Serge Toubiana
Serge Albert Toubiana, né le à Sousse en Tunisie, est un journaliste et critique de cinéma français. Il a été, de 2003 à 2016, le directeur de la Cinémathèque française. Il est président d'Unifrance depuis juillet 2017[2] - [3].
Naissance |
Sousse |
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Nationalité | française |
Profession | critique de cinéma |
Biographie
Serge Toubiana naît en Tunisie de parents juifs sépharades ; son père est horloger, sa mère institutrice. Il a un frère et deux sœurs. Ses parents sont des adhérents militants du parti communiste tunisien. En , la famille déménage à Grenoble à cause de la crise de Bizerte.
Le premier film, du moins son premier souvenir-écran qu'il visionne, est La strada de Federico Fellini en 1956 ; il décrit un sentiment de peur, de claustrophobie ; il ne revoit le film qu'en 2009 lors d'une rétrospective à la cinémathèque[4].
D'abord scolarisé à Grenoble (au lycée Champollion — son professeur est Jean-Louis Leutrat), il part à Paris, en , suivre des cours de cinéma à l'université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle (centre Censier).
Serge Toubiana rejoint les Cahiers du cinéma fin 1972 dans le numéro double 242-243. C'est le moment de la période maoïste militante. La parution est trimestrielle ; le critique Serge Daney témoigna même d'une période commerciale catastrophique (2 000 abonnés dont 500 universités nord-américaines qui renouvellent automatiquement). Les Cahiers créent un journal de 16 pages à l'intérieur, Toubiana en est le rédacteur en chef. En 1978, il gère les Éditions de l'étoile. Il est à l'origine du rapprochement temporaire entre les Cahiers du cinéma et Gallimard[5].
L'apport de Toubiana est marqué par un retour au cinéma, l'invention du terme péjoratif de « fiction de gauche »[6] et la réhabilitation de François Truffaut. Il participe alors à sa seule collaboration scénaristique : Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère... de René Allio d'après Michel Foucault[7].
Serge Daney quitte les Cahiers du cinéma pour Libération en , et Toubiana devient rédacteur en chef de la revue. Son travail sera marqué par les numéros en hommage à Truffaut, les numéros Made in USA puis Made in Hong-Kong et Made in URSS[8].
En 1992, il confie la rédaction à Thierry Jousse au no 459 mais reste directeur de la rédaction, un poste symbolique. Il reste gérant des Éditions de l'étoile. La même année, il est membre du jury du festival de Cannes présidé par Gérard Depardieu.
De 1991 à 1995, il se charge avec Michel Piccoli et Alain Crombecque de gérer l'opération Premier Siècle de cinéma.
Il revient aux Cahiers en 1996 comme directeur de la rédaction. Il quitte définitivement les Cahiers en 2000[9].
En 2000, il collabore avec Marin Karmitz à la conception de bonus des DVD de la collection vidéo mk2 (les films de François Truffaut, Claude Chabrol, Krzysztof Kieslowki)[10].
En 2001, il présente sur France Culture l'émission Bandes à part[11].
Serge Toubiana devient directeur de la Cinémathèque française en .
Le , il est nommé président du conseil d'administration de l'école nationale supérieure d'architecture de Paris-Malaquais[12]. Son mandat est renouvelé le [13].
En 2015 et 2016, il est président de la commission d'avance sur recettes[14].
Il annonce son départ de la Cinémathèque française en ; Frédéric Bonnaud lui succède en janvier de l'année suivante.
Il est élu président d'UniFrance, organisme de promotion du cinéma français à l'étranger, en , pour un mandat de deux ans. Réélu en 2019 pour un deuxième mandat, au cours duquel intervient une importante réforme de l'association : la fusion avec TV France International (association chargée de promouvoir l'audiovisuel à l'étranger). Il est réélu le 2 juillet 2021, en binôme avec Hervé Michel, pour un nouveau mandat de deux ans.
Depuis 2019, il préside la Fondation Henri-Cartier-Bresson à Paris.
