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Post-it

Post-it est le nom de la marque d'une petite feuille de papier autoadhésive amovible, qui fait partie d'un petit bloc. Les notes Post-it sont pourvues de colle fugitive.

Un bloc de Post-it lignés

InventĂ©e en deux temps, en 1968 et en 1974, par deux chimistes de la firme amĂ©ricaine 3M, Spencer Silver et Arthur Fry, mais massivement commercialisĂ©e seulement en 1980 aux États-Unis, puis au Canada et en Europe l'annĂ©e suivante[1], la note Post-it est conçue pour pouvoir y inscrire des messages et les coller et dĂ©coller Ă  volontĂ© sur toutes sortes de supports sans les endommager.

La marque reste la propriété de la société américaine 3M[2].

Un Post-It annoté

Description

Les notes Post-it se présentent sous forme de petits blocs carrés ou rectangulaires de feuilles détachables et repositionnables, de tailles variables, et de couleurs vives et claires (traditionnellement le jaune, mais aussi le rose, le vert, l'orange, couleurs fluos, etc.), ayant une petite bande autoadhésive au dos. On les trouve en version unie, mais aussi lignées ou quadrillées.

Si la marque appartenant à 3M est aujourd'hui couramment utilisée comme nom, le brevet de base est lui aussi entré dans le domaine public depuis 2000. Les notes Post-it de 3M sont fabriquées à Cynthiana, dans le Kentucky, ainsi qu'à Beauchamp, en France, pour le marché européen.

Histoire

L'invention du Post-it est souvent prise comme exemple de sérendipité[3] - [4] parce qu'elle résulte de la rencontre fortuite entre une situation banale et une préoccupation apparemment sans rapport avec elle, mais qui débouche sur une combinaison créative et favorable.

DĂ©couverte accidentelle d’une colle qui ne colle pas

Dans le cadre d'un programme de recherche commencĂ© en 1964, Spencer Silver[5], un chimiste de 3M, invente par hasard, en 1968, un adhĂ©sif poisseux en mĂ©langeant en proportions diverses des monomĂšres envoyĂ©s par un fournisseur. Ce nouveau polymĂšre adhĂ©sif acrylique, plus cohĂ©sif qu’adhĂ©sif, ne colle qu’à lui-mĂȘme. Silver cherche alors Ă  le faire commercialiser sous forme d'un vaporisateur (comme il l’est aujourd’hui pour les arts graphiques) et sous forme de tableau de confĂ©rencier auto-collant (comme il l’est depuis peu), mais sans succĂšs.

MalgrĂ© la suppression du programme des polymĂšres adhĂ©sifs, Silver parvient Ă  obtenir de son directeur de dĂ©partement, Geoffrey Nicholson, le financement nĂ©cessaire au brevet de sa formule, mais pour les États-Unis seulement, en 1972 (brevet no 3691140).

Une utilisation imprévue

En 1974, Arthur Fry, collĂšgue de Silver et chef de chƓur de l’église presbytĂ©rienne de North St-Paul, a l’idĂ©e d’empĂȘcher les signets de son hymnaire de glisser en les enduisant de la colle antidĂ©rapante de Silver[1]. Un problĂšme de fabrication persiste : l’adhĂ©sif poisseux reste sur le support et n’adhĂšre pas au papillon. Deux membres de l’équipe de Nicholson, Henry Courtney et Roger Merrill parviennent Ă  coucher en continu le cohĂ©sif sur du papier de façon industrielle[6].

En 1977, 3M fait des tests de commercialisation Ă  Tulsa, Denver, Richmond (Virginie) et Tampa sous le nom « Press 'n Peel » et en deux tailles, tests qui seront dĂ©cevants[7]. La rĂ©ussite commerciale coĂŻncide avec l’arrivĂ©e d’un nouveau directeur marketing, Bill Schonenberg, qui a l’idĂ©e de distribuer le produit gratuitement en 1978 Ă  Boise, en Idaho au cours de l’opĂ©ration connue sous le nom de « Boise Blitz » ; 90 % des utilisateurs l'ayant essayĂ© dĂ©clarent vouloir en acheter[1]. Le nom « Post-it Notes » est adoptĂ© et les ventes, d’abord limitĂ©es Ă  onze États amĂ©ricains en 1979, s’étendent Ă  l'ensemble du pays en 1980 puis au Canada et en Europe en 1981[1].

