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Points de basculement dans le systĂšme climatique

Un point de basculement est un seuil qui, lorsqu'il est franchi, entraßne de grands changements, souvent irréversibles (point de non-retour), qui modifient qualitativement l'état ou l'évolution d'un systÚme[1]. De potentiels points de basculement ont été identifiés dans le systÚme climatique physique ainsi que dans les écosystÚmes en interaction[2]. Par exemple, les rétroactions du cycle du carbone sont un facteur de transition entre les périodes glaciaires et interglaciaires, le forçage orbital en constituant le déclencheur initial[3]. L'enregistrement de la température géologique de la Terre montre de nombreux autres exemples de transitions rapides (au sens géologique) entre différents états climatiques[4].

ÉlĂ©ments de basculement possibles dans le systĂšme climatique[1].

Les points de basculement climatiques sont particuliÚrement intéressants pour l'étude du changement climatique à l'Úre moderne. Un point de basculement possible a été par exemple identifié pour la température de surface moyenne globale en étudiant le comportement passé du systÚme climatique de la Terre et ses rétroactions positives. Les rétroactions avec le cycle du carbone et la réflectivité planétaire pourraient déclencher une série de points de basculement en cascade[5].

Il existe des Ă©lĂ©ments de basculement Ă  grande Ă©chelle comme les calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique dont la fonte pourrait entraĂźner une Ă©lĂ©vation du niveau de la mer de plusieurs dizaines de mĂštres[6]. Ces points de basculement ne sont pas toujours brutaux. Par exemple, Ă  un certain niveau de tempĂ©rature, la fonte d’une grande partie de la calotte glaciaire du Groenland et/ou de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental deviendra inĂ©vitable mais la couche de glace elle-mĂȘme peut persister pendant plusieurs siĂšcles[7]. Certains Ă©lĂ©ments, tels que l'effondrement des Ă©cosystĂšmes, sont irrĂ©versibles[2].

DĂ©finition

Le sixiĂšme rapport d'Ă©valuation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'Ă©volution du climat (GIEC), publiĂ© en 2021, dĂ©finit un point de basculement comme un « seuil critique au-delĂ  duquel un systĂšme se rĂ©organise, souvent de maniĂšre abrupte et/ou irrĂ©versible »[8]. Il peut ĂȘtre provoquĂ© par une petite perturbation entraĂźnant un changement disproportionnĂ© dans le systĂšme. Les points de basculement peuvent Ă©galement ĂȘtre dĂ©finis comme en association avec des rĂ©troactions auto-renforcĂ©es qui pourraient entraĂźner des changements irrĂ©versibles Ă  l'Ă©chelle de temps humaine dans le systĂšme climatique[9]. Pour toute composante climatique particuliĂšre, le passage d'un Ă©tat Ă  un nouvel Ă©tat stable peut prendre plusieurs dĂ©cennies ou siĂšcles[9]. Dans les Ă©cosystĂšmes et dans les systĂšmes sociaux, un point de basculement peut dĂ©clencher un « changement de rĂ©gime » : une rĂ©organisation majeure des systĂšmes vers un nouvel Ă©tat stable[10].

Le rapport spĂ©cial du GIEC sur l'ocĂ©an et la cryosphĂšre dans le contexte du changement climatique de 2019 dĂ©finit un point de basculement comme « un niveau de changement dans les propriĂ©tĂ©s du systĂšme au-delĂ  duquel un systĂšme se rĂ©organise, souvent de maniĂšre non linĂ©aire, et ne revient pas Ă  l'Ă©tat initial mĂȘme si les moteurs du changement sont attĂ©nuĂ©s. Pour le systĂšme climatique, le terme dĂ©signe un seuil critique Ă  partir duquel le climat mondial ou rĂ©gional passe d'un Ă©tat stable Ă  un autre Ă©tat stable »[11].

Archives géologiques

Des archives gĂ©ologiques montrent qu'il y a eu des changements abrupts dans le systĂšme climatique qui indiquent d'anciens points de basculement. Par exemple, les Ă©vĂ©nements de Dansgaard-Oeschger au cours de la derniĂšre pĂ©riode glaciaire sont des pĂ©riodes de rĂ©chauffement brusque (en quelques dĂ©cennies) au Groenland et en Europe, qui peuvent avoir impliquĂ© des changements brusques dans les principaux courants ocĂ©aniques. Au cours de la dĂ©glaciation, au dĂ©but de l'HolocĂšne, l'Ă©lĂ©vation du niveau de la mer n'a pas Ă©tĂ© rĂ©guliĂšre, mais s'est produite de maniĂšre abrupte lors des poussĂ©es d'eau de fonte. La mousson en Afrique du Nord a connu des changements abrupts sur des Ă©chelles de temps dĂ©cennales pendant la pĂ©riode humide africaine, il y a 15 000 Ă  5 000 ans, et qui s'est Ă©galement terminĂ©e brusquement par un Ă©tat plus sec[12].

