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Robert Micheau-Vernez

Robert Micheau-Vernez, né le à Brest, et mort le au Croisic, est un peintre, illustrateur, affichiste, céramiste et vitrailliste français.

Robert Micheau-Vernez
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Naissance
Décès
(Ă  81 ans)
Le Croisic
Nationalité
Activités
Formation
Mouvement

Biographie

Fils d'un officier de marine, Robert Micheau fait ses Ă©tudes au collège Saint-Louis Ă  Brest. Parallèlement, il suit les cours du soir de l’école des beaux-arts de Brest en compagnie du peintre Charles Lautrou (1891-1953). D’ Ă  , il suit les cours de l’école rĂ©gionale des beaux-arts de Nantes dans l’atelier du peintre Émile Simon (1890-1976), oĂą il obtient une mĂ©daille en . Puis il est admis Ă  l’École des beaux-arts de Paris dans l’atelier du peintre Lucien Simon (1861-1945). Son cursus se poursuit jusqu’en . Parallèlement il s’inscrit aux cours des Ateliers d'art sacrĂ© de Maurice Denis (1870-1943). En , il Ă©pouse Lysa-Mina Vernez, elle-mĂŞme mĂ©daillĂ©e des Beaux-Arts de Nantes en . C’est sous le double patronyme de « Micheau-Vernez Â» qu’il signera dĂ©sormais ses Ĺ“uvres. De cette union naĂ®tront trois enfants, GwĂ©nola, GaĂ«l et MikaĂ«l.

Dès la sortie de l’École des beaux-arts de Paris, Ă  une Ă©poque oĂą la crise de 1929 se fait durement ressentir, Micheau-Vernez passe par prĂ©caution son professorat de dessin en , tout en pensant comme beaucoup de jeunes artistes que cette situation serait provisoire. Il fera nĂ©anmoins carrière de professeur de dessin dans plusieurs lycĂ©es d’ Ă   : Brest, Bastia, La Roche-sur-Yon, Lannion, Grasse, Pont-l’AbbĂ© et Quimper, et rĂ©sidera ensuite Ă  Grasse, Cannes et au Croisic. Mais durant toutes ces annĂ©es, il continuera Ă  peindre.

En 1930, René-Yves Creston (1898-1964) lui demande de rejoindre le mouvement des Seiz Breur, qui a vocation à créer un art breton contemporain. Il y adhère par solidarité, mais participera peu à leurs activités et en démissionnera en .

En , la ville de Quimper donne le nom de l’artiste à l’une de ses rues.

Le peintre

MikaĂ«l Micheau-Vernez Ă©crit : « Micheau-Vernez peint et dessine jusqu’à sa mort, mais dĂ©truit aussi beaucoup[1]. Ses maĂ®tres complĂ©mentaires seront CĂ©zanne, Gauguin et Bonnard. Avec l’obstination de toute une vie, il aura la conviction que leurs Ĺ“uvres ne sont pas une fin en soi et que l’on peut continuer dans la recherche et la voie qu’avaient tracĂ© ces prĂ©curseurs. Érudit sur l’apport et l’invention des maĂ®tres, technicien du mariage des couleurs, il s’essaie aux audaces de nouvelles harmonies que l’on sent raisonnĂ©es, dans une construction toujours originale. La peinture est avant tout un art de la couleur, rĂ©pĂ©tait mon père et il prĂ©cisait : la musique et la peinture sont très proches l’une de l’autre. Beethoven, par la construction et la couleur, est un grand peintre, comme Gauguin ou CĂ©zanne sont pour les mĂŞmes raisons de grands compositeurs. Ainsi, ma peinture est comme la musique, chaque partition est une abstraction en soi, et pourtant l’ensemble de la composition est signifiant. »

