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Serge Filippini

Serge Filippini est un écrivain français, né à Pontarlier (Doubs) en 1950. Il est notamment l'auteur de L'Homme incendié, une fiction romanesque inspirée par la vie, la philosophie et la mort sur le bûcher de Giordano Bruno.

Serge Filippini
Serge Filippini en 2012.
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Serge Filippini
Surnom
Mimi Belfort
Joseph Antoine (pour les traductions)
Sam Hasseren (pour une fiction policière)
Pseudonymes
Sam Hasseren, Joseph Antoine
Nationalité
Activité
Ĺ’uvres principales
  • L'Homme incendiĂ© (1990)
  • ComĹ“dia (1992)
  • Un amour de Paul (2000)
  • Motifs (2012)

Biographie

Ses grands-parents paternels, Antonio et Nina, sont des Italiens originaires de Cugliate, province de Varèse, et de Bergame. Le grand-père maternel, José Requena, est un mineur d'origine andalouse qui a perdu la vue dans un accident minier au Creusot. La grand-mère maternelle, Suzanne, une Française originaire de la Creuse, a une passion pour la Méditerranée.

Le père de Serge Filippini, Pierre, exerce la profession de projectionniste dans un cinéma de Pontarlier, Le Central. Sa mère, Geneviève, est ouvreuse dans ce même cinéma. Le couple a deux enfants: Serge et Joël.

Serge Filippini rencontre la littérature dans l'enfance, par le roman d'aventure. Puis il se passionne pour la poésie française et écrit lui-même des poèmes dès le collège.

À 18 ans, alors lycéen, il s'engage dans les événements de Mai 68. Il se destine d'abord à l'enseignement, puis à l'éducation spécialisée, avant d'opter pour des études de philosophie qui, elles-mêmes, le ramèneront à la fiction littéraire.

[réf. nécessaire]

L'Homme incendié

Le roman se présente comme le dernier écrit de Giordano Bruno, une autobiographie philosophique rédigée en prison durant les sept journées qui précèdent le supplice du penseur. Bruno projette dans un ultime geste littéraire sa doctrine et l'existence qui la porte, une vie marquée du sceau d'une homosexualité assumée.

Le livre paraĂ®t dans une pĂ©riode marquĂ©e en France par une recrudescence de l'intĂ©rĂŞt pour Giordano Bruno, et il bĂ©nĂ©ficie d'une large couverture mĂ©diatique. La critique loue les qualitĂ©s de l'ouvrage, non sans s'interroger toutefois sur la validitĂ© de l'option choisie par l'auteur : privilĂ©gier une Ĺ“uvre de fiction, peut-ĂŞtre au dĂ©triment du « vrai Â» Bruno[1]. Tout en soulignant, lui aussi, les audaces de l'auteur, Pascal Quignard[2] fait observer que le thème de l'homosexualitĂ© n'est pas conforme Ă  la vĂ©ritĂ© historique. Pour sa part, le critique Pierre Lepape note[3], que l'auteur a su « reconstruire dans son Ă©criture mĂŞme une Ă©poque oĂą les savoirs anciens sombrent et oĂą les savoirs nouveaux balbutient », et conclut qu'il « n'a pas songĂ© qu'au seizième siècle en racontant cette cruelle histoire. »

Plus tard, dans son Giordano Bruno (Fayard, 1995), Bertrand Levergeois qualifiera d'« insolite Â» le portrait du philosophe brossĂ© par Serge Filippini. La version anglaise du livre (The Man in flames, traduction de Lis Nash, Dedalus, Oxford, 1999) sera dĂ©signĂ©e comme l'un des dix meilleurs livres de l'annĂ©e par le critique littĂ©raire Tariq Ali[4].

Comœdia

ComĹ“dia est une fiction dans le style "imaginaire" mettant en scène un ĂŞtre dotĂ© — ou embarrassĂ© — de pouvoirs miraculeux qui l'empĂŞchent de trouver l'amour. Le livre a fait l'objet de plus de trente recensions. Dans le Quotidien des Livres du , Alain Bosquet le prĂ©sente comme un « plaidoyer pour le mĂ©lange des genres Â» et poursuit : « ComĹ“dia est Ă©crit avec une grande allĂ©gresse et un appĂ©tit qui ne se dĂ©ment pas. C'est que le personnage de Gobbio, quelque contradictoire et fuyant qu'il soit, ne se dispense jamais d'une vĂ©ritable intĂ©rioritĂ©. Â»

Haut Mal

C'est la reprise, sous un autre titre, et chez un autre éditeur (Phébus) du roman Angèle, initialement paru aux éditions Régine Deforges. Si le style du récit a été allégé, la trame est demeurée la même: le commis-voyageur Joseph Brentano cherche dans la jouissance un remède à son désespoir, ignorant qu'il est en quête d'amour et de sens.