ÉlĂ©ments de basculement

Les scientifiques ont identifiĂ© de nombreux Ă©lĂ©ments du systĂšme climatique susceptibles de prĂ©senter des points de basculement[13] - [9]. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, le GIEC commence Ă  envisager la possibilitĂ© de points de basculement. À cette Ă©poque, le GIEC conclut qu'ils ne seraient probables qu'en cas de rĂ©chauffement planĂ©taire de 4 °C ou plus par rapport Ă  l'Ă©poque prĂ©industrielle. En 2021, les points de basculement sont considĂ©rĂ©s comme ayant une probabilitĂ© significative au niveau de rĂ©chauffement actuel d'un peu plus de 1 °C, avec une forte probabilitĂ© au-dessus de 2 °C[14]. Il est possible que certains points de basculement soient sur le point d'ĂȘtre franchis ou l'aient dĂ©jĂ  Ă©tĂ©, comme ceux des calottes glaciaires de l'Antarctique occidental et du Groenland, des rĂ©cifs coralliens d'eau chaude et de la forĂȘt amazonienne[15] - [16]. Parmi ceux-ci, un Ă©lĂ©ment climatique rĂ©gional et trois Ă©lĂ©ments climatiques fondamentaux sont estimĂ©s comme susceptibles de franchir un point de basculement si le rĂ©chauffement planĂ©taire atteint 1,5 °C, Ă  savoir l'effondrement de la calotte glaciaire du Groenland, l'effondrement de la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental, la disparition des rĂ©cifs coralliens tropicaux et le dĂ©gel brutal du pergĂ©lisol borĂ©al. Deux autres points de basculement sont considĂ©rĂ©s comme probables si le rĂ©chauffement continue Ă  approcher les 2 °C : la perte brutale de la glace de la mer de Barents et l'effondrement du gyre subpolaire de la mer du Labrador[17] - [18] - [19].

ÉlĂ©ments de basculement Ă  impact mondial[19]
ÉlĂ©ment de basculement climatique (et point de basculement) Seuil ( °C) DĂ©lai (annĂ©es) Impact maximal ( °C)
Estimé Minimum Maximum Estimé Minimum Maximum Global Régional
Calotte glaciaire du Groenland (effondrement)1,50,83,010 0001 00015 0000,130,5 to 3,0
Calotte glaciaire de l'Antarctique occidental (effondrement)1,51,03,02 00050013 0000,051,0
Convection des mers du Labrador et d'Irminger/du gyre océanique subpolaire (effondrement)1,81,13,810550-0,5-3,0
Bassins sous-glaciaires de l'Antarctique oriental (effondrement)3,02,06,02 00050010 0000,05?
ForĂȘt amazonienne (dĂ©pĂ©rissement)3,52,06,0100502000,1 (partiel)
0,2 (total)[T1 1]
0,4 Ă  2,0
Pergélisol boréal (effondrement)4,03,06,050103000,2 - 0,4[T1 2]~
Circulation méridienne de retournement de l'Atlantique (effondrement)41,485015300-0,5-4 à -10
Glace de mer de l'hiver arctique (effondrement)6,34,58,720101000,60,6 Ă  1,2
Calotte glaciaire de l'Antarctique oriental (effondrement)7,55,010,0?10 000?0,62,0
  1. La rĂ©fĂ©rence fournit Ă©galement la mĂȘme estimation en termes d'Ă©missions Ă©quivalentes : le dĂ©pĂ©rissement partiel Ă©quivaudrait aux Ă©missions de 30 milliards de tonnes de carbone, tandis que le dĂ©pĂ©rissement total Ă©quivaudrait Ă  75 milliards de tonnes de carbone.
  2. La rĂ©fĂ©rence fournit Ă©galement la mĂȘme estimation en termes d'Ă©missions : entre 125 et 250 milliards de tonnes de carbone et entre 175 et 350 milliards de tonnes d'Ă©quivalent carbone.
ÉlĂ©ments de basculement Ă  impact rĂ©gional[19]
ÉlĂ©ment de basculement climatique (et point de basculement) Seuil ( °C) DĂ©lai (annĂ©es) Impact maximal ( °C)
Estimé Minimum Maximum Estimé Minimum Maximum Global Régional
RĂ©cifs coralliens des basses latitudes (disparition)1,51,02,010~~~~
Pergélisol boréal (dégel brusque)1,51,02,32001003000,04 par °C en 2100
0,11 par °C en 2300[T2 1]
~
Glace de la mer de Barents (perte brutale)1,61,51,725??~+
Glaciers de montagne (perte)2,01,53,0200502 0000,08+
Sahel et mousson ouest-africaine (verdissement)2,823,55010500~+
ForĂȘt borĂ©ale (extinction mĂ©ridionale)4,01,55,010050?net -0,18[T2 2]-0,5 Ă  -2
ForĂȘt borĂ©ale (expansion vers le nord)4,01,57,210040?net +0,14[T2 3]0,5-1,0
  1. La rĂ©fĂ©rence prĂ©cise que cela reprĂ©sente une augmentation de 50 % du dĂ©gel progressif du pergĂ©lisol : il fournit Ă©galement la mĂȘme estimation en termes d'Ă©missions pour chaque degrĂ© de rĂ©chauffement : 10 milliards de tonnes de carbone et 14 milliards de tonnes d'Ă©quivalent carbone d'ici 2100, et 25/35 milliards de tonnes de carbone/Ă©quivalent carbone d'ici 2300.
  2. La disparition de ces forĂȘts Ă©quivaudrait Ă  l'Ă©mission de 52 milliards de tonnes de carbone, mais cette perte serait plus que compensĂ©e par l'augmentation de l'effet albĂ©do de la zone, qui rĂ©flĂ©chirait davantage de lumiĂšre solaire.
  3. Une croissance forestiÚre supplémentaire ici absorberait environ 6 milliards de tonnes de carbone, mais comme cette zone reçoit beaucoup de lumiÚre solaire, cela est trÚs mineur par rapport à la réduction de l'albédo, car cette végétation absorbe plus de chaleur que le sol enneigé dans lequel elle se déplace.

