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Rue des Martyrs

La rue des Martyrs est une rue des 9e et 18e arrondissements de Paris, ancien chemin menant au village de Montmartre.

9e, 18e arrts
Rue des Martyrs
Voir la photo.
Photo prise au bas de la rue Ă  l'intersection des rues Lamartine, Saint Lazare et Notre Dame de Lorette.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissements 9e
18e
Quartiers Rochechouart
Saint-Georges
Clignancourt
DĂ©but 2, rue Notre-Dame-de-Lorette et 64, rue Lamartine
Fin 14, rue La Vieuville
Morphologie
Longueur 885 m
Largeur 12 m
Historique
Création 1672
Ancien nom Rue des Porcherons
Rue du Champ-de-Repos
GĂ©ocodification
Ville de Paris 6066
DGI 6147
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue des Martyrs
Images sur Wikimedia Commons Images sur Wikimedia Commons

Elle est l'une des rues les plus commerçantes du 9e arrondissement avec la rue Cadet et se termine, au nord, à son intersection avec la rue La Vieuville.

Situation et accès

C'est aujourd'hui une rue très vivante marquée par les quartiers de nuit de Pigalle et des Abbesses. On y trouve beaucoup de petits commerces ainsi que des cabarets (Chez Michou, Madame Arthur…), une salle de spectacle (Le Divan du Monde) et des bars.

Ce site est desservi par la ligne (M) (12) aux stations de métro Notre-Dame de Lorette, Saint-Georges, Pigalle et Abbesses.

Mais aussi par la ligne (BUS) RATP 40 aux stations : Navarin (au n°44), Rochechouart-Martyrs (au n°72), Martyrs (au n°71) et Orsel (au n°84)

Origine du nom

Cette rue fut ainsi nommée parce qu'elle se dirige sur le village de Montmartre, où, selon une très ancienne légende, saint Denis, premier évêque de Paris, et ses compagnons subirent le martyre de la décapitation.

Historique

Cette voie est indiquée à l'état de chemin sur le plan d'Albert Jouvin de Rochefort (1672). Sur plusieurs plans, elle est confondue avec la rue du Faubourg-Montmartre.

Elle conduisait à l'Abbaye de Montmartre (« abbaye d'en bas » ayant remplacé en 1686, à l'emplacement du martyre présumé de Saint Denis, l'« abbaye d'en haut » qui existait depuis 1136 au sommet de la butte).

Elle fut primitivement dénommée « rue des Porcherons », puis « rue des Martyrs » et, de 1793 à 1806, « rue du Champ-de-Repos ».

Après la construction de l'enceinte des Fermiers généraux, la partie située au-delà du boulevard fut appelée « chaussée des Martyrs »[1] ; elle fut de nouveau réunie à la « rue des Martyrs » par arrêté préfectoral du .

Une dĂ©cision ministĂ©rielle du 23 germinal an IX (), signĂ©e Chaptal et une ordonnance royale du , fixent la moindre largeur de cette voie publique Ă  12 mètres.

La section au nord de la rue des Abbesses a été percée après la destruction de l'église et des bâtiments conventuels de l'abbaye de Montmartre.

Le 18 mars 1871, lors de la Commune de Paris, le Général Clément-Thomas, habillé en civil, qui inspectait les barricades de cette rue est reconnu et arrêté par les habitants puis fusillé par les émeutiers rue des Rosiers[2].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

