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Saumon de l'Adour

Le saumon de l'Adour, aussi appelĂ© saumon des gaves, est un poisson qui se pĂȘche essentiellement vers l'embouchure de l'Adour, ainsi que dans les gaves de Pau et d'Oloron. Il a gardĂ© la particularitĂ© de pouvoir toujours ĂȘtre commercialisĂ© Ă  travers une filiĂšre professionnelle trĂšs contrĂŽlĂ©e composĂ©e d'une cinquantaine d'inscrits maritimes, seuls pĂȘcheurs habilitĂ©s Ă  pouvoir vendre leurs saumons durant la pĂ©riode qui s'Ă©tend d'avril Ă  juillet. Dans le cadre de cette filiĂšre, un seul conserveur, situĂ© Ă  Peyrehorade, met en marchĂ© ce saumon en tant que semi-conserve (saumon fumĂ©).

Saumon de l'Adour
Image illustrative de l’article Saumon de l'Adour

Autre nom saumon des Gaves
Lieu d’origine Adour, Gave de Pau et Gave d'Oloron
Type de produit poisson
Variétés saumon de l'Atlantique
Confrérie Confrérie des Jabotiers[1]
Saison entre avril et juillet
Festivité L'Adour, terre d'amour des saumons sauvages à Urt, à la mi-septembre[2].

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Saumon de l'Adour
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Saumon de l'Adour
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Saumon de l'Adour

Histoire

Les pĂȘcheurs de saumon, dĂ©tail du tympan de la cathĂ©drale Sainte-Marie d'Oloron
La pĂȘche au saumon sur une gravure du XVe siĂšcle

Depuis la plus haute AntiquitĂ©, le saumon reprĂ©sentait le tiers des poissons consommĂ©s[3]. L'importance du saumon est telle qu'au Moyen Âge, la reprĂ©sentation de trois pĂȘcheurs parmi une suite de mĂ©tiers, figure au tympan de la porte principale de la cathĂ©drale Sainte-Marie Ă  Oloron[4].

Au XVIIe siĂšcle, le BĂ©arnais Pierre de Marca, constatait que dans les Gaves et l'Adour : « [les eaux] sont poissonneuses et portent des truites et des brochets en accĂšs grande abondance et des saumons qui pour la plus grande partie sont arrĂȘtĂ©s par le moyen des Ă©cluses ou paisselles Ă  Peyrehorade, oĂč se fait la grande pesche [
] ceux-ci n'entrent point dans la riviĂšre de Ladour qui est pesante et morne, non plus que les aloses ni les lamproies qui montent dans Ladour, n'entrent point dans le Gave qui est violent et rapide ». Depuis le plus haut Moyen Âge, les ordres monastiques et la noblesse avaient accaparĂ© les droits de pĂȘche dans leur fief, ce qui leur permettait de « bailler Ă  ferme l'exploitation de ces droits Ă  des pĂȘcheurs de mĂ©tier, voire Ă  des bourgeois qui rĂ©tribuent des pĂȘcheurs[3]. ».

Au début du XIXe siÚcle, le saumon était si abondant en France, que les employés des grandes villes (Paris, Bordeaux, Orléans, Clermont-Ferrand, ...) réclamaient, sur leur contrats de travail, une clause précisant qu'il était interdit de leur servir du saumon plus de trois fois par semaine[5].

Cette abondance de poissons migrateurs (alose, esturgeon, saumon, etc.) dans les fleuves et les riviĂšres, dura jusqu'Ă  l'Ă©poque moderne oĂč ils devinrent rarissimes. La cause premiĂšre de leur rarĂ©faction fut le rĂ©sultat de l'industrialisation et de ses rejets toxiques, le second motif est dĂ» Ă  une surpĂȘche sur des populations affaiblies par la pollution, vient ensuite la dĂ©gradation des habitats naturels par dragage et la construction des barrages empĂȘchant la remontĂ©e du cours pour frayer[6].

Tourniquet pour rapporter le filet Ă  saumon Ă  l'embouchure de l'Adour
Tourniquet sur la rive gauche de l'Adour, à Urt, restauré par l'association Val-d'Adour-Maritime
Saumons de l'Adour pĂȘchĂ©s prĂšs de Peyrehorade
Saumons de l'Adour au début du XXe siÚcle

Les saumons ont toujours constituĂ© l'attrait principal des pĂȘcheurs des Gaves et de l'Adour. La ressource semblant inĂ©puisable, les prĂ©lĂšvements furent massifs. Les livres de comptes des villages riverains des Gaves de Pau et d'Oloron indiquent que, pour l'annĂ©e 1899 ce sont 15 600 kilos de saumons qui furent pĂȘchĂ©s[7].

