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Rostres républicains

Les Rostres républicains ou Rostres antiates[3] (en latin : Rostra Vetera) servent durant la République aux orateurs pour s'adresser aux assemblées qui se réunissent sur le Comitium de Rome, cœur politique de la ville.

Rostres républicains
Lieu de construction Regio VIII Forum Romanum
Comitium
Date de construction Monarchie romaine
Type de bâtiment Tribune aux harangues
Le plan de Rome ci-dessous est intemporel.
Carte de la Rome antique montrant la localisation de Rostres républicains.
Rostres républicains
Localisation des Rostres dans la Rome antique (en rouge)

CoordonnĂ©es 41° 53′ 33″ nord, 12° 29′ 05″ est
Liste des monuments de la Rome antique
Pièce romaine frappée par Lollius Palicanus en , partisan de César[1]. Au revers, une représentation des Rostres républicains. Trois des éperons sont visibles, ainsi que le subsellium des tribuns[2].
Reconstitution d'un des éperons qui ornent la façade des Rostres, à partir de leur représentation sur la pièce de Palicanus.

La tribune doit son nom aux éperons (ou rostres) qui ornent une de ses faces. Elle est désignée sous le nom de Rostra Vetera sous l'Empire pour la distinguer des autres plateformes qui ont repris la dénomination de « Rostres ».

Localisation

Les Rostra Vetera se dressent sur le bord méridional du Comitium, face à la Curie Hostilia, séparant l'espace central du Comitium de l'esplanade du Forum Romain (voir le plan).

Devenu dictateur à vie, Jules César entreprend de réaménager le Forum Romain et prévoit de déplacer les Rostres afin que la tribune se dresse face à l'esplanade du Forum[4]. Cette nouvelle tribune est désormais connue sous le nom de Rostra Nova, puis de Rostra Augusti après quand Auguste fait achever les travaux.

Fonction

Jusqu'en , un augure prend les auspices depuis la plateforme. Si les présages (latin omen, pluriel omina) sont favorables, il convoque les magistrats et sénateurs et envoie un héraut informer le peuple. Durant l'assemblée, les magistrats, sénateurs et citoyens se prononcent dans leurs discours depuis la tribune sur les lois proposées, ou en faveur ou défaveur des candidats aux élections.

Avant qu'une loi ne soit votée, un héraut la lit au peuple depuis les Rostra. À la fin du processus législatif, les tribus sont appelées chacune leur tour sur le templum, "espace sacré", que représentent les Rostres afin de voter.

Après , la population qui vote est devenue trop nombreuse pour pouvoir se réunir sur le Comitium et les Rostres sont abandonnées au profit du temple des Dioscures dont les marches servent de nouvelle tribune[5] - [6] - [7].

Les Rostra servent également de tribunal[8] pour les affaires criminelles. Vers le milieu de la République, l'affaire est réglée devant les comices tributes et menée par un magistrat selon une procédure précisée dans la loi des Douze Tables. Après , la cour (Quaestio de repetundis) se compose d'un jury de 50 à 75 jurés et est présidée par un magistrat[9].

Lors des procès tenus sur le Comitium, les Rostra servent de tribune aux magistrats qui s'assoient sur des chaises curules, accompagnés de quelques assistants. Des bancs de bois (subsellia) sont ajoutés pour les jurés, l'accusé, l'accusateur et leurs partisans. Les spectateurs prennent alors place sur les marches alentour[10] - [11].

À la fin de la République, les Rostra sont utilisés pour les exécutions capitales et l'exposition des dépouilles des ennemis politiques (tel Cicéron exécuté par les sbires de Marc-Antoine) ou pour les éloges du défunt lors des funérailles.

Histoire

Déjà sous la Monarchie, les orateurs avaient coutume de se placer en hauteur pour s'adresser aux assemblées[12]. Sur le Comitium archaïque, il devaient se servir de l'autel du Volcanal[13] - [14].

Le Comitium vers 44 av. J.-C., dessin de Francis Morgan Nichols, 1877

Consacrée comme un templum par les augures, la première véritable tribune est construite durant le VIe siècle av. J.-C. sur le Comitium[15] face au bâtiment dans lequel le Sénat se réunit. En , le consul Caius Maenius fait paver de pierre le Comitium et décorer la tribune de six éperons (rostra) de navires ennemis capturés lors de la bataille navale d'Antium[16]. Celle-ci est alors baptisée du nom de Rostres.

« Des navires d'Antium, une partie rentra dans les arsenaux de Rome, une autre fut brûlée, et de leurs éperons on se plut à parer la tribune élevée dans le Forum, et ce lieu consacré prit dès lors le nom de Rostres. »

— Tite-Live (traduction de Corpet, Verger et Pessonneaux, 1904), Ab Vrbe Condita, VIII, 12

Au milieu du IIIe siècle av. J.-C., au début de la première guerre punique, le Comitium subit un important réaménagement, adoptant une forme circulaire entourée de gradins. Les Rostres sont également reconstruits à cette occasion. Un cadran solaire y est installé[17].

Marc Antoine présentant au peuple le corps de Jules César, toile de George Edward Robertson (n. 1864).

En , Caius Marius et Lucius Cornelius Cinna s'emparent de Rome et exposent la tête tranchée du consul vaincu, Cnaeus Octavius, sur les Rostra[18]. En , Jules César prononce un discours sur la tribune afin de défendre une proposition de loi du tribun Aulus Gabinius qui prévoit de donner à Pompée un commandement extraordinaire pour éliminer les pirates en Méditerranée : la lex Gabinia est adoptée malgré l'opposition du Sénat[18] .