Micheau-Vernez n’expose qu’avec parcimonie. Le galeriste Armand Drouant (1898-1978) Ă  Paris le dĂ©couvre le , alors que l’artiste a 70 ans, et lui consacre une exposition en . Le critique d’art AndrĂ© Parinaud (1924-2006), directeur du mensuel Galerie des Arts, Ă©crit dans le no 178 : Â« Il est peu d’existence plus discrète, plus secrète dans la simplicitĂ© que celle de cet artiste et d’œuvre plus Ă©clatante de couleurs, de soleil et de jeunesse. L’ancien Ă©lève de Maurice Denis a retenu la leçon des nabis, la puretĂ© intangible du geste artistique, la pudeur pour toute dĂ©marche. Ă€ 71 ans, il a accumulĂ© une Ĺ“uvre considĂ©rable que bien peu connaissent, dont son ami Magnelli qui tentait de le faire sortir de sa rĂ©serve. On va donc voir l’œuvre d’une vie surgir Ă  la lumière, mais une Ĺ“uvre rĂ©alisĂ©e dans la clartĂ© solaire et pour mieux cĂ©lĂ©brer sans doute la sensualitĂ© profonde de la vie. Sa peinture proclame l’assurance, la force, elle est structurĂ©e, affirmĂ©e, fougueuse. Chaque touche capte la lumière avec une qualitĂ© de prĂ©cision technique qui montre la sĂ»retĂ© de la main. Mais le mĂ©tier serait peu de chose sans cet Ĺ“il amoureux, gourmand, attentif et profond qui commande l’intention du peintre. Ce sont des pĂ©pites de soleil enchâssĂ©es par un magistral sertisseur. »

Le critique d'art Jacques Dubois publie le , dans la revue L'Amateur d'Art : « Alchimiste de la couleur, il en a pénétré tous les mystères. Peintre de la forme, il en reconstitue les termes avec un art confirmé, procédant par juxtaposition de taches de couleur pure, appliquées au couteau, dans un style très personnel, relevant d’un tempérament fort, optimiste où le mouvement est mû par un geste musical qui nous transporte dans un monde sur lequel règne le soleil. Un talent sûr, une âme profonde, une science faite de recherches et d’expériences. »

Le peintre n’est reprĂ©sentĂ© que de façon irrĂ©gulière aux Salons nationaux : SociĂ©tĂ© nationale des beaux-arts (1942, 1947, 1963), SociĂ©tĂ© des artistes français (1965), Salon d’automne (1962, 1980, 1981, 1982), Salon de la Marine (1986).

Le dessinateur

Robert Micheau-Vernez préservera toujours du temps pour dessiner, pour ne pas perdre la main, mais aussi comme dérivatif par rapport à sa peinture. Il utilisera la plume et l’encre de Chine puis, dès 1957, un feutre, le flo-master, et enfin le pastel dans les années 1970. Il traite des portraits, des nus, des fleurs et beaucoup de marines. Mais aussi des bandes dessinées évoquant un monde fantasmagorique de korrigans.

L’illustrateur

Micheau-Vernez réalise plus de 1000 illustrations, le plus souvent à l’encre de Chine. Il illustre des ouvrages scolaires d’histoire de France, de géographie, les Fables de La Fontaine, ainsi que des livres et documents ayant trait à la Bretagne.

L’affichiste

Dès 1932, Micheau-Vernez remporte un 1er prix d’affiche Ă  Brest sur le thème de la TSF Ă  la ferme, et rĂ©alise la mĂŞme annĂ©e l’affiche du Bleun Brug de Brest. Très peu sollicitĂ©, il lui revient cependant d’avoir crĂ©Ă© une trentaine d’affiches, essentiellement pour des fĂŞtes bretonnes : FĂŞte de Cornouaille Ă  Quimper en 1954, Pardon de La Baule en 1964, FĂŞte des Filets Bleus de Concarneau en 1971, Festival Interceltique de Lorient en 1971, 1972 et 1983, Salon du livre maritime de Concarneau en 1985…

