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Séisme du 5 février 1663 dans Charlevoix

Le séisme de 1663 dans Charlevoix est un séisme survenu le vers 17 h 30 en Nouvelle-France. Sa magnitude est de 7,3 et 7,9 sur l'échelle de Mercalli et son intensité maximale ressentie aurait atteint le stade X (intense)[1]. Il est supposé que l'épicentre principal se trouvait près de l'estuaire du Saint-Laurent, entre l'embouchure des rivières Malbaie au nord et Ouelle au sud. Certains auteurs (Locat et Al.) localisent l'épicentre du séisme plus au nord à proximité de la ville de Saguenay (41° 21' de lat N Long -70° 50') et évalue sa magnitude M minimale à 7.6[2]. Une grande partie du Nord-Est de l'Amérique du Nord ressentie les secousses sismiques[3]. Plusieurs glissements de terrain et affaissements sous-marins se produisent à la suite du tremblement mais les différents récits de l'époque ne relatent pas de destructions civiles notables.

Séisme de 1663 dans Charlevoix
Date à 17h30
Magnitude 7,3 à 7,9
Épicentre 47° 36′ nord, 70° 06′ ouest
Régions affectées Drapeau de la Nouvelle-France Nouvelle-France
Treize colonies
Nouvelle-Néerlande
Victimes Aucun décès reporté
Géolocalisation sur la carte : Québec
(Voir situation sur carte : Québec)
Séisme de 1663 dans Charlevoix

Contexte

La zone sismique de Charlevoix (ZSC) se trouve le long du fleuve Saint-Laurent, au nord-est de la ville de Québec. Bien que les tremblements de terre soient peu fréquents dans l'Est du Canada en raison de son éloignement des plaques tectoniques, cette zone est particulièrement active avec cinq séismes de magnitude 6 ou plus depuis le début des enregistrements. Le mécanisme au foyer des séismes de la zone est expliqué par une faille inverse. Ces failles font partie du rift du Saint-Laurent, lequel fut formé lors de la rupture du supercontinent Rodinia à la fin du Néoprotérozoïque et au début du Paléozoïque. Une météorite massif de plusieurs kilomètres de diamètre frappe ensuite Charlevoix et crée du même coup l'astroblème de Charlevoix. Cet impact affaiblit le sous-sol de la région et affecta la stabilité des failles du rift[4].

Déroulement

Séisme

Le séisme se produit le à 17h30 heure locale dans la région du Canada, en Nouvelle-France. De grands glissements de terrain surviennent le long du fleuve Saint-Laurent et des rivières Saint-Maurice et Batiscan. Ces étendues d'eau deviennent boueuses après le choc et resteront affectées pendant un mois[5].

« Ce fut le cinquième jour de février 1663, sur les cinq heures et demie du soir, qu’un grand bruissement s’entendit en même temps dans toute l’étendue du Canada. Ce grand bruissement qui paraissait comme si le feu eût été dans les maisons en fit sortir tout le monde, pour fuir un incendie si inopiné; mais au lieu de voir la fumée et la flamme, on fut bien surpris de voir les murailles se balancer et toutes les pierres se remuer, comme si elles se fussent détachées; les toits semblaient se courber en bas d’un côté, puis se renverser de l’autre; les cloches sonnaient d’elles-mêmes; les poutres, les soliveaux et les planchers craquaient; la terre bondissait, faisant danser les pieux des palissades d’une façon qui ne paraissait pas croyable, si nous ne l’eussions vue en divers endroits. »

— Père Hiérosme Lallemand, Relations des Jésuites de 1663[6]

Le séisme a également été ressenti en Nouvelle-Angleterre[7] et en Nouvelle-Néerlande, plus au sud. Situé à Roxbury, près de Boston, à environ 600 kilomètres de l'épicentre, le révérend S. Danforth enregistre le séisme le (calendrier julien) vers 18 heures. Il note plusieurs répliques sismiques ensuite[8]. Sur les rives de la baie du Massachusetts, des cheminées de maisons se renversent[7]. Ce niveau de dommages se rapporte à une échelle d'intensité de VI[9], bien que cela pourrait être expliqué par une mauvaise qualité de mortier utilisé par les colons. Dans un rapport de juin 2011 publié dans le bulletin de la Seismological Society of America (en), le professeur et chercheur John E. Ebel du Boston College utilise ces informations reportées de l'époque pour évaluer l'intensité du séisme de 7,3 à 7,9[10].