Brainstorming avec Post-it

Les Post-it sont trÚs utilisées dans une forme particuliÚre de remue-méninges : les participants écrivent leurs idées sur des Post-it puis vont les coller sur un mur, un panneau ou un tableau de conférence. Il est alors possible de les regrouper par thÚme[8].

Cette méthode de créativité est cependant parfois critiquée[9] voire moquée[10] : elle facilite l'analyse, mais rendrait la synthÚse difficile. On peut alors déboucher sur un mur de Post-it inexploitable.

Les Post-it sont Ă©galement utilisĂ©s pour tester diffĂ©rentes combinaisons lorsqu'on a besoin d'en dĂ©placer facilement les Ă©lĂ©ments. Par exemple, de façon trĂšs prosaĂŻque, la rĂ©alisation de plans de tables de rĂ©ception pour des Ă©vĂ©nements professionnels requĂ©rant un certain protocole, ou familiaux formels avec un nombre important d'invitĂ©s (mariages
).

Post-it Ă©lectronique

Le principe du Post-it est transposĂ© aux interfaces graphiques informatiques grĂące Ă  de nombreuses applications logicielles : le bureau de l'ordinateur peut ainsi se voir « coller » des notes (virtuelles) de couleur vive. C'est le cas notamment avec les systĂšmes MacOS et Linux (bureaux KDE, Gnome
) dont le « Post-it » est une fonction de base. Une volontĂ© de rĂ©alisme fait qu’il y a diffĂ©rentes Ă©critures (dont Lucida Handwriting, qui comme son nom l'indique, imite l'Ă©criture manuscrite) et qu'il y a possibilitĂ© de choisir la taille et la couleur de la note, ainsi que la taille de l'Ă©criture. En dĂ©pit de cela, le Post-it Ă©lectronique ne parvient pas Ă  s'imposer face Ă  la note papier[11].

DĂ©tournements artistiques

Le Post-it peut ĂȘtre dĂ©tournĂ© de son usage initial Ă  des fins artistiques[12]. Des reprĂ©sentations et des fresques graphiques peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©es en juxtaposant des Post-it de diffĂ©rentes couleurs sur une large surface plane, comme une vitre ou un mur. L'artiste canadien Immony Men a rĂ©alisĂ© une fresque murale Ă  partir de 10 000 Post-it, rĂ©alisĂ©e et exposĂ©e Ă  la galerie Grunt Ă  Vancouver dans le cadre de l'exposition « Taking Care of Business » en 2011[13].

La technique a été popularisée et médiatisée en France en juillet 2011 par des employés de Ubisoft et BNP Paribas à Montreuil[14], dont les locaux se font face, ceux-ci se livrant à un concours de mosaïques de notes autocollantes représentant des personnages de jeux vidéo, de jeux d'arcade et de dessins animés[15]. Surnommée « Guerre des Post-it », « Bataille des Post-it » ou « Post-it War » par certains médias, celle-ci s'est rapidement étendue à Paris, La Défense, à la région lyonnaise[16], à Lille ainsi qu'à Bruxelles[17].

À LiĂšge, Ă  l'occasion du dĂ©part du Tour de France 2012, une fresque de 190 000 Post-it a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e, Ă©tablissant ainsi un nouveau record du monde[18]. Pour sa rĂ©alisation, il a fallu presque 400 heures de travail Ă  quatre Ă©quipes de colleurs pour rĂ©partir les Post-it sur un espace de 600 m2[18].

Terminologie

« Post-it » est une marque dĂ©posĂ©e appartenant Ă  3M. Certaines personnes utilisent le terme comme un terme gĂ©nĂ©rique synonyme de pense-bĂȘte, papillon adhĂ©sif, papillon autocollant ou becquet[19]. Cet usage est considĂ©rĂ© par le titulaire de la marque comme un usage incorrect dĂšs lors qu'il ne permet pas de reconnaĂźtre que « Post-it » est une marque enregistrĂ©e[20].