Il publie en 2022 ses souvenirs d'enfance en Tunisie, qui remportent le prix Marcel-Pagnol[15]. À propos de sa mère institutrice, il dit : « Je me suis rendu compte, [...] que j’avais choisi le même métier qu’elle : en transmettant mon amour du cinéma, je me sens tel un instituteur du cinéma. Transmettre et partager, c’est aimer[15]. »
Vie privée
Il était le compagnon d'Emmanuèle Bernheim, romancière, morte le [16] - [17]. Dans le film Tout s'est bien passé, adaptation du dernier livre d'Emmanuèle Bernheim par François Ozon, le rôle de Serge Toubiana est interprété par Eric Caravaca.
DĂ©corations
- Janvier 2012 : commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres
- 2015: Officier de la LĂ©gion d'honneur[18]
Mécénat
En 2021, Serge Toubiana crée le Fonds de dotation Vendredi soir en hommage à Emmanuèle Bernheim, dans le but de soutenir la création artistique et littéraire par l'attribution de six bourses annuelles.
Un comité est constitué pour sélectionner les lauréats de ces bourses : Nathalie Azoulai, Delphine Pineau (productrice de films), Alice d'Andigné (éditrice aux éditions Stock), Pascale Bernheim (sœur d'Emmanuèle Bernheim), Stéphane Corréard (galeriste), François de Ricqlès. En 2022, Jacques Fansten (réalisateur) et Noémie Yanez-Arrieta rejoignent le jury.
- Le 19 novembre 2021, les six premiers lauréats[19] sont récompensés à la galerie Loeve&Co - Marais. Il s'agit de Marie de Quatrebarbes, Maud Ventura, Raphaël Meltz, Théo Mercier, Anton Hirschfeld[20] et Sylvie Sauvageon[21].
- Le 18 novembre 2022, les écrivains Dune Delhomme, Victor Jestin, Polina Panassenko et les artistes Emilie Girault[22], Jérémie Lenoir[23] et Vasantha Yogananthan[24] reçoivent chacun une bourse Emmanuèle-Bernheim d'une valeur de 10 000 €[25].
Polémique et prise de position
Gestion de la Cinémathèque
À la réouverture de la Cinémathèque française en 2005 dans le bâtiment de Frank Gehry à Bercy, Serge Toubiana externalise les services de l'accueil, confiés à une société d’intermittence. Le , soit le dernier jour de son activité en tant que directeur de l'institution, une lettre filmée d'une étudiante[26] et ex-employée dénonce les conditions de travail des personnels d'accueil de l'institution[27]. La vidéo, qui dénonce un management brutal et des emplois du temps ingérables, dépasse les 66 000 vues et déclenche des centaines de commentaires.
DĂ©fense de Polanski
Serge Toubiana a pris la défense de Roman Polanski, inculpé, entre autres, pour viol, aux États-Unis en 1977 puis condamné pour abus sexuel sur mineur.
Le , il signe une pétition à la suite de l’arrestation par la police suisse de Polanski dans le cadre du mandat d’arrêt américain prononcé contre le cinéaste en 1978[28]. Dans ce texte, il qualifie l’arrestation de Polanski de « traquenard », et l'agression sexuelle sur mineure « d’affaire de mœurs » et exige au nom de la liberté et de l’« amitié entre la France et les États-Unis » la remise en liberté immédiate du cinéaste.
Filmographie
- 1976 : Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère... de René Allio (co-scénariste)
- 2001 : Une vie pour jouer[29], documentaire sur Isabelle Huppert (scénariste et réalisateur)
- 2015 : Hitchcock/Truffaut, film documentaire (scénariste)
Publications
- Serge Toubiana, Les FantĂ´mes du souvenir, Grasset,
- Le Temps de voir, Le Seuil, 2016
- Les Bouées jaunes, Stock, 2018[17]
- Le Fils de la maîtresse, Arléa, 2022, lauréat du prix Marcel-Pagnol 2022[30]
En collaboration ou direction
- Jean-Michel Frodon, Marc Nicolas et Serge Toubiana (dir.), Le Cinéma vers son deuxième siècle, Le Monde Éditions, 1995
- Avec Arthur Miller, The Misfits : chronique d'un tournage par les photographes de Magnum, 1999
- Avec Antoine de Baecque, François Truffaut, Gallimard, Paris, 2001
- Avec Raymond Depardon, Le Désert américain, 2007
- Avec Micheline Presle, L'Arrière mémoire, entretiens
- Avec Nathalie Azoulai, Ozu et nous, Arléa, 2021
Articles
- Il faut ĂŞtre dans le cul des choses
- Social-dépression
- À propos de « Hé, tu m'entends ! »
- Action culturelle et ordre moral
- Appareils idéologiques et luttes de classes
- Association de malfaiteurs
- Autocritique
- Bal d'une débutante
- Bonjour l'angoisse
- Censure, danger immédiat
- Complot de famille
- Copie(s) Ă revoir
- Court-circuit
- De qui dépend que l'oppression demeure ?
