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Prétopologie

La prétopologie[1] - [2] - [3] est une théorie mathématique pour l’analyse, la modélisation et la construction dans les domaines les plus variés : modélisation pour les sciences humaines et sociales, application en théorie des jeux, extension de la notion de graphe, modèles de réseaux complexes, agrégation des préférences, ou plus généralement mathématisation des espaces discrets[4]. La prétopologie a pour objet la « modélisation du concept de proximité ».

Théorie mathématique

Classiquement, la théorie mathématique ayant pour objet la modélisation du concept de proximité est la topologie. De ce domaine relèvent les concepts classiques :

En fait, dans de nombreuses situations pratiques, les utilisateurs se restreignent, dans leurs modèles, à l’utilisation de structures métriques, moins générales mais plus commodes à manipuler. Mais les exigences axiomatiques de la topologie – et a fortiori de la métrique – sont telles qu’elles sont souvent peu compatibles avec les réalités du domaine dont on cherche à modéliser le concept de proximité. D’où l’idée d’envisager la construction d’une théorie ayant une axiomatique moins contraignante que celle de la topologie : c’est ce que propose la prétopologie[5].

On peut montrer alors que, avec une axiomatique très restreinte par rapport à celle de la topologie, et donc plus apte à modéliser des situations de terrain, on peut généraliser en prétopologie les concepts de base de la topologie (adhérence et intérieur, fermeture et ouverture, voisinage, continuité, compacité, connexité, produits d’espaces)[6].

Applications

Parmi les perspectives d’application offertes par la prétopologie on peut citer :

  • la thĂ©orie des graphes, avec comme corollaire un bon outil de gestion des concepts de « proximitĂ© » induits par une relation binaire, ou une relation valuĂ©e et un certain nombre d’applications dans le domaine de la formation de groupes sociaux ;
  • certains aspects de la thĂ©orie des jeux tels ceux qui portent sur le problème de la formation des coalitions ;
  • des mĂ©thodes de classification utilisables sur des ensembles dotĂ©s, non pas de structure mĂ©trique, mais simplement dotĂ©s de structure prĂ©topologique ;
  • le concept « d’espace prĂ©fĂ©renciĂ© » qui permet reformuler et gĂ©nĂ©raliser des rĂ©sultats obtenus avec des prĂ©fĂ©rences qui sont au moins des prĂ©ordres ;
  • la reconnaissance des formes ou le traitement d'images[7] ;
  • ou encore tout simplement la possibilitĂ© de munir des ensembles finis sur lesquels il n’est pas possible de construire une mĂ©trique traditionnelle de structures « de proximitĂ© » autre que celles fournies par des topologies triviales[8].

D’autres applications, étendant les concepts proposés par la prétopologie, permettent d’aborder la modélisation de systèmes complexes en Sciences humaines et sociales, avec, par exemple, des problématiques relatives à la santé ou à l'environnement, de proposer des solutions originales pour la fouille de données ou encore des outils de modélisation pour la biologie de l’évolution.

DĂ©veloppements

Prétopologie généralisée

Il s'agit de développements théoriques de la prétopologie en cherchant à s'affranchir de la notion de référentiel global[9].

Structures pauvres

Le concept de structure prétopologique a été imaginé parce que dans certains domaines, comme celui des sciences sociales, l'axiomatique de la topologie était incompatible avec les exigences du terrain. On peut encore chercher à affaiblir l'axiomatique de la prétopologie pour obtenir des structures pauvres[8].

Apports de l’informatique

Jusqu’à présent, les difficultés à gérer des ensembles munis d’un nombre élevé fini d’objets a été un frein à l’utilisation pratique de l’outil prétopologique. Mais le développement des moyens de calcul combiné avec la construction d’algorithmes adaptés rend désormais réalisables des applications à des problèmes concrets. En particulier, les algorithmes usuels relevant de la théorie des graphes, tel les algorithmes de calcul d’une fermeture transitive ou des fermés minimaux, servent de base à la mise au point d’algorithmes prétopologiques : on montre notamment que l’algorithme de calcul de la fermeture prétopologique d’un ensemble de sommets dans un graphe peut être construit à partir d’algorithmes de fermeture transitive. De la même manière, sur un graphe valué, on peut procéder à une analyse de type « topologique » en construisant a priori une quasipseudométrique à partir des valuations du graphe.

