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Psychologie individuelle

La psychologie individuelle est un ensemble de théories psychologiques et pratiques thérapeutiques élaborées par le médecin autrichien Alfred Adler. Elle s'est développée à la suite de la séparation entre Adler et Sigmund Freud pour divergences de vue, notamment sur la vision freudienne du système pulsionnel.

Adler voit dans le sentiment social un phénomène ayant des racines biologiques qui se développe à la naissance dans la relation mère-enfant pour s'étendre ensuite aux autres membres de la famille et à la société. Il ne s'agit donc pas d'une socialisation de la libido. Certains éthologues reprendront cette théorie.

Genèse

La « psychologie individuelle » de Alfred Adler dĂ©place le principe explicatif des comportements de la « libido » des pulsions sexuelles Ă  la « compensation » du sentiment d'infĂ©rioritĂ©. « ĂŠtre homme, c'est se sentir infĂ©rieur » Ă©crit Adler. La principale problĂ©matique pour l'homme est de "compenser" son sentiment d'infĂ©rioritĂ©. Dans ses premiers travaux, il utilisait, en exemples, le complexe de NapolĂ©on pour illustrer sa thĂ©orie. Des sociologues ont proposĂ© l’existence de ce complexe d’infĂ©rioritĂ© au niveau plus large des rĂ©alisations culturelles, Ă©conomiques et politiques. Adler s’intĂ©ressa tĂ´t Ă  la psychologie des dĂ©sordres physiques et rencontra Sigmund Freud en 1899 avec qui il forma la « SociĂ©tĂ© psychanalytique de Vienne » dont il fut prĂ©sident... Il Ă©tait influencĂ© par les idĂ©es de Hans Vaihinger sur les conduites orientĂ©es vers un but et dĂ©veloppa une « thĂ©orie organique de l’infĂ©rioritĂ© et de la surcompensation ». La divergence avec Freud sur la primautĂ© de la libido et de la notion de refoulement survint en 1911 au « Congrès de psychanalyse » Ă  Weimar et se forma la « SociĂ©tĂ© de psychologie individuelle » en 1912. Adler pense que la thĂ©orie du refoulement doit ĂŞtre remplacĂ©e par le concept des « tendances dĂ©fensives du moi » d’un Ă©tat nĂ©vrotique dĂ©rivĂ© des sentiments d’infĂ©rioritĂ© et de la surcompensation de la « protestation virile » dans une Vienne catholique romaine phallocrate et antisĂ©mite.

La psychologie individuelle est nĂ©e de cette fracture de la « SociĂ©tĂ© psychanalytique de Vienne » et l'Ă©mergence de la « SociĂ©tĂ© de psychologie individuelle ». Depuis lors, aux cĂ´tĂ©s de la psychanalyse freudienne, coexistera la « psychologie individuelle » de Alfred Adler, que son crĂ©ateur propagera jusqu'Ă  sa mort, en 1937, par une activitĂ© intense, partageant son temps entre ses consultations, des cours et des confĂ©rences en Europe et aux États-Unis, des articles et d'importants ouvrages (« GuĂ©rir et Ă©duquer », « Manuel de psychologie individuelle », « La connaissance de l'homme », « Le tempĂ©rament nerveux »). Alors que Freud Ă©tait comme hypnotisĂ© au dĂ©but par sa dĂ©couverte du rĂ´le jouĂ© par la sexualitĂ© dans l'Ă©tiologie des nĂ©vroses, Adler insista d'emblĂ©e sur les « instincts » dominateurs du « moi » et sur les innombrables rivalitĂ©s qui en dĂ©coulent.

