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Poupée Lupita

Les poupĂ©es Lupita, Ă©galement connues sous le nom de poupĂ©es cartonerĂ­a, sont des jouets fabriquĂ©s Ă  partir d'un type de papier mĂąchĂ© trĂšs dur qui a ses origines il y a environ 200 ans dans le centre du Mexique. Elles sont crĂ©Ă©es Ă  l'origine pour remplacer les poupĂ©es en porcelaine, beaucoup plus chĂšres, et conservent leur popularitĂ© jusqu'Ă  la deuxiĂšme moitiĂ© du XXe siĂšcle oĂč elles sont concurrencĂ©es en tant que jouets par les poupĂ©es en plastique. Aujourd'hui, elles sont fabriquĂ©s uniquement par certains ateliers d'artisans de la ville de Celaya, en tant qu'objets de collection. Depuis les annĂ©es 1990, des efforts sont dĂ©ployĂ©s pour revitaliser les produits artisanaux d'artistes tels que MarĂ­a Eugenia Chellet et Carolina Esparragoza, parrainĂ©s par le gouvernement, afin de prĂ©server les techniques traditionnelles tout en actualisant les dessins et les formes.

Deux poupées Lupita sur un banc de jouets au Centro Cultural Mexiquense à Toluca.

Les poupées

Poupée Lupita non assemblée et non peinte.

Une poupĂ©e Lupita est une sorte de poupĂ©e en papier mĂąchĂ© qui est fabriquĂ©e principalement par les pauvres avec celles en paille, en bois et en chiffons[1]. La technique du papier-mĂąchĂ© est Ă©galement appelĂ©e cartonerĂ­a, ce qui permet d'obtenir une surface trĂšs dure une fois sĂšche. Cette technique est utilisĂ©e jusqu'Ă  prĂ©sent pour rĂ©aliser de nombreux travaux manuels, notamment pour fabriquer des alebrijes et des personnages squelettiques et autres pour le Jour Des Morts[2]. Les poupĂ©es sont gĂ©nĂ©ralement crĂ©Ă©es Ă  l'aide de moules, un pour la tĂȘte et le torse et d'autres pour les bras et les jambes, avec des bandes de papier en une couche Ă©paisse. Lorsque les cinq piĂšces sont sĂšches, des trous sont percĂ©s afin de relier les bras et les jambes. Les deux bras sont reliĂ©s au corps avec un seul cordon qui s'Ă©tend du haut d'un bras Ă  l'autre bras, en passant par le torse, avec des nƓuds visibles sur le haut. Les jambes sont attachĂ©es de la mĂȘme maniĂšre. Cela permet de dĂ©placer les bras et les jambes des Ă©paules et des hanches, respectivement. Les Lupitas traditionnelles sont peintes dans divers tons de chair et avec d'autres couleurs pour simuler des vĂȘtements ou des sous-vĂȘtements. Sur les poupĂ©es traditionnelles, des motifs de fleurs d’origine otomi sont Ă©galement peints. Celles qui sont peintes avec des sous-vĂȘtements sont ensuite habillĂ©s avec une sorte de costume[2] - [3].

La fabrication de Lupitas est connue principalement Ă  Mexico et dans la ville de Celaya, dans l'Ă©tat de Guanajuato, oĂč elles sont simplement appelĂ©es « muñecas de carton » (poupĂ©es de carton)[3]. À Celaya, les poupĂ©es reçoivent des noms qui sont peints sur la poitrine[4].

Ces poupées sont souvent utilisées avec des chaises, des tables et des assiettes de jeux. Elles sont ordinairement représentées assises sur une chaise miniature[1].

Histoire

Poupée Lupita du XXe siÚcle.
MarĂ­a Eugenia Chellet lors d'un atelier du projet Miss Lupita.