« En 1905, Ă  un kilomĂštre environ en aval du pont de Peyrehorade, les Gaves rĂ©unis n’ont que 80 mĂštres de large sur un lit rĂ©gulier de gravier, avec une profondeur moyenne de six mĂštres. L’endroit idĂ©al pour lancer le filet devant les saumons qui remontent vers les frayĂšres ! Lors de la campagne de pĂȘche de 1906 ce sont 818 saumons qui sont capturĂ©s lĂ  totalisant un poids de poisson de 11 834 livres, soit un poids moyen de 14,470 livres par poisson[7]. ».

En dĂ©pit d'une premiĂšre loi, en 1865, qui soumettait « certains cours d’eau Ă  l’obligation d’amĂ©nagement d’échelles Ă  poissons », il fallut attendre les annĂ©es 1980, pour « mettre en place des dispositifs de franchissement efficaces ». Le repeuplement de l'Adour et des Gaves s'est largement amĂ©liorĂ© grĂące Ă  la gestion des sociĂ©tĂ©s de pĂȘche qui, chaque annĂ©e, dĂ©versent « des centaines de milliers de saumons juvĂ©niles dans le bassin de l’Adour ». Il est Ă  souligner que, pour les fleuves voisins de la Garonne et de la Dordogne, reste interdite la pĂȘche du saumon atlantique, de la truite de mer et de l’esturgeon[6].

Quant Ă  l'Adour et Ă  son bassin, l'association Saumon des Gaves protĂšge cette espĂšce. Actuellement, le saumon est « trĂšs modestement pĂȘchĂ© » par une cinquantaine de pĂȘcheurs de l’Adour. Il faut rappeler qu'au dĂ©but du XXe siĂšcle, leur corporation comptait des milliers de membres[6].

Homonyme

Autre appellation : saumon des Gaves[6].

Peuplement des riviĂšres

Les sieurs Sabatier de LachedĂšne et de Drouin de Bouville, respectivement conservateur et inspecteur des Eaux et ForĂȘts en retraite, publiĂšrent, en 1933, dans le Bulletin Français de Pisciculture, une Ă©tude sur le peuplement en saumon de l'Adour et des Gaves. Ils y remarquaient : « D’aprĂšs nombre de tĂ©moignages dignes de foi, le saumon en montĂ©e nuptiale qui entre dans l’Adour n’y effectue qu’un parcours limitĂ©, car, s’il ne l’a pas quittĂ© Ă  la jonction de la Nive, il le dĂ©laisse au confluent des Gaves rĂ©unis. On nomme ainsi le tronc commun des Gaves de Pau et d’Oloron, long de 4 kilomĂštres. Puis, les gĂ©niteurs en instance de fraye se rĂ©partissaient naguĂšre entre ces deux cours d’eau, mais assez inĂ©galement[8]. ».

Une situation qui perdure puisque, en 2015, la fĂ©dĂ©ration de pĂȘche des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques a comptabilisĂ© un effectif de saumons de 760 dans le gave de Pau contre 2 207 dans le gave d'Oloron[9]. Ce constat confirme les dires des fonctionnaires du siĂšcle dernier : « Le contingent du gave de Pau paraĂźt avoir Ă©tĂ© toujours moindre. Les choses se sont passĂ©es de la sorte jusqu’en 1917. À partir de cette date, le saumon est devenu de plus en plus rare dans le gave de Pau. Toutefois, en 1923, on en pĂȘchait encore 58 et, en 1924, 32, d’aprĂšs les statistiques de pĂȘche dressĂ©es par le Service local des Eaux et ForĂȘts, statistiques forcĂ©ment incomplĂštes, puisqu’elles ne tiennent compte que des dĂ©clarations bĂ©nĂ©voles recueillies par les prĂ©posĂ©s forestiers[8]. ».

