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Pouvoir d'arrĂȘt (rayonnement ionisant)

En traversant la matiĂšre, les particules chargĂ©es ionisent les atomes ou les molĂ©cules le long de leur parcours, avec pour consĂ©quence que les particules perdent peu Ă  peu leur Ă©nergie. Le pouvoir d'arrĂȘt est la perte moyenne d'Ă©nergie de la particule par unitĂ© de distance parcourue, mesurĂ©e par exemple en MeV/cm (voir la figure ci-contre).

Pouvoir d'arrĂȘt de l'aluminium pour les protons, en fonction de leur Ă©nergie.

Pouvoir d'arrĂȘt et parcours

Le pouvoir d'arrĂȘt dĂ©pend du type de particule, de son Ă©nergie et des propriĂ©tĂ©s de la matiĂšre traversĂ©e. Parce que la production d'une paire d'ions (typiquement un ion positif et un Ă©lectron) requiert une quantitĂ© moyenne fixe d'Ă©nergie (par exemple, Ă  peu prĂšs 33 eV dans l'air), la densitĂ© d'ionisation est proportionnelle au pouvoir d'arrĂȘt du matĂ©riau.

Les électrons, les ions atomiques, les mésons etc. perdent tous de l'énergie en traversant la matiÚre. Ici, nous considérons surtout des ions atomiques.

Le pouvoir d'arrĂȘt mesure une propriĂ©tĂ© du matĂ©riau, tandis que la perte d'Ă©nergie par cm considĂšre la situation du point de vue de la particule. Mais la valeur et les unitĂ©s sont les mĂȘmes et cette valeur est normalement positive, Ă  cause du signe moins devant la dĂ©finition suivante :

La courbe de Bragg pour les particules alpha de 5,49 MeV dans l'air.

oĂč est l'Ă©nergie, et est la distance parcourue. Le pouvoir d'arrĂȘt, et par consĂ©quent la densitĂ© d'ionisation, augmentent normalement avec la dĂ©cĂ©lĂ©ration, ce que montre la courbe de Bragg, nommĂ©e d'aprĂšs William Henry Bragg. Un peu avant la fin du parcours, la perte d'Ă©nergie passe par un maximum, le pic de Bragg. Ce pic est primordial en radiothĂ©rapie.

Dans la figure ci-contre, on voit que le pouvoir d'arrĂȘt des particules α de 5,49 MeV dans l'air augmente avant d'atteindre un maximum (cette Ă©nergie correspond Ă  la dĂ©sintĂ©gration α du gaz radon 222Rn qui est prĂ©sent dans l'atmosphĂšre des lieux composĂ© de granite).

L'Ă©quation ci-dessus dĂ©finit le pouvoir d'arrĂȘt linĂ©ique qui peut ĂȘtre exprimĂ© en unitĂ©s comme par exemple MeV/mm. TrĂšs souvent, S(E) est divisĂ© par la densitĂ© du matĂ©riau. De cette maniĂšre, on obtient le pouvoir d'arrĂȘt massique qui peut ĂȘtre exprimĂ© en unitĂ©s comme par exemple MeV/mg/cm2. Le pouvoir d'arrĂȘt massique ne dĂ©pend pas de la densitĂ©, approximativement.

On peut calculer le parcours moyen en intĂ©grant la rĂ©ciproque du pouvoir d'arrĂȘt S(E) sur la quantitĂ© d'Ă©nergie.

Absorption de divers faisceaux par l'eau : en bleu et rouge, des courbes de Bragg pour les protons de 250 MeV, en vert l'absorption de rayons gamma passant par la CrĂȘte de Tavernier.

La figure de gauche montre l'absorption par l'eau d'un faisceau de protons accélérés à 250 MeV (courbe rouge); cette courbe a un pic trÚs aigu. Pour irradier une tumeur plus épaisse en radiothérapie, on peut élargir cette pointe en faisant varier l'énergie de l'accélérateur ou en utilisant un matériau absorbant (courbe bleue).

Cette figure montre Ă©galement l'absorption d'un faisceau de photons de haute Ă©nergie (courbe verte). Cette courbe est tout Ă  fait diffĂ©rente. Elle a essentiellement une dĂ©croissance exponentielle aprĂšs un passage par un maximum appelĂ© crĂȘte de Tavernier du nom du physicien belge Guy Tavernier qui dĂ©couvrit le phĂ©nomĂšne en 1948. Cette allure de courbe est Ă©galement celle que l'on obtient pour des faisceaux de neutrons et les rayons X et gamma. Le photon ne perd pas son Ă©nergie progressivement par des ionisations successives, mais il perd souvent toute son Ă©nergie en une seule ionisation. L'absorption des photons n'est pas dĂ©crite par le pouvoir d'arrĂȘt, mais par un coefficient d'absorption.

