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Rugby Ă  XV aux Jeux olympiques de 1920

L'épreuve de rugby à XV aux Jeux olympiques de 1920 est la troisième édition depuis l'introduction du rugby à XV comme sport olympique aux Jeux de 1900. En raison du désistement de dernière minute de la Tchécoslovaquie et de la Roumanie, une seule rencontre est disputée entre l'équipe des États-Unis et celle de France le . Les Américains deviennent champions olympiques en battant les Français peu préparés sur le score de 8 à 0. Un match de revanche est organisé le suivant et les Français dominent 14 à 5 les Californiens, surnom donné à l'équipe américaine, composée essentiellement d'étudiants des universités californiennes.

Rugby Ă  XV aux JO de 1920
Logo olympique du rugby Ă  XV 5 anneaux de couleur bleu, noir, rouge, jaune et vert
Généralités
Sport rugby Ă  XV
Organisateur(s) Comité olympique belge
Édition Troisième officielle
Lieu(x) Anvers, Belgique
Date
Nations Deux
Participants Deux équipes soit 38 joueurs (dont huit n'ont pas joué).
Matchs joués Un
Site(s) Stade olympique d'Anvers
Site web officiel www.olympic.org
Palmarès
Tenant du titre Australasie
Vainqueur États-Unis
Deuxième France

Navigation

Historique

Affiche montrant un homme nu tenant une balle en main, entouré de drapeaux.
Affiche des Jeux olympiques d'été de 1920, organisés à Anvers.

Contexte

Le rugby à XV fait son retour en compétition olympique après douze ans d'absence depuis sa deuxième apparition lors des Jeux olympiques de 1908. En 1912, les organisateurs suédois veulent initialement limiter la compétition aux épreuves d'athlétisme, de lutte, de gymnastique et de natation. Plusieurs pays contestent l'idée et, après de longues négociations, plusieurs sports sont ajoutés à cette liste réduite mais le rugby n'en fait pas partie[1]. En 1916, il n'y a pas de Jeux olympiques en raison de la Première Guerre mondiale, et, au lendemain de celle-ci, la Belgique organise les Jeux olympiques au pied levé et n'a pas le temps de prévoir l'hébergement des participants ailleurs que dans des écoles transformées en dortoirs[2]. L'épreuve de rugby est facultative et son organisation laissée à l'appréciation du comité organisateur[3]. Les nations britanniques refusent d'y participer prétextant que l'épreuve prévue au mois de septembre est programmée trop tôt dans la saison pour que leurs équipes soient compétitives par rapport aux autres participants[4]. Initialement, quatre équipes doivent disputer l'épreuve de rugby à XV : la Tchécoslovaquie, les États-Unis, la France et la Roumanie.

Aux États-Unis, le rugby Ă  XV est promu dans de nombreuses universitĂ©s de la cĂ´te ouest amĂ©ricaine après que le football amĂ©ricain a Ă©tĂ© interdit en 1904 dans le pays en raison de sa dangerositĂ©[5]. MalgrĂ© la levĂ©e de l'interdiction de la pratique du football amĂ©ricain en 1918, il reste nĂ©anmoins populaire en Californie et une sĂ©lection y est constituĂ©e principalement Ă  partir d'Ă©tudiants de plusieurs universitĂ©s californiennes : Stanford, Californie Ă  Berkeley et de Santa Clara[2] - [5]. Cette sĂ©lection effectue peu de temps avant les Jeux une tournĂ©e victorieuse en Colombie-Britannique[5]. Cependant, l'Ă©quipe amĂ©ricaine ne trouve pas de ressources auprès du comitĂ© olympique amĂ©ricain qui refuse de participer au financement de leur pĂ©riple[6]. Une collecte de fonds est alors lancĂ©e en Californie et l'Ă©quipe rĂ©colte 20 000 dollars[6]. L'un des plus gros mĂ©cènes n'est autre que John O'Neil, un joueur de la sĂ©lection amĂ©ricaine dont la riche famille a fait fortune dans l'exploitation du pĂ©trole au Texas[7]. Cette somme d'argent ne permet cependant pas au groupe de faire la traversĂ©e de l'Atlantique autrement qu'Ă  bord d'un navire de l'armĂ©e amĂ©ricaine, the Sherman[2].

RĂ©cit de l'Ă©preuve

Le match États-Unis - France au stade olympique d'Anvers.

Après une longue traversée, l'équipe des États-Unis arrive en Europe à la surprise générale, les équipes de Tchécoslovaquie et de Roumanie s'étant retirées de la compétition et aucune épreuve de rugby n'étant prévue par les organisateurs[2] - [6]. Le comité belge d'organisation des Jeux contacte alors l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) pour qu'un tournoi olympique soit organisé[6]. Frantz Reichel, directeur de l'USFSA, compose en urgence une équipe pour représenter la France en rassemblant des joueurs de divers clubs parisiens : le CASG, l'Olympique, le RCF et le SCUF[6]. Finalement, seuls quatre des joueurs de l'équipe ainsi constituée sont de véritables internationaux[8]. Un unique match est donc disputé le après la finale des repêchages de football, le dernier du tournoi, dans le stade olympique d'Anvers entre les deux équipes, au moment où la saison redémarre en France[6].

