Quinzaine des cinéastes
La Quinzaine des cinéastes, anciennement Quinzaine des réalisateurs, appelée communément « la Quinzaine », est une sélection parallèle du festival de Cannes créée après les évènements de mai 68 et organisée par la Société des réalisateurs de films (SRF)[1].
Quinzaine des cinéastes | |
Date de création | 1969 |
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Créateur | Costa-Gavras Louis Malle Jacques Deray SRF |
Délégué général | Julien Rejl |
Durée | 11 jours |
Lieu | Théâtre Croisette, JW Marriott Cannes, France |
Site web | quinzaine-cineastes.fr |
La Quinzaine des réalisateurs est renommée « Quinzaine des cinéastes » en juin 2022 pour « être plus inclusive », et le Français Julien Rejl en devient le nouveau délégué général, succédant à l’Italien Paolo Moretti[2].
Manifestation indépendante du festival de Cannes, elle a été créée à l'origine pour le concurrencer et pour montrer des films de tous horizons, réalisés par des cinéastes inconnus. Elle a permis de découvrir de nouveaux talents et a révélé nombre de cinéastes en début de carrière[3].
Historique
Le festival de Cannes s'ouvrit normalement le [4] malgré la révolte étudiante touchant Paris. Les évènements ne l'atteignirent pas dès le début en raison de la distance conséquente de Paris et d'une proximité très relative d'une seule université : celle de Nice[5]. Cependant, le faste des cérémonies choque face à la violence extérieure : des cinéastes n'hésitent plus à crier au scandale. Jean-Luc Godard, François Truffaut, Miloš Forman ou Claude Lelouch envahissent ainsi le Palais des festivals et de vives altercations éclatent entre les réalisateurs et les invités[6]. Certains s'accrochent aux rideaux rouges pour empêcher la projection du film Peppermint frappé. Après d'âpres négociations, le délégué général Robert Favre Le Bret ainsi que le conseil d'administration annulent l'édition et le Festival est clos[7].
La SRF est alors créée par les contestataires cannois - surnommés « les 180 »[8] — ce pour faire face aux évènements et à la censure cinématographique opérant depuis les débuts du Festival[8]. Ces contestataires sont essentiellement issus de la Nouvelle Vague et émettent plusieurs revendications, notamment la suppression de la tenue de soirée et un palmarès établi par le public, deux volontés étant très représentatives d'un désir d'autonomie et d'opposition au sérieux de la grand-messe du cinéma[9] - [10]. Celles-ci sont refusées par le Comité mais d'autres sont acceptées. Les cinéastes n'obtenant pas satisfaction totale, ils décident de créer l'année suivante la Quinzaine[10] - [11].
Une grande partie des 180 souhaitaient acquérir leur propre festival et disposer ainsi d'une réelle liberté. Les organisateurs du Festival leur laissent donc carte blanche après de nouvelles négociations, acceptant cette idée afin de montrer une nouvelle image, plus moderne et ouverte sur le monde. Les fervents défenseurs de la Quinzaine sont Jean-Gabriel Albicocco, Pierre Kast, Jacques Doniol-Valcroze, Michel Mitrani, Louis Malle, Jacques Deray et Costa-Gavras. Gérée par des membres de la SRF de façon indépendante, choisissant eux-mêmes les films faisant partie de la sélection, elle est qualifiée de « contre-festival »[12].
La première édition s'ouvrit donc en montrant une réelle liberté de choix, « sans contraintes idéologiques ni techniques et représentative des cinémas du monde »[13].
En 1973 ou 1974, fut créée par la SRF la sélection Perspectives du Cinéma Français, qui sélectionne les films français[14] - [15]. Les longs-métrages français sont exposés dans cette section au lieu de la quinzaine des réalisateurs à partir de 1980[16]. En 1992, la sélection est renommée Cinémas en France. La qualité de la sélection était néanmoins assez décriée[17]. Finalement la nouvelle déléguée Marie-Pierre Macia supprima la section après l'édition 1998[18] - [19].
En 2018, la Quinzaine est, avec le Festival de Cannes et la Semaine de la critique, la première à signer la « Charte pour la parité et la diversité dans les festivals de cinéma » portée par le Collectif 50/50. Elle s'engage ainsi à fournir des statistiques genrées, en particulier sur le nombre de films soumis à sélection, de publier la liste des membres des comités de sélection et programmateurs et enfin de s'engager sur un calendrier de transformation des instances dirigeantes pour parvenir à la parfaite parité[20].
