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Saumon rose Ă  bosse

Oncorhynchus gorbuscha

Le saumon rose Ă  bosse (Oncorhynchus gorbuscha, Walbaum, 1792) ou saumon bossu est une espĂšce de poisson « anadrome obligatoire » de la famille des Salmonidae, originaire de l'ocĂ©an Pacifique. Il est le plus petit en taille parmi les saumons sauvages, mais grĂące Ă  sa fertilitĂ©, il en constitue le stock le plus abondant (40 % en poids et 60 % des pĂȘches commerciales – entre 2017 et 2022 ± 440 000 t par an en moyenne)[1].

Initialement originaire de l'océan Pacifique, il est introduit dans les années 1950 dans la péninsule de Kola et en Europe du Nord. Il est également introduit accidentellement dans l'océan Arctique[2] et en Amérique du Nord jusque dans les grands lacs[3] - [4], et colonise l'Atlantique[5].

Au XXIe siĂšcle, les scientifiques lui reconnaissent les caractĂ©ristiques des espĂšces invasives[6]. Le biologiste Rune Muladal[7] estime en 2021 que « la reproduction du saumon Ă  bosse dans les riviĂšres norvĂ©giennes est devenue si Ă©levĂ©e [que l'on peut considĂ©rer] que l'espĂšce s’y est Ă©tablie »[8]. La premiĂšre observation en France (et la plus au sud jamais faite cĂŽtĂ© atlantique) date du 20 aout 2017 sur la Canche Ă  Brimeux Ă  22 km de l’estuaire de la Seine. Il s'agissait d'un jeune mĂąle de 40 cm environ, photographiĂ© et relĂąchĂ© dans le cadre d'une pĂȘche no-kill[2] - [9]. Le phĂ©nomĂšne augmente en 2021, si bien que l'OFB publie une note Ă  ce sujet[10].

GrĂące Ă  ses rĂ©serves Ă©nergĂ©tiques, ce saumon peut franchir de nombreux obstacles. Certains bonds semblent ĂȘtre destinĂ©s Ă  l'observation et la prĂ©paration du franchissement.

Distribution

Il est naturellement présent dans l'océan Pacifique sur les cÎtes et cours d'eau américains et asiatiques du Pacifique (entre 40° N et 70° N), du nord de l'Alaska au sud de la Californie et dans l'ouest du Pacifique, de la Sibérie au large des cÎtes coréennes et japonaises, ce qui en fait le saumon qui a la plus grande aire de distribution[11].

Son aire de répartition tend à s'etendre, non seulement du fait de l'homme, mais aussi sous l'influence du dérÚglement climatique[11] en s'élargissant aux eaux de l'Arctique canadien[2] et de l'Atlantique.

AprĂšs une transplantation ratĂ©e Ă  la fin des annĂ©es 1930[12] - [13], il est introduit dans la pĂ©ninsule de Kola (mer de Barents et mer blanche) pour le dĂ©veloppement de la pĂȘcherie dans les annĂ©es 1950[14].

De 1956 Ă  2000, les Russes l'introduisent dans divers cours d'eau Ă  raison de parfois plus de 35 millions de juvĂ©niles par an selon NiemelĂ€ et ses collĂšgues en 2016[13] mais les premiĂšres souches (provenant de l'Ăźle de Sakhaline et de riviĂšres du Kamtchatka) survivent mal dans les rĂ©gions froides car pondant trop tardivement. À cette Ă©poque, les retours d'adultes ne sont encore constatĂ©s que les annĂ©es impaires de fin juin Ă  dĂ©but septembre, avec un pic fin juillet[15] - [16] - [17]. En 1985, des souches frayant plus tĂŽt, probablement importĂ©es de la riviĂšre Ola, s'adaptent et colonisent la mer Blanche (Gordeeva et al., 2015).

On les remarque ensuite en NorvĂšge[13] puis en Écosse[18] en Angleterre et en Irlande[19] - [20] - [21]. Dans les annĂ©es 1960, force est de constater qu'il colonise plus de 40 fleuves de NorvĂšge[13] et d’Islande puis les fleuves se jetant dans la mer du Nord et la mer Baltique. En 2015-2017, les populations vraiment autonomes ne sont encore prĂ©sentes que dans onze riviĂšres du comtĂ© de Finnmark (selon Fiske et al., 2013) sur les 400 colonisĂ©es par le saumon atlantique[2].
En 2017, il en est trouvĂ© en Irlande (une trentaine d'individus selon Inland Fisheries Ireland, 2017), au Royaume-Uni (une centaine dont 70 dans 18 riviĂšres Ă©cossaises), en Finlande, Islande, Danemark (Fisheries Management Scotland, 2017). Cette mĂȘme annĂ©e, on le remarque en Allemagne et en France.