Les Français n'ont donc pas le temps de se prĂ©parer, et la rencontre est remportĂ©e par les États-Unis qui battent la sĂ©lection française dominĂ©e physiquement[6]. La rencontre se dĂ©roule devant 20 000 spectateurs, et sous la pluie[9]. Les conditions mĂ©tĂ©orologiques favorisent le jeu des avants mais les Français choisissent le jeu de mouvement avec les arrières. Ils sont victimes du terrain glissant et perdent beaucoup de ballons[9]. En revanche, les AmĂ©ricains Ă©tablissent leur stratĂ©gie de jeu sur le combat des avants ce qui leur permet de maĂ®triser le dĂ©roulement du match et de dominer l'adversaire sans produire de jeu[6] - [9]. Le score Ă  la mi-temps est de 0 partout. Au cours de la seconde pĂ©riode, les AmĂ©ricains ouvrent le score avec un coup de pied d'arrĂŞt de volĂ©e[Note 1] de Dink Templeton Ă  55 yards des poteaux[Note 2] puis augmentent leur marque grâce Ă  un essai de Lou Hunter transformĂ© par Templeton[9] - [10]. Ils remportent finalement la rencontre sur le score de 8 Ă  0[Note 3] - [11]. L'entraĂ®neur-joueur australo-amĂ©ricain Daniel Carroll remporte lĂ  sa deuxième mĂ©daille d'or après celle obtenue en 1908 en tant que joueur avec l'Ă©quipe australienne[6].

Cette rencontre n'est pas comptabilisée comme une sélection officielle pour les joueurs français[11].

La tournée américaine

DĂ©faite des Californiens Ă  Colombes le .
Photographie noire et blanche d'une équipe de rugby devant une tribune. Les joueurs sont répartis sur deux rangées.
L'équipe des États-Unis avant le test match disputé contre la France, le .

Après la campagne olympique, l'USFSA propose d'organiser une tournée en France pour l'équipe américaine[12]. Cette tournée comprend quatre matches, le dernier étant un test match contre l'équipe de France. Les Californiens, surnom donné à l'équipe des États-Unis, acceptent cette proposition[12].

Lors de la première rencontre disputĂ©e le Ă  Lyon, l'Ă©quipe amĂ©ricaine bat largement une sĂ©lection du Sud-Est sur le score de 26 Ă  3[12]. Une semaine après, le , les AmĂ©ricains disposent du Stade toulousain sur le score de 11 Ă  3 au stade des Ponts-Jumeaux devant 15 000 spectateurs[13], avant de gagner difficilement par 6 Ă  3 contre une sĂ©lection du Sud-Ouest Ă  Bordeaux[12]. La « revanche d'Anvers » a lieu Ă  Paris au stade de Colombes le . Les Français battent alors les AmĂ©ricains par 14 Ă  5, inscrivant quatre essais par Eugène Billac, François Borde, Raoul Got et Adolphe JaurĂ©guy[14].

Le lendemain de la rencontre, le , la Fédération française de rugby est officiellement créée pour remplacer l'USFSA en tant qu'organe dirigeant du rugby à XV en France et Octave Léry en devient le premier président[12]. Par la suite, une partie de la presse française affirme que ce second match constitue la véritable épreuve olympique et que les Français sont les champions olympiques[5]. Mais ce lobbying partisan ne change pas le fait que les Américains sont les véritables vainqueurs lors de ces septièmes olympiades[5].

RĂ©sultats

Les équipes de France et des États-Unis s'affrontent deux fois à l'automne 1920. La première rencontre compte pour l'attribution du titre olympique alors que la seconde est un test match officiel.

Match olympique

Dimanche
17 h 00 CET
France
Capitaine : Crabos
0 – 8[11]
(0–0)
États-Unis
Capitaine : C Tilden
Stade olympique, Anvers
55 000 spectateurs
Essai(s) :
Hunter
Transformation(s) :
Templeton
Coup de pied sur marque :
Templeton

Test match

Dimanche

France 14 – 5[14]
(6–5)
États-Unis Stade du Matin, Colombes
25 000 spectateurs
Arbitre : M Jeffreys
Essai(s) : 4
Billac, Borde, Got, Jauréguy
Transformation(s) : 1/4
Struxiano
Essai(s) :
von Schmidt
Transformation(s) :
Davis

Liste des médaillés

Photographie noire et blanche d'une équipe de rugby sur un bateau. Les joueurs sont répartis sur trois rangées.
L'équipe olympique de rugby à XV des États-Unis lors de son voyage sur l'USS Sherman.
L'Ă©quipe de France, lors du match retour Ă  Colombes.

