ©e dans le champ volcanique de San Francisco, Ă  proximitĂ© de Flagstaff, dont la source a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e notamment pour sa disponibilitĂ© en grande quantitĂ© et pour sa composition Ă  moitiĂ© faite de verre friable d'origine basaltique[3]. En rĂ©alitĂ© les rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s par l'Ă©quipe ayant dĂ©veloppĂ© le JSC-1 montrent une similitude de composition chimique entre le JSC-1 et l'Ă©chantillon 14163, ramenĂ© par Apollo 14 et n'Ă©tant pas issu d'une mare : ce simulant, pourtant prĂ©sentĂ© pendant des annĂ©es comme correctement reprĂ©sentatif du rĂ©golithe des mers lunaires, n'est en fait typique que d'une petite partie du sol de l'astre[3], sa ressemblance minĂ©ralogique au rĂ©golithe lunaire est seulement partielle[5].

Outre le JSC-1, dont quinze[3] Ă  vingt-cinq[6] tonnes furent produites, jusqu'aux annĂ©es 2000 la production de nouveaux simulants a continuĂ© dans des proportions moins importantes dans le monde entier. C'est en 2004, sous l'impulsion du prĂ©sident des États-Unis George W. Bush, qu'une nouvelle demande importante de simulant lunaire est lancĂ©e et la supervision des simulants extra-terrestres passe du Centre Spatial Johnson au Centre de vol spatial Marshall (Marshall Space Flight Center, MSFC)[3]. L'idĂ©e d'un simulant standardisĂ© est proposĂ©e par Carter et al., ce qui permettrait d'homogĂ©nĂ©iser le besoin au niveau de la production du simulant et de fournir Ă  la communautĂ© scientifique une base invariable sur laquelle expĂ©rimenter, ou Ă  partir de laquelle il serait possible de dĂ©river des simulants plus spĂ©cifiques pour des besoins expĂ©rimentaux particuliers[7].

La NASA commissionne la production d'un remplaçant au JSC-1, dont le stock est Ă©puisĂ©. Sa copie, le JSC-1A avec ses diffĂ©rentes catĂ©gories de finesse, est issue de la mĂȘme source basaltique et en reproduit donc toutes les caractĂ©ristiques chimiques, avec toutes les diffĂ©rences en comparaison au rĂ©golithe des maria[3].

La coopĂ©ration internationale pour la recherche spatiale a amenĂ© avec elle le besoin de standards internationaux, dont notamment, des simulants standardisĂ©s. Da maniĂšre Ă  ce que les rĂ©sultats d'expĂ©rimentations soient comparables entre les diffĂ©rentes agences spatiales et laboratoires mais aussi qu'ils puissent ĂȘtre partagĂ©s sur des bases communes[8].

Production

La plupart des simulants ont été demandés par la NASA, dans la perspective d'une mission lunaire longue voire permanente. Dans ce cadre, plus d'une dizaine de simulants ont été développés sur plusieurs années, certains étant épuisés d'autres encore disponibles. Chaque simulant a son propre domaine d'applicabilité[1].

La production de simulant de rĂ©golithe est compliquĂ©e par les caractĂ©ristiques du rĂ©golithe natif Ă  reproduire : la distribution des tailles de particules, leur agglomĂ©ration et la rĂ©partition entre phase cristalline et phase amorphe (verre) sont les principaux obstacles Ă  une production importante de simulant[9] - [1]. Outre les caractĂ©ristiques chimiques et granulomĂ©triques, selon les applications il peut ĂȘtre nĂ©cessaire que le simulant reproduise[4] :

  • inclusion de fer Ă  domaine unique (en) dans des blebs de verre,
  • minĂ©raux anhydres,
  • dommages radiatifs,
  • implantations volatiles (le rĂ©golithe lunaire contient des ions d'Ă©lĂ©ments comme l'hydrogĂšne ou l'azote, implantĂ©s par les vents solaires),
  • des agglutinats, qui sont des petits amas de minĂ©raux, de verre et de roche, agrĂ©gĂ©s par le verre rĂ©sultant des impacts micro-mĂ©tĂ©oritiques.