Le Roi de Sicile

Cette fiction historique, dont l'action se déroule au treizième siècle, met en scène le destin de Pier Angelerio, ermite devenu pape sous le nom de Célestin V, célèbre pour avoir renoncé volontairement à sa charge après six mois de règne. Elle est composée comme une fresque cubiste sur le thème du pouvoir. Le roman revient sur le millénarisme et sur un "âge heureux" susceptible d'advenir. Certains commentateurs y ont vu une allégorie politique des années 1980: le cynisme dévorant l'utopie. Dans le Monde des Livres du , Philippe-Jean Catinchi conclut ainsi son analyse de ce roman: "La leçon du saint ermite de Filippini reste sage: renoncer est le seul geste de courage."

Un amour de Paul

Un écrivain se rend à Rome dans le but de relever le défi lancé autrefois par Pier Paolo pasolini: écrire le scénario d'un grand film sur saint Paul. À l'abbaye Tre Fontane, dans le lieu même où s'est déroulé le supplice de l'apôtre, il croise une actrice qui l'entraîne sur un chemin spirituel.

Deux testaments

« Le rĂ©cit entrepris par cet homme de passage s'inscrit sur la page blanche qui relie un père juif et un enfant chrĂ©tien. Â» C'est ainsi que le roman est prĂ©sentĂ© par Jean-Michel Ulmann dans Impact MĂ©decine du . InspirĂ©e de faits rĂ©els, l'histoire raconte la vie d'une famille juive dans la France de l'entre-deux-guerre, de l'occupation et de l'après-guerre. Le rĂ©cit se dĂ©roule Ă  travers le regard d'un homme qui a jetĂ© au feu son exemplaire de la Thora au moment oĂą Hitler dĂ©clenchait l'extermination des Juifs d'Europe. Dans le Figaro LittĂ©raire, Astrid de Vergnette fait observer : « Il ne suffit pas de jeter sa Bible au feu quand on a 12 ans pour se dĂ©barrasser du Très-Haut. Comme disait saint Augustin, Dieu fuit ceux qui Le cherche et cherche ceux qui le fuient. Â»

Le Combat des Trente

Le Combat des Trente, un épisode bien connu de la Guerre de Cent Ans, est repris ici dans une œuvre d'anticipation apocalyptique. L'action ne se déroule pas en Bretagne au quatorzième siècle, mais à Paris en 2100. Dans ce qui reste de Paris, du moins, car l'Europe a été balayée par les conflits mondiaux et les catastrophes environnementales. Deux tribus ont élu domiciles dans des tours, et s'affrontent sur un carreau pareil à un échiquier.

Viola d'Amor

Ce roman est une sorte de petit opéra érotique dont l'action a pour décor la Lombardie, région dont est originaire la famille paternelle de l'auteur.

Motifs

C'est le seul ouvrage de non fiction publiĂ© par Serge Filippini. Y est posĂ©e la question qui servait d'incipit au Nadja d'AndrĂ© Breton : « Qui suis-je ? Â» Cet autoportrait contient des illustrations parfois mystĂ©rieuses.

Rimbaldo

Roman inspiré par une photographie de groupe prise à Aden en 1880, sur laquelle figure Arthur Rimbaud. L'auteur imagine les conflits et passions qui relient les sept personnages de la scène. Rimbaud s'est détourné de la poésie pour devenir commerçant; ce jour-là, il se détourne pareillement de l'amour. Rimbaldo a obtenu le Prix Marcel Aymé 2015. Une édition de poche de Rimbaldo est sortie en chez Libretto.