ÉlĂ©ments de basculement Ă  grande Ă©chelle

Un changement de température régulier ou brutal peut déclencher des points de basculement à l'échelle mondiale.

Deux Ă©lĂ©ments de basculement globaux concernant la cryosphĂšre, il s’agit de la fonte irrĂ©versible des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Au Groenland, un cycle de rĂ©troaction positif existe entre la fonte et l'altitude de la surface. À basse altitude, les tempĂ©ratures sont plus Ă©levĂ©es, ce qui entraĂźne une fonte supplĂ©mentaire. Cette boucle de rĂ©troaction pourrait devenir assez forte pour entraĂźner une fonte irrĂ©versible[6]. L’instabilitĂ© de la banquise pourrait dĂ©clencher un point de basculement dans l’Antarctique occidental[2]. Dans les deux cas, cela entraĂźnerait l'accĂ©lĂ©ration de la montĂ©e du niveau des ocĂ©ans[7].

Lorsque de l'eau douce est libĂ©rĂ©e Ă  la suite de la fonte du Groenland, un seuil de perturbation de la circulation thermohaline peut ĂȘtre franchi[20]. Celle-ci transporte de la chaleur vers le nord au sein de l’Atlantique et a un rĂŽle important dans la rĂ©gulation de la tempĂ©rature[21]. Les risques d'un arrĂȘt complet de la circulation thermohaline atlantique sont faibles Ă  modĂ©rĂ©s au regard des niveaux de rĂ©chauffement envisagĂ©s par l'accord de Paris[2].

Un autre exemple d’élĂ©ment de basculement Ă  grande Ă©chelle est l’évolution du phĂ©nomĂšne El Niño – Oscillation australe. AprĂšs avoir franchi un point de basculement, la phase chaude (El Niño) commencerait Ă  se produire plus souvent. Enfin, l'ocĂ©an Austral, qui absorbe actuellement beaucoup de carbone, pourrait cesser de le faire[2].