  • L'acteur François Cluzet est nĂ© dans cette rue.
  • Au no 8 : maison close (Hygiène-Massages), tenue par Miss Ariane, 2e Ă©tage de 1 Ă  7, dim et fĂŞtes[3]. C'est lĂ  qu'est mort en 1921 le sĂ©nateur Antonin Dubost[4]. Selon le marquis Henri Pascal de Rochegude (1741-1834), cette maison datant sans doute de la fin du XVIIIe siècle, abritait depuis des temps immĂ©moriaux des pensionnaires chargĂ©s du bien-ĂŞtre des ecclĂ©siastiques et des bourgeois. Le Guide Rose de 1934 donne le prĂ©nom de la sous-maĂ®tresse: Jeannine. Les dossiers de police de la prĂ©fecture donnent Ă  cet endroit en 1860, l'atelier de photographies de Froger et Guillochin
  • Affiches publicitaires anciennes rue Hippolyte-Lebas.
    Au no 10 : à l'angle de la rue Hippolyte-Lebas, le pignon de la maison est décoré de réclames peintes de grand format découvertes en 2012. Elles vantent les mérites de la peinture Ripolin et de la liqueur Bénédictine. Elles sont datées de 1908 et signées Defoly. Il s'agit des seules réclames inscrites au titre des monuments historiques en France[5] - [6].
  • no : Ă  cette adresse se trouvait, en 1823, l'atelier du peintre Horace Vernet (1789-1863) puis, en 1826, celui du peintre britannique Bonington (1802-1828)[7].
  • Au no 13 et ensuite au no 21 : ici a vĂ©cu avec son père, dans les annĂ©es 1870, l'Ă©crivain Paul LĂ©autaud, auteur du journal personnel contradictoirement intitulĂ© Le Journal littĂ©raire et de la nouvelle autobiographique, Le Petit Ami. Dans ce dernier, il dĂ©crivit comment, dès l'âge de 5 ans, il Ă©tait devenu « le petit ami » des prostituĂ©es, très nombreuses Ă  l'Ă©poque, qui frĂ©quentaient cette rue et celles qui entourent l'Ă©glise de Notre-Dame-de-Lorette. Il y avait dans cette maison entre 1914 et 1928 une maison de passes tenue par LĂ©ontine Chevrel[8]
  • Au no 22 : s'entraĂ®nait AndrĂ© The Giant, au dĂ©but de sa carrière.
  • Au no 23 : ici vĂ©cut le dĂ©putĂ© Jacques Antoine Manuel (1775-1827). C'est Ă©galement Ă  cette adresse que vĂ©cut Laurent-Jan (1808-1877), secrĂ©taire, homme de confiance et organisateur de parties fines d'HonorĂ© de Balzac (1799-1850) qui l'a personnifiĂ© dans la ComĂ©die humaine sous le nom d'Étienne Lousteau et son Ă©pouse Dinah de La Baudraye qui y habitent, dans le roman La Muse du dĂ©partement[9]. C'est Ă  partir de 1812 que le peintre ThĂ©odore GĂ©ricault (1791-1824) ouvre ici son atelier et habite au numĂ©ro 49 de la rue
    No 39 : angle de la rue de Navarin.
    . C'est dans cette maison qu'il mourut des suites de sa chute de cheval et tel que le peignit Ary Scheffer (1795-1868) : La mort de GĂ©ricault en 1824.
  • Au no 35 : ici se trouvait la maison close chez Berry Jenny et madame Bernard et chez Irma Colli dite Frou[8] - [10]
  • Au no 39 : angle rue de Navarin, bel immeuble construit en 1903 par les architectes Émile Charlet et Henri Michel (1854-1930).
  • Au no 40 : rĂ©sida Maurice Ravel, de 1875 Ă  1880, avec ses parents et son frère Édouard.
  • Du no 41 au no 47 : ensemble dit Maison Chapsal classĂ© donnant sur un jardin. En 1840, le propriĂ©taire monsieur Joseph Adrien Rogron avocat aux conseils du Roi et Ă  la cour de cassation dĂ©cida de faire construire un premier immeuble de cinq Ă©tages carrĂ©s sur un plan en U puis de faire Ă©difier un ensemble de rapport avec jardins, par l'architecte Jean Joseph Alphonse Blot (1813-1869). L'ensemble est protĂ©gĂ© par un PLU. C'est au no 47 que vĂ©cut Laure Surville (1800-1871), sĹ“ur prĂ©fĂ©rĂ©e de Balzac, et son mari Eugène Auguste Georges Midy de la Greneraye, ingĂ©nieur. Balzac vint souvent se cacher chez eux lorsqu'il Ă©tait poursuivis par ses crĂ©anciers[11].
  • Au n° 41, le « Conservatoire de la Chanson » de Jules MĂ©visto[12] en 1913.
  • Au no 46 : rĂ©sida le peintre et illustrateur Louis Vallet, au moins en 1924.
  • Au no 49 : Ă  cette adresse (partie de la rue appelĂ©e ChaussĂ©e des Martyrs avant 1868), rĂ©sida le peintre GĂ©ricault dont l'atelier Ă©tait plus bas, au no 23[13]. En 1873, le jeune compositeur Paul Louis Rougnon (1846-1934) y habite avec sa mère puis avec sa femme Marie-Louise Beurmann et leurs cinq enfants[14]
  • Au no 59 : Aujourd'hui citĂ© Malesherbes, construite sur l'emplacement de l'hĂ´tel du prĂ©sident Lamoignon de Malesherbes (1721-1794). L'impasse ouverte en 1853 qui la dessert porte son nom , elle est fermĂ©e par des grilles.
  • Au no 63 : lycĂ©e Edgar-Quinet, crĂ©Ă© en 1892, Ă©tait au dĂ©part une Ă©cole supĂ©rieure de jeunes filles et devint un lycĂ©e en 1960. Il ne fut ouvert aux garçons qu'en 1974.
    • Au no 65 : Alfred Stevens loue de 1870 Ă  1882 cette grande maison du XVIIIe siècle. Le Père SouliĂ©, saltimbanque, ivrogne, brocanteur y avait autrefois son Ă©choppe dans laquelle Pablo Picasso y china un tableau reprĂ©sentant une femme peinte par le Douanier-Rousseau, et qu'il conserva toute sa vie. Le Père SouliĂ© fut arrĂŞtĂ© pour pĂ©dophilie et mourut quelque temps après sa sortie de prison Ă  l'hĂ´pital Lariboisière en 1909. Aujourd'hui en 2019 on peut y voir une boulangerie au pied du nouvel immeuble. La vieille maison est dĂ©molie et remplacĂ©e par la Rue Alfred-Stevens[15].
  • Au no 75 se situe Le Divan du Monde, salle de spectacle notamment rendue cĂ©lèbre par les affiches de Toulouse-Lautrec lorsque le lieu Ă©tait un cabaret connu sous le nom de « Divan japonais ».
  • Au no 77 : maison de retraite, ancien asile, de La Providence fondĂ©e en 1804 par Mathurin Jules Anne Micault de La Vieuville (1755-1829), lieutenant-colonel de cavalerie. La rue La Vieuville toute proche porte son nom. C’est lĂ  qu’est morte Victor FĂ©li, nom de plume de Jeanne Canac (1861-1952), Ă©crivaine de romans pour jeunes filles de la Collection Stella ainsi que Élisabeth Le Michaud d'Arçon de Vaudey (1773-1863) maĂ®tresse de NapolĂ©on.
  • Au no 80 : se trouve le cabaret Michou, Ă©tablissement transformiste portant le surnom de son fondateur[16].
  • Au no 85 : est mort l'artiste peintre dĂ©corateur de théâtre HumanitĂ© RenĂ©-Philastre[17] - [18] le [19].