Théorie

Contrairement Ă  Freud, Adler Ă©tait persuadĂ© que la personnalitĂ© humaine implique une certaine finalitĂ© ou « tĂ©lĂ©ologie », que son comportement, au sens le plus large du terme, thĂ©orique et pratique, est toujours fonction d'un but orientĂ© dès l'enfance. Il appelle « plan de vie » cette orientation fondamentale, bien antĂ©rieure au fameux « projet fondamental » de Jean-Paul Sartre. Pour Adler, toutes les « valeurs » sont nĂ©es des besoins de la vie sociale et la grande affaire est, Ă  ses yeux, le dĂ©veloppement d'un sentiment communautaire, capable d'harmoniser les exigences individuelles et celles de la sociĂ©tĂ©. NietzschĂ©en, il admet que la vie soit une lutte. L'individu doit s'imposer de quelque manière, chercher Ă  dominer d'une certaine façon. L'Ă©chec de cette tendance dominatrice congĂ©nitale engendre ce qui apparaĂ®t comme le leitmotiv de la psychologie individuelle le « sentiment d'infĂ©rioritĂ© », auquel le nom d'Adler restera liĂ© comme Ă  celui de Jung l'inconscient collectif. Chez l'enfant, qui doit se dĂ©passer sans cesse Ă  un rythme accĂ©lĂ©rĂ©, cette tendance dominatrice est particulièrement forte. Mais, comme la contrainte de son entourage l'oblige Ă  rĂ©primer ses dĂ©sirs, un violent conflit des premières annĂ©es est inĂ©vitable. Adler considère donc que le sentiment d'infĂ©rioritĂ© est « naturel » chez l'enfant dont la faiblesse est rĂ©elle par rapport aux adultes, mais qu'il doit disparaĂ®tre avec le dĂ©veloppement de la personnalitĂ© et il disparaĂ®tra si le besoin d'auto-affirmation dans ce dĂ©veloppement est satisfait d'une manière positive, c'est-Ă -dire socialement ou culturellement valable. Ă€ dĂ©faut, le sentiment d'infĂ©rioritĂ© se cristallise et devient un « complexe ». Pour Adler, toute infĂ©rioritĂ© a pour corollaire automatique la recherche d'une compensation, au niveau dĂ©jĂ  de la vie physiologique. La « compensation » apparaĂ®t ainsi chez lui une notion clĂ©, au mĂŞme titre que celle du « refoulement » chez Freud.

Genèse du sentiment d'infériorité

Lorsqu'un individu naĂ®t avec une infĂ©rioritĂ© organique constitutionnelle physique ou une infĂ©rioritĂ© conventionnelle sociale par attribution des significations et des valeurs, toute une sĂ©rie de processus inconscients se dĂ©clenchent, Ă  la fois physiologiques et psychiques, pour rĂ©tablir un certain Ă©quilibre Ă  engendrer un dĂ©veloppement qui compense d'une manière quelconque cette infĂ©rioritĂ©. La « libido » freudienne, dans cette perspective, apparaĂ®t comme subordonnĂ©e Ă  un « instinct » de domination. Le personnage de Don Juan, par exemple, s'expliquerait mieux par le rĂ´le qu'y jouent la vanitĂ© et la volontĂ© de puissance, plutĂ´t que par l'Ă©rotisme comme tel. Adler pense d'ailleurs qu'il y a des « Don Juan » fĂ©minins, dont le comportement trahit l'intention de dominer et d'humilier l'homme. Il a dĂ©crit sous le nom de « protestation virile » l'attitude de certaines femmes - « garçons manquĂ©s », « femmes phalliques », « viragos », « pĂ©troleuses », ou « amazones », etc. - qui peut conduire aisĂ©ment Ă  la frigiditĂ© ou Ă  l'homosexualitĂ©. Il croit que le besoin de dominer, trouvant aussi l'occasion de s'exercer sous le couvert de la compassion et du dĂ©vouement, pousse des femmes Ă  aimer un ĂŞtre faible ou infirme. Il pense aussi que l'infĂ©rioritĂ© ressentie Ă  cette Ă©poque de la vie puisse jouer un grand rĂ´le dans les nĂ©vroses si frĂ©quentes Ă  l'âge critique.

