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Radio numérique

La radio numérique est la diffusion de programmes de radio sous forme numérique, soit par radiodiffusion numérique hertzienne terrestre, soit par satellite et par Internet.

Principe

Contrairement à la radio analogique hertzienne (AM ou FM) où le son sous forme de signal électrique est transporté tel quel dans l'onde porteuse, la radio numérique envoie un son qui est d'abord numérisé puis compressé selon différentes techniques afin d'être transmis en optimisant la bande passante.

Ce signal numérique peut être diffusé en temps réel (streaming) ou enregistré et laissé à disposition pendant un certain temps (podcasting).

Il existe deux modes principaux de diffusion de la radio numérique :

  1. La radio numérique par Internet : le signal peut être reçu à partir de tout terminal connecté à Internet avec ou sans fil à travers différents types de lecteurs en fonction du format du « stream » (MP3, WMA, AAC, etc.) ;
  2. La radio numérique terrestre (RNT), équivalent de la télévision numérique terrestre (TNT), garde le principe d'une fréquence allouée à la chaîne de radio, mais cette fréquence est unique à l'échelle nationale. Cette radio numérique terrestre nécessite, pour être captée, un poste radio numérique.

Avantages

  • La qualitĂ© du son est amĂ©liorĂ©e en radiodiffusion numĂ©rique par rapport Ă  la radiodiffusion analogique (rapport signal/bruit, bande passante et diaphonie bien meilleurs, absence d'interfĂ©rences entre stations par rapport aux procĂ©dĂ©s de modulations analogiques AM ou FM) ;
  • Un peu plus de radios : il est possible de diffuser plusieurs radios sur la mĂŞme frĂ©quence en compressant le signal. Cela est intĂ©ressant pour les radios commerciales qui cherchent Ă  s'implanter dans les villes oĂą la bande FM est saturĂ©e ;
  • PossibilitĂ© de vĂ©hiculer de l'information associĂ©e (musique : titre et auteur du morceau, donnĂ©es complĂ©mentaires d'information par exemple les coordonnĂ©es GPS d'un accident dans un flash routier, etc.) ;
  • PossibilitĂ© de diffuser le son en multicanal.

Inconvénients

  • Risque d'absence de signal (dĂ©crochage) dans les zones Ă  rĂ©ception difficile (un exemple typique sont les pentes de la Croix rousse Ă  Lyon). Avec le numĂ©rique soit le signal passe, soit il ne passe pas. En analogique, on pouvait Ă©couter un signal dĂ©gradĂ©. En numĂ©rique, ce ne sera pas le cas. Toutefois, un signal numĂ©rique est bien moins sensible aux interfĂ©rences du fait de la correction d'erreurs ;
  • Augmentation du nombre d'Ă©metteurs et des dĂ©penses associĂ©es : selon l'Union europĂ©enne de radio-tĂ©lĂ©vision (UER) dans son document technique « Cost-benefit analysis of FM, DAB, DAB+ and broadband for radio broadcasters and listeners » de 2017[1], le nombre d'Ă©metteurs DAB de la zone France-Allemagne-Italie-Espagne-Royaume-Uni passerait Ă  723 au lieu de 452 Ă©metteurs FM (estimation en 2017) sur cette zone ; toutefois, ce document de l'EBU indique que la puissance totale des Ă©metteurs DAB+ ne dĂ©passera pas celle des Ă©metteurs FM (selon leur modèle mathĂ©matique, au total 595 kW en DAB contre 535 kW en FM) ;
  • Augmentation de la consommation Ă©nergĂ©tique Ă  la rĂ©ception : au contraire de la rĂ©ception FM qui peut ĂŞtre rĂ©alisĂ©e par des composants Ă©lectroniques sobres[2], la rĂ©ception DAB nĂ©cessite un dispositif Ă©lectronique et informatique de dĂ©codage dont la consommation Ă©lectrique s'Ă©lève quasiment au double de la consommation d'un rĂ©cepteur FM, selon l'analyse dĂ©taillĂ©e menĂ©e par Intertek[3], organisme d'inspection et de certification international. Cela sans considĂ©rer par exemple que la syntonisation d'un rĂ©cepteur FM n'a pas besoin d'un afficheur numĂ©rique nĂ©cessitant de l'Ă©nergie Ă©lectrique pour fonctionner, elle peut s'effectuer au moyen d'un simple potentiomètre graduĂ© (pour davantage de prĂ©cision, le recours Ă  une aiguille et pignonnerie associĂ©e est frĂ©quent). Cela reprĂ©sente donc un frein Ă  l'Ă©coute nomade de la DAB ;
  • Avec le passage au numĂ©rique, les radios devront nĂ©cessairement passer par un nouveau prestataire technique appelĂ© « multiplexeur », chargĂ© de coordonner la diffusion de neuf programmes sur une mĂŞme frĂ©quence. Ce multiplexage signe donc la fin de l’autodiffusion, une condition de l'indĂ©pendance totale qui avait permis les radios libres ;
  • Au niveau de l'entitĂ© qui a un message Ă  diffuser, le coĂ»t (transition vers le Terrestrial Digital Multimedia Broadcasting en France par exemple) et l'environnement technique changent (notamment la double diffusion analogique/numĂ©rique avant le « switch off », le basculement dĂ©finitif en numĂ©rique)[4].

