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Sabine Zlatin

Sabine Zlatin, née Sabine Chwast le à Varsovie en Pologne et morte le à Paris 15e[1], est une peintre et résistante juive française.

Sabine Zlatin
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Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nationalité
Activités
Conjoint
Autres informations
Lieu de détention
Prison Patarei (en)
Sépulture de Sabine Zlatin au cimetière du Montparnasse (division 18).

Sabine Chwast est l'Ă©pouse de Miron Zlatin ; ensemble, le couple encadre la colonie des enfants d'Izieu pendant la Seconde Guerre mondiale.

Biographie

Jeunes années

Sabine Chwast est la dernière de douze enfants. Le père est architecte[2]. Il n'aime pas le prénom donné à sa fille, et décide de l'appeler Yanka, un nom qu'elle gardera par la suite. Ne supportant plus un milieu familial étouffant et l'antisémitisme des Polonais, largement développé après la déclaration d'indépendance vis-à-vis de l'Empire russe, elle décide au milieu des années 1920 de quitter son pays natal. Au gré des rencontres, elle gagne successivement Dantzig, Koenigsberg, Berlin, Bruxelles pour finalement arriver en France, à Nancy, où elle entreprend des études en histoire de l'Art. Elle est également militante du Bund, « le mouvement ouvrier juif antisioniste »[3].

Elle fait la connaissance d'un jeune étudiant juif de Russie, Miron Zlatin, qui prépare un diplôme d'études supérieures agronomiques à l'université de Nancy. Ils se marient le . Le couple n'a pas d'enfant. En 1929, Miron et Sabine acquièrent une ferme avicole actuellement rue Miron-Zlatin à Landas dans le Nord. Après quelques difficultés, l'exploitation se révèle un succès. Ils sont naturalisés le .

La résistante

En , la guerre éclate et Sabine décide de suivre des cours de formation d'infirmière militaire à la Croix-Rouge à Lille.

En 1940, Sabine et son mari fuient pour Montpellier, et Sabine travaille comme « infirmière de la Croix-Rouge à l'hôpital militaire de Lauwe»[4]. Elle est ensuite renvoyée à cause des lois antisémites. Elle s'engage alors auprès de l'Œuvre de secours aux enfants (OSE)[4]. Elle travaille, bénévolement[5] à la préfecture de l'Hérault comme « assistante sociale »[6].

Sabine Zlatin protégea des enfants juifs. Avec l'abbé Prévost notamment elle s'occupa de cacher des enfants sortis «des camps d'Agde et de Rivesaltes»[7]. Elle-même sortit des enfants de ces camps, jusqu'en 1941[8], qui furent, grâce à l'OSE, passés en Suisse, aux États-Unis grâce aux Quakers ou dans divers centres[9]. C'est ce même homme qui mit à la disposition de Sabine et de son mari « une colonie de vacances » à Palavas pour les enfants dont ils s'occupaient[10]. En a lieu une grande rafle et Sabine contacte la préfecture pour demander la libération des moins de quinze ans, qui est obtenue[8]. Les jeunes passent alors par Palavas avant d'être envoyés dans diverses maisons. Au début de l'année 1943 elle est convoquée par le secrétaire général, Roger Fridrici, à la préfecture. On lui demande alors de s'occuper « d'un groupe de dix-sept enfants qui sont encore à Campestre près de Lodève ». Fridrici lui suggère de partir avec eux pour la zone italienne, et lui dit que la préfecture s'occuperait des papiers[11]. Sabine part alors à Chambéry avec les enfants qui partiront finalement à Izieu. Sabine déplace son lieu d'accueil en et à Izieu, en , est fondée la colonie des Enfants d'Izieu qui abrite des enfants juifs. La colonie est un lieu de passage dans un réseau de sauvetage composé d'autres maisons, de familles d'accueil ou encore de filières de passage en Suisse. Au moins 105 enfants, juifs pour la plupart, y sont accueillis à partir de . Certains ne restent que quelques semaines, d’autres quelques mois. Cet endroit est choisi en 1943 car la zone est alors sous autorité italienne et que les juifs y sont moins menacés[12]. Les Zlatin peuvent compter sur Pierre-Marcel Wiltzer, le sous-préfet, sur « le maquis de l'Ain» et sur le « réseau lyonnais du père Chaillet» pour s'occuper de quatre-vingts enfants[10]. Sabine sauva également des enfants tsiganes.