Le papier mĂąchĂ© dur remonte Ă  la fin de la pĂ©riode coloniale et au dĂ©but de la pĂ©riode de l'indĂ©pendance, crĂ©Ă© par les familles les plus pauvres pour imiter les poupĂ©es en porcelaine plus chĂšres d'Espagne[2] - [5]. À Mexico, le nom Lupita est dĂ©rivĂ© du diminutif du nom populaire de filles Guadalupe. Auparavant, elles sont vendues Ă  Mexico dans des endroits tels que le marchĂ© de Sonora (en), oĂč d’autres objets en carton, tels que des figurines de piñatas et de judas, sont encore vendus. Les poupĂ©es restent populaires jusqu'Ă  l'Ăšre des poupĂ©es en plastique commerciales[3]. Un certain nombre d'histoires les entourent. L'une d'elles est qu'une femme qui sent que son mari la trompe achĂšte une de ces poupĂ©es et Ă©crit le nom de sa prĂ©tendue maĂźtresse pour lui faire savoir qu'elle le sait. Une autre histoire raconte qu’elles ont Ă©tĂ© utilisĂ©es dans le passĂ© pour faire de la publicitĂ© pour des bordels Ă  Mexico, chaque poupĂ©e reprĂ©sentant une prostituĂ©e. Les poupĂ©es aux fenĂȘtres indiquent quelles femmes sont disponibles[3].

Cependant, depuis la seconde moitié du XXe siÚcle, elles perdent de leur popularité. Elles ne sont plus fabriqués à Mexico et ne sont disponibles que chez certains artisans de Celaya, vendus non pas en tant que jouets, mais en tant qu'objets de collection[2] - [6]. Ces artisans comprennent Lupita Hernåndez et Luis Alberto Canchola qui en confectionnent de différentes tailles[4].

Depuis les annĂ©es 1990, le gouvernement dĂ©ploie des efforts pour revitaliser cet artisanat. L'un d'entre eux est le « Jugar a las Muñecas » (jouer Ă  la poupĂ©e). Le projet « De las Lupes Ă  Las RobĂłticas » gĂ©rĂ© par l'artiste MarĂ­a Eugenia Chellet, de 1991 Ă  2008, vise Ă  crĂ©er de l'innovation dans les poupĂ©es, en crĂ©ant des images Ă  partir des mĂ©dias, du cirque, des arlequins et des figures animales ou humaines. Les poupĂ©es sont peintes Ă  l’acrylique et ornĂ©es d’objets tels que des vĂȘtements, des perles, des plumes, des rubans, etc. L'objectif principal du projet est de voir les poupĂ©es non pas comme des objets d'artisanat anonymes, mais plutĂŽt comme des Ɠuvres d'art. Ce projet est parrainĂ© par CONACULTA et organise des ateliers et des expositions dans diverses rĂ©gions du Mexique. Il est suivi en 2010 par le projet « Miss Lupita » dirigĂ© par Caroline Esparragoza Ă  Mexico, avec le soutien de Chellet et du « Fondo Nacional para las Artes y Cultura » (fonds national pour les arts et la culture). Le but de ce projet est de prĂ©server les techniques traditionnelles pour fabriquer les poupĂ©es et pour mettre Ă  jour les designs. Les poupĂ©es sont crĂ©Ă©es par des gens ordinaires avec l'aide d'artisans et d'artistes. Les rĂ©sultats sont exposĂ©s au Mexique, au Japon et au Portugal. Il y a mĂȘme un atelier pour les fabriquer au Japon[2].

La cartonería fait un retour en force à Celaya, avec notamment la confection des poupées Lupita[4].

Projet Miss Lupita

Miss Lupita est un projet basé à Mexico qui a pour objectif de faire revivre l'artisanat traditionnel des poupées Lupita L'objectif du projet était de créer des designs plus contemporains à travers une série d'ateliers gratuits au public.

Ateliers Ă  Mexico

Poupée nommée « Pita, la haceadors de soles » (Pita, la faiseuse de soleil), en l'honneur de Pita Amor .

Le projet Miss Lupita est lancĂ© Ă  Mexico en 2010, dans le but de revitaliser l’art de fabriquer des poupĂ©es. Le nom est basĂ© sur celui qu'on leur donne Ă  Mexico, Ă  Celaya, elles sont simplement appelĂ©es poupĂ©es cartonerĂ­a[5]. La base du projet est d'introduire des conceptions nouvelles et contemporaines basĂ©es sur la culture urbaine Ă  travers des ateliers Ă  Mexico[5] - [7].