DĂ©ploiement

Dans le monde

DĂ©jĂ  lancĂ©e aux États-Unis, en Asie, dans des pays europĂ©ens comme l'Allemagne ou le Royaume-Uni et en Afrique notamment en Tunisie et en AlgĂ©rie[5], la radio numĂ©rique pourrait connaĂ®tre un dĂ©veloppement comparable Ă  celui de la TNT pour la tĂ©lĂ©vision. Le , le rapport du WorldDAB indique que 60 millions de rĂ©cepteurs RNT ont Ă©tĂ© vendus en Europe et Asie-Pacifique, contre 48 un an auparavant[6].

En Europe

En , la vente de récepteurs radio numériques a progressé de 26 % sur un an[7].

La Norvège est le premier pays à complètement supprimer la radio FM pour la remplacer par la Radio Numérique Terrestre[8]. Cette extinction se fait progressivement depuis le début de l'année 2017, la RNT s'installant ainsi tout au long de l'année, non sans quelques difficultés[9]. Celle-ci est disponible depuis 1995 et sept Norvégiens sur dix sont équipés actuellement d'une radio numérique.

L'expansion de la radio numĂ©rique en Europe a cru de 8 % entre 2019 et 2020 pour atteindre 1 697 stations au sein de l'UER, dont 80 % en DAB+[10].

La Suisse prévoit, d'ici 2020 à 2024, le remplacement de la FM par la radio numérique, pendant que le Royaume-Uni et le Danemark y réfléchissent[8] - [11].

Le Portugal et la Finlande ont abandonné le DAB. Les radios finlandaises demandent au gouvernement que la FM soit obligatoire dans les voitures vendues en Finlande.

Le , la Commission européenne a imposé la radio numérique dans les autoradios vendus dans l'Union à partir de 2020[12] - [11].

Normes

Il existe plusieurs procédés de diffusion de radio numérique. Certains sont le fruit de travail de collaboration entre fabricants, centres de recherches et diffuseurs et sont ouverts, ceux-ci sont généralement standardisés par des organismes de standardisation comme l'union internationale des télécommunications (UIT) ou l'ETSI. D'autres sont développés par des entreprises et sont donc propriétaires. On distingue également des différences entre pays et continents.

Quelques standards ouverts :

  • DAB (Digital Audio Broadcasting). Standard europĂ©en pour la radiodiffusion dans les ondes ultra-courtes (VHF, UHF) et micro-ondes (SHF). Elle a donnĂ© naissance Ă  des variantes, comme le DAB+ ou le T-DMB (Terrestrial Digital Multimedia Broadcasting).
  • DRM (Digital Radio Mondiale). Standard mondial pour la diffusion numĂ©rique en ondes courtes, moyennes et longues (<30 MHz).
  • DVB (Digital Video Broadcasting). Standard destinĂ© Ă  l'origine pour la tĂ©lĂ©vision mais qui inclut la diffusion radio. Il se dĂ©cline en plusieurs versions destinĂ©es, Ă  la diffusion par satellite : DVB-S, Ă  la diffusion terrestre hertzienne vers les tĂ©lĂ©viseurs : DVB-T, Ă  la diffusion terrestre vers les mobiles : DVB-H et Ă  la diffusion sur le câble : DVB-C.
  • SDR : standard pour la radio diffusion par satellite, normalisĂ© pour l'Europe par l'ETSI depuis

Quelques standards propriétaires ou partiellement ouverts :

Systèmes propriétaires de diffusion par satellite :

Quelques systèmes abandonnés ou en voie de disparition :

  • ADR, Astra Digital Radio, système de diffusion par satellite.
  • DSR, Digital Super Radio, système de diffusion par câble et satellite. Le son n'est pas compressĂ© et donc la bande passante occupĂ©e sur le canal de transmission est grande.
  • Worldspace, diffusĂ© par satellite sur chaque continent.

