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Raphaël de Valentin

Raphaël de Valentin est un personnage de La Comédie humaine d’Honoré de Balzac. Il n'apparaît que dans La Peau de chagrin.

Raphaël de Valentin
Personnage de fiction apparaissant dans
La Comédie humaine.

Raphaël de Valentin et le vieil antiquaire par Adrien Moreau
Raphaël de Valentin et le vieil antiquaire par Adrien Moreau

Alias Marquis de Valentin
Origine Petite noblesse ruinée
Sexe Masculin
Famille Marquis de Valentin (père), marquise de Valentin, née Barbe-Marie O'Flaherty (mère)[1]
Entourage Eugène de Rastignac, comtesse Fœdora, Pauline Gaudin de Witschnau[2] - [3]

Créé par Honoré de Balzac
Romans La Peau de chagrin

Le personnage

Né en 1804, Raphaël est le fils du marquis de Valentin, « chef d'une maison historique, à peu près oubliée en Auvergne, [venu] à Paris pour y tenter le diable », et de « l'héritière d'une riche maison ». Il perd sa mère à l'âge de dix ans et est alors élevé dans un despotisme monacal par son père qu'il aime et admire. Il entame, poussé par ce dernier, des études de droit auprès d'un avoué.

La Restauration entraîne la ruine de son père, forcé de lutter pour ses possessions considérables au sein de l'Empire napoléonien, qu'il perd après avoir dilapidé l'héritage de sa femme. Le chagrin d'avoir ruiné son fils adoré, l'achève en 1826. À vingt-deux ans, Raphaël est un orphelin seul et sans fortune. La vente du mobilier familial lui rapporte onze cent douze francs.

Raphaël décide alors de vivre avec ces onze cents francs pendant trois ans afin d'élaborer une œuvre littéraire qui lui apportera la gloire, la célébrité et la fortune. Il réduit les frais quotidiens au strict minimum : trois sous de pain, deux sous de lait et trois sous de charcuterie, trois sous de loyer, trois sous d'huile (éclairage), deux sous de blanchissage, environ deux sous de charbon de terre (chauffage) et enfin deux sous pour les imprévus. Il loge alors dans l'hôtel Saint-Quentin chez madame Gaudin, l'épouse d'un soldat de l'Empire qui n'est jamais revenu de la campagne de Russie, et sa fille Pauline, qu'il considère comme sa sœur et dont il décide de faire l'éducation. Il mène alors durant deux ans une vie studieuse dans l'ambiance misérable mais chaleureuse de l'hôtel.