Le projet est lancĂ© par Carolina Esparragoza en , qui y travaille encore de nos jours[5] - [8]. Elle est nĂ©e Ă  Mexico en 1977. Elle est diplĂŽmĂ©e de l' Escuela Nacional de Pintura, Escultura y Grabado "La Esmeralda" (en) . Outre le projet Miss Lupita, elle travaille sur des projets d'objets vidĂ©o et d'art au sein de groupes tels que « Malestares » et « La misma historia ». Elle expose son travail au Mexique et aux États-Unis[9].

Carolina Esparragoza s'exprimant lors de l'événement « Memoria de un proyecto Miss Lupita ».

Le projet est initialement parrainĂ© par le Fondo Nacional para la Cultura y las Artes (FONCA)[6]. Il inclut Ă©galement inclus la collaboration de l'artiste Maria Eugenia Chellet, de l'artisan Carlos Derramadero et de l'Ă©crivain Ana Clavel[10]. Six ateliers gratuits ont lieu dans diffĂ©rentes parties de la ville de Mexico en 2010 et 2011, la seule exigence Ă©tant la prĂ©sence de six participants. Les ateliers comprennent l’histoire des poupĂ©es et leur fabrication. Ils rĂ©unissent plus de 100 participants, hommes et femmes ĂągĂ©s de 12 Ă  71 ans, incluant des professionnels, des artistes, des artisans, des mĂ©nagĂšres, des Ă©tudiants et des professionnels. Un participant est venu de MaravatĂ­o (en), dans l'Ă©tat de MichoacĂĄn pour y assister[10].

Les 134 poupĂ©es rĂ©sultantes ont des dimensions d’environ 45x16x15 cm et il a fallu Ă  peu prĂšs 25 heures pour les rĂ©aliser[10]. Parmi les crĂ©ations figurent des danseuses, des personnages de lucha libre, des sirĂšnes, des personnages de Godzilla, des dames de la nuit, des dĂ©esses, des chats, ainsi que des portraits de femmes cĂ©lĂšbres du Mexique[6] - [11]. Les poupĂ©es reçoivent des noms tels que Siempre Viva, Hanami, La Memoria, Lupita Pecadora, Lupita Auxiliadora, Amalia, GĂ©na, Adela, Encanto, Lupe la Brava et Andy. Ce dernier est un hommage Ă  Andy Warhol[12].

Les poupĂ©es rĂ©sultantes sont d'abord exposĂ©es dans diffĂ©rents centres culturels de la ville: le centre culturel Casa Talavera, la Comunidad Barros Sierre, le centre culturel Teatro del Pueblo et le forum culturel Antigua FĂĄbrica Textil El Águila[10] - [13]. Une exposition de 20 poupĂ©es a lieu Ă  Mexico en dans le hall du SalĂłn Digna Ochoa, au siĂšge de la Commission des droits de l'homme[8]. La galerie JosĂ© MarĂ­a Velasco nomme le projet « ƒuvre du mois », prĂ©sentant cinq des poupĂ©es. Des concours de beautĂ© mettant en vedette les poupĂ©es ont Ă©galement lieu et des laurĂ©ats sont publiĂ©s dans des revues telles que Artes de MĂ©xico, ArqueologĂ­a Mexicana, Culturas Populares et d'autres de la CONACULTA, celles de l'UniversitĂ© nationale autonome du Mexique et du ministĂšre de la culture de Mexico[10].

Expositions internationales et ateliers

Participants Ă  un atelier Ă  Tokyo.

En 2011, le projet Miss Lupita est invitĂ© Ă  se rendre au Japon dans le cadre d’un Ă©change culturel. Cela comprend une exposition Ă  l'AcadĂ©mie Sokei et Ă  la galerie Sagio-Plaza, des ateliers et une confĂ©rence donnĂ©e Ă  l'UniversitĂ© de Tokyo Zokei[7]. La premiĂšre exposition a lieu Ă  la galerie Sagio-Plaza de Sengawa, Ă  Tokyo, avec douze Lupitas, onze des ateliers rĂ©alisĂ©s Ă  Mexico et un de l'atelier traditionnel Ă  Celaya. Elle est suivie d'une deuxiĂšme exposition de cinq Lupitas dans le cadre d'une exposition plus vaste appelĂ©e « MĂ©xico Chido »[7] - [12].