Trente joueurs, quinze américains et quinze français, disputent la rencontre olympique. Les deux sélections comptent des joueurs remplaçants mais aucun changement n'est effectué pendant le match. Néanmoins, le Comité international olympique attribue les médailles à tous les joueurs, quel que soit leur nombre de matches joués[15]. Le tableau suivant présente la liste des médaillés par ordre alphabétique.

Parmi tous les médaillés, certains sont également engagés dans d'autres disciplines lors de ces Jeux olympiques. Morris Kirksey dispute trois épreuves d'athlétisme. S'il ne passe pas le premier tour de qualification sur 200 mètres, il obtient la médaille d'argent sur l'épreuve du 100 mètres et la médaille d'or sur celle du relais 4 × 100 mètres[16]. Dink Templeton participe à l'épreuve du saut en longueur et termine au pied du podium[10] alors qu'André Chilo termine 17e de l'épreuve de triple saut[17].

Notes et références

Notes

  1. À cette époque, lorsqu'un joueur effectue un arrêt de volée, il obtient la possibilité de tenter un tir au but – Goal from a mark – sous forme d'un coup franc ou d'un drop. Cette manière de marquer des points est abandonnée en 1977 avec l'autorisation des arrêts de volée uniquement dans la zone des 22 mètres.
  2. Un yard valant 0,9144 mètre, Dink Templeton tire son coup de pied à un peu plus de 50 mètres des poteaux.
  3. De 1906 à 1948, le décompte des points au rugby à XV est le suivant : l'essai vaut 5 points lorsqu'il est transformé et 3 points sinon ; le drop vaut 4 points ; le coup-franc et la pénalité valent 3 points.
  4. Bien que Jim Fitzpatrick ne soit pas mentionné dans la base de données du CIO, de nombreuses sources indiquent sa participation à la rencontre tels les sites www.espnscrum.com et www.sports-reference.com.
  5. George Davis et Harold von Schmidt ne font pas partie de la liste des médaillés dans la base de données du CIO, mais ils font tout de même partie de la sélection américaine et disputent le test match contre la France le .
  6. Bien que Pierre Petiteau, Jean Bruneval et Alphonse Castex ne soient pas mentionnés dans la base de données du CIO (Petiteau, Bruneval et Castex), le site www.espnscrum.com les mentionne sur la feuille de match. Pierre Petiteau est également mentionné dans le livre Un siècle de rugby de Richard Escot et Jacques Rivière.

Références

  1. [PDF] (en) Comité olympique suédois, The Olympics Games of Stockholm 1912 : official report, Stockholm, Wahlström & Widstrand, , 1117 p. (lire en ligne), p. 52 à 91.
  2. (en) Nigel Trueman, « 1920 Antwerp Olympics », sur rugbyfootballhistory.com (consulté le ).
  3. [PDF] Comité olympique belge, Rapport officiel des Jeux olympiques de 1920, , 179 p. (lire en ligne), p. 36.
  4. (en) « Rugby in the Olympics: History », sur irb.com, IRB (consulté le ).
  5. [PDF] (en) Ian Buchanan, « Rugby football at the Olympic Games », Journal of Olympic History, vol. 5, no 1,‎ , p. 13. (lire en ligne).
  6. Escot 2010, p. 58.
  7. (en) (en) « John O'Neil », sur sports-reference.com (consulté le ).
  8. « Olympic Games 1920 : France vs USA », sur rugby-pioneers.blogs.com, 20 juin 2006-06-20 (consulté le ).
  9. (en) « Rugby at the 1920 Antwerpen Summer Games: Men's Rugby », sur sports-reference.com (consulté le ).
  10. (en) « Dink Templeton », sur sports-reference.com (consulté le ).
  11. (en) « France XV 0 - 8 United States of America », sur espnscrum.com, ESPN (consulté le ).
  12. Escot 2010, p. 59.
  13. Le Miroir des sports, , p.206.
  14. (en) « France (6) 14 - 5 (5) United States of America », sur espnscrum.com, ESPN. (consulté le ).
  15. « Liste des médaillés de l'épreuve de rugby aux JO de 1920 », sur olympic.org, CIO (consulté le ).
  16. (en) « Morris Kirksey », sur sports-reference.com (consulté le ).
  17. (en) « André Chilo », sur sports-reference.com (consulté le ).

Annexes

Article connexe

Bibliographie

  • Richard Escot et Jacques Rivière, Un siècle de rugby, Calmann-LĂ©vy, , 13e Ă©d., 480 p., reliĂ© (ISBN 978-2-7021-4118-2) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Pierre Vitalien, Le Rugby aux Jeux Olympiques, SĂ©rignan-du-Comtat, Imprimerie Tecnicouleurs, , 168 p., brochĂ© (ISBN 978-2-9520549-2-8)

Liens externes

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