RĂ©gion de l'Araucanie
La rĂ©gion de l'Araucanie au Chili est une rĂ©gion du pays. L'Araucanie est entourĂ©e au nord par la rĂ©gion du BiobĂo, Ă l'est par l'Argentine et au sud par la RĂ©gion des Fleuves.
RĂ©gion de l'Araucanie | |
Blason |
Drapeau |
Noms | |
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Nom espagnol | RegiĂłn de La AraucanĂa |
Administration | |
Pays | Chili |
ISO 3166-2 | AR |
Capitale | Temuco |
Provinces | 2 |
Communes | 32 |
Intendant | VĂctor Manoli (RN) |
Président du Conseil régional | Alejandro Mondaca Caamaño (PPD) |
Conseillers régionaux | 20 |
SĂ©nateurs | 5 |
Députés | 11 |
DĂ©mographie | |
Population | 957 224 hab. (2017) |
Densité | 30 hab./km2 |
GĂ©ographie | |
CoordonnĂ©es | 38° 54âČ sud, 72° 40âČ ouest |
Superficie | 31 842,3 km2 |
Localisation | |
Localisation de la région au Chili. | |
Liens | |
Site web | www.gorearaucania.cl |
Sa capitale régionale, Temuco, est située à 670 km de Santiago et comptait 245 347 habitants en 2002. Son nom en mapudungun (langue du peuple Mapuche) veut dire eau de Temu, le Temu (en) étant un arbuste odoriférant à fruits comestibles[1].
Histoire
Cette région était à l'époque coloniale, la frontiÚre entre l'empire espagnol "territoire conquis" et le wallmapu "territoire mapuche". Les Mapuches "Araucans" combattirent les Espagnols, puis le gouvernement chilien jusqu'à la fin du XIXe siÚcle.
Le fleuve Bio-Bio marque la limite naturelle entre le Chili central et le Chili mĂ©ridional et marque aussi la frontiĂšre nord de l'Araucanie. Jamais les Incas ne s'aventurĂšrent au delĂ du Bio-Bio car leur science militaire et leurs armes ne pouvaient rien contre un peuple insaisissable, volontiers anthropophage, dissimulĂ© dans l'Ă©paisseur des forĂȘts : les Araucans.
Tant que les conquistadors étaient restés trÚs en deçà de leurs frontiÚres les Araucans n'avaient pas bougé, ce qui se passait au nord ne les intéressant pas. Diego de Almagro, compagnon de François Pizarre, fut le premier Espagnol à leur livrer bataille mais ils contre-attaquÚrent avec une telle vigueur qu'Almagro et les siens durent se replier et revenir à Cuzco les mains vides.
Instruit par la malheureuse expĂ©rience d'Almagro, Pedro de Valdivia partit Ă son tour Ă la conquĂȘte de l'Araucanie en Ă©tendant sa pĂ©nĂ©tration Ă toutes les provinces mĂ©ridionales dont la soumission finit par lui sembler ĂȘtre acquise. Il pense contrĂŽler le pays en Ă©tablissant trois fortins aux environs de Concepcion distants les uns des autres d'une trentaine de kilomĂštres et pourvus chacun d'une garnison solidement armĂ©e. Alors qu'il s'imagine ĂȘtre prĂšs du but, les Araucans dont la rĂ©sistance s'Ă©tait organisĂ©e dans le plus grand secret rĂ©agissent vaillamment en attaquant en masse le fort de Tucapel en 1553. Pas un seul Espagnol ne sortira vivant de la mĂȘlĂ©e tandis que Pedro de Valdivia capturĂ© puis dĂ©pecĂ© vivant servira de pĂąture Ă ses bourreaux.
AprĂšs un temps dâarrĂȘt les hostilitĂ©s reprennent, les Araucans, nâayant plus qu'Ă franchir le Bio-Bio pour se trouver dans les faubourgs de Santiago, se heurtent Ă Francisco de Villagra qui a succĂ©dĂ© Ă Pedro de Valdivia.