Les ateliers sont presque annulĂ©s Ă  la suite du sĂ©isme et du tsunami de Tƍhoku en 2011, mais aprĂšs des rĂ©unions avec des responsables, il est dĂ©cidĂ© de poursuivre, mais Ă  une date ultĂ©rieure[7]. Les participants doivent Ă  l'origine offrir en cadeau des sacs Ă  provisions traditionnels mexicains, mais ils dĂ©cident de les vendre Ă  un prix modique, le produit de la vente revenant Ă  la Croix-Rouge japonaise[7] - [12]. En , cinq ateliers similaires Ă  ceux de Mexico sont organisĂ©s Ă  Tokyo[10]. PrĂšs de soixante participants aux ateliers, ĂągĂ©s de 25 Ă  55 ans, comprenant des artistes, des Ă©tudiants et des ouvriers qui fabriquent au total 59 poupĂ©es. Treize des poupĂ©es rĂ©sultantes sont exposĂ©es aux cĂŽtĂ©s de poupĂ©es traditionnelles japonaises Ă  la galerie d'art ATLIA Kawaguchi[7].

Le succĂšs de la visite au Japon donne lieu Ă  une invitation au Museo do Brinquedo ou au MusĂ©e du jouet de Sintra au Portugal, parrainĂ© par l’ambassade du Mexique au Portugal[7]. Ce musĂ©e possĂšde une collection de plus de 40 000 jouets collectionnĂ©s sur 50 ans par JoĂŁo ArbuĂ©s Moreira et est l’un des plus importants au monde[8]. Quatre poupĂ©es Lupita de style traditionnel de Celaya et dix-huit des ateliers de 2010 sont exposĂ©es de la fin de 2011 au dĂ©but de 2012[6] - [14].

Les voyages à l'étranger sont parrainés par la fondation BBVA Bancomer, la Direction générale de la coopération éducative et culturelle, le Secrétariat aux Affaires étrangÚres du Mexique et l'ambassade du Mexique au Japon[7].

Références

  1. (es) Marisol Juarez, « Reviven recuerdos infantiles », Reforma, Mexico,‎ , p. 18
  2. (es) Fabiola Palapa Quijas, « Muñeca de cartĂłn representarĂĄ nuestra cultura popular en JapĂłn », La Jornada, Mexico,‎ , p. 2
  3. (es) « Memoria del Proyect Miss Lupita », Fondo Nacional para las Artes y Cultura, Mexico,‎
  4. (es) Rosalba Leticia Montiel, « Intenta resurgir la cartonerĂ­a de Celaya », El Sol del BajĂ­o, Guanajuato,‎
  5. (es) « ViajarĂĄ artista mexicana a JapĂłn para impartir talleres de cartoneria » [« Mexican artist to travel to Japan to give cartonerĂ­a classes »], NOTIMEX, Mexico,‎
  6. (es) « AlojarĂĄ museo portuguĂ©s 22 muñecas del proyecto "Miss Lupita" » [« Portuguese museum will host 22 dolls from the Miss Lupita project »], NOTIMEX, Mexico,‎
  7. Carolina Esparragoza, Miss Lupita Informa General de Actividades, FONCA CONACULTA, april–november 2011
  8. (es) « Miss Lupita, proyecto que posibilita la reinserción social » [« Miss Lupita, project that makes social reinsertion possible »] [archive du ], Comisión de Derechos Humanos del Distrito Federal, (consulté le )
  9. (es) « Carolina Esparragoza » [archive du ], Mexico, Arte Alameda Project
  10. Carolina Esparragoza, Proyecto Miss Lupita Actividades 2011, FONCA CONACULTA,
  11. (es) Fabiola Palapa Quijas, « Muñeca de cartĂłn representarĂĄ nuestra cultura popular en JapĂłn » [« CartonerĂ­a doll will represent our cultura in Japan »], La Jornada, Mexico,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  12. (es) « AbrirĂĄn muestra de "Lupitas" mexicanas en JapĂłn » [« Showing of Mexican Lupitas to open in Japan »], NOTIMEX, Mexico,‎
  13. (es) « ExhibirĂĄn colecciĂłn de muñecas de cartĂłn en la Magdalena Contreras » [« Will exhibit cartonerĂ­a doll collection in Magdalena Contreras »], NOTIMEX, Mexico,‎
  14. (pt) Rita Ferrero Baptista, « Mexico traz Lupitas a Portugal » [« Mexico brings Lupitas to Portugal »], A Bola, Lisbon,‎

Articles connexes

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