Ration alimentaire de l'armée française
Les rations alimentaires de l'armée française sont les rations alimentaires individuelles fournies aux soldats des forces armées françaises opérant sur le terrain.
La ration conditionnée individuelle apparaît en 1946 et s'inspire des rations K utilisées dans les Forces armées des États-Unis.
La RCIR ou ration de combat de combat individuelle réchauffable
En France, la première ration conditionnée individuelle date de 1946 pour les soldats au combat ou en déplacement. Elle prenait en compte les reproches faits à la K. Elle offrait un meilleur profil calorique, trois menus au choix dont un avec de la viande de porc, pour offrir une certaine variété, conditionnés en boîte métallique. Pour améliorer l’alimentation du soldat –on parle de soutien au combattant – et s’adapter à l’évolution de la société, d’autres rations apparurent en 1951 et en 1966.
La création de la RCIR en 1986 a marqué une réelle avancée. Elle offre en effet la particularité d’être « réchauffable, unique et polyvalente ». Elle permet à un soldat de se nourrir pendant 24 heures, avec 14 jours de menus disponibles. Le recours à la RCIR ne doit pas dépasser deux cycles de 14 jours. L’organisation de l’armée sur le terrain des opérations prévoit en effet qu’après ce délai d’un mois, une popotte est installée, avec cuisine roulante et remorques d’approvisionnement.
La RCIR n’est pas la seule ration française existante. Elle est la plus connue parce qu’elle prend en compte les besoins d’un combattant pour une journée. Elle n’est pas forcément adaptée à toutes les situations. C’est la raison pour laquelle elle est périodiquement révisée comme on vient de le voir. Elle est aussi complétée par d’autres rations qui remplacent ou non d’autres rations existantes à des fins de normalisation. Citons :
- la ration de survie qui remplace la ration de survie (RSA) et le module alimentaire de survie (MAS),
- la ration d’urgence remplace le repas individuel d’exercice (RIE),
- l’unité alimentaire de complément ou de secours (UACS) est supprimée.
Rations d’urgence et de survie ont pour particularité d’être très concentré en volume, avec un poids limité et d’être conçu sur la base d’un concentré de nourriture à mâcher avec des vitamines et des minéraux.
Composition de la ration RCIR
Elle est tripartite avec
- une part variable sous forme de barquettes pour les plats principaux parce qu’on peut y manger directement dedans complétés par un pâté en boîte en entrée et un dessert sucré ou une portion de fromage,
- une part fixe alimentaire composé d’un potage, de biscuits salés et sucrés et différents types de glucide en portion individuelle (caramel, barre de chocolat, nougat, pâte de fruit),
- une part fixe non alimentaire qui inclut, en allant du plus volumineux au plus petit, le kit de réchauffable avec ses pastilles à brûler, des mouchoirs-serviettes sous cellophane et des comprimés de purification d’eau.
Historique
Première Guerre mondiale
Voici le tableau des rations quotidiennes tel qu’il a été édicté en , à l’usage des commandants d’unités.
On distingue deux types de ration : ration forte / ration normale[1].
- Pain biscuité ou pain de guerre : 700 g / 700 g
- Viande fraîche ou congelée : 600 g / 600 g
- Viande de conserve assaisonnée : 300 g / 300 g
- Légumes secs ou riz : 100 g / 60 g
- Ou pâtes alimentaires : 100 g / 60 g
- Ou confiture : 75 g / 75 g
- Ou pommes de terre : 750 g / 450 g
- Ou julienne : 75 g / 60 g
- Sel : 20 g/ 20 g
- Sucre : 48 g/ 32 g
- Café torréfié : 36 g / 24 g
- Lard : 30 g / 30 g
- Ou saindoux : 30 g / 25 g
- Ou potage salé : 50 g / 50 g
- Vin : 50 cl / 50 cl
- Ou bière ou cidre : 100 cl / 100 cl
- Ou eau-de-vie : 6,25 cl / 6,25 cl
- Tabac caporal pour les officiers : 0,20 g / 0,20 g
- Tabac de cantine pour la troupe : 0,20 g / 0,20 g
Les rations alimentaires actuelles
Contenu
La ration de combat individuelle réchauffable (RCIR) est la ration standard pour une consommation quotidienne d'un combattant. D'un poids de 1,75 kg, elle se conserve deux ans maximum. Sa valeur énergétique est d'environ 3 500 kcal / 14 644 kJ (protides : 13 %, lipides : 32 %, glucides : 55 %). Quatorze menus différents[8] sont disponibles en 2016, dont sept sans porc.