Le , la Gestapo de Lyon dirigée par Klaus Barbie, arrête les 44 enfants de la colonie et les sept éducateurs présents. Sabine est absente, sentant venir le danger, elle est allée à Montpellier pour demander à l'abbé Prevost de l'aider à disperser la colonie. Après la rafle, Sabine Zlatin rejoint Paris où elle s'engage dans la Résistance. Elle essaie de sauver les enfants d'Izieu et essaye même d'entrer en contact avec Darnand[13]. À la Libération, elle est nommée hôtelière-chef du Centre Lutetia, responsable de l'organisation de l'accueil des déportés à leur retour des camps. En juillet 1945, plus d'un an après la rafle, Sabine Zlatin apprend que les enfants arrêtés le ont été exterminés à Auschwitz ; seule une encadrante de la maison d'Izieu, Léa Feldblum, également déportée à Auschwitz, en reviendra vivante[14].

Le , Miron est déporté, avec Théo Reiss et un autre adolescent d'Izieu, Arnold Hirsch, depuis la gare de Bobigny dans le convoi no 73 jusqu'à Reval (aujourd'hui Tallinn en Estonie). Il est détenu à la prison Paterei et travaille dans une carrière. Il est fusillé par les SS fin , avant l'arrivée des troupes soviétiques.

L'hĂ´tel Lutetia (1945)

L'accueil des déportés à l'hôtel Lutetia à Paris, en 1945, est dirigé par trois femmes : Marcelle Bidault dite Elizabeth ou Agnès Bidault[15] - [16], résistante, et sœur de Georges Bidault, Denise Mantoux[17], du service social du Mouvement de Libération Nationale et Sabine Zlatin, fondatrice de la colonie des enfants d'Izieu pendant la Seconde Guerre mondiale[18] - [19] - [20] - [21] - [22].

La militante de la mémoire de la Shoah

Après la guerre, elle rend hommage aux enfants d'Izieu chaque année et fleurit le monument commémoratif élevé en 1946 à Brégnier-Cordon grâce à une souscription nationale placée sous l’égide du Général de Gaulle[23].

Son témoignage, très fort, lors du procès de Klaus Barbie en 1987, est crucial. À son initiative est créé le Mémorial des enfants d'Izieu qui est inauguré par le président de la République François Mitterrand en 1994 et dont elle devient la première directrice[24] en 1994.

L'artiste

Après la fermeture du Lutetia, en , elle s'installe définitivement à Paris. Elle s'adonne à la peinture, signant ses toiles du nom de « Yanka », le surnom que lui avait donné son père.

Mort

Sabine Zlatin est morte le à Paris[3], où elle est inhumée au cimetière du Montparnasse (18e division).

Hommages

  • Une plaque commĂ©morative, au 46, rue Madame Ă  Paris (6e arrondissement), rappelle qu'elle vĂ©cut dans ce lieu.
  • Une rue Sabine-Zlatin est crĂ©Ă© dans le 7e arrondissement de Lyon. En 2012, le Conseil municipal la renomme « rue Sabine-et-Miron-Zlatin »[25] - [26] - [27].
  • Une rue de Villeurbanne porte le nom de Sabine Zlatin.
  • Sabine Zlatin figure en uniforme d'infirmière sur un mur peint lyonnais intitulĂ© Lyon, la santĂ©, la vie.
  • En 2017, le nouveau collège de Belley (Ain), qui reçoit les enfants du village d'Izieu, est baptisĂ© « Collège Sabine Zlatin »[28] - [29].
  • En 2020, la 50e promotion de l’IRA de Lyon choisit Sabine Zlatin comme nom de promotion.