Parmi les particularités du sol lunaire présentant des difficultés à reproduire, la présence de fer métallique sous plusieurs forme est une des plus complexes. Ce fer natif est à la fois d'origine magmatique, aprÚs cristallisation du métal dans une atmosphÚre sans oxygÚne, et d'origine météoritique : les impacts trÚs énergétiques de micro-météorites créent un dépÎt sous phase vapeur de fer nanophasé[10]. Le JSC-1A a été enrichi exprÚs de nanoparticules de fer pour approcher au mieux le régolithe lunaire pour un coût supplémentaire de production de plusieurs millions de dollars. L'utilité de l'addition de ces nanoparticules, sachant que le basalte utilisé pour le JSC contient naturellement des nanoparticules de Ti-magnetite, est discutable[11].

Les volumes de simulants Ă  produire sont trĂšs diffĂ©rents selon les applications. Dans le cadre de tests d'ingĂ©nierie spatiale, il est nĂ©cessaire d'avoir de grande quantitĂ© de simulant Ă  disposition : les mĂ©thodes et machinerie d'excavation, de manutention ou de dĂ©placement devant interagir avec le simulant. JSC-1 a Ă©tĂ© ainsi mis Ă  disposition au public scientifique gĂ©nĂ©ral pour des quantitĂ©s unitaires allant jusqu'Ă  2 000 livres (907,2 kg) avec des commandes typiques autour de multiples de la tonne, lĂ  oĂč MLS-1 Ă©tait plutĂŽt commandĂ© au kilogramme[5].

Implantation d'hélium 3

Pour obtenir un simulant contenant de l'hélium 3 dans des proportions comparables au régolithe, des procédures particuliÚres sont mises en place pour altérer le simulant choisi. L'échantillon de simulant est soumis à une implantation ionique par source plasma (ou PSII pour Plasma Source Ion Implantation) qui permet de reproduire un vent solaire. AprÚs un nettoyage (en) par pulvérisation cathodique d'argon, les atomes 3He sont implantés dans le simulant[12].

Un test d'implantation d'4He dans de l'ilmĂ©nite terrestre a montrĂ© ainsi que cette technique permet de simuler assez fidĂšlement la prĂ©sence d'hĂ©lium dans le rĂ©golithe lunaire et son dĂ©gazage, bien que le simulant prĂ©parĂ© de cette maniĂšre aura tendance Ă  dĂ©gazer l'hĂ©lium au mĂȘme rythme que les Ă©chantillons de rĂ©golithe mais de maniĂšre prĂ©maturĂ©e ce qui est sans doute dĂ» au fait que le rĂ©golithe lunaire a Ă©tĂ© soumis Ă  des vents solaires sur des pĂ©riodes bien plus importantes que celles auxquelles les simulants peuvent ĂȘtre soumis[12].

Le régolithe lunaire

Parce que les simulants doivent reproduire parfois au plus fidĂšlement le rĂ©golithe lunaire, la minĂ©ralogie et chimie du rĂ©golithe de base doit ĂȘtre bien connue. Le rĂ©golithe lunaire est essentiellement composĂ© de feldspath plagioclase, de pyroxĂšne et d'olivine. Les olivines sur la Lune peuvent couvrir selon les rĂ©gions tous les minĂ©raux de la forstĂ©rite Ă  la fayalite : les maria sont en gĂ©nĂ©ral riches en fer et donc en fayalite (Ă  raison d'environ 70 % de Fe2SiO4 pour 30 % de Mg2SiO4) mais d'autres rĂ©gions de la Lune ont des concentrations de prĂšs de 95 % de forstĂ©rite[13].

Les plagioclases sont le composant majeur de la croĂ»te lunaire : on retrouve des plagioclases dans les maria et les plateaux lunaires, les plateaux Ă©tant essentiellement composĂ©s d'anorthite, lĂ  oĂč l'on peut trouver de l'anorthite et de la bytownite dans les maria. Ces minĂ©raux se prĂ©sentent sous la forme de cristaux et de verre diaplectique. Le verre diaplectique est formĂ© non pas par fusion mais par friction Ă  haute pression. C'est un verre dense rĂ©sultant des impacts mĂ©tĂ©oritiques sur le sol lunaire[13].