Équipements

La radio numérique peut être captée en voiture, sur un terminal de poche ou à la maison avec un récepteur radio compatible. Reste que l'auditeur doit impérativement acquérir un poste compatible avec la norme de diffusion adoptée par les stations de son pays.

Outre l’écoute via ordinateur, de nombreux récepteurs Wi-Fi, dont des radios Wi-Fi domestiques, permettent aujourd’hui l’écoute de radios en ligne. De plus, des récepteurs 3G ou 4G pour la voiture ont également fait leur apparition et il est devenu aisé d’écouter la radio en ligne sur les smartphones.

Pour harmoniser l'offre dans ce domaine, des organismes s'efforcent d'encourager les industriels à développer des récepteurs en commun. Par exemple, le consortium WorldDAB, qui regroupe les intérêts du DAB, avait passé en 2003 un accord avec le consortium DRM pour le développement dans le futur de récepteurs DAB/DRM.

Une autre stratégie de convergence réside dans l'évolution de la radio logicielle (software radio). L'Association pour la Radio Numérique DR, aux côtés du Syndicat national des radios libres[13], milite pour la radio numérique multistandard, dont les premiers récepteurs (compatibles DRM/DAB/AM/FM/MP3) sont actuellement en test.

Un label commun a été créé pour la promotion de la radio numérique en France et en Belgique/Luxembourg.

La diffusion par les relais des réseaux de téléphonie mobile 3G, 4G et 5G constitue une alternative à la RNT classique. En écoutant une web radio avec son smartphone, c'est aussi de la radio numérique terrestre. De plus la mémoire tampon (buffer) utilisée peut limiter les perturbations d'écoute (c'est un mode connecté). Une série d'applications permet l'écoute facile : tune in, radio.fr…

Notes et références

  1. (en) Marcello Lombardo, « Cost-benefit analysis of FM, DAB, DAB+ and broadband for radio broadcasters and listeners » [PDF], Union européenne de radio-télévision (UER), , p. 12.
  2. Andreia Nitescu-Henry, Conception et réalisation d'un récepteur FM complètement intégré sur silicium (Thèse de doctorat en électronique), Université des Sciences et Technologies de Lille, (lire en ligne [PDF]).
  3. (en) « Research Study of Energy Consumption of Digital Radios Upgrade : Phase 1 » [PDF], Intertek, p. 5.
  4. « La radio numérique », RadioScope, .
  5. « TDA de Tamentfoust : Lancement de sa première station expérimentale de la radio numérique terrestre », sur www.elwatan.com, (consulté le ).
  6. « Les ventes de rĂ©cepteurs RNT approchent 60 millions d'unitĂ©s », sur www.lalettre.pro, (consultĂ© le ).
  7. « Ventes de récepteurs numériques en hausse », sur lalettre.pro, (consulté le ).
  8. Brulhatour, « RNT : la Norvège entre dans l'Histoire », La Lettre Pro de la Radio & des Médias - La Puissance du Média Radio,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « La Norvège éteint sa bande FM pour la RNT, non pas sans difficultés », sur www.techni2radio.fr, (consulté le ).
  10. Brulhatour, « Le poids de la radio numérique en Europe », sur www.lalettre.pro, (consulté le ).
  11. « La nouvelle Directive Européenne pour la radio numérique célébrée au Salon de l’Auto de Bruxelles », sur DAB+ BE, (consulté le ).
  12. « La Commission européenne impose la radio numérique dans les autoradios », sur www.lalettre.pro, (consulté le ).
  13. www.snrl.org : Site officiel du Syndicat National des Radios Libres.

Annexes

Bibliographie

  • Romain Bordier, AloĂŻs Kirchner et Jonathan Nussbaumer, Radio numĂ©rique : qui nous rĂ©veillera dans 10 ans ? : EnquĂŞte chez les guerriers de la part d'audience (MĂ©moire de fin d'Ă©tude dirigĂ© par Serge Catoire), Annales des Mines, (lire en ligne [PDF]).
  • Jean-Jacques Cheval, Les radios en France : Histoire, Ă©tat et enjeux, Rennes, ApogĂ©e, coll. « MĂ©dias et nouvelles technologies », , 248 p. (lire en ligne).
  • ClĂ©ment Gariel, La Radio sur Internet : Quel impact du visuel ? (MĂ©moire de fin d'Ă©tude - Section son), ENS Louis-Lumière, (lire en ligne [PDF]).

Articles connexes

Liens externes

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