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Saadi Kadhafi

Saadi Kadhafi (en arabe: الساعدي القذافي), né le à Tripoli, est un homme d'affaires, militaire, dirigeant sportif et ancien footballeur professionnel libyen.

Saadi Kadhafi
Image illustrative de l’article Saadi Kadhafi
Biographie
Nom Al Saadi Kadhafi
Nationalité Libyen
Naissance
Tripoli (Libye)
Taille 1,84 m (6 0)
Période pro. 2000-2007
Poste Attaquant
Parcours senior1
AnnéesClub 0M.0(B.)
2000-2001 Al-Ahli Tripoli074 0(3)
2001-2003 Al-Ittihad Tripoli074 (20)
2003-2005 AC Pérouse001 0(0)
2005-2006 Udinese Calcio001 0(0)
2006-2007 UC Sampdoria000 0(0)
Sélections en équipe nationale2
AnnéesÉquipe 0M.0(B.)
2000-2006 Libye018 0(2)
1 Compétitions officielles nationales et internationales.
2 Matchs officiels (amicaux validés par la FIFA compris).

Il est le troisième fils de Mouammar Kadhafi, et le second enfant issu du mariage de ce dernier avec sa seconde épouse, Safia Farkash. Après la chute du régime de son père, Saadi Kadhafi, recherché par les nouvelles autorités libyennes et par Interpol, se réfugie au Niger. Il est finalement extradé vers la Libye en mars 2014. Après 7 ans de détention dans un centre pénitentiaire de Tripoli, il a été libéré le 5 septembre 2021[1].

Biographie

Joueur et dirigeant de football

Passionné par le football, Saadi Kadhafi est stagiaire dans les années 1990 à la Lazio, où il suit une formation avec Paul Gascoigne[2]. Il commence une carrière de footballeur professionnel en Libye dans le club de Alahly Tripoli S.C., puis dans celui de Al-Ittihad Tripoli, dont il est également président[3]. Occupant les postes de milieu offensif ou attaquant et est un temps capitaine de la sélection nationale de l’équipe nationale libyenne[4]. Il engage Ben Johnson et Diego Maradona pour lui donner des cours de sport particulier et, en 1999, Carlos Bilardo pour entraîner l’équipe[3].

En 2011, après le soulèvement de Benghazi au début de la guerre civile, des joueurs et des supporters du Al-Ahly Benghazi ont révélé que Saadi Kadhafi, alors dirigeant de la Fédération de Libye de football, avait, en 2000, tout mis en œuvre pour mettre en difficulté leur club, qui avait le tort de disputer le nom Al-Ahly au Al-Ahli Tripoli et d’être en rivalité avec cette dernière équipe. La rivalité avait dégénéré à un point tel qu’à la suite d’un chahut public mettant directement en cause Saadi Kadhafi, 31 employés et supporters du club avaient été arrêtés, trois étant condamnés à mort. Al-Ahly Benghazi n’a plus joué avant 2005, puis a été systématiquement défavorisé par la Fédération au plan des moyens mis à sa disposition[5].

En 2002, Saadi Kadhafi devient actionnaire de la Juventus[6], en qualité de représentant de la société Lafico (Libyan arab foreign investment company), propriétaire du club à hauteur de 7,5 %. En octobre 2003, il est engagé comme joueur par le club de l'AC Pérouse, et doit alors abandonner sa participation à la Juventus, la législation italienne interdisant d’être joueur dans un club et dirigeant dans un autre[3].

La carrière de joueur de Saadi Kadhafi est rapidement controversée, et considérée comme devant moins à son talent de footballeur qu'à des facteurs politiques et financiers. Selon des témoins l'ayant vu à l'entraînement, le fils de Mouammar Kadhafi aurait des qualités, néanmoins insuffisantes pour justifier un engagement en première division[3]. Le propriétaire de l'AC Pérouse, Luciano Gaucci (en), déclare à l'époque avoir répondu à une sollicitation de Silvio Berlusconi, en vue d'améliorer les relations entre l'Italie et la Libye. Serse Cosmi, entraîneur du club, refuse cependant de le faire jouer[2]. Saadi Kadhafi ne figure qu'à deux reprises sur la liste des remplaçants du Pérouse. En 2003, il est suspendu trois mois pour dopage, à l'occasion de sa deuxième inclusion parmi les remplaçants[3] - [7]. Après sa suspension, il fait sa première entrée sur le terrain en mai 2004[8] et joue durant 15 minutes dans un match contre la Juventus[2].