  • Carte halieutique du bassin de l'Adour
    Carte halieutique du bassin de l'Adour

Un examen des lieux leur avait permis de mettre en exergue, qu’effectivement, « cette situation a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par l’Homme. Les derniers sondages pratiquĂ©s ont mis en Ă©vidence l’existence d’un obstacle submergĂ©, gĂ©nĂ©ralement ignorĂ©, et dont l’origine paraĂźt ĂȘtre ancienne ». Celui-ci Ă©tait constituĂ© de rangĂ©es de piquets enfoncĂ©s dans le lit de la riviĂšre et formant barrage. Pour le rendre plus solide, le pied de celui-ci avait Ă©tĂ© bloquĂ© avec de grosses pierres[8].

Leur conclusion fut sans appel : « Il semble bien que cet amĂ©nagement ait Ă©tĂ© fait Ă  fins halieutiques, dans la dessein d’entraver la remonte du saumon dans le gave de Pau, au bĂ©nĂ©fice du gave d’Oloron. Dans une requĂȘte adressĂ©e aux États de la Province de BĂ©arn, au sujet de la pĂȘche et datĂ©e de 1764, les habitants d’Oloron se plaignent de « l’insatiabilitĂ© des Moines de Sordes et des habitants de Peyrehorade » qui, contrevenant aux ordonnances royales, leur ĂŽtent ainsi la ressource du poisson en barrant le Gave pour empĂȘcher ceux-ci de monter ». L'abbaye de Sordes avait trouvĂ© un alliĂ© naturel pour Ă©difier cette pessiĂšre, ou pĂȘcherie aux verveux, en la personne du vicomte d’Orthe, propriĂ©taire de ce site. Mais ces deux grands feudataires se virent dĂ©bouter de leur prĂ©tention et par ordonnance du , le sieur de Bastard, Grand MaĂźtre de Guyenne, ordonna la dĂ©molition du barrage. Il n'en reste aujourd'hui que la partie submergĂ©e. Mais elle reste suffisante pour pĂ©renniser un diffĂ©rentiel assez important de saumons dans les deux Gaves[8].

MƓurs du saumon

Le saumon est un poisson migrateur anadrome qui, entre les mois de dĂ©cembre et d'avril, remonte l'Adour et les Gaves pour aller frayer dans les eaux oĂč il est nĂ©. Comme il figure parmi les plus gros poissons de riviĂšre, de tous temps, l'homme inventa les piĂšges pour le capturer[10].

Confectionneuses de filets pour la pĂȘche au saumon dans l'Adour par les inscrits maritimes

Trois catĂ©gories de pĂȘcheurs s'intĂ©ressent au saumon : les amateurs, ou pĂȘcheurs sportifs, les professionnels, ou inscrits maritimes, et les braconniers. Alors que les premiers y consacrent leurs loisirs et s'empressent de remettre leur prise Ă  l'eau, les deux autres en vivent de pĂšre en fils. Cette organisation se mit en place « depuis que Louis XIV, ayant dĂ©clarĂ© le saumon poisson royal, en donna aux Basques le privilĂšge de la pĂȘche dans les gaves pyrĂ©nĂ©ens[10]. ».

Pour se reproduire, le saumon doit quitter le milieu marin qui l'a nourri et remonter dans le torrent oĂč il est nĂ©. C'est une vĂ©ritable noria qui dĂ©bute « dĂšs le mois de dĂ©cembre avec des poissons de 15 Ă  20 kilogrammes qui remontent l'Adour et les gaves pyrĂ©nĂ©ens. Suivent les saumons de printemps, dont le poids oscille entre 7,5 Ă  10 kilos, enfin, au cours du mois de juillet, arrivent les petits madeleinaux de 3 Ă  4 kg. Ce nom leur a Ă©tĂ© donnĂ© car ils apparaissent vers la Sainte Madeleine[10]. ».

Braconniers
Braconnage sur la rive

Pendant longtemps cette procession a donnĂ© le signal d'une pĂȘche intensive. Les poissons qui avaient Ă©chappĂ© aux filets des inscrits maritimes dans l'embouchure de l'Adour tombaient ensuite dans les mailles des baros Ă  partir de Peyrehoade. Il est Ă  noter que seuls les pĂȘcheurs au lancer remettaient leur prise Ă  l'eau, le plus souvent. LĂ , il restait aux saumons Ă  Ă©chapper aux piĂšges des braconniers. Ils Ă©taient aussi multiples qu'ingĂ©nieux. La minoterie de Navarrenx, possĂšde une collection d'outils perdus par ces pĂȘcheurs adeptes des raids nocturnes. Cette pratique fit florĂšs jusque dans les annĂ©es 1950[10].