J'aimerai André Breton

Paru le , à Paris, aux éditions Phébus, ce roman pourtant court évoque une période qui va des années 60 à nos jours. En , l'écrivain surréaliste André Breton achève ses vacances dans sa maison d'été de Saint-Cirq-Lapopie quand il reçoit la visite d'une jeune femme prénommée Chance. Cette jeune femme a fui Paris après avoir été violée par son compagnon. Sa rencontre avec le "pape" du surréalisme marquera pour elle le début d'une conversion mystique. Selon Mohammed Aissaoui (Le Figaro), on « comprend, ou on aimerait comprendre, que le sacré, le mystique et la solitude constituent des chemins vers la liberté ». Dans un article de La Cause littéraire, Robert Sctrick, après avoir souligné le « travail de références sous-jacentes » de l'auteur et son « archéologie tout-terrain », conclut par ces mots : « Et Dieu, dans tout ça? […] Je ne crois pas que ce soit Lui qui ait tiré toutes ces ficelles, mais je ne serais pas étonné de dire que c'est Lui, le je du titre. Simplement il n'a pas encore choisi. Forcément, c'est un Dieu caché ». Enfin, dans un article de L'Humanité intitulé Une autre Nadja, Jean-Claude Lebrun décrit J'aimerai André Breton comme une « brillante illustration du mentir-vrai qui tire précisément sa substance de l'histoire littéraire ».

Monastère

Paru le 5 mai 2023 à Paris, aux éditions Phébus, ce roman se déroule au dixième siècle en Irlande, sur l'île de Skellig.

Publications

Sous son nom

  • Angèle, RĂ©gine Deforges, 1986
  • La Vie en double[5], PhĂ©bus, 1987
  • L’Aquarium[6], PhĂ©bus, 1989
  • L’Homme incendiĂ©, PhĂ©bus, 1990, prix Oscar-Wilde 1990
    • Traductions : The Man in flames, Dedalus ; Der Ketzer vom Campo dei Fiori, RĂĽtten & Loening ; Confesiones de un hereje, EmecĂ© ; StĂŞn proa ton Ă©rĂ´ta pĂ©thaino dnotukĂ«s, Psychogios
  • ComĹ“dia[7], PhĂ©bus, 1992, prix Millepages 1993
    • Traduction : Der Gefallene Engel, RĂĽtten & Loening
  • Haut Mal, PhĂ©bus, 1993
  • Le Roi de Sicile[8], Grasset, 1998
  • L’Amant absolu, Le Cercle, 1999
  • Un Amour de Paul, Grasset, 2000
  • Érotique du mensonge, Le Cercle, 2002
  • Deux Testaments[9], PhĂ©bus, 2008
  • Le Combat des Trente, L’Archipel, 2009
  • Viola d’Amor, Hors Collection, 2011
    • Traduction : Melodie des Verlangens, Blanvalet
  • Motifs[10], Édition du Mauconduit, 2012
  • Rimbaldo, La Table Ronde, 2014, prix Marcel-AymĂ© 2015
  • J’aimerai AndrĂ© Breton, PhĂ©bus, 2018 (ISBN 978-2-7529-1171-1)
  • Monastère, PhĂ©bus, 2023

Sous le pseudonyme de Sam Hasseren

  • Un pote, un vrai, Vauvenargues, 2002

Notes et références

  1. (Gérard Guillot, Figaro Littéraire, 3 décembre 1990)
  2. (Le Nouvel Observateur du 20 septembre 1990)
  3. (Le Monde, 16 novembre 1990)
  4. (en) Tariq Ali, « Tariq Ali's top 10 reads », sur The Guardian,
  5. Article sur La Vie en double, Danièle Brison, Dernières Nouvelles d'Alsace.
  6. Articles sur L'Aquarium, Le Figaro, Esprit, L'Humanité.
  7. Revue de presse sur Comœdia, Le Figaro, L’Express, Le Quotidien de Paris, La Marseillaise, Le Monde, La Vie, La Croix, Le Canard enchaîné, L’Express.
  8. Article sur Le Roi de Sicile, Jean-Pierre Catinchi, Le Monde.
  9. Article sur Deux Testaments, Renaud Gevrey, Livres-CĹ“urs, 7 novembre 2008.
  10. Article sur Motifs, Frédéric Fontès, 4deCouv, 29 septembre 2012.

Voir aussi

Articles et recensions

  • « Connaissance de la fureur (Giordano Bruno) Â» in La Nouvelle Revue française, , no 424
  • « Frances Yates : Giordano Bruno et la tradition hĂ©rmĂ©tique Â» in La Nouvelle Revue française, , no 437

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