  • Concentrations relatives des principaux Ă©lĂ©ments chimiques prĂ©sents dans le rĂ©golithe lunaire.
    Concentrations relatives des principaux éléments chimiques présents dans le régolithe lunaire.
  • Comparaison des concentrations relatives selon la zone d'origine du rĂ©golithe.
    Comparaison des concentrations relatives selon la zone d'origine du régolithe.

Propriétés

De tous les simulants lunaires crĂ©Ă©s depuis les premiers Ă©chantillons rapportĂ©s par les missions Apollo, tous sauf le MLS-1 montrent une rĂ©flectivitĂ© dĂ©pendante de la longueur d'onde et proche de 0.1 sur la bande spectrale 8-25 ”m. Les simulants sont tous particuliĂšrement Ă©missifs Ă  tempĂ©rature ambiante ce qui s'explique par leur teneur en verre importante. Le MLS-1 Ă©tant assez pauvre en verre, il est peu Ă©missif. Par ailleurs, bien que la rĂ©flectivitĂ© dans le spectre visible des simulants correspond bien Ă  ce qui est observable — c'est-Ă -dire une plus grande rĂ©flectivitĂ© des simulants de rĂ©golithe des hauts plateaux lunaires —, l'alpha qui a Ă©tĂ© mesurĂ© sur les simulants est infĂ©rieur Ă  celui des rĂ©golithes lunaires[14]. De ce fait, pour les expĂ©riences destinĂ©es Ă  mesurer l'effet de la poussiĂšre lunaire sur les interfaces thermiques, on ne choisit pas le simulant en fonction de la gĂ©ographie lunaire qu'il est censĂ© simuler mais directement de ses propriĂ©tĂ©s thermooptiques thĂ©oriques.

Utilisations

Les géopolymÚres de régolithe lunaire (CDC-1A) et martien (JSC MARS-1 A) avec leur simulant associé produits produites à l'Université de Birmingham.

Les applications des simulants sont en général destinées à prouver qu'il est possible d'exploiter le régolithe réel d'une maniÚre ou d'une autre. Les sections qui suivent décrivent ces expérimentations réalisées sur du simulant la faisabilité étant quasiment toujours étudiée à l'aide de simulants[15].

Ingénierie spatiale

Les applications d'ingénierie spatiale couvrent les vérifications de fonctionnement des équipements sur la Lune. Ces applications incluent donc les déplacements de véhicules, les extractions et opérations de manutention, la résistance des matériaux et particuliÚrement des joints à la poussiÚre, etc[2] - [1].

Toxicologie et poussiĂšres

Les Ă©tudes de toxicologie et d'infiltration de poussiĂšre dans les Ă©quipements se fait avec des simulants dont la granulomĂ©trie doit ĂȘtre la plus fine possible. Le JSC-1AF est par exemple utilisĂ© pour ce genre d'applications et de recherches[6].

Extraction de ressources

Le domaine de l'extraction de ressources in situ (ERIS) couvre toutes les opérations d'extraction ou de transformation permettant d'exploiter les ressources minéralogiques et chimiques de l'environnement présent pour développer matériaux, industries, etc[2] - [1] - [9]. L'objectif de ces recherches est de rendre toute mission sur la Lune plus pérenne et prolongée grùce à l'utilisation de l'environnement lunaire pour les ressources en oxygÚne par exemple[15].

La premiĂšre ressource Ă  extraire serait l'oxygĂšne du rĂ©golithe lunaire— la teneur en oxygĂšne du rĂ©golithe qu'il soit mare ou plateau est d'approximativement 45 % —la principale difficultĂ© Ă  surmonter Ă©tant de dĂ©velopper deux techniques d'extraction qui soient chacune adaptĂ©e aux deux grands types de zones gĂ©ologiques lunaires. En effet la principale source de dioxyde de titane est contenue dans l'ilmĂ©nite du rĂ©golithe et pourrait ĂȘtre utilisĂ©e comme rĂ©serve exploitable de dioxygĂšne. NĂ©anmoins l'ilmĂ©nite n'est vĂ©ritablement prĂ©sente que dans les maria qui ne constituent pas l'essentiel de la surface lunaire : l'exploitation de dioxygĂšne doit donc aussi ĂȘtre adaptĂ©e aux nombreux plateaux lunaires riches en anorthosite, composĂ©e en majoritĂ© de plagioclases, de la sĂ©rie albite-anorthite et ne contenant du titane que sous forme de traces[16].