Le vice-roi du PĂ©rou, Andres Hurtado de Mendoza, dĂ©cide d'en finir avec la rĂ©sistance araucane et charge son fils Garcia Hurtado de Mendoza de se rendre sur place afin de prendre en main la situation. Le fleuve frontiĂšre reste l'enjeu de la bataille, sa possession dĂ©cidant du sort de la conquĂȘte. Garcia dĂ©cide alors d'entreprendre une action d'envergure par voie maritime afin de prendre les Araucans Ă revers. La flotte qui a Ă©chappĂ© par miracle Ă un naufrage ancre finalement Ă Talcahuano oĂč les Espagnols sont pris Ă partie. Mais cette fois, ils sont en force et puissamment armĂ©s ce qui leur permet de franchir le Bio-Bio. Finalement, les Araucans abandonnent la lutte et font retraite vers le sud. Ă l'endroit oĂč il a remportĂ© sa derniĂšre victoire GarcĂa Hurtado de Mendoza pose les fondations d'une ville : Canete. Celle-ci sera une place forte commandĂ©e par Alonso de Reinoso qui instaurera dans les alentours un rĂ©gime de terreur. Pris dans une embuscade et fait prisonnier, le chef suprĂȘme des Araucans, Caupolican, sera finalement empalĂ© sur un pieu aiguisĂ© sur la grande place de Canete.
Sans flĂ©chir un instant, les Araucans poursuivent la lutte armĂ©e au fil des annĂ©es, une chaĂźne de hĂ©ros assurant la constante relĂšve de lâhĂ©roĂŻsme. Ils la poursuivent mĂȘme jusqu'en 1850 date Ă laquelle il est alors seulement possible de parler d'une sorte d'assimilation qui ne sera jamais de la soumission [2].
En 1860, Antoine de Tounens (1825-1878), un avouĂ© français originaire du PĂ©rigord, dĂ©barque en Araucanie avec le projet de crĂ©er un royaume. Promettant des armes aux Mapuches[3] et profitant d'une lĂ©gende d'un sauveur blanc qui les mĂšnera Ă la victoire[4], il gagne Ă ses projets l'enthousiasme de quelques lonco Mapuches[3] qui voient en lui le sauveur qui les libĂ©rera des autoritĂ©s chiliennes, et l'Ă©lisent toqui (chef de guerre) suprĂȘme des Mapuches[5] - [6] - [7] - [8] - [9]. Antoine de Tounens s'autoproclame[10] - [11] - [12] - [13] - [14] - [15] ou se fait proclamer[16] - [17] roi et par deux ordonnances du et du fonde le Royaume d'Araucanie et de Patagonie.
Antoine de Tounens écrit dans ses mémoires : « Je conçus le projet de me faire nommer chef des Araucaniens. Je m'ouvris à ce sujet à plusieurs caciques des environs de l'Impérial, et, aprÚs avoir reçu d'eux le meilleur accueil, je pris le titre de roi, par une ordonnance du , qui établissait les bases du gouvernement constitutionnel héréditaire fondé par moi » « Le , je rentrai en Araucanie pour me faire reconnaßtre publiquement roi, ce qui eut lieu les 25, 26, 27 et dernier. N'étions-nous pas libres, les Araucaniens de me conférer le pouvoir, et moi de l'accepter? »[18]. Trois jours plus tard, le , par une ordonnance il déclare « La Patagonie est réunie dÚs aujourd'hui à notre royaume d'Araucanie » [19] - [20].
Antoine de Tounens est finalement arrĂȘtĂ© par les troupes chiliennes le . La cour de justice de Santiago le dĂ©clare fou le , et ordonne son internement dans un asile d'aliĂ©nĂ©s[21]. GrĂące Ă l'intervention du consul gĂ©nĂ©ral de France, il est libĂ©rĂ© et embarque pour la France le . LĂ , il lance une souscription en faveur de son royaume qui ne rencontre que les moqueries de la presse. Ayant nĂ©anmoins tentĂ© Ă plusieurs reprises de regagner l'Araucanie, il sera expulsĂ© Ă chaque fois par les autoritĂ©s chiliennes ou argentines, et mourra Ă Tourtoirac (Dordogne) en 1878.
Aujourd'hui
Les Mapuches sont encore majoritaires dans la région, et leur langue, le mapudungun, est à présent enseignée dans les écoles. Divers journaux et radios utilisent la langue Mapuche. Leur mode de vie a notamment intéressé le peintre Johann Moritz Rugendas.
