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Science auxiliaire de l'histoire

Les sciences auxiliaires de l’histoire ou sciences fondamentales de l'histoire sont des disciplines scientifiques indispensables à la recherche historique qui permettent d’exploiter des sources historiques. Ces disciplines apparaissent souvent comme une spécialisation de la discipline historique. Mais elles englobent aussi des sciences exactes, techniques ou naturelles.

Les sciences auxiliaires de l'histoire sont définies par les sources qu’elles exploitent, ce qui fait qu’elles sont aujourd’hui en théorie illimitées. Chaque discipline permet d’étudier des sources d'un type spécifique. Le choix des disciplines utilisées dépend de l'historien et de la source. Plusieurs disciplines peuvent être convoquées pour analyser au mieux la source utilisée.

Concept

Le concept de science auxiliaire de l’histoire est Ă©voquĂ© Ă  partir du XVIIIe siècle en Allemagne sous l’impulsion de « l’École de Göttingen ». Il dĂ©signe les disciplines utiles Ă  l’Histoire[1]. Ces disciplines existaient dĂ©jĂ  mais elles Ă©taient rattachĂ©es Ă  d’autres enseignements, tel le latin ou le droit. C’est avec l’essor de l’histoire et son Ă©tablissement comme science autonome, sĂ©parĂ© d'autre enseignement, que le concept naĂ®t. Johann Christoph de Gatterer en 1761, dans Handbuch der Universalgeschichte, institue les sciences auxiliaires et y inclut la chronologie, la diplomatique, la gĂ©nĂ©alogie, la gĂ©ographie, l'hĂ©raldique et la numismatique. L’enseignement du concept et des disciplines est soutenu par le nationalisme allemand et celui-ci prend rapidement de l’importance jusqu’à connaĂ®tre son apogĂ©e sous Guillaume II. Les grands centres allemands sont les universitĂ©s de Göttingen et de Berlin.

En France, au XIXe siècle, avec le développement de l'enseignement au sein de l'université, l'histoire enseignée est distincte de la recherche historique. Cette séparation, pourtant déplorée dès 1891 par Ferdinand Lot, est attaquée dans le premier numéro des Annales en 1929, puis remise en cause au cours du XXe siècle. Les historiens commencent à exhumer des archives, des manuscrits ou compilations d'actes qui s'y trouvent, grâce aux travaux d'inventaire effectués dans les années 1860-1920 par les chartistes. Avec cette nouvelle école historique des Annales, la discipline historique s'élargit, et s'ouvre aux approches sociologiques et économiques.

Après la Seconde Guerre mondiale apparaît le concept d’histoire pluridisciplinaire. L'histoire s'adjoint alors l'assistance de disciplines autonomes comme autant d'instruments de recherche dans une perspective d'interdisciplinarité, au sein de ce que l'on appelle aujourd'hui les sciences humaines. Si l'École des Annales, en France, peut à l'occasion adopter une attitude dominatrice par rapport aux autres sciences sociales, des rencontres se produisent et donnent naissance à de nouvelles voies de recherche, comme en témoigne le développement de l'anthropologie historique ou le renouveau de la diplomatique[2].

L’utilisation de nouvelles sciences dans la recherche historique élargit le concept de sciences auxiliaires de l’histoire et affaiblit l’enseignement de ces disciplines. Karl Brandi, professeur à l'université de Göttingen, déplore cette tension et introduit le concept de science fondamentale de l’histoire, sans grand effet. Dans d'autres pays, notamment anglo-saxons, s'est développé surtout l'érudition pointue de collectionneurs, souvent de riches personnages intéressés par l'histoire de leur pays ou de leurs origines, et qui fondent des musées ou des bibliothèques de renom.

Critiques

Le concept souffre de faiblesses et est critiquĂ© par les chercheurs. La supposĂ©e domination de l’histoire, qui prend le pas sur les autres disciplines, est mise en cause par son initiateur mĂŞme dans Handbuch der Universalgeschichte. L’appellation « sciences fondamentales » de Karl Brandi est aujourd’hui privilĂ©giĂ©e Ă  l’École nationale des Chartes en France[3].

Liste non exhaustive [4]

  • l'archĂ©ologie, l'Ă©tude des vestiges du passĂ©.
  • l'archivistique, la discipline relative aux principes et aux techniques relatifs Ă  la gestion des archives.
  • la chronologie, l'Ă©tude des dates et des Ă©vĂ©nements historiques.
  • la codicologie, l'Ă©tude des livres manuscrits
  • la diplomatique, l'Ă©tude de la structure des documents officiels
  • l'Ă©pigraphie, l'Ă©tude des inscriptions rĂ©alisĂ©es sur des matières non putrescibles telles que la pierre, l’argile ou le mĂ©tal
  • la gĂ©ographie, l'Ă©tude des phĂ©nomènes physiques, biologiques et humains qui se produisent sur le globe terrestre
  • la gĂ©ographie historique, la reconstruction du passĂ© gĂ©ographique
  • la gĂ©ologie, l'Ă©tude de la Terre
  • la gĂ©nĂ©alogie, l'Ă©tude des liens de parentĂ©
  • la gnomonique, l'art de concevoir, calculer et tracer des cadrans solaires
  • l'hagiographie, l'Ă©tude de la vie des saints
  • l'hĂ©raldique, l'Ă©tude des blasons et armoiries
  • la numismatique, l'Ă©tude des monnaies
  • l'odonymie, l'Ă©tude des noms propres dĂ©signant une voie de communication.
  • la palĂ©ographie, l'Ă©tude des Ă©critures anciennes
  • la palĂ©opathologie, branche de la mĂ©decine spĂ©cialisĂ©e dans l'Ă©tude des maladies et des Ă©volutions dĂ©gĂ©nĂ©ratives observĂ©es chez les restes des populations du passĂ©
  • la papyrologie, l'Ă©tude des papyrus Ă©gyptiens, grecs et latins
  • la phalĂ©ristique, l'Ă©tude des mĂ©dailles
  • la prosopographie, l'Ă©tude de la filiation et de la carrière des grands personnages
  • la sigillographie, l'Ă©tude des sceaux
  • la toponymie, L'Ă©tude des noms propres dĂ©signant un lieu.
  • la vexillologie, l'Ă©tude des drapeaux

Notes et références

  1. Anne-Marie Dubler / LH, « Sciences auxiliaires de l'histoire », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  2. Yann Potin et Julien Théry, « L’histoire médiévale et la « nouvelle érudition » », Labyrinthe, no 4,‎ , p. 35–39 (ISSN 1950-6031, lire en ligne, consulté le )
  3. École nationale des chartes, « De la science auxiliaire à la science fondamentale », (consulté le )
  4. « Sciences auxiliaires de l'histoire », sur bnf.fr

Voir aussi

Bibliographie

  • Charles Samaran, L'histoire et ses mĂ©thodes, Paris, Gallimard, « EncyclopĂ©die de la PlĂ©iade », 1961, XVII-1773 p., [compte rendu en ligne]
  • Walter Koch, L’évolution des sciences auxiliaires de l’histoire en Allemagne au cours du XIXe siècle
  • Jean-Nicolas Corvisier, Sources et mĂ©thodes en histoire ancienne, 1998, p. 2-3
  • Benjamin Hederich, Anleitung zu den fĂĽrnembsten historischen Wissenschaften, 1711.

Articles connexes

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