L'extraction de dioxygĂšne doit donc ĂȘtre testĂ©e avec des simulants mare et plateau, dont[16] :

  • La composition doit ĂȘtre reprĂ©sentative chimiquement des molĂ©cules contenant de l'oxygĂšne,
  • La granulomĂ©trie doit ĂȘtre reprĂ©sentative du rĂ©golithe d'origine en particulier :
    • La rĂ©partition des tailles de particules
    • La proportion d'agglutinats
    • La proportion de phase vitreuse

Pour les expĂ©riences relatives Ă  l'extraction d'oxygĂšne, les tests doivent donc ĂȘtre menĂ©s par exemple en parallĂšle sur du simulant de la sĂ©rie des JSC1 et sur du simulant de la sĂ©rie des NU-LHT[16]. Les expĂ©riences qui ont Ă©tĂ© menĂ©es sur les simulants lunaires ont permis de prouver qu'il est possible de sĂ©parer oxygĂšne et mĂ©taux du rĂ©golithe lunaire au travers de diffĂ©rents procĂ©dĂ©s chimiques[17].

La production d'eau in situ a aussi Ă©tĂ© testĂ©e sur des simulants, permettant d'aboutir Ă  un rendement maximal de 0,25 g d'eau pour 20 g d'ilmĂ©nite et kWh ce qui reprĂ©sente une consommation d'Ă©nergie trop importante pour une production sur place et doit ĂȘtre rĂ©duite[18].

Matériaux de construction

Une réaction d'oxydoréduction utilisant du simulant JSC-1A et de l'aluminium en poudre permet de créer un matériau dur, utilisable pour des structures habitables[15]. Les expériences ont été menées sur des classes de JSC-1A différentes pour déterminer la quantité de poudre d'aluminium à introduire comme réactif dans la raction chimique[19].

Toutanji et al. ont utilisé le JSC-1 pour créer un simulant de « Lunarcrete », le béton lunaire[20], à base sulphurique[21].

Le JSC-1A peut se géopolymériser dans une solution alcaline, formant une matériau dur similaire à du roc[22] - [23]. Des tests réalisés sur ce matériau montrent que la résistance à la compression et à la flexion de ce géopolymÚre lunaire est comparable à celle des ciments classiques.


Culture de végétaux et Regenerative Life Support Systems (RLSS)

Dans une expérience destinée à vérifier s'il est possible de faire croßtre des plantes sur le sol lunaire et martien, des simulants ont été utilisés comme substrat pour plusieurs espÚces de plantes. Dans le cas de la Lune, le la série JSC-1 a été choisie comme substrat[24] - [25] la question s'étant posée dÚs 1994[26].

Variétés de simulants

Un inventaire exhaustif a été réalisé en 2010 à la demande de la NASA par un groupe de travail du LEAG (Lunar Exploration Analysis Group) et du CAPTEM (Curation and Analysis Planning Team for Extraterrestrial Materials). La liste a été dressée dans leur rapport de et rassemble les variétés de simulant suivantes [27]:

Classement des différents simulants de régolithe lunaire[28]
Variété ou Demandeur Dénomination Sol simulé Particularité Utilisation
Minnesota Lunar Simulant MLS-1 Mare Haute teneur en ilménite Générique
MLS-1P Mare Haute teneur en titane Spécifique
MLS-2 Plateau Plus de silice que MLS-1 et moins d'oxyde de titane[4] Générique, disponible en faible quantité seulement[4]
Arizona Lunar Simulant ALS Mare Basse teneur en titane GĂ©otechnique
Johnson Space Center JSC-1 Mare Basse teneur en titane, Ne contient pas d'ilménite, Analogie minéralogique avec le sol lunaire limitée[5] Générique, Ingénierie[5]
JSC-1AF Mare Basse teneur en titane Générique
JSC-1A Mare Basse teneur en titane Générique
JSC-1AC Mare Basse teneur en titane Générique
Fuji Japanese Simulant FJS-1 Mare Basse teneur en titane
FJS-2 Mare Basse teneur en titane
FJS-3 Mare Haute teneur en titane
MSFC MKS-1 Mare Basse teneur en titane Inconnu
EVC/NORCAT et l'Université du Nouveau-Brunswick[6] OB-1 Plateau OB est l'abréviation d'Olivine-Bytownite Géotechnique, générique
CHENOBI Plateau GĂ©otechnique
Chinese Academy of Science CAS-1 Mare Basse teneur en titane Générique
Goddard Space Center GCA-1 Mare Basse teneur en titane GĂ©otechnique
NASA/USGS-Lunar Highlands Stoeser NU-LHT-1M Plateau sol anorthositique[9] Générique
NU-LHT-2M Plateau sol anorthositique[9] Générique
NU-LHT-2C Plateau sol anorthositique[9] Générique
NU-LHT-1D Plateau sol anorthositique[9] Générique
Oshima Base Simulant Mare Haute teneur en titane Générique
Kohyama Base Simulant Mare et plateau Composition intermédiaire
NAO-1 Plateau Générique
Chinese Lunar Reg. Sim. CLRS-1 Mare Basse teneur en titane
CLRS-2 Mare Haute teneur en titane
Chinese Academy of Science CUG-1 Mare Basse teneur en titane GĂ©otechnique
Glenn Research Center GRC-1 à 3 Géotechnique : simulant pour mobilité des véhicules
Tongji University TJ-1 Mare Basse teneur en titane GĂ©otechnique
TJ-2
Koh Lunar Simulant KOHLS-1 Mare Basse teneur en titane GĂ©otechnique
Black Point BP-1 Mare Basse teneur en titane GĂ©otechnique
Colorado School of Mines-Colorado Lava CSM-CL GĂ©otechnique

JSC-1A

Le simulant le plus commun est la série JSC-1A[29]. Les simulants notés JSC ont été développés conjointement par la NASA et le Centre spatial Johnson dont ils tirent leur nom (JSC pour Johnson Space Center).

En 2005, la NASA a sous-traité à l'Orbital Technologies Corporation (ORBITEC) la confection d'un second lot de simulant, le stock de JSC-1 étant épuisé. Ce simulant est réparti en trois catégories de finesse[6] - [29] :

  • JSC-1AF, (F pour fine, fin en anglais), un rĂ©golithe dont les particules font 24,89 Â”m de taille moyenne, la plupart ayant une taille comprise entre ”m et 46 Â”m[30]
  • JSC-1A, censĂ© ĂȘtre une reproduction de JSC-1, est un rĂ©golithe dont la plupart des particules ont une taille comprise entre 19 Â”m et 550 Â”m[30]
  • JSC-1AC, (C pour coarse, grossier en anglais), a une distribution de taille de particule allant des plus fines Ă  mm

La NASA a reçu quatorze tonnes de JSC-1A, et une tonne chacune d'AF et d'AC en 2006. Un autre lot de quinze tonnes de JSC-1A et 100 kg de JSC-1AF ont Ă©tĂ© produits par ORBITEC pour la vente commerciale[6]. Huit tonnes de JSC‐1A commercialisable est disponible en la location Ă  la journĂ©e Ă  l'AutoritĂ© Spatiale de Californie[31].

  • 1 kg pot de simulant JSC-1A.
    1 kg pot de simulant JSC-1A.
  • Environ 5 mL de JSC-1A.
    Environ 5 mL de JSC-1A.
  • JSC-1A grossit 60X.
    JSC-1A grossit 60X.