En parallèle, Saadi Kadhafi est président, puis vice-président[3], de la Fédération de Libye de football ; dans ce cadre, il renforce le rôle de l'équipe en tant que symbole de la Jamahiriya arabe libyenne[4] et participe à l'organisation du match de Supercoupe d'Italie à Tripoli[9]. En 2004, président du comité de candidature de la Libye pour organiser la Coupe du monde de football, il se dit prêt à dépenser neuf milliards de dollars pour que son pays réponde à la perfection au cahier des charges de la FIFA, mais échoue à obtenir la tenue en Libye de la Coupe du monde 2010[3]. En , il démissionne de son poste, estimant que la Fédération ne reçoit pas de soutien financier suffisant[10].

En juin 2005, il rejoint l'Udinese[11], pour laquelle il joue 11 minutes, puis l'année suivante la Sampdoria de Gênes, pour laquelle il ne totalise pas 10 minutes de jeu[2]. Sa carrière de joueur professionnel prend fin en 2007[5].

Homme d'affaires et militaire

Revenu en Libye, Saadi Kadhafi se lance dans les affaires. Il mène divers projets ambitieux et, en 2006, annonce une recherche d'investisseurs étrangers pour participer à la construction d'une nouvelle ville en Libye, censée tenir un rôle de zone économique spéciale, comparable à celui tenu par Hong Kong en Chine[12]. Il bénéficie également de la licence d'importation Adidas en Libye[13] et tente d'investir dans le cinéma américain[14].


En parallèle, il détient le grade de colonel des forces armées libyennes[15], au sein desquelles il prend la tête d'une unité d'élite lors de son retour en Libye[16]. Il est nommé à la tête des forces spéciales anti-terroristes mais, du fait de son comportement à l'égard des gradés ainsi que de certains aspects de sa vie privée, il est privé de son poste en 2007. Mouammar Kadhafi ordonne alors l'arrestation de son fils, qui se réfugie en Italie via la Tunisie, et ne revient en Libye qu'après plusieurs mois d'exil. Saadi Kadhafi ne retrouve ensuite plus de poste d'envergure dans la hiérarchie militaire libyenne, au sein de laquelle il est supplanté par son frère Moatassem[17].

Durant la guerre civile

À la mi-février 2011, au début de l'insurrection contre la Jamahiriya, il est envoyé par son père réprimer le soulèvement de Benghazi, mais retourne rapidement à Tripoli. Un soldat assure en mars avoir entendu Saadi Kadhafi ordonner de tirer sur la foule, ce que l'intéressé dément[5] - [15]. Dans le cadre des combats de la guerre civile, Saadi Kadhafi commande une petite brigade de 500–700 hommes des forces loyalistes. Il participe à la troisième bataille de Brega mais, légèrement blessé, il rentre à Tripoli le [18].

Le , il déclare à Al-Arabiya être officiellement mandaté par son père pour négocier avec les forces du nouveau pouvoir libyen. Il évoque en outre son éventuel ralliement à la « révolution » à condition que sa propre sécurité soit assurée et qu'un véritable gouvernement soit mis en place[19]. Le , interrogé par CNN, il annonce avoir quitté le bastion kadhafiste de Bani Walid et se déclare « neutre » et prêt à négocier ; il rejette en outre la responsabilité de l'échec des pourparlers entre la Jamahiriya et le CNT sur le discours « agressif » prononcé par son frère Saïf al-Islam Kadhafi[20].

