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Relation migratoire entre la France et la GĂ©orgie

La relation migratoire entre la France et la Géorgie s’est établie au XIXe siècle lorsque des aristocrates et des révolutionnaires géorgiens sont venus chercher les lumières françaises : elle s’est densifiée à partir de 1921 après que les armées de la Russie soviétique aient envahi le territoire géorgien. En sens inverse, si des voyageurs français ont parcouru le Caucase aux XVIIIe et XIXe siècles, ce n’est qu’après le rétablissement de l’indépendance de la Géorgie en 1991 qu’un contingent significatif de citoyens français s’est installé dans ce pays.

GĂ©orgiens de France

Historique

Goudji, orfèvre géorgien, en France depuis 1974

Hors les missions d’ambassades ponctuelles entre le Royaume de GĂ©orgie et le Royaume de France, initiĂ©es au XIIe siècle, et les sĂ©jours de jeunes aristocrates et de rĂ©volutionnaires opposĂ©s Ă  l’Empire russe au XIXe siècle et au dĂ©but du XXe siècle, peu de ressortissants d’origine gĂ©orgienne[Note 1] ont sĂ©journĂ© durablement sur le territoire français avant 1921[1] - [2] - [3]. Selon la PrĂ©fecture de police de Paris, Ă  la fin des annĂ©es 1920 — après l’invasion du territoire gĂ©orgien par l’ArmĂ©e rouge en fĂ©vrier 1921 et après l’insurrection nationale gĂ©orgienne d’aoĂ»t 1924 qui avaient provoquĂ© deux vagues d’émigration — 1 200 immigrĂ©s politiques gĂ©orgiens sont rĂ©fugiĂ©s en France (dont 700 en rĂ©gion parisienne, et 500 sur les diffĂ©rents lieux de travail proposĂ©s comme Sochaux pour Peugeot)[4]. Selon les archives de l’Office des rĂ©fugiĂ©s gĂ©orgiens en France (1933-1952), 3 313 dossiers d’immigrĂ©s politiques gĂ©orgiens sont identifiĂ©s, essentiellement constituĂ©s avant la Seconde Guerre mondiale, avec un certain nombre de doublons et d’enregistrement Ă  l’Office des rĂ©fugiĂ©s russes (en particulier pour les aristocrates gĂ©orgiens russifiĂ©s, et souvent Ă©tablis Ă  Petrograd avant les rĂ©volutions de 1917)[5]. Selon l’OFPRA, la communautĂ© gĂ©orgienne en France compte 719 personnes en 1955, 1 066 en 1960 et 287 en 1971, fluctuations dues d’une part aux dĂ©cès des gĂ©nĂ©rations les plus anciennes et Ă  la naturalisation française des gĂ©nĂ©rations les plus jeunes, d’autre part Ă  l’arrivĂ©e d'anciens soldats de l’ArmĂ©e rouge, faits prisonniers par l’Allemagne, versĂ©s dans l’Organisation Todt comme travailleurs civils ou dans la Ostlegionen comme soldats, et restĂ©s en France malgrĂ© l’obligation de retour en URSS. Avant et après la perestroĂŻka, un nombre marginal de dissidents gĂ©orgiens — ainsi que de juifs gĂ©orgiens — parvient Ă  quitter le territoire soviĂ©tique et Ă  se rĂ©fugier en France. Le retour Ă  l’indĂ©pendance en 1991, la guerre civile Ă  Tbilissi et dans les rĂ©gions, et l’ouverture des frontières conduisent au dĂ©part d’un million de personnes vivant sur le territoire gĂ©orgien : elles appartiennent essentiellement aux minoritĂ©s ethniques ou religieuses. NĂ©anmoins la violence des affrontements pour la conservation ou l’acquisition du pouvoir provoque une nouvelle Ă©migration politique, dont une petite partie s’installe en France.

XXIe siècle et immigration économique

Ă€ partir des annĂ©es 2000 une Ă©migration Ă©conomique prend naissance en GĂ©orgie vers les États europĂ©ens, mais aussi vers l’AmĂ©rique et l’Australie : la baisse de population est significative sur le territoire national (3,7 millions d’habitants lors du recensement de 2014[6], soit une baisse de 700 000 par rapport aux prĂ©visions). Le Consulat de GĂ©orgie en France estime Ă  10 000 le nombre de GĂ©orgiens installĂ©s lĂ©galement en 2013 et Ă  12 000 en 2016[7]. Si la rĂ©gion parisienne reste la principale rĂ©gion d’accueil, des communautĂ©s gĂ©orgiennes se sont formĂ©es autour d’Albi, de Caen[8], de Rennes[9] et de Strasbourg[10] par exemple. Depuis le l'Office français de protection des rĂ©fugiĂ©s et apatrides considère que les citoyens gĂ©orgiens proviennent d'un pays d'origine sĂ»r[11] : les demandes d'asile sont traitĂ©es plus rapidement et le nombre d'acceptation est en diminution[12]. Une antenne de l'Office français de l'immigration et de l'intĂ©gration est mise en place Ă  Tbilissi afin d'accompagner les retours volontaires : 70 cas spnt recensĂ©s en 2017[13].