Chronologie de Raphaël de Valentin

  • En 1827, il est un habituĂ© de la « table des philosophes » au CafĂ© Voltaire, et loge rue des Cordiers, dans une mansarde, oĂą il vit cloĂ®trĂ©.
  • En , il rencontre le dandy Eugène de Rastignac avec qui il va nouer une relation amicale, voire fraternelle. Ce dernier va lui faire signer un contrat littĂ©raire, lui faire frĂ©quenter les salons parisiens oĂą va le beau monde et lui prĂ©senter la femme Ă  la mode, la comtesse FĹ“dora. RaphaĂ«l va se rapprocher de cette veuve de vingt-deux ans d'origine russe Ă  laquelle on n'a jamais connu d'amant. Follement amoureux d'elle, il devient son confident et se garde bien de lui dĂ©voiler sa passion. Les finances de RaphaĂ«l qui mène dĂ©sormais grand train sont au plus mal, et son ami Rastignac ne peut pas lui avancer d'argent ; il subsiste donc avec l'aide de ses hĂ´tesses. RaphaĂ«l tente alors de se rendre indispensable dans la vie de FĹ“dora, elle l'invite partout : dans les salons, Ă  l'opĂ©ra, aux Italiens… Cependant, son dĂ©sir de la connaĂ®tre et de la possĂ©der devient plus intense, c'est ainsi qu'il dĂ©cide de passer une nuit chez elle Ă  son insu. Ce qu'il fait en se faisant enfermer chez elle Ă  la fin d'une rĂ©ception. Il l'observe pendant son sommeil et elle l'Ă©blouit tant qu'il n'ose rien lui faire et s'enfuit au petit matin. Quelques jours après, il passe une soirĂ©e seul avec elle et lui rĂ©vèle tout : sa misère et son amour pour elle. Elle se moque de lui.
  • En , RaphaĂ«l rompt avec la comtesse et il dĂ©cide de « guĂ©rir ». Il rend visite Ă  Rastignac qui va jouer deux cents Ă©cus pour son ami. Ils se partagent les gains. RaphaĂ«l va habiter rue Taitbout et devient un « viveur ».
  • En , il vend son dernier bien : l'Ă®le de la Loire qui abrite le tombeau de sa mère et se retrouve avec deux mille francs. Mais au bout de quelques jours d'excès, il n'a plus qu'un seul louis qu'il va jouer au Palais-Royal, et qu'il perd. Il lui vient alors l'idĂ©e de se jeter dans la Seine, mais une mendiante fait une remarque sur « la saletĂ© et la froideur de l'eau ». Il entre alors dans un magasin de curiositĂ©s du quai Voltaire oĂą un antiquaire lui remet une « peau de chagrin », c'est-Ă -dire une peau d'onagre tannĂ©e (ayant Ă  peu près la taille d'une peau de mouton) qui exauce tous les dĂ©sirs de son propriĂ©taire mais se rĂ©tracte en fonction de leur intensitĂ© et de leur nombre, la taille de la peau reprĂ©sentant la vie du propriĂ©taire. Ce dernier meurt lorsqu'elle n'est plus. RaphaĂ«l accepte la peau et « signe » le pacte avec elle, incrĂ©dule, sans en mesurer les consĂ©quences. Il fait immĂ©diatement le souhait de recevoir deux cent mille livres de rente et de passer une soirĂ©e orgiaque. En sortant, il rencontre une bande de jeunes gens parmi lesquels se trouve son ami Émile Blondet, qui vont le conduire Ă  une soirĂ©e donnĂ©e par le banquier Taillefer dans son hĂ´tel de la rue Joubert. Il apprend pendant la soirĂ©e qu'il hĂ©rite de six millions d'un oncle lointain de sa mère et juste après cette nouvelle, la peau a beaucoup rĂ©trĂ©ci. RaphaĂ«l achète nĂ©anmoins un hĂ´tel particulier rue de Varenne et il redevient monsieur le marquis de Valentin ; il est cĂ©lèbre et enviĂ©. Il a organisĂ© sa vie pour n'avoir rien Ă  souhaiter, Ă  dĂ©sirer ou mĂŞme Ă  vouloir par peur du fatal racornissement de la peau. Ses domestiques ont interdiction de lui poser une question commençant par « souhaitez-vous… », « voulez-vous… » mais doivent dire « faut-il… », etc.
  • En , aux Italiens, il retrouve une femme très belle qui s'avère ĂŞtre Pauline, dont le père est revenu très riche des Indes et qui est devenue la baronne de Vistchnau. Les deux jeunes gens tombent amoureux, leur mariage est annoncĂ© pour . RaphaĂ«l jette alors la peau de chagrin dans un puits, mais son vieux jardinier la lui ramène : elle n'a alors plus que six pouces carrĂ©s. Il supplie alors sa fiancĂ©e de le quitter et il tente dĂ©sespĂ©rĂ©ment auprès de chimistes et de savants de faire agrandir sa peau, de l'aplatir et d'en comprendre la composition. En vain. De retour chez lui, il trouve Pauline qui lui tend les bras. Les deux amants mènent une vie de plaisirs, mais la santĂ© de RaphaĂ«l commence Ă  se dĂ©grader et la peau dĂ©croĂ®t jour après jour. Gravement malade, il ne cesse de tousser et ses mĂ©decins le pensent phtisique. Il fait appel Ă  son ami l'Ă©tudiant en mĂ©decine Prosper qui rĂ©unit encore Ă  son chevet trois autres sommitĂ©s mĂ©dicales, parmi lesquelles Horace Bianchon[4].
  • En , il part Ă  Aix-les-Bains car les mĂ©decins lui conseillent les thermes et le grand air pour ses poumons, mais il sera rejetĂ© par la bonne sociĂ©tĂ© frĂ©quentant la station. ProvoquĂ© par l'insolent monsieur Charles, il se bat en duel et il gagne grâce au pouvoir du talisman.
  • En , il se rend en Auvergne au Mont- Dore vivre dans la maison d'une famille paysanne.
  • En , alors que la peau n'a plus que la taille d'une feuille de saule, il retourne Ă  Paris et n'a en tĂŞte que l'obsession de sa propre survie. Il demande Ă  son ami le mĂ©decin Prosper de l'endormir avec des opiacĂ©s pour n'avoir aucun dĂ©sir et ordonne Ă  son domestique Jonathas de ne laisser entrer personne, pas mĂŞme Pauline. Il se rend compte qu'il n'a pas profitĂ© du pouvoir immense que lui procurait la peau, et que sa vie n'a eu aucun sens. DĂ©vorĂ© par cette angoisse existentielle, il vĂ©gète et ne se rĂ©veille qu'une heure par jour pour manger. Prosper lui prescrit un opiacĂ©, mais Pauline vient le voir, il la supplie de partir, et lui dit qu'il va mourir, elle veut mourir avec lui. Il est pris soudain d'une folle passion et se rue sur elle. Il la dĂ©sire tant qu'il meurt. Il a alors vingt-sept ans.