Fuite au Niger

Le , les autorités du Niger annoncent sa présence sur leur territoire[21], avec une trentaine d'autres personnes proches du régime de Mouammar Kadhafi, dont trois généraux. Saadi Kadhafi lui-même est intercepté en compagnie de huit proches de son père, le Niger déclarant les recevoir pour « raisons humanitaires »[22]. Le lendemain, Saadi Kadhafi est placé en état d'arrestation à Niamey[23] et mis en résidence « sous bonne garde » en compagnie d'autres anciens dignitaires du régime de son père[24].

Interpol lance un avis de recherche contre Saadi Kadhafi[25] « pour détournement présumé de biens par la force et l'intimidation par les armes à l'époque où le fils du leader libyen dirigeait la Fédération libyenne de football » et « En tant que commandant d'unités militaires soupçonnées d'avoir participé à la répression de manifestations de civils durant le soulèvement en Libye»[26]. Le , le Niger refuse de l'extrader; les autorités nigériennes précisent que « si ce monsieur ou une autre personne sont poursuivis par un tribunal indépendant (...) qui a une compétence universelle de connaître des crimes quelconques pour lesquels ils sont poursuivis, alors le Niger fera son devoir »[27]. Le 11 novembre, le Niger annonce son intention d'accorder l'asile à Saadi Kadhafi « pour des raisons humanitaires »[28].

En , Saadi Kadhafi accorde à Al-Arabiya une interview dans laquelle il prédit un soulèvement contre le nouveau régime libyen et annonce son intention de revenir en Libye[29]. En réaction, les autorités libyennes réclament son extradition ; le gouvernement nigérien estime quant à lui que Saadi Kadhafi a, par ces déclarations, « violé les conditions de son accueil »[30]. Dans les jours qui suivent, Saadi Kadhafi est mis en résidence surveillée et privé de ligne téléphonique[31]. Il dispose ensuite de davantage de libertés de mouvements et, bien que toujours surveillé par la police nigérienne, mène durant plus de deux ans une vie mondaine, en fréquentant assidûment les boîtes de nuit de Niamey. Le , il est extradé par le Niger vers la Libye et incarcéré à Tripoli[32].

Son procès s'ouvre le à Tripoli, en même temps que celui de son frère Saïf al-Islam (aucun des deux n'étant présent, Saadi, récemment extradé par le Niger, faisant l'objet d'autres investigations et Saïf étant toujours retenu par une brigade, à Zintan). Le Figaro note que l'organisation de l'audience illustrait l'« amateurisme du système judiciaire libyen » (presse tenue à l'écart, avocate n’ayant pas pu avoir accès au dossier de son client ni pénétrer dans la salle d'audience, visioconférence défaillante, etc.)[33].

Vie privée

Saadi Kadhafi s'est affiché en 2008 avec l'actrice et mannequin Vanessa Hessler[34]. Il est marié avec la fille d'un commandant militaire libyen[35].

Comme ses frères Moatassem, Hannibal et dans une autre mesure Saïf al-Islam, il s'est fait remarquer comme membre de la jet-set au Maghreb et en Europe. Son mode de vie dispendieux et parfois agité a attiré l'attention de divers médias[36] - [37] - [38].

WikiLeaks a divulgué en 2010 un câble diplomatique américain selon lequel Saadi Kadhafi serait bisexuel, ce qui aurait été l'une des causes du conflit entre lui et son père, l'amenant à se marier ensuite avec la fille d'un dignitaire du régime[39]. Après la prise de Tripoli en , les rebelles ont annoncé avoir découvert des DVD pornographiques gays dans son bureau. Un dénommé Reda Thawargi, ancien coéquipier de football de Saadi Kadhafi, a déclaré avoir été emprisonné durant deux ans et demi pour avoir refusé les avances de ce dernier[40].

