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Pont de Brooklyn

Le pont de Brooklyn (en anglais Brooklyn Bridge), à New York, est l'un des plus anciens ponts suspendus des États-Unis. Il traverse l'East River pour relier les arrondissements de Manhattan et de Brooklyn.

Pont de Brooklyn
Pont de Brooklyn.
Pont de Brooklyn.
GĂ©ographie
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
État New York
Comtés Brooklyn, Manhattan
Commune New York
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 40° 42′ 22″ N, 73° 59′ 49″ O
Fonction
Franchit East River
Fonction Pont routier
(relie Manhattan et Brooklyn)
Caractéristiques techniques
Type Pont suspendu
Longueur 1 825 m
PortĂ©e principale 487 m
Largeur 26 m
Hauteur 84 m
Hauteur libre 41,1 m
Matériau(x) Acier, maçonnerie
Construction
Construction 1869 - 1883
Mise en service
Concepteur John Augustus Roebling
Architecte(s) W. Hildenbrand,
W.A. Roebling,
J.A. Roebling,
E.W. Roebling

Long de 1 825 mètres et haut de 84 mètres, ce pont a coĂ»tĂ© plus de 15 millions de dollars de l'Ă©poque et on estime que 27 personnes ont perdu la vie pendant les travaux, qui ont durĂ© 14 ans. Son architecte, John Augustus Roebling Ă©tant mort des suites d'un accident sur le chantier, et quelques jours seulement après le dĂ©but de la construction, c'est son fils, Washington Roebling, puis sa belle-fille, Emily Warren Roebling, qui menèrent le projet Ă  son terme. Le pont de Brooklyn est ouvert Ă  la circulation le : pendant cette seule journĂ©e, il est empruntĂ© par 1 800 vĂ©hicules et 150 300 personnes.

Données techniques

Le pont de Brooklyn est un pont suspendu en acier montĂ© sur des piles de 90 m qui sont enterrĂ©es Ă  35 m de profondeur ; le tablier se situe Ă  une hauteur de 44 m[1]. Sa longueur totale, y compris les rampes d'accès, s'Ă©lève Ă  1 825 m pour une largeur de 28 m. La portĂ©e entre les pylĂ´nes de granite[2] atteint 487 m[1]. Sa conception revient au cabinet d'architecture de John Augustus Roebling Ă  Trenton (New Jersey), qui a Ă  son actif plusieurs ponts suspendus de taille plus modeste : Ă  Waco (Texas) et Ă  Cincinnati (Ohio). Le coĂ»t total de l'ouvrage s'Ă©lève finalement Ă  un peu plus de quinze millions de dollars[3].

Le creusement des fondations se fait avec le procédé Triger. Un caisson en bois (en forme de cuvette renversée) est assemblé puis remorqué sur le lieu de construction des piliers, puis lesté avec du granit pour être immergé. Ensuite, à l'aide d'un piston, de l'air comprimé est soufflé dans le caisson afin d'en chasser l'eau et permettre ainsi aux ouvriers de travailler à sec.

Quand il est achevé, le profil aérodynamique du pont n'a pas encore été mis à l'épreuve. À cette époque, on n'utilise pas de soufflerie pour réaliser des essais sur modèles réduits. Le concepteur, particulièrement prudent, fait construire des armatures six fois plus résistantes que celles qu'il a estimées nécessaires. Il constate néanmoins que les câbles livrés par l'un des sous-traitants sont moins solides que prévu.

Histoire

Avant la construction du pont, Brooklyn et Manhattan étaient deux villes distinctes et on ne pouvait passer de l'une à l'autre qu'en employant le ferry sur l'East River ; le pont relie d'ailleurs, de manière symbolique, les deux Hôtels de Ville[3]. Brooklyn n'est intégrée à la ville de New York qu'en 1898[2].

William C. Kingsley, un entrepreneur du bâtiment, est à l'origine de la création du pont. Il finance une équipe pour en étudier la faisabilité, établir une première estimation de coût, trouver la situation et la forme précise, et en rechercher le financement. Il décida de passer à la réalisation concrète en 1865[4].

Roebling, spécialiste des câbles métalliques[5], parvient à faire accepter ses plans en 1867[3]. Le politicien véreux « Boss » Tweed s'immisce dans le processus politique en versant divers pots-de-vin afin de faciliter le montage du projet et d'en devenir un actionnaire important ; il est toutefois arrêté en 1871 avant de pouvoir bénéficier du fruit de ses malversations[2].