Étant donnĂ© le rĂ´le quasiment exclusif attribuĂ© par Adler Ă  la visĂ©e compensatoire, il n'est pas Ă©tonnant que son interprĂ©tation des rĂŞves diffère en tous points de celle de Freud. Il ne lui importe nullement de chercher en eux les traces d'un traumatisme initial, Ă©tant persuadĂ© que tous les souvenirs oniriques sont Ă©voquĂ©s par rapport Ă  une projection vers un avenir proche ou lointain. Le rĂŞve a pour sens, affirme-t-il, de prĂ©parer par des tâtonnements une voie Ă  la supĂ©rioritĂ© dĂ©sirĂ©e par le dormeur et de crĂ©er en lui un certain Ă©tat affectif, une sorte d'entraĂ®nement inconscient propre Ă  lui faciliter la confrontation avec certaines difficultĂ©s rencontrĂ©es par son besoin particulier d'affirmation. La fixation d'un sentiment d'infĂ©rioritĂ© peut avoir des consĂ©quences très diverses. Outre le cas d'une infĂ©rioritĂ© rĂ©elle, organique ou fonctionnelle, très souvent hĂ©rĂ©ditaire, accidentelle ou congĂ©nitale ou encore simplement conventionnelle (l’anomalie de l'enfant roux, par exemple, ou porteur de lunettes ou encore n’importe quelle diffĂ©rence avec les « autres »). Elle peut avoir pour origine une Ă©ducation maladroite (parents tyranniques ou trop vaniteux, qui comparent sans cesse leurs enfants avec d'autres plus douĂ©s) ou une situation sociale frustrante (enfants de prolĂ©taires notamment, dont le dĂ©veloppement se heurte Ă  des obstacles matĂ©riels, sociaux et psychologiques). Il y a une situation particulièrement grave lorsqu'il s'agit d'orphelins abandonnĂ©s ou Ă©levĂ©s par l'Assistance publique. Des circonstances particulières peuvent Ă©galement jouer un rĂ´le dĂ©terminant: l'introduction dans le cercle familial d'un nouveau venu, le plus souvent un petit frère ou une petite sĹ“ur, qui capte un intĂ©rĂŞt dont l'enfant bĂ©nĂ©ficiait seul jusqu'alors. Inversement, un cadet pourra se sentir Ă©crasĂ© par ses frères ou sĹ“urs plus âgĂ©s.

Un tel inventaire pourrait ĂŞtre considĂ©rablement allongĂ©. Il suffit de comprendre, en l'occurrence, que ces diverses causes comptent moins pour Adler que leurs consĂ©quences qui entraĂ®nent la formation d'un certain « plan de vie ». ConsĂ©quences elles-mĂŞmes nombreuses et variables, encore qu'elles puissent ĂŞtre ramenĂ©es Ă  un dĂ©nominateur commun dont Adler a observĂ© justement le caractère d’ambiguĂŻtĂ© paradoxale. Car elles peuvent se manifester alternativement, parfois chez un mĂŞme individu ou un mĂŞme groupe humain, par une timiditĂ© paralysante et une rĂ©signation excessive, ou par de la forfanterie et du bluff. C’est la surcompensation qui conduit Ă  l’oscillation entre « auto-misĂ©rabilisme » et « auto-glorification », comme le zigzag d’un dĂ©rapage en automobile sur une route glissante Ă  droite corrigĂ© ou compensĂ© par un grand coup de volant Ă  gauche et ainsi de suite.

Types de compensation

Si tout ĂŞtre humain, selon Adler, pense et agit en fonction d'une finalitĂ© qui lui est propre, le nĂ©vrosĂ© est, Ă  ses yeux, celui qui mobilise exagĂ©rĂ©ment ses forces psychiques pour rĂ©agir Ă  un sentiment d'infĂ©rioritĂ© et cela dans un sens orientĂ©, le plus souvent, vers un but fictif de puissance et de supĂ©rioritĂ©. Si son irrationalisme lui fait admettre que toute volontĂ© constitue un effort de compensation au service des « instincts » de domination du « moi », il considère que le besoin de compenser un sentiment d'infĂ©rioritĂ© est, chez les nerveux, Ă  la racine mĂŞme de la volontĂ© et de la pensĂ©e. Adler voit dans l'extrĂŞme susceptibilitĂ© le signe rĂ©vĂ©lateur d'un sentiment d'infĂ©rioritĂ©, en ce qu'elle surgit chaque fois que la personne a le vague sentiment qu'on a mis le doigt sur le dĂ©faut de sa cuirasse. Dans le meilleur des cas, la compensation est positive, voire triomphante. C'est celui de l'individu qui, ayant affrontĂ© rĂ©solument son sentiment d'infĂ©rioritĂ©, l'a surmontĂ© au point que le rĂ©sultat est finalement supĂ©rieur Ă  celui qu'il aurait obtenu si, mieux pourvu au dĂ©part, il s'Ă©tait trop reposĂ© sur un oreiller de paresse.