Autour du Post-it

  • Il a Ă©tĂ© calculĂ© qu'il faudrait 506 880 000 Post-it pour faire le tour du monde, en utilisant des notes carrĂ©s de 2 â·â„₈ pouces de cĂŽtĂ© (73 mm)[21].
  • En 1996, un technicien de l’aĂ©roport de Minneapolis trouve un Post-it sur le nez d'un avion. Celui-ci avait Ă©tĂ© posĂ© Ă  l'attention de l'Ă©quipe au sol de l’aĂ©roport de Las Vegas d'oĂč venait l'avion et Ă©tait restĂ© en place malgrĂ© la vitesse de 800 km/h et la tempĂ©rature de -50 °C[22].

Notes et références

  1. (en) Post-it History : The Timeline - Post-it Hong Kong
  2. « INPI – Service de recherche marques », sur bases-marques.inpi.fr (consultĂ© le )
  3. Qu’est-ce que la sĂ©rendipitĂ© (et quel rĂŽle a-t-elle jouĂ© dans la naissance de YouTube) ? - Les Échos, 1er mars 2013
  4. Nutella, Post-It et la sérendipité - Blog de Jean-Jacques Urvoy, 21 avril 2012
  5. Notes relatives aux Post-it - 3M Belgique
  6. (en) Steven Greenhouse, « AN INNOVATOR GETS DOWN TO BUSINESS », The New York Times,‎ , p. 3003001 (lire en ligne, consultĂ© le )
  7. (en) Inventor for 3M Offers Physical Proof That Post-its Were Sold First - Chuck Ross, TVWeek, 23 décembre 2010
  8. Scott Isaksen, Brian Dorval, et Donald Treffinger, « Brainstorming avec Post-it », dans : RĂ©soudre les problĂšmes par la crĂ©ativitĂ© : la mĂ©thode CPS, Éditions d'Organisation, Paris, 2003, pp. 108-110. Traduction de : (en) « Brainstorming with Post-it » in : Creative approaches to problem solving: a framework for change, Kendall/Hunt Publishing Co., 2000, pp. 106-108
  9. Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre, « Des milliards dĂ©pensĂ©s pour se substituer Ă  l’Etat : enquĂȘte sur la RĂ©publique des consultants », sur L'Obs, (consultĂ© le )
  10. Alexis Kauffmann (@framaka), « Entendu dans les couloirs du ministÚre : Seul, on va plus vite. Ensemble, on met des post-it de couleurs sur un paperboard. », sur Twitter,
  11. Pourquoi les ordinateurs n’arrivent-ils pas à concurrencer les Post-it ? - Hubert Guillaud, Le Monde, 20 mars 2009
  12. (en) Real Stories : Art Imitates Life - Post-it Hong Kong
  13. (en) Marsha Lederman, « In Vancouver, 10,000 Post-its add up to a notable art exhibit », The Globe and Mail,‎ (lire en ligne)
  14. Pierre Baudis, « « Guerre des post-it » : les entreprises jouent le jeu », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  15. Charlotte Cheynard, « Bataille de post-its dans des grandes entreprises parisiennes », Paris Match,‎ (lire en ligne)
  16. Jennifer Delrieux, « Des entreprises lyonnaises se lancent dans la «bataille des Post-it» », Le ProgrĂšs,‎ (lire en ligne)
  17. SĂ©bastien BergĂšs, « Guerre des Post-it : aprĂšs les fenĂȘtres qui parlent, Lille a les fenĂȘtres qui collent », La Voix Ă©co, (consultĂ© le )
  18. S.Lo., « Record battu Ă  LiĂšge : 190 000 Post-it collĂ©es », sur lavenir.net, (consultĂ© le )
  19. ou béquet, en imprimerie, le Petit Larousse 1998 (ISBN 2-03-301-198-4)
  20. « 3M Company : empĂȘcher la dĂ©gĂ©nĂ©rescence de marque », sur INPI.fr, (consultĂ© le )
  21. (en) Fun Facts - Post-it Hong Kong
  22. (en) Leaving Las Vegas - Post-it Hong Kong

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Pierre Mongin, Mieux s'organiser, la stratĂ©gie du Post-it et du Kanban personnel, Intereditions, 2013 (ISBN 978-2-7296-1317-4)

Lien externe

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