En Europe, il pĂšse en moyenne de 960 grammes Ă  plus de 2 kilogrammes pour des tailles comprises entre 43 et 52 cm[15] - [16]. On le pĂȘche depuis les annĂ©es 1970 en NorvĂšge. Les femelles dominent parfois (48 Ă  80 % des prises) et leur fĂ©conditĂ© absolue a Ă©tĂ© estimĂ©e Ă  2 000 Ɠufs environ[15] - [16]. La ponte se fait de septembre Ă  novembre[13]. On a constatĂ© dans la riviĂšre norvĂ©gienne Vestre que beaucoup de juvĂ©niles ont dĂ©jĂ  rĂ©sorbĂ© leur sac vitellin Ă  la mi-mai, bien avant l'Ă©mergence des saumons atlantique qui se fait en juillet sur ce cours d'eau[13]. De plus, Gordeeva et al. (2015) ont constatĂ© que lĂ  oĂč il a Ă©tĂ© introduit, la taille des smolts est souvent plus grande (jusqu’à 427 mg dans la Megra), peut ĂȘtre en raison d'une nourriture abondante[15], et il peut ĂȘtre plus fĂ©cond[15], ce qui fait craindre une compĂ©tition trophique et pour les zones de repos, voire une certaine invasivitĂ© au dĂ©triment des autres espĂšces de saumons autochtones[2].

Habitat

Il est moyennement tolérant concernant les températures et nécessite une eau oxygénée et froide à fraßche, les jeunes se développant en riviÚres dans des eaux de 3 à 15 °C[1].

Description

Le juvénile est petit (cm) et blanchùtre, sans marque transversale sur les flancs (Kottelat & Freyhof, 2007). Il devient argenté alors qu'il dévale vers la mer (smoltification[13]).

Dans l'océan, il est franchement argenté mais lors de son retour vers sa zone de frai, il change de couleur, devenant gris pùle sur le dessus avec le ventre d'un blanc jaunùtre (bien que certains prennent entiÚrement une couleur vert terne). Comme tous les saumons, en plus de la nageoire dorsale, il a également une nageoire adipeuse sur le dos qui est orné de grandes taches ovales noires. La queue a une forme de V et la nageoire anale a 13 à 17 rayons mous.

Sa bouche est blanche et ses gencives noires, avec une absence de dents sur la langue.

Lors de la migration de reproduction, les mĂąles dĂ©veloppent une bosse dorsale prononcĂ©e (d'oĂč leur nom de saumon rose Ă  bosse et leur surnom en anglais de « humpies ») et leur dos prend une couleur brune Ă  noire alors que celui de la femelle devient vert olive avec des barres ou des taches sombres, le ventre restant blanc-brillant pour les deux sexes. La tĂȘte se dĂ©forme (Ă©largissement, croissance de « dents nuptiales » sur les deux mĂąchoires alors qu'un « bec crochu» se forme Ă  la mĂąchoire supĂ©rieure (Kottelat & Freyhof, 2007 citĂ©s par l'AFB[2]). Les mĂąles du genre Salmo ont aussi un bec qui se dĂ©veloppe au moment de la reproduction mais qui se forme au bout de la mĂąchoire infĂ©rieure[2].

Taille et poids

  • Les records enregistrĂ©s sont de 76 cm de long et de 6,8 kg mais la taille moyenne est de 50 cm ;
  • Poids moyen : 2 Ă  2,2 kg[13] - [1].

Reproduction et cycle de vie

Son cycle de vie dure 2 ans, dont 18 mois sont passés en mer, ce qui fait que les lignées des années paires et impaires sont génétiquement distinctes (phénomÚne d'isolement reproducteur[1]).

CĂŽtĂ© asiatique, la migration des reproducteurs dĂ©bute en juin et se prolonge jusqu'en aoĂ»t (juin-juillet pour les populations les plus au Sud), alors que sur la façade ouest des États-Unis elle est plus tardive (juillet Ă  septembre selon Heard, 1991)[1].

Le frai a lieu de aoĂ»t Ă  novembre, plutĂŽt en aval des riviĂšres sur des radiers. Les reproducteurs meurent peu aprĂšs la ponte[1]. Chaque femelle pondra de 1 200 Ă  1 900 Ć“ufs[1] ont l'incubation est de 560 Ă  580 degrĂ©s-jours ; l'alevin se transforme en smolt Ă  889 - 1000 degrĂ©s-jours[1].

La dĂ©valaison des smolts varie de fin fĂ©vrier (riviĂšre Fraser) Ă  mi-aoĂ»t (Amour) Ă  une taille moyenne de 28 Ă  35 mm pour un poids de 130 Ă  260 mg[1]. NĂ©anmoins, sur certaines cours d'eau, la taille des smolts peut aller jusqu’à 70 mm[13]. L’espĂšce parcourt plus de mille kilomĂštres en mer et le taux de survie en mer s'Ă©tablit entre 2 et 5 %[1].