La prétopologie permet le développement de technologies intéressantes pour une raison essentielle : sa souplesse pour assurer le suivi, pas à pas, de processus de description et de transformation d’un ensemble. Ceci correspond très bien aux concepts de l’informatique pour la modélisation et la simulation de phénomènes complexes[10]. Des développements informatiques innovants, notamment la librairie PretopoLIB[11], permettent désormais de manipuler aisément les concepts de la prétopologie et de réaliser des applications en mesure de traiter des collections de données de grande taille, proposant ainsi un outil pédagogique mais également son usage pour la simulation et le prototypage d’applications pour le chercheur.

De fait, la prétopologie s’avère un outil performant de modélisation du concept de proximité (en ne se focalisant pas sur une distance) qui permet de structurer un espace tout en suivant la dynamique de la structuration, pas à pas, à l’inverse de la topologie. Les récents développements informatiques la rendent maintenant totalement opérationnelle.

Notes et références

  1. Marcel Brissaud, Les espaces prĂ©topologiques, Compte-rendu de l’AcadĂ©mie des Sciences, 280 (A) :705–708, 1975
  2. Z. Belmandt, Manuel de Prétopologie, Hermès, 1993 (ISBN 978-2-866-01379-0)
  3. Z. Belmandt, Basics of pretopology, Hermann 2011 (ISBN 978-2-705-68078-7)
  4. Gérard Duru, Contribution à l'étude des structures des systèmes complexes dans les Sciences Humaines, Thèse d’État, Université Lyon 1, 1980.
  5. Jean-Paul Auray, Stéphane Bonnevay, Marc Bui, Gérard Duru et Michel Lamure, Prétopologie et applications : un état de l'art, Studia Informatica Universalis (7)1, 2009 (ISBN 978-2-70566-894-5)
  6. Gérard Duru, Nouveaux éléments de prétopologie, Faculté de Droit et des Sciences économiques de Besançon, 1977.
  7. Michel Lamure, Espaces abstraits et reconnaissance des formes, Thèse d'État, Université Lyon 1, 1987.
  8. Jean-Paul Auray, Contribution Ă  l'Ă©tude des structures pauvres , Thèse d’État, UniversitĂ© Lyon 1, 1982
  9. Marcel Brissaud, Jean-Paul Auray, Gérard Duru, Michel Lamure, Carole Siani, Éléments de prétopologie généralisée, Studia informatica universalis, Hermann Ed. (7)1, pp. 45-78, 2009 (ISBN 978-2-70566-894-5)
  10. Laboratoire LaISC-CHArt, Portail de la prétopologie, sur pretopologie.complexica.net, 2009
  11. Vincent Levorato et Marc Bui, site de la librairie java PretopoLIB

Voir aussi

Bibliographie

  • Robert FĂ©ron, « Quelques gĂ©nĂ©ralisations de la notion de topologie », 91e Congrès national des SociĂ©tĂ©s Savantes,‎
  • Maurice FrĂ©chet, Les espaces abstraits, Hermann, coll. « Les Grands classiques Gauthier-Villars », , 296 p. (ISBN 978-2-87647-056-9, OCLC 417653330)
  • BOUBOU Mounzer, "Contribution aux mĂ©thodes de classification non supervisĂ©e via des approches prĂ©topologiques et d'agrĂ©gation d'opinions", these, Universite Lyon I
  • Mohammed BOUAYAD, "PrĂ©topologie et Reconnaissance des Formes", Thèse de doctorat, Insa de Lyon, 1998 (N° d'ordre 98ISAL0120).
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