Les populations mapuches ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de redistributions de terres lors de la rĂ©forme agraire de Salvador Allende. Celle-ci est toutefois rĂ©voquĂ©e par la dictature militaire d'Augusto Pinochet, qui promulgue une loi de privatisation des biens publics, vendant Ă des gĂ©nĂ©raux Ă la retraite et Ă des hommes d'affaires les terres mapuches. Ces derniers dĂ©tiennent aujourd'hui trois millions dâhectares[22].â
La situation n'est malgré tout pas réglée, car les Mapuches revendiquent des droits sur des terres qui leur appartenaient par le passé et qui sont de nos jours aux mains de grands propriétaires terriens voire de multinationales chargées d'exploiter les ressources forestiÚres. Depuis plusieurs années, des manifestations violentes opposent les Mapuches et les forces de l'ordre.
Un réveil de la culture Mapuche est perceptible dans la région et au niveau du pays, un nouvel attrait pour les autochtones s'est développé, mais les lois devant les protéger ne sont pas encore toutes véritablement adaptées à leur situation.
L'exclusion est encore monnaie courante vis-à -vis des autochtones et l'administration est avant tout dirigée par les descendants des créoles.
Le conflit semble s'intensifier en 2021, alors que des militants mapuches mÚnent des attaques et des incendies contre de grandes exploitations forestiÚres, conduisant le gouvernement de Sebastiån Piñera à décréter un état d'urgence à la mi-octobre et à militariser la région. Les actions des forces de l'ordre ont fait plusieurs morts dans la population civile[23].
GĂ©ographie
Les parcs nationaux qui jalonnent la rĂ©gion d'Araucanie sont nombreux et majestueux. Mais le plus atypique est certainement celui du volcan Lonquimay. Le , surgit des flancs nord-est du Lonquimay (2 865 m), un cĂŽne qui projeta laves et cendres durant prĂšs d'une annĂ©e. La haute teneur en fluor et les propriĂ©tĂ©s abrasives des cendres qui couvraient toute la rĂ©gion entraĂźnĂšrent la perte de quelques milliers de tĂȘtes de bĂ©tail du cheptel local. Le spectacle qui en rĂ©sulte est extraterrestre. Des cĂŽnes noirs dominent des pentes de sable rouge. Des araucarias recommencent Ă peupler les sommets. L'eau vive coule Ă nouveau, creusant son chemin dans les conduits souterrains obstruĂ©s.
Plus au Sud, Melipeuco, petit centre urbain Mapuche, nous replonge dans les Andes traditionnelles. Les gaĂșchos chiliens sillonnent la campagne Ă cheval dirigeant leurs petits troupeaux de vaches et de moutons, mais avec tĂ©lĂ©phone portable et Internet.
Subdivisions administratives
Divisions administratives de la région de l'Auricanie | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Ăconomie
La région tire des revenus de l'agriculture (blé, avoine, production de fruits), mais principalement du tourisme (lacs et soleil en été, ski en hiver).
RĂ©gion pauvre Ă la fin des annĂ©es 1970, elle est devenue beaucoup plus prospĂšre ce qui a permis d'amĂ©liorer les infrastructures publiques. La nouvelle autoroute Santiago - Puerto Montt a rapprochĂ© la rĂ©gion du principal aĂ©roport du pays (par oĂč sont exportĂ©s les fruits) et les ports de Valdivia et Puerto Montt.
Attraits
La région dispose de plusieurs centres touristiques importants dont celui du volcan Villarrica et Pucón, particuliÚrement apprécié par les touristes étrangers et la jeunesse dorée de Santiago.
Référence littéraire
La rĂ©gion est dĂ©crite par Jules Verne dans Les Enfants du capitaine Grant : «Arauco est la capitale de l'Araucanie, un Ătat long de cent cinquante lieues, large de trente, habitĂ© par les Molouches, ces fils aĂźnĂ©s de la race chilienne chantĂ©s par le poĂ«te Ercilla. Race fiĂšre et forte, la seule des deux AmĂ©riques qui n'ait jamais subi une domination Ă©trangĂšre... » (tome 1 des Enfants du capitaine Grant, chapitre XI : TraversĂ©e du Chili, page 111 dans une Ă©dition de 1924 mise en rĂ©fĂ©rence en image ci-contre)
Notes et références
- (en) « Monographs Details: Blepharocalyx cruckshanksii (Hook. & Arn.) Nied. », sur World Flora Online (consulté le ).