Dès le début de la construction, en 1869, Roebling est sérieusement blessé au pied lors d'un accident sur le chantier : il est amputé des orteils mais meurt du tétanos deux semaines plus tard[2]. Son fils Washington lui succède mais est victime d'un accident de décompression alors qu'il travaille dans le caisson sous-marin et reste lourdement handicapé[5] - [2]. Son épouse, Emily Warren Roebling[6], assure alors le relais entre lui et ses ouvriers[5] tandis qu'il reste confiné dans son logis et observe la construction avec des jumelles. C'est Emily qui est la première à traverser le pont lors de l'inauguration officielle[5].

De nombreux ouvriers subissent Ă©galement des accidents : ce sont 27 personnes en tout qui trouvent la mort sur le chantier[3]. L'absence d'Ă©quipements de sĂ©curitĂ© entraĂ®ne des chutes ; les incendies reprĂ©sentent un risque permanent ; et faute de casques de chantier, tous les objets qui tombent peuvent devenir très dangereux[7]. Par ailleurs, les travaux sous-marins conduits avec le procĂ©dĂ© Triger provoquent de nombreux accidents chez les ouvriers qui travaillent dans le caisson (paralysie des membres infĂ©rieurs notamment), car la remontĂ©e depuis la profondeur maximale de 35 m se fait sans palier de dĂ©compression[8]. Ces accidents sont très bien dĂ©crits, mais pas compris Ă  l'Ă©poque. On dĂ©cide toutefois, pour rĂ©duire les risques, de limiter la journĂ©e de travail Ă  4 heures au lieu de 8[8] ; le nombre de personnes prĂ©sentes Ă  la fois sur le chantier est Ă©galement rĂ©duit[7].

L'inauguration, conduite par Emily Warren Roebling, voit Ă©galement la prĂ©sence du prĂ©sident Chester A. Arthur et du gouverneur de New York Grover Cleveland, lui-mĂŞme futur prĂ©sident. De nombreuses festivitĂ©s sont organisĂ©es, dont un feu d'artifice qui dure une heure. Toutefois, la communautĂ© irlandaise de New York y participe très peu, car la date de l'inauguration coĂŻncide avec celle de l'anniversaire de la reine Victoria[2]. Environ 30 000 personnes sont prĂ©sentes, les billets non nominatifs d'accès Ă  la cĂ©rĂ©monie se revendent 25 dollars. Le prĂ©sident Arthur arrive Ă  14h, accompagnĂ© des ministres et du gouverneur de l'État de New York. Ils rencontrent au milieu du pont la municipalitĂ©s de Brooklyn, tandis que 4 navires de guerre lancent salves et coups de canons. Le cortège se rend ensuite Ă  Brooklyn et Ă©changent auprès du bâtiment qui sera la future gare des tramways des discours. Mais la foule rĂ©ussit Ă  envahir le lieu, et tout se dĂ©roule dans la cohue. L'un des orateurs, interrompu par un orchestre se mettant Ă  jouer un morceau Ă  un moment imprĂ©vu, dĂ©clara qu'il ne continuera pas plus longtemps, et son discours sera publiĂ© dans les journaux le lendemain. La dĂ©lĂ©gation des officiels alla rendre visite pour le fĂ©liciter Ă  Roebling fils, alitĂ© depuis plus de dix ans, qui avait continuĂ© Ă  superviser les travaux. Le 24 mai 1883 Ă  minuit le public est admis Ă  circuler sur le pont ; 140 000 personnes sont passĂ©es au guichet le premier jour, 90 000 le deuxième, et 250 000 le dimanche suivant[4].

La construction du pont a coûté 75 millions de francs de l'époque, alors que les premiers devis en prévoyaient 54[4].

Initialement, la traversĂ©e du pont est soumise Ă  un droit de pĂ©age, qui disparaĂ®t en 1891 pour les piĂ©tons puis en 1911 pour les vĂ©hicules[2]. Quelques jours après l'inauguration, un mouvement de panique se dĂ©clenche Ă  l'idĂ©e que celui-ci pourrait ĂŞtre en train de s'Ă©crouler : 12 personnes trouvent alors la mort dans la bousculade qui s'ensuit[2]. En , Phineas Taylor Barnum, tout en faisant de la publicitĂ© pour son cĂ©lèbre cirque, dĂ©montre la fiabilitĂ© du pont en y faisant dĂ©filer les 21 Ă©lĂ©phants de sa mĂ©nagerie[2].

De nos jours, la circulation se fait sur deux niveaux : l'un pour les véhicules à moteur et l'autre pour les cyclistes et piétons.