Liens externes

Bibliographie

Références

  1. Heard W.R (1991) Life history of pink salmon (Oncorhynchus gorbuscha). In C. Groot & L. Margolis, Pacific salmon life histories (UBCPress, pp. 119–230). Vancouver, Canada.|rĂ©sumĂ©
  2. Laurent Beaulaton, Quentin Josset et Jean‑Luc Bagliniùre, Le saumon rose (Oncorhynchus gorbuscha, Walbaum, 1792) (Note de recherche), Pîle AFB-INRA Gest’Aqua, , 9 p. (www.peche62.fr/wp-content/uploads/2017/08/Note-INRA-saumon-rose.pdf).
  3. Schumacher,  R.E. and  E. Eddy, 1960, The appearance of pink salmon, Oncorhynchus gorbuscha (Walbaum) in Lake Superior. Trans. Am. Fish. Soc.  89:371-373
  4. Schumacher,  R.E. and  J.G Hale, 1962, Third generation pink salmon, Oncorhynchus gorbuscha (Walbaum) in Lake Superior. Trans. Am. Fish. Soc.  91:421-422
  5. (en) Cornelis Groot et Leo Margolis, Pacific Salmon Life Histories, Vancouver, UBC Press, , 576 p. (ISBN 9780774803595).
  6. Loury Romain (2014) Quand le saumon se fait encombrant, Journal de l'environnement ; publié 04 avril 2014
  7. portrait https://www.linkedin.com/in/rune-muladal-8221175b/
  8. lire https://www.norway.mw/2021/07/25/le-saumon-a-bosse-a-envahi-lest-du-finnmark-il-ne-peut-pas-etre-eradique/
  9. Message de l'INRA https://www6.inrae.fr/diapfc/Actualites/Saumon-rose-du-Pacifique
  10. Laurent Beaulaton, Quentin Josset et Jean‑Luc BagliniĂšre, Le saumon rose (Oncorhynchus gorbuscha, Walbaum, 1792) : Conduite Ă  tenir et Ă©lĂ©ments d’écologie (Note de recherche), Office français de la biodiversitĂ©, pĂŽle OFB-INRAE-Institut Agro-UPPA MIAME, , 25 p. (HAL hal-3287600, hal.archives-ouvertes.fr/hal-03287600/file/Saumon%20rose.pdf).
  11. Nielsen, J. L., Ruggerone, G. T., & Zimmerman, C. E. (2013). Adaptive strategies and life history characteristics in awarming climate: Salmon in the Arctic? Environmental Biology of Fishes, 96(10–11), 1187–1226.https://doi.org/10.1007/s10641-012-0082-6
  12. Fiske, P., GjĂžsĂŠter, H., Hansen, L. P., Jensen, A. J., & Saegrov, H. (2013). Rainbow trout and pink salmon in Norway, and their potential threat to Atlantic salmon. In North Atlantic salmon Working group (p. 12).
  13. NiemelÀ, E., Johansen, N., Zubchenko, A. V., Dempson, J. B., Veselov, A., Ieshko, E. P., 
 Kalske, T. H. (2016) Pink salmon in the Barents region With special attention to the status in the transboundary rivers Tana and Neiden, rivers in North West Russia and in East Canada (No. 3) (p. 137). Office of the Finnmark County Governor
  14. Munro A.L.S (1979). Introduction of pacific salmon to Europe (Mariculture committee No. ICES CM1979/F:28) (p.6). ICES
  15. Gordeeva, N. V., Salmenkova, E. A., & Prusov, S. V. (2015). Variability of biological and population genetic indices in pink salmon, Oncorhynchus gorbuscha transplanted into the White Sea basin. Journal of Ichthyology, 55(1), 69–76. |URL:https://doi.org/10.1134/S0032945215010051
  16. Zubchenko, A. V., Popov, N. G., & Svenning, M. A. (1998). Salmon rivers on the Kola Peninsula. Some results of acclimation of pink salmon (Oncorhynchus gorbuscha (Walbaum)). In Theme session (N) on Ecology of Diadromous fishes during early marine phase (Vol. CM 1998/N:13). ICES
  17. Solomon D.J (1980). Pacific salmon in the North Atlantic; a history and assessment of current status (Anadromous and catadromous fish committee No. CM1980/M:15) (p. 9). ICES
  18. ‘“Invader” pink salmon seen in UK waters for first time- BBC News’, 2017
  19. Crawford, S. S., & Muir, A. M. (2008). Global introductions of salmon and trout in the genus Oncorhynchus: 1870– 2007. Reviews in Fish Biology and Fisheries, 18(3), 313–344. https://doi.org/10.1007/s11160-007-9079-1
  20. Harache, Y. (1992). Pacific salmon in Atlantic waters. ICES Marine Science Symposia, 194, 31–55
  21. Went, A.E.J (1974). Some Interesting Fishes Taken from Irish Waters in 1973. The Irish Naturalists’ Journal, 18(3), 57–65. | URL:https://doi.org/10.2307/25537743
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