- Duel au soleil
- Échec et mat
- État de siège
- Exit les caĂŻds
- L'heure est grave
- Les artistes sont sereins
- Libéralisme, mon beau souci
- MĂ©lodrame testamentaire
- Mensonge + mensonge = vérité
- Noir c'est noir
- OĂą est la crise ?
- Pas de scandale
- Plaisir calibré
- Quand le cinéma risque de perdre la mémoire
- Recul de l'avance
- Sans anesthésie
- Si j'te cherche, j'me trouve
- Trafics d'influences
- Un état de radicalité
- Un mariage forcé
- Un processus de démolition
- Une colère
- Une curieuse solitude
- L'argent et son théâtre
- L'Ă©preuve de force
- L'ogre audiovisuel
- La baisse ? la baisse
- La liberté à l'envers
- La nouvelle donne
- La nouvelle économie du cinéma
- Le cauchemar est partout
- Le changement de cap
- Le cinéma au risque de l'imperfection
- Le couteau sous la gorge
- Le point critique
- Le temps des croisades
- Les mots et les choses
- Les ripoux
- The war zone
Notes et références
- Le sur la question « Mai 68 a-t-il été filmé ? ».
- « Serge Toubiana nommé à la tête d'Unifrance », Les Inrocks,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Serge Toubiana élu à la présidence d'UniFrance », Unifrance,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Toubiana 2016, chap. 1 La Strada.
- Toubiana 2016, chap. 9 Ă 14.
- Selon Mythologie politique du cinéma français, il employa ce terme lors de la sortie d'Un condé, désignant les films réactionnaires critiquant les institutions en place pour que la gauche accède au pouvoir.
- Toubiana 2016, chap. 8 : Vitesse du cinéma.
- Toubiana 2016, chap. 15 : Partir Revenir.
- Toubiana 2016, chap. 20 : Retour critique.
- Toubiana 2016, chap. 23 : Vive le DVD.
- Toubiana 2016, chap. 24 : Bandes Ă part.
- Arrêté du 29 mai 2009 portant nomination du président du conseil d'administration de l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-Malaquais.
- Arrêté du 24 juin 2011 portant nomination du président du conseil d'administration de l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-Malaquais.
- Toubiana 2016.
- « Serge Toubiana, lauréat du Prix Marcel Pagnol 2022 », sur ActuaLitté.com (consulté le )
- « Serge Toubiana : "dès qu'il y a de la violence, ma vision rétrécit" », sur Libération, .
- « Récit. Serge Toubiana dans la lumière d’Emmanuèle Bernheim », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Décret du 31 décembre 2015.
- Alison Moss, « 6 premiers lauréats pour le Fonds de dotation Vendredi soir » , sur Lequotidiendelart.com, (consulté le ).
- Voir sur christianberst.com.
- Voir sur sylviesauvageon.com.
- Voir sur emiliegirault.com.
- Voir sur jeremielenoir.com.
- Voir sur vasanthayogananthan.com.
- Antoine Oury, « Trois auteurs lauréats des Bourses-Emmanuèle Bernheim » , sur Actualitté, (consulté le ).
- Clarisse Fabre, « Un remake du Mépris ébranle la Cinémathèque française », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- Frédérique Roussel et Julien Gester, « Derrière la cinéphilie, le drame des "petites gens" de la Cinémathèque », sur next.liberation.fr, (consulté le ).
- Serge Toubiana, « Pétition pour Roman Polanski », Le blog de Serge Toubiana,‎ (lire en ligne).
- Voir sur film-documentaire.fr.
- « Les six romans de la sélection du prix Marcel Pagnol 2022 », sur ActuaLitté.com (consulté le ).
Voir aussi
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- (en) Rotten Tomatoes
- Ressource relative Ă plusieurs domaines :
- (en) Metacritic
- Ressource relative Ă la recherche :
- Cinéblog - billets cinéphiles