  • Le système de câbles.
    Le système de câbles.
  • Le Pont de Brooklyn, vu sous un autre angle.
    Le Pont de Brooklyn, vu sous un autre angle.
  • Le Pont de Brooklyn vu depuis Fulton Landing Park Ă  Brooklyn.
    Le Pont de Brooklyn vu depuis Fulton Landing Park Ă  Brooklyn.
  • Le pont et Manhattan.
    Le pont et Manhattan.
  • La circulation sur le pont.
    La circulation sur le pont.

Représentations

Le pont de Brooklyn est un lieu de promenade très prisé.

Au cinéma et à la télévision

  • Le Pont de Brooklyn est un Ă©pisode docufiction de la sĂ©rie Les Sept Merveilles du Monde Industriel de la BBC.
  • Pont de Brooklyn est un film des frères Lumière datant de 1896.
  • La construction du pont de Brooklyn est racontĂ©e dans le documentaire tĂ©lĂ©visĂ© de Ken Burns, Brooklyn Bridge, en 1981.
  • L'ouvrage apparaĂ®t Ă  plusieurs reprises dans le film Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique (1984).
  • Une course-poursuite entre les hĂ©ros et le vilain Sykes s'engage dans le mĂ©tro new-yorkais puis sur le pont de Brooklyn au climax du film d'animation Oliver et Compagnie (1988).
  • Godzilla meurt sur le pont de Brooklyn, emmĂŞlĂ© dans les câbles, dans Godzilla en 1998.
  • En partie en hommage Ă  Godzilla, justement, le pont de Brooklyn joue un rĂ´le important dans le dĂ©but du film Cloverfield (2008).
  • Le pont coupĂ© en deux apparaĂ®t sur l'affiche du film Je suis une lĂ©gende avec Will Smith[9].
  • Dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Castle (2009-2016), qui se dĂ©roule Ă  New-York, c'est la silhouette du pont de Brooklyn, sur fond d'immeubles du quartier de Brooklyn Heights, qui figure sur la title card, c'est-Ă -dire sur la vue en intertitre qui dans chaque Ă©pisode porte le logo de la sĂ©rie et initie le gĂ©nĂ©rique de dĂ©but.

Dans les arts

Dans les jeux vidéo

  • Dans le Liberty City de l'ère Grand Theft Auto IV apparaĂ®t une rĂ©plique du pont, appelĂ©e « Broker Bridge ».
  • Dans Mafia II, le Grand Upper Bridge traversant la Culver River et qui relie les quartiers d'Hunter's Point Ă  Uptown en est une rĂ©plique.
  • Dans les jeux vidĂ©o de la 5e GĂ©nĂ©ration de PokĂ©mon, le Pont de Brooklyn est l'un des modèles avec le Rainbow Bridge, pour la crĂ©ation du Pont Sagiciel entre VolucitĂ© et la ForĂŞt d'Empoigne.
  • Également dans les jeux vidĂ©o Disney Infinity 2.0, Spider-Man 2.
Vue depuis le quartier de Brooklyn.

Notes et références

  1. « Le pont en chiffres », sur Passerelle(s), site de la BNF.
  2. (en) Jesse Greenspan, « 10 Things You May Not Know About the Brooklyn Bridge », sur History.com.
  3. « Un pont entre deux villes », sur Passerelle(s), site de la BNF.
  4. Correspondant spécial, « Le pont de Brooklyn », La Petite Presse,‎ (lire en ligne)
  5. « Une histoire de famille », sur Passerelle(s), site de la BNF.
  6. (en)ASCE : Emily Warren Roebling.
  7. « Un chantier dangereux », sur Passerelle(s), site de la BNF.
  8. « Travailler sous l'eau », sur Passerelle(s), site de la BNF.
  9. « Je suis une légende », sur IMDb.
  10. Robert Belot, Daniel Bermond, Bartholdi, Paris, Perrin, 2004, (ISBN 2262019916 et 9782262019914), p. 383.
  11. Emile Renouf, « Le pont de Brooklyn »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur postroadgallery.com (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Sous la direction d'Antoine Picon, L'art de l'ingĂ©nieur constructeur, entrepreneur, inventeur, p. 94-96, Centre Georges Pompidou/Ă©ditions Le Moniteur, Paris, 1997 (ISBN 978-2-85850-911-9) ;
  • (en) Richard Haw, The Brooklyn Bridge: A Cultural History, Rutgers University Press, , 307 p. (ISBN 9780813535876)
  • (en) David McCullough, The Great Bridge: The Epic Story of the Building of the Brooklyn Bridge, Simon and Schuster, , 608 p. (ISBN 9780743218313).
  • (en) Richard Haw, Art of the Brooklyn Bridge: A Visual History, Routledge, , 289 p. (ISBN 9781136603662)

Articles connexes

Liens externes

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