Ă€ cette sorte de surcompensation, considĂ©rĂ©e comme pleinement valable, Adler oppose d'autres plus frĂ©quentes, mais malheureuses, nĂ©gatives. Compensations dissimulatrices dans le cas de l'individu qui cherche toujours un alibi Ă  ses dĂ©robades devant des dĂ©cisions susceptibles de blesser son amour-propre, qui prĂ©texte son indolence naturelle, sa lassitude, ou se retranche derrière un « Ă  quoi bon ? » d'esprit fort ou de celui qui se complaĂ®t dans un hĂ©roĂŻsme verbal, bluffe les autres et lui-mĂŞme, tombe dans la mythomanie ou qui recourt Ă  la mĂ©disance pour diminuer les mĂ©rites des autres, pour les nier dans leur supĂ©rioritĂ©. On n'en finirait pas d'Ă©noncer les diverses formes de compensation dissimulatrice visant Ă  duper autrui et surtout soi-mĂŞme, par une attitude ou par quelque prouesse compensatoire (excès de vitesse, bravades, paris stupides, beuveries d'Ă©tudiants, etc.). Il a Ă©tĂ© rappelĂ© que le besoin de compenser, selon Adler, puisse fournir en dernier ressort la clĂ© des rĂŞves. Il leur attribue comme fonction de satisfaire fictivement un « instinct de puissance », ainsi qu'en tĂ©moigne la « mĂ©galomanie », ce rĂŞve Ă©veillĂ©, et observe que le dĂ©lire somnambulique lui-mĂŞme trahit ce besoin de domination (le fait de monter sur un toit). Les fugues d'enfants, dues selon Freud Ă  la jalousie Ă  l'Ă©gard du père, Ă  l'hostilitĂ© Ă©prouvĂ©e envers lui, manifestent - dans la perspective adlĂ©rienne - le besoin de sauver un « moi » menacĂ© d'Ă©touffement. Plus frĂ©quemment, la fuite dans la voluptĂ©, avec le sentiment de puissance, d'Ă©chappement Ă  soi qu'elle dispense, constitue un fantĂ´me de compensation.

D'autres formes compensatoires (exploitatrices) comportent elles aussi des modalitĂ©s diverses dont on ne saurait donner une liste exhaustive. C'est l'enfant qui continue Ă  mouiller son lit, comme s'il prĂ©fĂ©rait ĂŞtre plutĂ´t puni que de vivre dans ce qu'il Ă©prouve comme de l'indiffĂ©rence. C'est le nĂ©vrosĂ© qui s'installe dans la maladie, comme s'il trouvait dans la tyrannie exercĂ©e sur son entourage une satisfaction dĂ©passant la misère de son Ă©tat. Ă€ la lumière de la mĂ©decine dite psychosomatique, aujourd'hui en plein essor, maintes idĂ©es adlĂ©riennes sont d'un grand intĂ©rĂŞt, encore qu'elles paraissent trop radicales dans ce domaine, en admettant que tous les troubles sont l'expression symbolique d'une certaine visĂ©e « tĂ©lĂ©ologique ». De toute façon, Adler a le mĂ©rite d'avoir Ă©laborĂ©, bien avant Freud, une thĂ©orie de la personnalitĂ© totale, d'avoir mis en valeur, en montrant l'existence d'une finalitĂ© nĂ©vrotique, les forces du « moi » et leur besoin d'expansion. Les freudiens lui ont reprochĂ© une mĂ©connaissance du rĂ´le de l'inconscient, une distinction très insuffisante entre ses processus et ceux de la conscience. Une telle distinction apparaĂ®t, en effet, comme tout Ă  fait secondaire chez Adler qui estime suffisante la constatation que le sentiment d'infĂ©rioritĂ©, lorsqu'il s'installe, puisse susciter un malaise intĂ©rieur poussant l'individu Ă  s'engager dans un certain type de compensation. Adler a mĂŞme demandĂ© de remplacer le « refoulement », fondement de l’inconscient freudien par des « tendances dĂ©fensives du moi ».