Le céramiste

Dans sa jeunesse, il réalise des sculptures en faïence avec une décoration ethnographique bretonne. En , à la galerie Saluden de Brest, il expose dix huit faïences, dont treize assiettes en collaboration avec la Faïencerie Henriot de Quimper. Le succès immédiat accréditera une collaboration de trente ans avec la faïencerie, avec la création de cent quarante sculptures dont quelques plats. Ses œuvres en faïence ont marqué la célébrité de Micheau-Vernez. Devenant rapidement l’image de marque des Faïenceries Henriot de Quimper, ses œuvres figurent en couverture des catalogues de la faïencerie. Cette situation occulta complètement son œuvre picturale

On peut voir un grand panneau décoratif sur carreau de faïence, créé en 1950, dans le hall de la gare SNCF de Quimper. Une grande pièce représentant une Bigoudène en costume bigouden fut offerte au général de Gaulle par les habitants de l’île de Sein, lors de sa visite du . Elle sera installée dans son bureau jusqu’en 1958[2].

Le fils de l’artiste Robert Micheau-Vernez a offert récemment une carte de la Bretagne composée de 192 carreaux de faïence[3] à la ville de Quimper. Cette œuvre de 1,80 m de haut sur 2,40 m de large a été réalisée pendant l'été 1962 ; cette œuvre méconnue, restaurée, a obtenu une place de choix le dans le hall de la mairie.

L’art sacré

Micheau-Vernez restera profondément marqué par son passage aux Ateliers d’art sacré dirigés par Maurice Denis. En 1932, il reçoit la commande de deux vitraux pour l’église du Conquet (Finistère), sur la vie de dom Michel Le Nobletz (1577-1652). En 1936, il peint trois tympans pour l’église Saint-Donatien à Nantes. En 1937, il présente un Christ en croix à l’exposition d’art sacré moderne à l’église Sainte-Odile de Paris. Le et en , il participe aux expositions d’art sacré au musée des beaux-arts de Nantes. Le , huit verrières sur le thème de la Passion du Christ sont inaugurées à Parigné-le-Pôlin (Sarthe), qui seront suivis un an plus tard par un Chemin de Croix peint sur toile. Le sont également inaugurés deux vitraux pour l’église de Saint-Michel-en-Grève (Côtes-d'Armor), qui seront suivis d’un troisième vitrail en 1955 avec, comme ceux du Conquet, des textes en langue bretonne. En dehors du vitrail et de la peinture, Micheau-Vernez réalise trois Vierges en faïence pour la Faïencerie Henriot, deux en 1941 et une en 1958.

Il s’intĂ©resse Ă©galement aux icĂ´nes orthodoxes avec une première crĂ©ation peinte le , et rĂ©alise ensuite des Ĺ“uvres plus complexes en cuivre ou en laiton repoussĂ©. Le , une grande icĂ´ne en cuivre de 170 sur 95 cm prenait place dans l’église Saint-Michel-Archange de Cannes, oĂą il collabora comme diacre, puis prĂŞtre sous le nom du « père Patrick Â» dans les annĂ©es 1970-1980[4].

Le Chemin de Croix de l'église de Parigné-le-Pôlin (le ) et les vitraux des églises du Conquet et de Saint-Michel-en-Grève (le ), sont inscrits à l'inventaire des monuments historiques.

Ouvrages illustrés

  • Histoire de France, classe de 7e et 8e, librairie l’École, 1933
  • Histoire de France, classe de 8e et 9e, librairie l’École, 1934
  • Histoire de France, classe de 10e et 11e, librairie l’École, 1934
  • Histoire de France, certificat d’études, Ă©ditions École et Collège, 1937
  • Au Large, recueil de textes, Ă©ditions École et Collège, 1938
  • Fables de La Fontaine, Ă©ditions École et Collège, 1938
  • Histoire de France enfantine, Ă©ditions École et Collège, 1939
  • Au-dessus de l’amour, de F. Lamothe, 1939
  • La gĂ©ographie des petits, Ă©ditions École et Collège, 1942
  • Ar Pesk Aour (le poisson d’or) de Paul FĂ©val, Editions Gwalarn, 1942
  • Deux enfants de France, Ă©ditions de l’École, 1944
  • Le paradis breton, Ă©dition Bonne Presse, 1951
  • Leçons de choses enfantines, Ă©ditions de l’École, 1956
  • Wa-Raog Kit (Musique pour Binious et Bombardes), Bodadeg ar Sonerion, 1967