Voir aussi

Références

  1. Taylor, Pieters et Britt 2016, p. 1
  2. Cooper 2007, p. 257
  3. Taylor, Pieters et Britt 2016, p. 2
  4. Cooper 2007, p. 258
  5. Cooper 2007, p. 259
  6. Cooper 2007, p. 260
  7. Cooper 2007, p. 264
  8. Cooper 2007, p. 263
  9. Badescu 2012, p. 170
  10. Taylor, Pieters et Britt 2016, p. 3
  11. Taylor, Pieters et Britt 2016, p. 4
  12. Badescu 2012, p. 37
  13. Badescu 2012, p. 10-11
  14. (en) « NASA Cleveland, Thermal optics properties of Lunar dust simulant », Issues in Applied Physics,‎ , p. 1150 (lire en ligne)
  15. Badescu 2012, p. 201-202
  16. Badescu 2012, p. 170-171
  17. Badescu 2012, p. 183-184
  18. Badescu 2012, p. 199
  19. Badescu 2012, p. 206
  20. La mise au point d'un «Béton lunaire». Principales étapes
  21. « Development and Application of Lunar "Concrete" for Habitats » () (DOI 10.1061/40830(188)69))
    — « (ibid.) », dans Proceedings of 10th Biennial International Conference on Engineering, Construction, and Operations in Challenging Environments (Earth & Space 2006) and 2nd NASA/ARO/ASCE Workshop on Granular Materials in Lunar and Martian Exploration held in League City/Houston, TX, during March 5–8, 2006, Reston, VA, American Society of Civil Engineers, p. 1–8
  22. Montes, Broussard, Gongre, Simicevic, Mejia, Tham, Allouche, Davis; Evaluation of lunar regolith geopolymer binder as a radioactive shielding material for space exploration applications, Adv.
  23. Alexiadis, Alberini, Meyer; Geopolymers from lunar and Martian soil simulants, Adv.
  24. popsci
  25. Can Plants Grow on Mars and the Moon: A Growth Experiment on Mars and Moon Soil Simulants
  26. of lunar regolith as a substrate for plant growth.
  27. (en) LEAG et CAPTEM, Status of lunar regolith simulants and demand for Apollo lunar samples, , 95 p., PDF (lire en ligne)
  28. Taylor, Pieters et Britt 2016, p. 5
  29. Badescu 2012, p. 203
  30. Badescu 2012, p. 204
  31. « http://isru.msfc.nasa.gov/lib/workshops/2009/03_JSC-1A_Lunar_RegSimulant_Update_BGustafson.pdfJSC%E2%80%901ALunarRegolithSimulantAvailabilityandCharacterizationAvailabilityandCharacterizatio »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)

Bibliographie

  • (en) Bonnie Cooper, « Appendix C : Lunar soil simulants », dans David Schrunk, Burton Sharpe, Bonnie L. Cooper, Madhu Thangavelu, The Moon : Resources, future development, and settlement, Chichester, Springer & Praxis Publishing, , 2e Ă©d., 560 p. (ISBN 978-0-387-36055-3, LCCN 2007921270, lire en ligne), p. 257-267
  • (en) Viorel Badescu (dir.) et al., Moon : Prospective Energy and Material Resources, Springer, , 749 p. (ISBN 978-3-642-27968-3, LCCN 2012930487, DOI 10.1007/978-3-642-27969-0, lire en ligne)
  • (en) Lawrence A. Taylor, Carle M. Pieters et Daniel Britt, « Evaluations of lunar regolith simulants », Planetary and Space Science, Elsevier, vol. 126,‎ , p. 1-7 (DOI 10.1016/j.pss.2016.04.005, rĂ©sumĂ©, lire en ligne)

Voir aussi

  • (en) « JSC-1: A new lunar soil simulant », Engineering, Construction, and Operations in Space IV; Proceedings of the 4th International Conference, Albuquerque, New Mexico, February 26-March 3, 1994, New York, American Society of Civil Engineers, vol. 2,‎ , p. 857-866 (lire en ligne [PDF])
  • P Carpenter, L Sibille, S Wilson et G Meeker, « Development of Standardized Lunar Regolith Simulant Materials », Microscopy and Microanalysis, vol. 12 (Suppl. 02),‎ , p. 886–887 (DOI 10.1017/S143192760606301X, Bibcode 2006MiMic..12..886C)
  • « Mechanical Properties of JSC-1 Lunar Regolith Simulant » () (DOI 10.1061/40177(207)94))
    — « (ibid.) », dans Engineering, Construction, and Operations in Space 5: Proceedings of the Fifth International Conference on Space ’96 held in Albuquerque, New Mexico, June 1–6, 1996, New York, Stewart W. Johnson, p. 680–688
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