Alfred Adler et le sentiment d'infériorité

La vie mĂŞme d'Adler constitue une illustration de sa thĂ©orie. Enfant chĂ©tif constitutionnel et juif conventionnel, il eut Ă  exercer de bonne heure son Ă©nergie dans un sens qui devait lui permettre de surmonter cette faiblesse constitutionnelle et cette infĂ©rioritĂ© conventionnelle. Ă€ l'Ă©cole, il eut Ă  surmonter de grandes « difficultĂ©s ». Ces conditions particulières inciteront Jung Ă  expliquer par des diffĂ©rences caractĂ©rologiques les divergences de vue entre Adler et Freud : Freud, « extraverti » selon Jung, devait Ă©laborer une thĂ©orie de la libido et attribuer une grande importance au « transfert ». Adler, « introverti », devait mettre tout l'accent sur l'individu prĂ©occupĂ© de lui-mĂŞme et de son propre dĂ©passement. Parmi diffĂ©rentes formes de compensation, voyons ces trois catĂ©gories ouvertes:

1 - Compensation directe en rĂ©action newtonienne de mĂŞme nature que celle de l'infĂ©rioritĂ© ressentie, mais d'orientation opposĂ©e et d'intensitĂ© au moins Ă©gale, comme de grandes performances athlĂ©tiques pour des insuffisances physiques, la richesse financière pour une pauvretĂ© monĂ©taire, une « hystĂ©rocratie » pour une « phallocratie ».

2 - Compensation dans un autre champ, comme un surdéveloppement intellectuel pour un sous-développement physique.

3 - Compensation à un autre niveau, comme la rhétorique qui remplace l'action. L'infériorité sociale conventionnelle peut être aussi compensée par de grandes réussites intellectuelles. À titre d'exemple, la population de l'État de Californie compte 7 % d'individus d'origine extrême-orientale qui représentent pourtant des titulaires d'un doctorat de cet état.

La surcompensation consiste Ă  introduire de plus en plus de la mĂŞme chose, mais de sens contraire, comme un dĂ©rapage Ă  gauche sur une route glissante qui se corrige d'un coup de volant Ă  droite amorçant un zigzag de plus en plus ample jusqu'Ă  la sortie de route. De l'individu aux sociĂ©tĂ©s, ce phĂ©nomène s'observe dans l'oscillation entre « automisĂ©rabilisme » et « autoglorification », de la sous-estimation de soi Ă  la sur-estimation de soi, comme « Austerlitz » qui conduit Ă  « Waterloo ».

Constellation familiale

Adler fut sans doute un pionnier de l'analyse systémique, ce qui passe souvent inaperçu même par les tenants de son courant de pensée. Il revient à l'école Française de psychologie Individuelle d'avoir mis en évidence cet aspect de son œuvre. C'est à partir de ses cas cliniques, toujours brièvement décrits, que l'école française a élaboré des hypothèses pour mettre en évidence la logique des conflits intrafamiliaux qui aboutissent après plusieurs générations aux névroses, psychoses et perversions qui sont les causes des problèmes de délinquance et de maltraitance. Dans ces cas cliniques, qu'il décrit dans "Le tempérament nerveux (dans le sens de névrotique)", "Le sens de la vie", Adler précise le contexte familial dans lequel un sujet manifeste un trouble névrotique. Fréquemment apparait une relation mère-fils privilégiée, en apparence, qui bloque l'autonomie et la socialisation de l'enfant alors que la fille apparait comme une rivale, poussée à rechercher des alliances compensatrices avec le père ou d'autres membres de la famille. Appliqués à l'hôpital psychiatrique, cette approche a permis d'élaborer des modèles qui réunissent les différentes pathologies mentales comme les manifestations d'une désorganisation du système de parenté qui déstructurent le sujet.