La rue des Martyrs dans la culture

  • Cette voie est mentionnĂ©e dans le film de Sacha Guitry, Le Roman d'un tricheur, oĂą le narrateur dĂ©crit une soirĂ©e « dans un petit cafĂ© de la rue des Martyrs au nom prĂ©destinĂ© ».
  • Patrick Eudeline a publiĂ© un roman intitulĂ© Rue des Martyrs.
  • Mme Loisel, dans une des nouvelles de Guy de Maupassant, La Parure, vit rue des Martyrs.
  • Maurice-Pierre BoyĂ©, dans son livre La MĂŞlĂ©e romantique, Ă©voque souvent cette rue Ă  propos des peintres qui y avaient leur atelier.
  • Le rĂ©alisateur Claude Lelouch est nĂ© dans cette rue, le .
  • Dans cette rue, Allan Kardec a commencĂ© les meetings qui donneront ses origines au spiritisme.
  • Quand il Ă©tait critique de cinĂ©ma aux Cahiers du cinĂ©ma et Arts, dans les annĂ©es 1950, François Truffaut a habitĂ© « une minuscule chambre rue des Martyrs »[20] .
  • Dans le livre La dernière rue de Paris, EnquĂŞte sur la rue des Martyrs Ă©crit par Elaine Sciolino[21].
  • Dans une chanson du groupe Pigalle, l'ambiance du quartier Pigalle des annĂ©es 1990 est cĂ©lebrĂ©e. Ainsi on retrouve prostituĂ©es, ivrognes et drogue Dans la salle du bar-tabac de la rue des Martyrs.
Exemple de végétalisation de la rue.

