Sandra Lucbert
Sandra Lucbert est une écrivaine française née en 1981[1].
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Biographie
Formation
Sandra Lucbert est normalienne, agrégée de lettres modernes[1] et titulaire d'un master de psychologie obtenu à Paris-VII[2].
Carrière littéraire
En 2013, Sandra Lucbert publie Mobiles, son premier roman sur les intellectuels précaires. Pour Le Monde, « l'écriture de Mobiles n'est pas exempte d'une certaine préciosité, mais celle-ci vient pimenter un réel dont la platitude serait sans cela par trop décevante »[3].
La Toile (2017) est pour Les Inrockuptibles un second roman « ambitieux » dans lequel Lucbert « réactive » les effets des Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos[4]. Pour L'Humanité, il s'agit d'un « livre brillant, à la hauteur de son pari, un récit qui sait ménager ses surprises, même pour celui qui croit avoir tout prévu »[5]. Le Monde quant à lui y voit « l'échec de ceux qui se rêvent, sans en avoir l'envergure, en Merteuil et Valmont contemporains »[6]. Pour Yves Citton, ce roman présente « une conscience très conceptuelle, ou très techno-sociologique du monde dans lequel on vit », ainsi qu'une « dimension proprement littéraire […] avec des amours, d'être pris dans ces jeux de réseaux »[7]. D'ailleurs, dans le sillage de ce roman, Lucbert est invitée à commenter l'affaire de la Ligue du LOL sur le cyber-harcèlement[8].
En 2020, elle publie Personne ne sort les fusils, un livre qu'elle écrit après avoir assisté au procès France Télécom[9]. Elle y dénonce le langage du capitalisme néolibéral[10], car il s'agit pour elle de « l'histoire d'un enlisement grammatical »[11]. Lucbert déclare vouloir dénoncer les « violences structurelles du capitalisme financiarisé » qui utilise un langage particulier, la « Lingua Capitalismi Neoliberalis (LCN) » en référence à la LTI de Victor Klemperer[12]. Pour Les Inrockuptibles, son roman est d'« une forme littéraire hybride » qui fait « effraction dans le discours des dominants »[13]. Pour La Vie, Lucbert pratique une « littérature d'intervention » où elle « bouscule les mots (« économie de serfs/vices »), en détourne les litanies absconses, file la métaphore de la liquidité financière et joue avec le (cash-)flow avec une verve rabelaisienne »[14]. Le philosophe du langage Jean-Jacques Lecercle lui consacre un texte dans Diacritik intitulé « Que peut la littérature »[15], y voyant la démonstration qu'« il y a du contre-hégémonique dans toute littérature digne de ce nom. »
À la rentrée 2021, Lucbert poursuit sa critique de la LCN avec Le Ministère des contes publics publié aux éditions Verdier. Après « Il-faut-libérer-du-cash-flow » et la façon dont il « transfigure la surexploitation des salariés », elle s'attaque au discours automatique « LaDettePubliqueC'estMal », qui « rend méconnaissable la destruction de l'ensemble des services publics »[16]. Ulysse Baratin écrit dans En attendant Nadeau : « Court, décisif, d’une inventivité et d’une lucidité féroces, Le ministère des contes publics ouvre une voie. Pour la première fois, un texte s’empare du discours sur la « nécessité » de réduire la dépense publique au nom de la dette. Face aux stances techniciennes qui nous environnent, Sandra Lucbert prend la littérature au sérieux. »[17]
Elle signe également trois chapitres du recueil collectif Le Nouveau Monde. Tableau de la France néolibérale[18].
Interventions
Le 3 décembre 2021, Elsa Dorlin l'invite au séminaire « Travailler la violence », qu'elle organise à l'invitation de Gisèle Vienne. L'intervention de Lucbert[19] porte sur les dimensions proprement artistiques de l'opposition au capitalisme. Gisèle Vienne l'invite de nouveau, ainsi qu'Elsa Dorlin, en juin 2022. Dans son texte Eat the rich, une décomposition, elle prend pour objet la gestion néolibérale des EHPAD pour dégager le « régime de pulsionnalité » du néolibéralisme[20].
Prises de position
Le 3 mars 2022, elle est présente à un rassemblement en soutien au candidat de Révolution permanente pour l’élection présidentielle. Elle y lit un texte personnel à propos de l'éviction médiatique d'Anasse Kazib[21], ainsi qu'une lettre d'Adèle Haenel[22].
Entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2022, en réponse à deux tribunes émanant de personnalités culturelles appelant à voter pour Emmanuel Macron, elle critique ce qu'elle appelle « LeMondeDeLaCulture », accusé de « manquer de la plus minimale intelligence de la situation, s’en croire pourtant supérieurement pourvus, s’autoriser de son néant pour catéchiser ». Elle exprime son soutien aux collectifs Art en grève et La Buse et affirme : « l’antidote au MondeDeLaCulture, c’est de sortir de l’isolement ; de participer à la lutte des classes »[23]. Ce texte fait suite à plusieurs entretiens où elle développe ces positions[24] - [25] - [26].
Lors du congrès de fondation de Révolution permanente, en décembre 2022, elle prend la parole en « salutation » au nouveau parti[27].
Pendant le mouvement contre la réforme des retraites de 2023, elle prend la défense d'Adèle Haenel, lorsque celle-ci est prise pour cible par l'extrême-droite après avoir défendu la grève générale dans un meeting[28].
Distinctions
- 2020 : Prix de l'Essai Les Inrockuptibles pour Personne ne sort les fusils[29].
Ĺ’uvres
Romans
Ouvrages collectifs
- Le Nouveau Monde. Tableau de la France néolibérale, Antony Burlaud, Allan Popelard et Grégory Rzepski (dir.), Éditions Amsterdam, 2021, 1046p.
Références
- « Sandra Lucbert, Biographie Sandra Lucbert, Livres Sandra Lucbert », sur www.seuil.com
- Sandra Lucbert, Personne ne sort les fusils, Seuil - Points, , p. 59
- Florence Bouchy, « En voie de disparition », Le Monde,‎
- Léonard Billot, « “La Toile” de Sandra Lucbert : “Les Liaisons dangereuses” à l'heure du deep-web », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne)
- Alain Nicolas, « Portrait de Valmont et Merteuil en aventuriers du Net », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
- Florence Bouchy, « Net malaise », Le Monde,‎
- « Médiarchie : ce que (nous) font "lémédias" », sur France Culture (consulté le )
- « Sur Internet comme à la cour ? », sur France Culture (consulté le )
- « Sandra Lucbert, la littérature contre l’économie », sur Lundi matin, (consulté le )
- « Sandra Lucbert : France Télécom, la langue néolibérale en procès », sur France Culture (consulté le )
- « Sandra Lucbert : France Télécom, la langue néolibérale en procès », sur France Culture, (consulté le )
- [vidéo] RT France, Interdit d'interdire / Culture : numéro 165 sur YouTube, (consulté le )
- Mathieu Dejean, « Procès France Télécom : “La justice parlait la même langue que les prévenus” », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne)
- Anne Berthod, « Sandra Lucbert : “J'espère libérer la colère autrement” », sur La Vie.fr,
- « Que peut la littérature ? : À propos du livre de Sandra Lucbert, Personne ne sort les fusils », sur DIACRITIK, (consulté le ).
- « Pourquoi la dette publique est aussi affaire de littérature ? », sur franceculture.fr,
- « Le ministère des contes publics, de Sandra Lucbert », sur En attendant Nadeau, (consulté le ).
- « Le Nouveau Monde », sur editionsamsterdam.fr, (consulté le ).
- (en) « Sandra Lucbert » [vidéo], sur Vimeo (consulté le ).
- Sandra Lucbert : Eat the rich, une décomposition
- Sandra Lucbert : Où est Anasse ? (Qu’attendez-vous de la présidentielle?), diacritik.com, 24 mars 2022
- « "Vous êtes l'espoir de ce monde" : Adèle Haenel envoie son soutien à Anasse Kazib », sur Révolution Permanente (consulté le )
- Sandra Lucbert, « BALLAST • Second tour, MondeDeLaCulture et lutte des classes », sur BALLAST, (consulté le )
- Ballast, « BALLAST • Sandra Lucbert : « L’art peut participer à la guerre de position » », sur BALLAST, (consulté le )
- Sandra Lucbert, Olivier Neveux, « Pour une littérature contre-hégémonique. Entretien avec Sandra Lucbert », sur CONTRETEMPS, (consulté le )
- Johan Faerber, « Sandra Lucbert : « Le néolibéralisme est pour les dominants comme un rêve merveilleux » (Le Ministère des contes publics) », sur DIACRITIK, (consulté le )
- « Sandra Lucbert: « Reprendre l'art au capitalisme » », sur Révolution Permanente (consulté le )
- Sandra Lucbert, « Qui a peur d’Adèle Haenel? », sur DIACRITIK, (consulté le )
- « Voici les lauréats 2020 du prix littéraire des Inrockuptibles », sur Les Inrockuptibles, (consulté le )