Pouvoir d'arrĂȘt Ă©lectronique, nuclĂ©aire et radiatif

Le pouvoir d'arrĂȘt Ă©lectronique provient du ralentissement par les collisions inĂ©lastiques entre les Ă©lectrons du matĂ©riau et l'ion passant. Ces collisions engendrent des excitations et des ionisations des Ă©lectrons du matĂ©riau, ainsi que des Ă©lectrons de l'ion.

Au-dessus d'une Ă©nergie d'environ cent keV par nuclĂ©on, on peut calculer le pouvoir d'arrĂȘt Ă©lectronique avec une prĂ©cision de quelques pour cent, en utilisant par exemple la formule de Bethe. Pour les Ă©nergies plus basses, le calcul devient plus difficile[1].

Pouvoir d'arrĂȘt de l'aluminium pour les ions aluminium, en fonction de l'Ă©nergie des ions. Typiquement, le maximum du pouvoir d'arrĂȘt nuclĂ©aire se situe autour de 1 keV par nuclĂ©on, et le maximum du pouvoir d'arrĂȘt Ă©lectronique au-dessus de 100 keV par nuclĂ©on.

On trouve en ligne les valeurs expĂ©rimentales du pouvoir d'arrĂȘt Ă©lectronique pour beaucoup d'ions et de matĂ©riaux[2]. La prĂ©cision de ces tables de pouvoir d'arrĂȘt Ă©lectronique a Ă©tĂ© analysĂ©e par exemple par H. Paul[3].

Le pouvoir d'arrĂȘt nuclĂ©aire est produit par les collisions Ă©lastiques entre l'ion et les atomes du matĂ©riau (cependant, l'expression nuclĂ©aire n'a rien Ă  voir avec les forces nuclĂ©aires, c'est-Ă -dire l'interaction forte[4]). Si la forme du potentiel rĂ©pulsif entre l'ion et l'atome est connue, on peut calculer le pouvoir d'arrĂȘt nuclĂ©aire . Sur la figure en haut de l'article pour les protons dans l'aluminium, la contribution nuclĂ©aire est nĂ©gligeable partout, sauf pour les plus basses Ă©nergies. Mais si la masse de l'ion est plus grande, la contribution nuclĂ©aire augmente Ă©galement. Sur l'image ci-contre, pour des ions aluminium, le pouvoir d'arrĂȘt nuclĂ©aire Ă  basse Ă©nergie est dĂ©jĂ  plus grand que le pouvoir d'arrĂȘt Ă©lectronique.

Par consĂ©quent, pour les Ă©nergies pas trop importantes, le pouvoir d'arrĂȘt est la somme de deux contributions : . Aux Ă©nergies plus Ă©levĂ©es, on doit considĂ©rer Ă©galement le pouvoir d'arrĂȘt radiatif gĂ©nĂ©rĂ© par l'Ă©mission du rayonnement continu de freinage dans le champ Ă©lectrique des noyaux du matĂ©riau traversĂ©[4].

Il existe diffĂ©rents modĂšles semi-empiriques pour calculer le pouvoir d'arrĂȘt, notamment le modĂšle de Ziegler, Biersack et Littmark dĂ©crit Ă  l'origine dans leur ouvrage[5] et dĂ©sormais largement utilisĂ© par l'intermĂ©diaire de programmes tĂ©lĂ©chargeables[6].

Références

  1. (en) P. Sigmund, Particle Penetration and Radiation Effects : General Aspects and Stopping of Swift Point Charges, Springer, coll. « Solid-state sciences », , 437 p. (ISBN 978-3-540-31713-5, présentation en ligne)
  2. Une collection de mesures expérimentales compilée par H. Paul sur le site de l'université de Linz
  3. (en) H. Paul, A comparison of recent stopping power tables for light and medium-heavy ions with experimental data, and applications to radiotherapy dosimetry, vol. 247 issue 2, Elsevier Science, coll. « Nucl. Instrum. Methods Phys. Res. B », (ISSN 0168-583X, présentation en ligne), p. 166-172
  4. ICRU Report 60: Fundamental Quantities and Units for Ionizing Radiation. International Commission on Radiation Units and Measurements, Bethesda, MD, USA (1998)
  5. J. F. Ziegler, J. P. Biersack et U. Littmark, The Stopping and Range of Ions in Matter, vol. 1, Pergamon Press, (ISBN 0-08-021603-X)
  6. La page de téléchargement du logiciel SRIM chez J.F. Ziegler

Liens externes

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