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee.
  2. "Les Justes"-La Dame d'Izieu. Sabine Zlatin. Fondation pour la MĂ©moire de la DĂ©portation..
  3. Bernard Fromentin. La dame d'Izieu s'éteint à 89 ans. Libération, 24 septembre 1996..
  4. « LA MAISON : REFUGE DE LA COLONIE EN 1943-44 », sur memorializieu.eu (consulté en ).
  5. Les enfants d'Izieu : une tragédie juive, Les fils et filles des déportés juifs de France, , p27.
  6. Françoise Nicoladzé, Passant, souviens-toi ! Montpellier : lieux de mémoire 1940-1945, Les presses du Languedoc, , p. 36.
  7. Françoise Nicoladzé, Passant, souviens-toi ! Montpellier : lieux de mémoire, 1940-1945, Les Presses du Languedoc, , p. 27.
  8. Hélène Chaubin, L'Hérault dans la guerre 1939-1945, De Borée, .
  9. Les enfants d'Izieu : une tragédie juive, FFDJF, .
  10. Françoise Nicoladzé, Passant, souviens-toi ! Montpellier : lieux de mémoire 1940-1945, Les Presses du Languedoc, , p. 37.
  11. Hélène Chaubin, L'Hérault dans la guerre 1939-1945, De Borée, , p. 197.
  12. Françoise Nicoladzé, Passant, souviens-toi ! Montpellier : lieux de mémoire 190-1945, Les Presses du Languedoc, .
  13. Hélène Chaubin, L'Hérault dans la guerre 1939-1945, De Borée, , p. 198.
  14. « Léa Feldblum, seule survivante », sur aidh.org (consulté le ).
  15. Archives du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale —Résistance intérieure : mouvements, réseaux, partis politiques et syndicats Répertoire numérique détaillé (72AJ/35-72AJ/89), p. 145. Témoignage recueilli par Marie Granet, 25 février 1947.
  16. Témoignage de Marcelle Bidault, alias Élisabeth ou Agnès, recueilli par Marie Granet. 25 février 1947. francearchives.fr..
  17. Les femmes dans la Résistance azuréenne..
  18. L’hôtel Lutetia centre de rapatriement en 1945. cercleshoah.org..
  19. (en) MARK SEAL. PARIS’ HOTEL LUTETIA IS HAUNTED BY HISTORY. SMITHSONIAN MAGAZINE | April 2019..
  20. DĂ©portation: "nous n'avons pas le droit d'oublier", rappelle Hubert Falco. ladepeche.fr. 25 avril 2010..
  21. Lutetia, 1945 – Le retour des déportés. L’encadrement..
  22. LE RETOUR DES DÉPORTÉS ET LA DÉCOUVERTE DE L'UNIVERS CONCENTRATIONNAIRE. crrl.fr..
  23. Martine Giboureau, « Sabine Zlatin, "la dame d’Izieu" », sur Cercle d'études de la déportation et de la Shoah, .
  24. « Sabine Zlatin, de la Maison d’Izieu au procès Barbie », sur Le Progrès, .
  25. « Délibération au conseil municipal du 2 avril 2012 », sur lyon.fr, Ville de Lyon (consulté le ).
  26. Projet de dénomination "Rue Sabine et Miron Zlatin" à Lyon 7e (Direction Déplacements Urbains). Séance du 2 avril 2012. Lyon.fr..
  27. Rue Sabine et Miron Zlatine. Rues de Lyon..
  28. Patrice Gagnant, «L'Ain rend hommage à Sabine Zlatin, la Dame d'Izieu», Le Progrès, 12 juillet 2017.
  29. Belley: Collège Sabine Zlatin..

Voir aussi

Bibliographie

  • Yanka Zlatin, Survivants, Paris, . Dessins et gravures de Monique FrĂ©laut. Près de quarante portraits de survivants accueillis au LutĂ©tia.
  • Sabine Zlatin, La Dame d’Izieu (mĂ©moires), Paris, Gallimard, 1992. Avant-propos de François Mitterrand. Y compris sa dĂ©position au procès de Klaus Barbie et les tĂ©moignages de l’institutrice de la colonie (Gabrielle Perrier aujourd’hui Gabrielle Tardy) et d’un ancien pensionnaire (Samuel Pintel).
  • Serge Klarsfeld, Les Enfants d’Izieu, une tragĂ©die juive, Association des Fils et Filles des dĂ©portĂ©s juifs de France, 1984.
  • Rolande Causse, Les Enfants d’Izieu, Paris, Seuil, rĂ©Ă©d. 1994 (livre pour enfants). Y compris un tĂ©moignage de Sabine Zlatin.
  • Emmanuel BĂ©nĂ©zit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, article Yanka Zlatin, Paris, GrĂĽnd, 1999.

Articles de presse

  • Patrick Jarreau, « La journĂ©e nationale de la dĂ©portation. “Les enfants d’Izieu sont le symbole mĂŞme de tous les juifs de France exterminĂ©s sous le rĂ©gime de Vichy” dĂ©clare M. Mitterrand », Le Monde, .
  • Agathe Logeart, « La Dame d’Izieu », Le Monde,
  • Bertrand Poirot-Delpech, « Sabine Zlatin. La “Dame d’Izieu” », Le Monde,

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Articles connexes

Liens externes

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