Peu après l'assassinat de César le 15 mars 44, Brutus et Cassius s'adressent à une foule hostile, bouleversée par la mort du dictateur depuis la tribune[18]. Plus tard, le 20 mars 44, le corps couvert de plaies de César est déposé dans une chapelle devant les Rostres.

Après l'exécution de Cicéron le 7 décembre 43, Marc Antoine ordonne que la tête et les mains tranchées de l'orateur soient exposées sur la tribune[19].

« Suivant l'ordre d'Antoine, on lui coupa la tête et les mains, ces mains avec lesquelles il avait écrit les Philippiques »

— Plutarque, La Vie de Cicéron, 48, 1-4

Description

À l'origine, il s'agit d'une plateforme rectangulaire, probablement en bois[20], à laquelle on accède par deux escaliers latéraux, l'un permettant de monter et l'autre de descendre[21]. La tribune s'ouvre à la fois du côté du Comitium et du côté du Forum.

La tribune, reconstruite en pierre en même temps que le Comitium, est décorée de six éperons de navires. Plus tard, les Rostres sont adaptés à la nouvelle forme circulaire du Comitium. Les marches d'accès qui servent également de gradins, tournées vers le Comitium, adoptent une forme en arc de cercle épousant la courbe de la place. Les éperons sont fixés sur la face extérieure, tournés vers le Forum. Cette face, selon la représentation au revers d'une monnaie, est décorée d'une arcade soutenant un parapet.

La tribune comporte un cadran solaire installé vers et des statues d'hommes politiques influents comme Camille, Sylla ou Pompée. De nombreuses colonnes et monuments honorifiques y sont élevés, au point que le Sénat décide d'en retirer pour faire de la place. On peut citer les statues des trois Sibylles et les statues des ambassadeurs romains morts au cours de leurs missions, dont ceux qui furent assassinés par les Fidénates en [a 1] - [a 2] - [a 3], ceux tués sur ordre de la reine d'Illyrie Teuta en [22] - [a 4], Cnaeus Octavius assassiné sur ordre d'Antiochos en 163 ou [a 4] - [a 5] et enfin Servius Sulpicius Rufus, mort durant une mission auprès de Marc Antoine[23].

Plan du Comitium républicain (avant César)
En pointillé, le tracé du Comitium archaïque. En gris foncé, la silhouette de la Curia Iulia indiquée pour information.

Notes et références

Notes

Références

  • Sources modernes :
  1. Filippo Coarelli, Rome and environs, an archaelogical guide, University of California Press, 2007, p. 65.
  2. Filippo Coarelli, Il foro romano. Periodo arcaico, Quasar, Rome, 1983, p. 104.
  3. Ghislaine Stouder, Création de l'espace diplomatique à Rome à l'époque médio-républicaine, Veleia, No. 26, 2009, p. 177.
  4. G. Sumi, Ceremony and power: performing politics in Rome between Republic and Empire, University of Michigan Press, 2005, pp. 78–80.
  5. A.W. Lintott, The Constitution of the Roman Republic, Oxford University Press, 1999, pp. 42–49.
  6. J.G.F. Powell & J. Paterson, Cicero the Advocate, Oxford University Press, 2006.
  7. J.E. Stambaugh, The Ancient Roman City, Johns Hopkins University Press, 1988, p. 104.
  8. A. Lintott, The Constitution of the Roman Republic, Oxford University Press, 1999, pp. 44–46.
  9. J.G.F. Powell et J. Paterson, Cicero the Advocate, Oxford University Press, 2004, pp. 32, 62, 68.
  10. J.G.F. Powell & J. Paterson, Cicero the Advocate, Oxford University Press, 2004, p. 63.
  11. J.E. Stambaugh, The Ancient Roman City (Ancient Society and History), Johns Hopkins University Press, 1988.
  12. H.H. Scullard, A History of the Roman World, 753 to 146 BC., Routledge, 2002, p. 57.
  13. R.A. Lanciani, The ruins and excavations of ancient Rome, Bell Publishing Company, 1900, p. 278.
  14. C.J. O'Connor, The Graecostasis of the Roman forum and its vicinity, University of Wisconsin, 1904, p. 183.
  15. A. Vasaly, Representations, University of California Press, 1996, p. 73.
  16. Luc Duret et Jean-Paul Néraudeau, Urbanisme et métamorphose de la Rome antique, Realia, Les Belles Lettres, 2001, p. 79.
  17. R. Hannah, Time in Antiquity, Routledge, 2009, p. 134.
  18. Adrian Goldsworthy, Caesar : life of a colossus, Yale University Press, 2008.
  19. A. Vasaly, Representations, University of California Press, 1996, pp. 73.
  20. S.R. Forbes, Rambles in Rome : An Archaeological and Historical Guide to the Museums, Gal., Thomas Nelson and Sons, 1892, p. 43.
  21. Filippo Coarelli, Rome and environs, an archaelogical guide, University of California Press, 2007, p. 53.
  22. Filippo Coarelli, Rome and environs, an archaelogical guide, University of California Press, 2007, p. 54.
  23. Giuseppe Lugli, Roma antica. Il centro monumentale, Bardi, Rome, 1946, p. 145.
  • Sources antiques :

Articles connexes

Pour les autres Rostres (Rostra Tria), voir :

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