Comme l'expliquait alors un commerçant ayant pignon sur rue : « Vous comprenez, il y a ici deux choses. En dehors du pétrole (Lacq ?) et de l'élevage,, le saumon et les oiseaux de passage sont exploités à l'échelle quasi industrielle. Quand la saison du poisson est finie, la palombe arrive, puis la bécasse. On range le nylon - ou le croc - juste à temps pour prendre le fusil. Fournir les tables délicates, ce n'est pas un métier pour n'importe qui ! ». Cette pratique prit fin quand il fut interdit aux particuliers de vendre leurs prises[10].

Organisation de la pĂȘche

Les fleuves français (et leurs affluents) se jetant dans l'ocĂ©an Atlantique sont rĂ©guliĂšrement alevinĂ©s pour y rĂ©introduire des souches pĂ©rennes tant de truite de mer que de saumon atlantique. Mais la pĂȘche de ce dernier n'est plus autorisĂ©e que dans le bassin de l’Adour. Les pĂȘcheurs le capturent Ă  l’embouchure de l’Adour au filet dĂ©rivant, Ă  bord de petites embarcations parlent de spĂ©cimens qui peuvent dĂ©passer un mĂštre de long et peser plus de 25 kilos[6].

« La pĂȘche Ă  la traĂźne se pratique par Ă©quipes de quatre au moins, avec un couralin. Certaines sont formĂ©es de cinq ou six hommes pour permettre un repos hebdomadaire par roulement. Le saumon se pĂȘche de janvier Ă  juin, Ă  la traĂźne : un immense filet, long de 160 mĂštres sur 7 ou 8 mĂštres de large, Ă  mailles rĂ©glementaires de onze centimĂštres, bordĂ© en bas d’un filin de boules de plomb, en haut d’un fil portant des rondelles de liĂšge en surface[7]. ».

Toute la technique consiste Ă  mettre en place, sur les deux tiers du lit de l'Adour, avec cette bande de filet un barrage, puis une nasse, et enfin une poche dans laquelle s'enfermera le poisson. « Le pĂȘcheur sur la berge, reçoit un bout du filet. Un deuxiĂšme homme tire l’autre bout vers la barque qui ferme la boucle. Alors, il faudra des renforts pour remonter le piĂšge pesant. À la seule force des bras, l’équipe va haler la traĂźne Ă  terre, laissant la place Ă  une autre Ă©quipe, et ainsi tout au long de la journĂ©e. Au temps de la pĂȘcherie, les filets sĂ©chaient au vent tout au long du chemin de halage, formant un Ă©cran de mailles maintenant remplacĂ© par des peupliers. Ils Ă©taient ensuite pliĂ©s et soigneusement rangĂ©s dans les cabanes, attendant le lendemain[7]. ».

  • PĂȘcheurs remontant leur filet
    PĂȘcheurs remontant leur filet

Ce type de pĂȘche ancestral commença Ă  ĂȘtre mis Ă  mal au milieu du XIXe siĂšcle par un systĂšme pĂȘchant le saumon d'une façon continue et autonome, le baro. Les Gaves, avec leurs mĂ©andres, avaient le profil parfait pour rentabiliser ces machines. Elles avaient Ă©tĂ© inventĂ©es et mises au point par Louis Casaumajour (1747-1808), meunier de son Ă©tat au moulin de Haliha, Ă  Cauneille. Son systĂšme fut perfectionnĂ© par Jean-Baptiste Tranchart puis par quelques autres[11].

Au dĂ©but, les droits de pĂȘche de l’État furent gĂ©nĂ©reusement distribuĂ©s. Tous voulaient avoir leur baro. On dĂ©nombra jusqu’à 34 machines affermĂ©es par l’État et quelques baros privĂ©s, notamment Ă  Sorde. Ce qui incita un dĂ©nommĂ© Jean Baptiste Durruthy, originaire de cette commune, Ă  alerter le prĂ©fet des Landes, « pour le prĂ©venir de la diminution des revenus de l'Ă©tat, car on pĂȘche avec un baro plus de saumons que n'en pĂȘcherait plusieurs traines ». Leur destruction fut ordonnĂ©e[11].