Prix décernés
La Quinzaine est non compétitive. Cependant, certains prix sont remis par des partenaires :
- Art Cinema Award remis par la Confédération internationale des cinémas d'art et d'essai (CICAE)
- Label Europa Cinemas
- Prix SACD de la Quinzaine des RĂ©alisateurs[21]
- Prix du meilleur court métrage
- Carrosse d'or
En complément, tous les premiers films de la Quinzaine sont éligibles à la Caméra d'or.
Dirigeants
Le délégué général de la Quinzaine est nommé par la SRF et se charge de la programmation de la sélection.
- Pierre-Henri Deleau (1969-1999)
- Marie-Pierre Macia (1999-2002)
- François Da Silva, directeur, programmateur et animateur de salles de cinéma (2003)
- Olivier Père (2004-2009)
- Frédéric Boyer, membre du comité de sélection de la Quinzaine (2010-2011)
- Édouard Waintrop (2012-2018)
- Paolo Moretti (2019-2022)
- Julien Rejl, export Capprici, critique Ă So Film (depuis 2023)
RĂ©trospectives
- 2008 : Rétrospective consacrée à la Quinzaine à l'Action Christine (16-)[1]
- Depuis la création de la section : reprise annuelle au Forum des images
- Reprise de la Quinzaine des réalisateurs à L'Alhambra (Marseille)
Notes et références
- Ariane Beauvillard, « Cannes-sur-Seine, un festival dans le festival », Critikat,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Festival de Cannes : la Quinzaine des réalisateurs est rebaptisée "Quinzaine des cinéastes" pour être "plus inclusive" », sur francetvinfo.fr, .
- Notamment : « Werner Herzog, Rainer Werner Fassbinder, Nagisa Ōshima, George Lucas, Martin Scorsese, Chantal Akerman, Djibril Diop Mambety, Jim Jarmusch, Michael Haneke, Spike Lee, Naomi Kawase, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Sofia Coppola… Et plus récemment Albert Serra, Clio Barnard, Lisandro Alonso, Céline Sciamma, Ruben Östlund, Xavier Dolan, Bertrand Bonello, Alice Rohrwacher, Joshua et Ben Safdie, Miguel Gomes, Chloé Zhao, Robert Eggers… »
Voir sur quinzaine-cineastes.com. - Voir sur festival-cannes.fr.
- Le Festival de Cannes sur la scène internationale, p. 225.
- Ibid, p.230
- Eva Bettan et Olivier Bénis, « Il y a 50 ans, la révolte à Cannes donnait naissance à la Quinzaine des réalisateurs », sur franceinter.fr, .
- Olivier Thévenin, « Le cinéma d’auteur au Festival de Cannes à la S.R.F. et à la Quinzaine des réalisateurs » in Festivals et sociétés en Europe XIXe – XXIe siècles, sous la direction de Philippe Poirrier, Territoires contemporains, nouvelle série - 3 - mis en ligne le 25 janvier 2012 (lire en ligne).
- Ibid, p. 237.
- « Tout savoir sur la Quinzaine des Réalisateurs », sur cnc.fr, .
- Mathilde Serrell, « La quinzaine des réalisateurs : naissance d'une utopie », sur France Culture, .
- Le Monde, 17 avril 1969.
- Le Festival de Cannes sur la scène internationale, p. 244.
- « Qui sommes-nous ? », sur SRF.
- Les Ă©ditions 1984 Ă 1991 sur UniFrance
- Quinzaine des réalisateurs 1980.
- Cinéma, n°490, p.57 et La Revue du cinéma, n° 470.
- « Festival de Cannes 1999 », sur La Croix, .
- Sélection de la 31e Quinzaine des réalisateurs.
- Le Point magazine, « Cannes, premier signataire d'une charte de parité femmes-hommes dans les festivals », sur Le Point, (consulté le ).
- « Les Prix thématiques », sur sacd.fr (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre-Henri Deleau, La Quinzaine des réalisateurs à Cannes: Cinéma en liberté (1969-1993), Éditions de La Martinière, 1993
- Olivier Thévenin, Sociologie d'une institution cinématographique : La SRF et la Quinzaine des réalisateurs, L'Harmattan, 2009 (ISBN 2296094570)
- Bruno Icher, La Quinzaine des réalisateurs. Les Jeunes années 1967-1975, Éditions Riveneuve, 2018
Filmographie
- 2008 : 40 x 15, documentaire réalisé par Olivier Jahan