XXIe siècle et immigration illégale

L'immigration économique clandestine constitue un volet non quantifiable par nature, d'autant plus que l'espace Schengen permet des mouvements migratoires échappant pour l'essentiel aux États membres. Par ailleurs la présence de filières géorgiennes de crime organisé — œuvrant principalement dans le cambriolage — en Europe occidentale n'épargne pas le territoire français : la Gendarmerie et la Police nationale effectuent régulièrement des démantèlement de réseau[14] - [15]. Depuis plusieurs années les autorités françaises et géorgiennes concernées coopèrent et échangent opérationnellement afin de lutter contre le crime organisé[16].


Français de Géorgie

Les Français de Géorgie étaient 326 fin 2015, 376 fin 2016, 405 fin 2017[17] et 440 le [18]. Le principal contingent est constitué de membres — et de leur famille le cas échéant — d'institutions françaises (Ambassade de France, Institut français, Office français de l'immigration et de l'intégration... ) et d'organismes associés (École française du Caucase). Il comprend également des membres de délégations et missions internationales (Nations unies, Union européenne,..), ainsi que des membres d'associations caritatives et religieuses (Sœurs catholiques Sainte-Nino d'Akhaltsikhé par exemple). Un certain nombre de cadres d'entreprises françaises disposant de filiales sur le territoire géorgien et un certain nombre d'entrepreneurs privés — dont une poignée est présente depuis plus de vingt ans[19] et une autre s'intéresse à la viticulture traditionnelle géorgienne[20] — le complètent.


Notes et références

Notes

  1. La nationalité géorgienne a internationalement existé durant les premiers siècles et au Moyen Âge, de 1918 à 1933 (période de la République démocratique de Géorgie, puis de reconnaissance maintenue par la France jusques en 1933 malgré l’invasion soviétique), et à partir de 1991.

Références

  1. « Géorgie. Niko Nikoladzé (1843-1928), publiciste », sur Colisée, .
  2. « Géorgie et France. Georges Dékanozichvili (1867-1910), ingénieur et homme politique », sur Colisée, .
  3. « Géorgie, Suisse et France. Joseph Davrichachvili(1882-1975), révolutionnaire, aviateur, agent de contre-espionnage et écrivain », sur Colisée, .
  4. Georges Mamoulia, Les combats indépendantistes des Caucasiens entre URSS et puissances occidentales : le cas de la Géorgie, 1921-1945, Paris, L’Harmattan, , 448 p. (ISBN 978-2-296-09476-5), p. 29.
  5. « Les archives de l'Office des réfugiés géorgiens en France (1933 -1952) », sur Colisée, .
  6. (en) National Statistics Office of Georguia, « Population », .
  7. Mirian Méloua, « Entretien avec Ecatériné Siradzé Delaunay, ambassadrice de Géorgie en France », sur Ambassade de Géorgie en France, .
  8. « Chez Natia, de la Géorgie à la rue d'Auge », sur Ouest-France, .
  9. « Une famille de réfugiés géorgiens accueillie avec bienveillance et solidarité à Trévières », sur France3 Régions, .
  10. « Strasbourg/France – St. Ketevan communautè georgienne Paroisse orthodoxe de St,e KETEVAN 3, rue Boston 67000 Strasbourg, FRANCE Prêtre George Mekeshvili », sur Ordre de Saint André de caffa, .
  11. OFPRA, « Liste des pays d'origine sûrs », sur site officiel, consulté le 16 novembre 2017.
  12. OFPRA, « Rapport d'activité 2016, page 56 », sur site officiel], consulté le 16 novembre 2017.
  13. Ambassade de France en Géorgie, « OFII: le site dédié au retour volontaire », sur site officiel, .
  14. Stéphane Joahny, « La mafia géorgienne à la conquête de l'Ouest », sur JDD, .
  15. Stéphane Sellami, « Paris. Un important gang de voleurs géorgiens démantelé », sur Le Point, .
  16. Ambassade de France en Géorgie, « Interview de M. Bruno Balduc, attaché de sécurité intérieure de l'ambassade de France en Géorgie », sur via Youtube, .
  17. Ambassade de France en Géorgie, « Interview de Mme Lusine Bardon, conseillère consulaire et présidente de l'UFE », sur YouTube, .
  18. « Présentation de la Géorgie. Présence française », sur Diplomatie française (consulté le ).
  19. Lorraine Millot, « En Géorgie, les eaux de Borjomi retrouvent l'effervescence », sur Libération, .
  20. Adli Boukind, « Avec les Français qui sont partis faire du pinard en Géorgie », sur Munchies, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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