  • Baro en fonctionnement Ă  Sorde
    Baro en fonctionnement Ă  Sorde
  • Le baro de Cambo-les-Bains en 1907
    Le baro de Cambo-les-Bains en 1907

La situation resta bloquĂ©e jusqu'Ă  la rĂ©volution de 1848. Les pĂȘcheurs interdits de baro, s'adressĂšrent au nouveau commissaire de la RĂ©publique en saluant prĂ©alablement l’hĂ©roĂŻque population de Paris qui a su rendre justice. Puis, ils l'informĂšrent que Peyrehorade qui s’honorait d'ĂȘtre le lieu de naissance d'un engin Ă  pĂȘcher du saumon, « voit les inventeurs et les descendants privĂ©s de jouir des fruits de leur invention par suite de l’arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral en date du qui prescrit la destruction de ces pĂȘcheries ». Leur remise en place Ă©tait rĂ©clamĂ©e par quatorze pĂ©titionnaires. Ils eurent gain de cause mais le baro devint tellement performant, que son usage finit par ĂȘtre stoppĂ© dĂ©finitivement en 1926 par un lobby anglo-saxon[11].

La pĂȘche de loisir et sportive

Le reste des prises est due aux pĂȘcheurs amateurs qui ferrent le saumon Ă  la ligne[6]. La gĂ©nĂ©ralisation de cette pĂȘche date du dĂ©but du XXe siĂšcle. Ceux qui la pratiquent en font un loisir et non plus une nĂ©cessitĂ©. Comme la plupart des eaux dont celles du domaine public ont leur droit de pĂȘche appartenant Ă  l'État, celui-ci a dĂ©lĂ©guĂ© sa gestion aux sociĂ©tĂ©s de pĂȘche. Leur rĂŽle essentiel est de veiller Ă  prĂ©server le milieu et ses diffĂ©rentes espĂšces, donc de gĂ©rer le stock halieutique par des rĂ©empoissonnements. Une pratique qui correspond parfaitement Ă  cette mutation de la pĂȘche[12].

PĂȘcheur de saumon Ă  la ligne

« C'est dans ce cadre que la pĂȘche de loisir dĂ©laissa peu Ă  peu les espĂšces dites nobles (migrateurs et carnassiers) et redĂ©couvrit l'intĂ©rĂȘt de certaines espĂšces jusque-lĂ  jugĂ©es infĂ©rieures qui ne sont pas destinĂ©es Ă  ĂȘtre consommĂ©es mais dont le cĂŽtĂ© sportif ou ludique de la pĂȘche constitue en soi une finalitĂ© ». Cette mutation fut encouragĂ©e par les concours de pĂȘche. Leur gĂ©nĂ©ralisation permit de crĂ©er une Ă©mulation entre pĂȘcheurs et leur succĂšs grandissant, grĂące Ă  la presse qui en publiait les rĂ©sultats, leur permit d'ĂȘtre une vitrine pour cette nouvelle activitĂ©. « Leur attrait dĂ©tourna le pĂȘcheur de la finalitĂ© cueillette et permit de classer son activitĂ© dans la catĂ©gorie des sports[12]. ».

Jean Claude Bouchet dans son Histoire de la pĂȘche au saumon dans l'Adour, les Gaves et la Bidassoa explique : « FustigĂ©s de toutes parts, les propriĂ©taires de baros doivent faire face Ă  un nouveau groupe de pression : les pĂȘcheurs Ă  la ligne. La mode de ce loisir est lancĂ©e aprĂšs 1914 par la colonie Ă©trangĂšre rĂ©unie Ă  Pau autour de l'AmĂ©ricain Eustache Barron. Mais pour que ces sportsmen richissimes continuent Ă  taquiner le saumon - et Ă  dĂ©penser leur fortune - sur les bords des gaves plutĂŽt qu'en Écosse ou en NorvĂšge, il faut Ă  tout prix prĂ©server la ressource. Aussi, les municipalitĂ©s locales entrent-elles en croisade contre les moulins Ă  poisson. Et finalement, c'est le lobby des pĂȘcheurs Ă  la ligne qui remportera la guerre des baros ». En 1920, le Cercle anglais de Pau obtint le statut de sociĂ©tĂ© de pĂȘche et par la mĂȘme la gestion des Gaves. Il y interdit toutes les machines Ă  pĂȘcher. Les baros furent dĂ©finitivement supprimĂ©s six ans plus tard[12].