Notes et références

  1. Anne-Marie Meininger et Pierre Citron, Index des personnages fictifs de « La Comédie humaine », cf. bibliographie, t. XII, p.1565.
  2. Anne-Marie Meininger et Pierre Citron, Index des personnages fictifs de « La Comédie humaine », op. cit., t. XII, p.1323.
  3. Anatole Cerfberr et Jules Christophe, Répertoire de « La Comédie humaine », cf. bibliographie, p. 213.
  4. « Le quatrième médecin était Horace Bianchon, homme plein d'avenir et de science, le plus distingué peut-être des nouveaux médecins, sage et modeste député de la studieuse jeunesse qui s'apprête à recueillir l'héritage des trésors amassés depuis cinquante ans par l'École de Paris, et qui bâtira peut-être le monument pour lequel les siècles précédents ont apporté tant de matériaux divers. » Voir La Peau de chagrin sur wikisource.

Bibliographie

  • Pierre BarbĂ©ris, Le Monde de Balzac, Artaud, 1973 ; rĂ©Ă©dition KimĂ©, 1999 (ISBN 284174163X).
  • HonorĂ© de Balzac, La Peau de chagrin, Paris, 1831 (similaire Ă  l'exemplaire de la Bibliothèque nationale).
  • Pierre Abraham, CrĂ©atures chez Balzac, Paris, Gallimard, Paris, 1931.
  • Arthur-Graves Canfield, « Les personnages reparaissant de La ComĂ©die humaine », Revue d’histoire littĂ©raire de la France, janvier-mars et avril- ; rĂ©Ă©ditĂ© sous le titre The Reappearing Characters in Balzac’s « ComĂ©die humaine », Chapell Hill, University of North Carolina Press, 1961 ; rĂ©impression Greenwood Press, 1977.
  • Anatole Cerfberr et Jules Christophe, RĂ©pertoire de « La ComĂ©die humaine » de Balzac, introduction de Paul Bourget, Paris, Calmann-LĂ©vy, 1893.
  • Charles Lecour, Les Personnages de « La ComĂ©die humaine », Paris, Vrin, 1967.
  • FĂ©lix Longaud, Dictionnaire de Balzac, Paris, Larousse, 1969.
  • Fernand Lotte, Dictionnaire biographique des personnages fictifs de « La ComĂ©die humaine », avant-propos de Marcel Bouteron, Paris, JosĂ© Corti, 1952.
  • FĂ©licien Marceau, Les Personnages de « La ComĂ©die humaine », Paris, Gallimard, 1977, 375 p.
  • FĂ©licien Marceau, Balzac et son monde, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1970 ; Ă©dition revue et augmentĂ©e, 1986, 684 p. (ISBN 2070706974).
  • Anne-Marie Meininger et Pierre Citron, Index des personnages fictifs de « La ComĂ©die humaine », Paris, Bibliothèque de la PlĂ©iade, 1981, t. XII (ISBN 2070108775), p. 1565-1566.
  • Anatole Cerfberr et Jules Christophe, RĂ©pertoire de « La ComĂ©die humaine » de Balzac, introduction de Boris Lyon-Caen, Éditions Classiques Garnier, 2008 (ISBN 9782351840160).

Articles connexes

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