Effets géologiques à long terme

Des données bathymétriques récentes récoltées dans le fjord du Saguenay ont révélé une série de glissements qui sont probablement dus au séisme de 1663[11]. Le glissement de terrain du à Saint-Jean-Vianney au Saguenay–Lac-Saint-Jean est interprété comme une des répercussions à long terme du séisme de 1663. Le graben du Saguenay a été le site de nombreuses catastrophes naturelles en raison de sa géologie. Plus récemment, en 1996, le déluge du Saguenay causa des dommages majeurs à l'ensemble de la région.

Réactions

En Nouvelle-France, certains témoignages relatent que les colons et les autorités analysèrent le séisme comme un message divin. La consommation d'eau-de-vie est au cœur d'importants débats à ce moment-là dans la colonie.

En 1657, six ans avant le séisme, Louis XIV de France interdit la vente d'alcool aux Amérindiens. Le , François de Montmorency-Laval, alors vicaire apostolique de la Nouvelle-France, menace d'excommunication les contrevenants car il juge que les boissons enivrantes détruisent les autochtones. À l'inverse, Pierre du Bois d'Avaugour, le gouverneur de la Nouvelle-France, ignore ces interdictions et désire protéger les intérêts économiques et politiques entourant cette vente. Pour mettre fin à ce déséquilibre législatif, l'évêque quitte la colonie en 1662 pour se rendre à Paris solliciter l'appui du roi de France[12].

Pendant ce temps, le séisme survient la veille du Mardi gras, une journée très festive où l'alcool coule à flos. Les colons l'associent automatiquement à un avertissement de Dieu de ne pas sombrer dans la débauche. Marie de l'Incarnation, qui met elle aussi la faute sur l'alcool, signale qu'elle compta six secousses[13] - [14].

À son retour en 1663, François de Laval apprend la nouvelle du séisme et observe un plus grand assujettissement des commerçants d'alcool. Avec la fondation du Séminaire de Québec le , certains écrits relatent l'année 1663 comme la plus pieuse de toute la colonie[15].

Notes et références

  1. Ebel 2011, p. 1024
  2. « Localisation et magnitude du séisme du 5 février 1663 (Québec)revues à l'aide des mouvements de terrain », (consulté le )
  3. « Earthquakes of eastern Canada and Adjacent areas 1534-1927 » (consulté le )
  4. A.F. Baird et McKinnon S.D. & Godin L., « Relationship between structures, stress and seismicity in the Charlevoix seismic zone revealed by 3‐D geomechanical models: Implications for the seismotectonics of continental interiors », Journal of Geophysical Research, Union américaine de géophysique, vol. 115, no B11402, (DOI 10.1029/2010JB007521, Bibcode 2010JGRB..11511402B, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Earthquake History of the United States Publication 41-1, département du Commerce des États-Unis / département de l'Intérieur des États-Unis, , p. 9
  6. « La terre a tremblé en Nouvelle-France (5 février 1663) », sur Patrimoine, Histoire et Multimédia, (consulté le ).
  7. « Historic Earthquakes: St. Lawrence Valley region, Quebec, Canada, 1663 », United States Geological Survey (consulté le )
  8. Ebel 2011, p. 1026
  9. Ebel 2011, p. 1027
  10. Ebel 2011, p. 1027, 1030
  11. J. Locat et Martin F., Locat P., Leroueil S., Levesque C., Konrad J.-M., Urgeles R., Canals M. & Duchesne M.J., « Submarine mass movements in the Upper Saguenay Fjord, (Québec, CAnada), triggered by the 1663 earthquake », (consulté le ), p. 497–507
  12. « L’eau-de-vie » (consulté le )
  13. « http://www.erudit.org/revue/haf/1982/v36/n3/304068ar.pdf »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le )
  14. Pierre Berthiaume, Le tremblement de terre de 1663 : les convulsions du verbe ou la mystification du logos chez Charlevoix, Presses universitaires de France, (lire en ligne)
  15. Émilie Desgagnés, « L’impact historique du séisme de 1663 expliqué par une experte », (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) J. E. Ebel, « A New Analysis of the Magnitude of the February 1663 Earthquake at Charlevoix, Quebec », Bulletin of the Seismological Society of America, Seismological Society of America, vol. 101, no 3, , p. 1024–1038 (DOI 10.1785/0120100190, Bibcode 2011BuSSA.101.1024E, lire en ligne)
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