Pratique

Abordant la complexité du sentiment d’infériorité dans un contexte social de règles d’attribution de valeurs et significations qui sont de l’ordre de la culture, la psychologie individuelle s’ouvre sur un large éventail de travaux pratiques aussi bien sur le plan collectif que dans l’espace individuel, de l’anthropologie à la politologie en passant par l’éducation et la psychothérapie.

Psychothérapie et éducation

Dans l'espace individuel, la psychothérapie de différentes techniques et des thérapies systémiques familiales pourraient utiliser avec profit le sentiment d'infériorité allié au désir mimétique du modèle-obstacle où, par des subterfuges, le modèle ne serait plus un obstacle, mais encore un rival bienveillant pour l'émulation dans une compétition coopérative.

L'Ă©ducation pourrait utiliser, avec le mĂŞme profit l'alliance du sentiment d'infĂ©rioritĂ© avec le dĂ©sir mimĂ©tique dans le cadre d'une approche Ă©cosystĂ©mique de la ThĂ©orie des contextes en installant un contexte de règles d'interaction et un environ physique adĂ©quats, de telle manière que le comportement attendu de l'apprenant apparaisse tout seul et sans difficultĂ©, comme une rĂ©ponse appropriĂ©e Ă  ce contexte et Ă  cet environnement, suivant l'expression oĂą « rien ne rĂ©ussit plus que la rĂ©ussite, en amĂ©nageant de petites rĂ©ussites qui grossissent et s'amplifient comme une boule de neige roulant sur une pente enneigĂ©e ». Il s'agit d'amĂ©nager une rĂ©troaction positive auto amplificatrice en « runaway » limitĂ© et maĂ®trisĂ©.

Pour le traitement paradoxal, Ă  la manière de Jay Haley, ce serait jouer avec son sentiment d'infĂ©rioritĂ© en le portant comme un flambeau ou Ă©tendard, par autodĂ©rision, comme ce slogan italien « Courage, fuyons », comme cette phrase cĂ©lèbre de Coluche, ce petit « rital » de la banlieue : « Je ne suis pas un nouveau riche, mais un ancien pauvre ». Il y avait aussi Benjamin Franklin qui s'est prĂ©sentĂ© Ă  la Cour du Roi de France, sans perruque.

Au sentiment d'infériorité par impuissance apprise, la contre-mesure serait une puissance apprise par le phénomène humain des prédictions qui se réalisent d'elles-mêmes, en allant de petits succès en grands succès où rien ne réussit plus qu'une réussite aussi bien dans l'espace individuel que sur le plan collectif. Ce phénomène des prédictions qui se réalisent d’elles-mêmes est illustré par un exemple biomédical de l’effet placebo où des éléments inactifs arrivent à guérir sur la base d’une croyance profonde à cette guérison. Alors, les petits succès augmentent la confiance en soi et l’estime de soi qui devient plus entreprenant, lorsque chaque succès encourage à entreprendre pour obtenir d’autres succès, au risque de sortir des compétences fraîchement acquises.

Sur le plan collectif, cette contre-mesure s’opère à travers une coopération compétitive entre différents groupes pour la réussite de l’équipe tout entière étendue, de propre en proche, à une nation, comme il s’est vu dans l’histoire. En politologie, les exemples de décolonisation sont nombreux pour s’affranchir de l’impuissance apprise imposée par la règle coloniale de dévaloriser le colonisé pour sa soumission psychique qui mène à sa soumission physique.

Références bibliographiques

Alfred Adler :

  • Le tempĂ©rament nerveux[1], 1912 (Payot, 1948)
  • La connaissance de l'homme[2], 1927 (Payot, 1949)
  • Le sens de la vie[3], 1933 (Payot, 1950)

Autres :

  • Ichiro Kishimi et Fumitake Koga, Avoir le courage de ne pas ĂŞtre aimĂ©, Guy Tredaniel, , 280 p. (ISBN 9782813217899)

Articles connexes

Références

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