- Jean Descola, Les Conquistadors, Paris, Tallandier, , 601 p. (ISBN 979-10-210-2979-8), p. 439 - 466
- Christian Rudel, Le Chili, KARTHALA Editions, (lire en ligne), p. 114.
- Bruno Fuligni, L'Etat c'est moi : histoire des monarchies privées, principautés de fantaisie et autres républiques pirates, Editions de Paris, (lire en ligne), p. 97.
- Marc Blancpain, Orllie Antoine Ier : roi d'Araucanie et de Patagonie, P. Fanlac, (lire en ligne), p. 63.
- Herbert Wendt, The Red, White, and Black Continent : Latin America, Land of Reformers and Rebels, Doubleday, (lire en ligne), p. 271.
- Ămile Housse, Une ĂpopĂ©e indienne : les Araucans du Chili ; histoire, guerres, croyances, coutumes, du XIVe au XXe siĂšcle, Plon, (lire en ligne), p. 281.
- Tommie Junior Hillmon, A History of the Armed Forces of Chile from Independence to 1920, Syracuse University, (lire en ligne), p. 124.
- Gareyte, Jean-François., Le rĂȘve du sorcier : Antoine de Tounens, roi d'Araucanie et de Patagonie : une biographie, t. 1, PĂ©rigueux, La Lauze, , 720 p. (ISBN 978-2-35249-052-4, OCLC 951666133), p. 159
- Jorge FernĂĄndez Correa, El naufragio del naturalista belga, RIL Editores, (lire en ligne), p. 251.
- Carlos Foresti Serrano, Eva Löfquist, Ălvaro Foresti, MarĂa Clara Medina, La narrativa chilena desde la independencia hasta la Guerra del PacĂfico, Editorial AndrĂ©s Bello, (lire en ligne), p. 63.
- Procesos, CorporaciĂłn Editora Nacional, (lire en ligne), p. 64.
- Patagonia : History, Myths and Legends, Duggan-Webster, (lire en ligne), p. 65.
- Fernando Devot et Pilar GonzĂĄlez-Bernaldo, Emigration politique : une perspective comparative, Harmattan, (lire en ligne), p. 13.
- Axel Maugey, Les Ă©lites argentines et la France,Harmattan, 1998, page 117 (lire en ligne).
- André-Pierre Chavatte, Rendez-vous avec la veuve à Périgueux, BoD 2012, page 132 (lire en ligne).
- Jean Lecompte, Monnaies et jetons des colonies françaises, Editions Victor Gadoury, 2000, page 8 (lire en ligne).
- Antoine de Tounens, Orllie-Antoine 1er, roi d'Araucanie et de Patagonie : son avĂ©nement au trĂŽne et sa captivitĂ© au Chili, relation Ă©crit par lui-mĂȘme, Paris, (lire en ligne), p. 113.
- Antoine de Tounens, Orllie-Antoine 1er, roi d'Araucanie et de Patagonie : son avĂ©nement au trĂŽne et sa captivitĂ© au Chili, relation Ă©crit par lui-mĂȘme, Paris, (lire en ligne), p. 31.
- André Des Vergnes, Antoine de Tounens, 1825-1878 : le conquistador français fondateur du royaume d'Araucanie et de Patagonie, Quartier Latin, (lire en ligne), p. 72.
- Marc de Villiers du Terrage, Conquistadores et roitelets : Rois sans couronne : du roi des Canaries Ă l'empereur du Sahara, Perrin et cie, (lire en ligne), p. 351.
- Rosa Moussaoui, « Chili. Au Wallmapu, les Mapuches veulent récupérer leurs terres », sur L'Humanité,
- « Ălections au Chili: Fabiola Campillai, une candidate en lutte pour des rĂ©formes sociales », sur RFI,
- (es) David Bravo, Osvaldo Larrañaga, Isabel MillĂĄn, Magda Ruiz, Felipe Zamorano, « Anexos al Informe Final ComisiĂłn Externa Revisora del CENSO 2012 », Instituto Nacional de EstadĂsticas,
Voir aussi
Articles connexes
- Antoine de Tounens
- Chili
- GĂ©ographie du Chili
- Gustave Verniory (1865-1949), ingénieur belge ayant élaboré la voie ferrée
- Mapuches
- Occupation de l'Araucanie
- Royaume d'Araucanie et de Patagonie