Expositions

  • Du au , le musĂ©e de la FaĂŻence de Quimper consacre une rĂ©trospective aux Ĺ“uvres en faĂŻence de l’artiste ;
  • Du au , le port-musĂ©e de Douarnenez (Finistère), prĂ©sente une exposition de marines de l’artiste ;
  • Du au , le musĂ©e du FaouĂ«t (Morbihan) prĂ©sente une rĂ©trospective de l’ensemble de ses Ĺ“uvres ;
  • Du au , le musĂ©e d'art et d'histoire de Provence Ă  Grasse (Alpes-Maritimes), propose une exposition « Micheau-Vernez, alchimiste de la couleur » ;
  • Du au , la ville du Croisic (Loire-Atlantique), organise une exposition « Hommage Ă  l’artiste Micheau-Vernez » ;
  • Du 6 au , le festival interceltique de Lorient accueille une exposition « Micheau-Vernez, artiste breton ouvert sur le monde de l’art » ;
  • Du au , la ville de Saint-Malo expose 180 de ses Ĺ“uvres ;
  • Du 1er aoĂ»t au , le musĂ©e de Galway (Irlande) prĂ©sente 120 Ĺ“uvres de l'artiste ;
  • au , exposition Ă  Guidel (Morbihan), « Micheau-Vernez et l'Art SacrĂ© et religieux Â» ;
  • au , la galerie de la Manufacture Henriot Ă  Quimper (Finistère) prĂ©sente « Micheau-Vernez, de la faĂŻence Ă  la peinture… l'art de la couleur Â» ;
  • Les 5 et , Ă  Gourin (Morbihan) au château de Tronjoly, dans le cadre du championnat des sonneurs, exposition de 130 Ĺ“uvres.

Bibliographie

  • Philippe ThĂ©allet, Micheau-Vernez, l' Ĺ“uvre de faĂŻence, Groix Ă©ditions, 2019.

Notes et références

  1. Mikaël Micheau-Vernez (https://www.ouest-france.fr/bretagne/quimper-29000/cornouaille-quimper-mon-pere-robert-micheau-vernez-brule-une-centaine-d-oeuvres-5895940)
  2. Elle est conservée à la fondation de Gaulle, au no 5 de la rue de Solférino à Paris. Par arrêté du ministre de la Culture en date du 8 décembre 2006, la faïence de Micheau-Vernez a été classée monument historique.
  3. Les amis du Musée et de la Faïence de Quimper (http://www.amis-musee-faience-quimper.fr/index.php/tag/micheau-vernez/)
  4. Jean Besse, « Notice nécrologique de Mgr Séraphin (Doulgoff) », Foi transmise et sainte Tradition, vol. 123,‎

Voir aussi

Bibliographie

  • B.J. Verlingue, Robert Micheau-Vernez , tradition et modernitĂ©, Éditions du MusĂ©e, .
  • J. Duroc, Peintres des cĂ´tes de Bretagne, tome 5, Éditions du Chasse-MarĂ©e, .
  • J.B.Verlingue et Ph.ThĂ©allet, EncyclopĂ©die des cĂ©ramiques de Quimper, volume 5, Éditions de la Reinette, .
  • J.M. Michaud, Micheau-Vernez, 1907-1989, Liv’éditions, [grand prix du livre d’art par l’Association des Ă©crivains de l’Ouest].
  • J.M. Michaud, « Micheau-Vernez, le peintre Â», in Ar Men, no 171, juillet-.
  • J.M. Michaud, « Les couleurs de Micheau-Vernez Â», in Le Chasse-marĂ©e, no 217, .
  • B.J. Verlingue, Histoire de la FaĂŻence de Quimper, Éditions Ouest-France, .

Liens externes

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