Commercialisation

Chez Barthouil, une pĂȘche mĂ©morable

À partir de 1929, la maison Barthouil de Peyrehorade, spĂ©cialiste de la charcuterie, va traiter le poisson frais, saumon, alose et anguille qui pullulent toujours dans l'Adour et les Gaves. « Elle s'installe sur la rive gauche du Gave, juste Ă  cĂŽtĂ© des cabanes des pĂȘcheurs de saumons ». Dix ans plus tard, apparaĂźt le fumage du saumon. Cette technique va s’affiner et faire la rĂ©putation de Barthouil. Actuellement, en ce dĂ©but de XXIe siĂšcle, c'est « l’une des derniĂšres usines en Europe Ă  fumer le saumon dans des fumoirs au bois d'aulne de type traditionnel nordique, grĂące aux techniques rapportĂ©es du Danemark[13]. ».

Aujourd’hui, aprĂšs la quasi-disparition du saumon sauvage de l'Adour dans les annĂ©es 1980, l'usine pour survivre, a dĂ» diffĂ©rencier ses provenances avec des saumons sauvages sĂ©lectionnĂ©s en NorvĂšge et en Écosse principalement. Cette production est commercialisĂ©e au niveau international. Dans un second temps, sont arrivĂ©s les saumons d'Ă©levage. Si leur qualitĂ© sanitaire reste parfaite, il n'y a pas de comparaison possible avec le saumon sauvage de l'Adour qui rĂ©apparait grĂące Ă  une bonne gestion des stocks. Ce mets atteint « le summum de la qualitĂ© avec son goĂ»t plus net, plus prĂ©sent et sa longueur en bouche que l’élevage ne pourra jamais reproduire[13]. ».

Il existe un autre inconvénient concernant le saumon d'élevage. « L'énorme quantité de poissons sauvages nécessaires à l'alimentation des saumons d'élevage (il faut entre 2,5 kg et 5 kg de poissons sauvages pour produire 1 kg de saumon d'élevage) signifie que l'élevage du saumon consomme plus de poisson qu'il n'en produit[14]. ».

Consommation

Ce saumon de riviĂšre se consomme frais, il est alors cuisinĂ© en entier ou dĂ©coupĂ© en filets ou en darne. Selon les saisons, qui influencent la taille du poisson, il peut ĂȘtre cuit au four, grillĂ©, braisĂ© ou poĂȘlĂ©. Hors de la rĂ©gion de production, le saumon est servi fumĂ© au feu de bois[6].

  • Salade de saumon fumĂ© et concombres
    Salade de saumon fumé et concombres
  • Filet de saumon au beurre d'agrumes
    Filet de saumon au beurre d'agrumes
  • Caviar de venus et saumon
    Caviar de venus et saumon

Accord mets/vin

Saumon et foie gras

L'accord le plus classique avec le saumon frais reste le vin blanc. Il sera choisi jeune ce qui permettra de trouver un juste équilibre entre fraßcheur et puissance, tel un blanc de Touraine (par exemple un montlouis-sur-loire). Il est possible aussi de sélectionner dans les vins de Bordeaux « un blanc arrivé à maturité, frais, aux arÎmes de fruits confits », tel qu'un pessac-léognan[15].

Le saumon fumĂ©, quant Ă  lui, rĂ©clame un grand vin rouge oĂč domine la syrah. On choisira des rouges des cĂŽtes-du-rhĂŽne septentrionales tels que crozes-hermitages, cĂŽte-rĂŽtie ou saint-joseph qui dĂ©gagent au nez, aprĂšs agitation, des arĂŽmes de fumĂ©e[15].

Dans le sud-ouest, il peut ĂȘtre prĂ©sentĂ© un saumon de l'Adour accompagnĂ© de foie gras. Cette combinaison « se dĂ©guste avec un trĂšs beau chĂąteauneuf-du-pape, un vin trĂšs luxueux pour un plat qui l'est au moins autant[15]. ».

Notes et références

Bibliographie

  • Jean Claude Bouchet, Histoire de la pĂȘche au saumon dans l'Adour, les Gaves et la Bidassoa, Ă©d. Marrimpouey, Pau, 1995, (ISBN 2-85302-127-0)

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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