La ration se compose comme suit :
- deux hors-d'œuvre en conserve ;
- deux plats cuisiné en barquettes de 300 g ;
- un paquet de biscuits de campagne de 250 g sucré-salé ;
- un potage en sachet ;
- un fromage fondu ou crème dessert en barquette ;
- un paquet de caramels de 40 g ;
- une barre de chocolat de 25 g ;
- un ensemble « petit-déjeuner » (café, lait écrémé, boisson cacaotée et sucre, le tout en poudre et du thé en sachet) ;
- un ensemble de réchauffage (dont six comprimés de purification d'eau et un sac à déchets) ;
- une barre de nougat ;
- une pâte de fruit ;
- quatre sucres enveloppés ;
- un sachet boisson isotonique ;
- un stick de confiture ;
- un paquet de 10 serviettes / mouchoirs.
Informations diverses
Les rations de combat françaises ont très bonne réputation par rapport à celles d'autres pays, de sorte qu'elles font l'objet d'un troc[9]. En 2010, en Afghanistan, une ration de l'armée française pouvait s'échanger contre trois rations MRE américaines[10].
Depuis le début du XXIe siècle, l'Organisation des Nations unies se fournit à l'économat des armées qui a remporté le marché 2010-2013 pour un million de rations par an[11].
Les rations de combat sont réalisées en concertation avec les industriels et l'économat des armées, plus précisément le Centre Expert du Soutien du Combattant et des Forces. Un cahier des charges est imposé aux industriels, comme la teneur en viande ou poisson, la teneur en cacao du chocolat, la teneur en fruit des pâtes de fruit, la provenance française ou européenne des produits, etc. Le choix des produits dépend pour 70 % de la qualité, et 30 % du prix. La qualité est jugée par un jury de 8 à 15 militaires qui teste les menus à l'aveugle. Le modèle le plus répandu, la RICR, coûte en 2018 10,31 €, la ration lyophilisée 19,02 €, et la ration de fête 35 €[12].
Les forces armées belges utilisent ces rations[13].
Notes et références
- Yves Buffetaut, Votre ancêtre dans la Grande Guerre, Editions YSEC, 2000, (ISBN 2-9513423-2-2).
- « Ration de survie Air (RSA) », Ministère de la défense (consulté le ).
- « Module alimentaire de survie (MAS) », Ministère de la défense (consulté le ).
- « Ration individuelle lyophilisée commando (RILC) », Ministère de la défense (consulté le ).
- « Unité alimentaire de complément ou de secours (UACS) », Ministère de la défense (consulté le ).
- « Repas individuel d'exercice (RIE) », Ministère de la défense (consulté le ).
- « Ration de combat individuelle réchauffable (RCIR) », Ministère de la défense (consulté le ).
- « Les rations alimentaires opérationnelles », sur defense.gouv.fr, .
- Anne Bauer, « La ration militaire française connaît un succès mondial », Les Échos, 13 juin 2019.
- J.P. Géné, « Le repas du guerrier », Le Monde, .
- Jean-Marc Tanguy, « L'ONU se rationne chez nous », Le mamouth, .
- « Des rations aux normes OTAN », SOUTENIR, , p. 20-24
- (en-GB) Editor, « Field Rations 05 ~ Belgian-French RCIR », sur Joint Forces News, (consulté le )
Annexes
Bibliographie
- Gérard Canini, Les fronts invisibles — Nourrir - Fournir - Soigner, actes du Colloque international sur « La Logistique des Armées au combat pendant la Première Guerre mondiale », organisé à Verdun les 6, 7, , à l'initiative du Comité National du Souvenir de Verdun en liaison avec l'université de Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1984, 383 p. (ISBN 2-86480-153-1) [présentation en ligne]
Articles connexes
Liens externes
- Matériel individuel et alimentation, sur le site du Ministère de la Défense.