Notes et références

  1. Mahmud Turkia / AFP, « Libye: un fils de l'ex-dictateur libéré, que reste-t-il du clan Kadhafi? », L'Express, (lire en ligne)
  2. (en) John Foot, « A Qaddafi Son, Italian Soccer and the Power of Money », The New York Times,
  3. Gérard Dreyfus, « Saadi Kadhafi : le colonel épinglé », RFI,
  4. (en) Bethany Bell, « Libyan football enters post-Gaddafi era », BBC,
  5. (en) Xan Rice, « Libya: A donkey taunt, the Gaddafis and a fatal footballing rivalry », The Guardian,
  6. « Kadhafi veut 20 % de la Juve »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur Sport.fr,
  7. Saïd Aït-Hatrit, « Kadhafi sur la touche. Trois mois de suspension pour dopage »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur Afrik.com, (consulté le )
  8. (en) « Gaddafi makes début », BBC,
  9. (en) Piers Edwards, « Libya to host Italy's Supercup », BBC,
  10. (en) Amr Shaheen, « Gaddafi quits Libya post », BBC,
  11. (en) « Gaddafi joins Udinese », BBC,
  12. (en) David Owen, « Al-Saadi Gaddafi: Libya calling », The Independent,
  13. Patrick Haimzadeh, Au coeur de la Libye de Kadhafi, Paris, JC Lattès, , 186 p. (ISBN 978-2-709-63785-5 et 2-709-63785-5, OCLC 758615435), p. 110
  14. Marie Simon, « fratrie Kadhafi et ses "guerres intestines" », L'Express,
  15. (en) « Saadi Gaddafi 'gave order to shoot' in Benghazi revolt », BBC,
  16. AFP, « Libye - Saadi Kadhafi à Niamey au Niger », Le Point,
  17. Antoine Basbous, Le Tsunami arabe, Fayard, 2011, page 211
  18. « Saadi Kadhafi au Niger », BBC Afrique,
  19. « Saadi Kadhafi affirme pouvoir négocier avec le CNT »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), Nouvel Observateur,
  20. « Gaddafi son blames brother for breakdown »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), The Australian,
  21. AFP, « Libye: un fils Kadhafi arrive au Niger », sur http://www.lefigaro.fr/, (consulté le )
  22. « Libye: 32 proches de Kadhafi arrivés au Niger depuis début septembre », Libération,
  23. « Le Niger a confirmé aux États-Unis l'arrestation de Saadi Kadhafi »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), L'Express,
  24. « Libye: Saadi, le fils de Kadhafi sous bonne garde à Niamey », RFI,
  25. « INTERPOL publie une notice rouge à l’encontre de Assaadi Gaddafi à la demande de la Libye», INTERPOL
  26. Reuters, « Libye: Interpol diffuse une notice rouge contre Saadi Kadhafi», 20 Minutes,
  27. « Le Niger refuse d’extrader Saadi Kadhafi vers la Libye malgré la demande d’Interpol », RFI,
  28. Le Monde avec Reuters, « Le Niger accorde l'asile à un fils de Kadhafi », Le Monde,
  29. « Du Niger, Saadi Kadhafi menace la Libye d'un "soulèvement" »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), Le Nouvel observateur,
  30. « En Libye, les habitants de Misrata en colère après les propos du fils Kadhafi », RFI,
  31. « Libye - Saadi Kadhafi, l'exilé qui dérange », Slate Afrique,
  32. « Saadi Kadhafi, des boîtes de Niamey aux geôles de Tripoli », Libération,
  33. Maryline Dumas, « Début raté du procès de Saïf Kadhafi », Le Figaro, , page 6.
  34. Marie Simon, « La fratrie Kadhafi et ses "guerres intestines" », L'Express,
  35. (en) « The Gaddafi Family Tree », sur www.bbc.co.uk, (consulté le )
  36. « Jet-Set : Le Maghreb bling-bling. Les fistons flambeurs de Kaddafi », Jeune Afrique,
  37. (en) Matt Sandy, « Former nightclub dancer reveals how she had a 'crazy' six-year fling with Gaddafi's son and watched as he blew millions », The Daily mail,
  38. (en) Hugo Gye, « Colonel Gaddafi’s son spent thousands 'cavorting with prostitutes and taking drugs in £11m London mansion' », The Daily mail,
  39. Pierre Haski, « Un fils Kadhafi bisexuel : le New York Times s'autocensure », Rue89,
  40. (en) « Libya: Colonel Gaddafi's son locked up his best pal for rejecting his gay advances », sur https://www.mirror.co.uk/, (consulté le )

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