Végétalisation de la rue

À l'automne 2018, des jardinières (dont 33 arbres) ont remplacé des places de stationnement[22]. Les riverains ont approuvé à 64 % ce projet de végétalisation des rues du quartier (la rue Manuel, par exemple, est également concernée), porté par la mairie du 9e arrondissement [23] .

Notes et références

  1. Cadastre révisé des communes annexées (1830-1850), Montmartre, Section C dite de la Mairie, 1re feuille, CN/141.
  2. Cette voie a été supprimée en 1885 et remplacée par la rue du Chevalier-de-La-Barre.
  3. Le Rire du 4 août 1917 annonce publicitaire de Miss Ariane.
  4. A REFAIRE (11/04/2020) Le Figaro, édition du 16.04.1921. BnF/Gallica : bpt6k2928208/f1 - L'Action française, édition du 16.04.1921. BnF/Gallica : bpt6k760827p/f3 - La Lanterne, édition du 20.04.1921. BnF/Gallica : bpt6k75116505/f2 - Les Potins de Paris, édition du 21.07.1922. BnF/Gallica : bpt6k55547823/f7 - La Vie parisienne, édition du 22.09.1917. BnF/Gallica : bpt6k1254967j/f20 - Jazz : a flippant magazine, édition du 01.09.1924. BnF/Gallica : bpt6k6364987v/f14 - L'Action française, éditions du 04.05.1923, 29.08.1923, 19.11.1923, 12.07.1924, 16.07.1924, 24.10.1924, 24.12.1928, 30.03.1929, 25.09.1929. - Le Sénat, Haute Cour de Justice sous la IIIe République : l'affaire Malvy (1918) : https://www.senat.fr/evenement/archives/D40/malvy1.html - Lettre de M. le président du Sénat à M. le président de la Chambre des députés. BnF/Gallica : bpt6k6484067s.
  5. Notice no PA75090007.
  6. Agnès Chauvin, « Pignon peint », La Protection du patrimoine en Île-de-France au XXIe siècle,‎ , p. 138.
  7. « Collection on Line », British Museum .
  8. Autour du Père Tanguy.
  9. Bernard Vassor, 23 rue des Martyrs dans Autour du Père Tanguy.
  10. Gérard de Lacaze-Duthiers, Les laideurs de la Belle-Époque, éditions La Ruche Ouvrière, 1956.
  11. Montmartre secret.
  12. « Comoedia », sur Gallica, (consulté le ).
  13. André Roussard, Dictionnaires des peintres à Montmartre aux XIXe et XXe siècles, éditions A. Roussard, Montmartre, 1999, p.266-267/640. (ISBN 9782951360105).
  14. Isabelle du Ranquet, Dossier de visite conférence de juin 2012, dans le cadre du VIIe parcours imaginaire par le collectif d'animation du quartier Lorette-Martyrs, 9e histoire.
  15. Blandine Bouret, « Mémoires des lieux. Les ateliers du bas-Montmartre II. Autour de la place Pigalle », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no 22, , p. 44-46.
  16. François Delétraz, « Chez Michou, on aime les grandes mélodies », Le Figaro Magazine,‎ , p. 75 (lire en ligne).
  17. books.openedition.org.
  18. Acte de décès d'Humanité Philastre sur le site des Archives de Paris 18e, acte no 4594, vue 22/31.
  19. Aline Desjardins s'entretient avec François Truffaut, Ramsay, 1987, 76 p., p. 25.
  20. « LA Dernière rue de ParisS ; Choses vues rue des Martyrs ».
  21. « Paris : la rue des Martyrs va devenir un lieu de promenade », sur leparisien.fr.
  22. « La piétonnisation de la rue des Martyrs bientôt étendue le week-end », sur actu.fr.

Bibliographie

  • Elaine Sciolino, La Dernière Rue de Paris. EnquĂŞte sur la rue des Martyrs, Éditions Exils, 2016, 237 p. (ISBN 9782912969774).

Annexes

Articles connexes

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