ÉlĂ©ments de basculement rĂ©gionaux

Le changement climatique peut Ă©galement dĂ©clencher des points de basculement rĂ©gionaux. Par exemple la disparition de la banquise arctique[22] - [23], l’établissement d’espĂšces ligneuses dans la toundra, la perte du pergĂ©lisol, l’effondrement de la mousson d’Asie du Sud et le renforcement de la mousson d'Afrique de l'Ouest qui conduiraient au verdissement du Sahara et du Sahel[2]. La dĂ©forestation peut dĂ©clencher un point de basculement dans les forĂȘts humides (par exemple, la transformation de la forĂȘt amazonienne en savane). En effet, les forĂȘts tropicales rĂ©Ă©vaporent une grande partie des prĂ©cipitations, ce qui humidifie l'atmosphĂšre. Lorsqu'une partie de la forĂȘt est dĂ©truite, des sĂ©cheresses locales peuvent menacer le reste de la forĂȘt[2]. Enfin, les forĂȘts borĂ©ales sont Ă©galement considĂ©rĂ©es comme un Ă©lĂ©ment de basculement. Le rĂ©chauffement local peut provoquer la mort des arbres Ă  un taux plus Ă©levĂ© qu'auparavant, proportionnellement Ă  la hausse de la tempĂ©rature. À mesure que davantage d'arbres meurent, les forĂȘts deviennent plus ouvertes, ce qui entraĂźne un rĂ©chauffement supplĂ©mentaire et rend les forĂȘts plus vulnĂ©rables aux incendies. Le point de basculement est difficile Ă  prĂ©voir, mais il est estimĂ© entre 3 °C et 4 °C de hausse de la tempĂ©rature globale[2].

Points de basculement pour la température globale

De nombreuses rĂ©troactions positives et nĂ©gatives aux tempĂ©ratures globales et au cycle du carbone ont Ă©tĂ© identifiĂ©es. Le GIEC signale que les rĂ©troactions provoquĂ©es par la hausse des tempĂ©ratures sont positives pour le reste de ce siĂšcle, l’effet de la couverture nuageuse est celui qui a la plus grande incertitude[24]. Les modĂšles du cycle du carbone du GIEC montrent une absorption plus Ă©levĂ©e de carbone dans les ocĂ©ans, mais l'assimilation de carbone par les terres est incertaine en raison de l'effet combinĂ© du changement climatique et des changements d'utilisation des terres[25].

L’enregistrement gĂ©ologique de la tempĂ©rature et de la concentration de gaz Ă  effet de serre permet aux climatologues de rassembler des informations sur les rĂ©troactions climatiques qui ont conduit Ă  diffĂ©rents Ă©tats climatiques, tels que le Quaternaire supĂ©rieur (il y a 1,2 million d’annĂ©es), le PliocĂšne (il y a cinq millions d’annĂ©es) et le CrĂ©tacĂ© (il y a cent millions d'annĂ©es). En combinant ces informations avec la comprĂ©hension du changement climatique actuel, un groupe de chercheurs conclut en 2018[26] qu'un rĂ©chauffement de 2 °C pourrait activer des Ă©lĂ©ments de basculement importants, augmentant encore la tempĂ©rature pour activer d'autres Ă©lĂ©ments de basculement dans un enchaĂźnement en cascade qui pourrait encore augmenter la tempĂ©rature terrestre[5] et crĂ©er une planĂšte Ă©tuve. Une Ă©tude de 2019 affirme que si les gaz Ă  effet de serre atteignent trois fois le niveau actuel de dioxyde de carbone dans l'atmosphĂšre, les stratocumulus pourraient se disperser brutalement, contribuant ainsi Ă  un rĂ©chauffement supplĂ©mentaire de 8 degrĂ©s Celsius[27].

La vitesse Ă  laquelle les Ă©lĂ©ments du systĂšme climatique peuvent basculer est extrĂȘmement importante pour dĂ©terminer leur rĂŽle dans le changement climatique. Les enregistrements gĂ©ologiques ne permettent pas toujours de savoir si les changements de tempĂ©rature passĂ©s se sont Ă©tendus sur quelques dĂ©cennies ou plusieurs millĂ©naires. Par exemple, le basculement induit par de la libĂ©ration de composĂ©s de clathrate enfouis dans les fonds marins et le pergĂ©lisol marin[28] est maintenant considĂ©rĂ© comme un phĂ©nomĂšne de long terme et non plus brutal[29].

Emballement de l'effet de serre

L'emballement climatique est utilisĂ© dans les cercles astronomiques pour dĂ©signer un effet de serre si extrĂȘme que les ocĂ©ans bouillonnent et rendent une planĂšte inhabitable, comme ce qui s'est produit sur VĂ©nus de façon irrĂ©versible. Le cinquiĂšme rapport d'Ă©valuation du GIEC indique que cet emballement n'a pratiquement aucune chance d'ĂȘtre induit par des activitĂ©s anthropiques[30]. Des conditions semblables Ă  celles de VĂ©nus nĂ©cessitent un forçage important qui ne se produira probablement pas sans une augmentation du rayonnement solaire de plusieurs dizaines de pour-cent, ce qui n'arrivera pas avant des milliards d’annĂ©es[31].

Si cet emballement est pratiquement impossible sur Terre, le forçage climatique crĂ©Ă© par l'homme pourrait amener la Terre Ă  un Ă©tat de serre humide rendant de grandes parties de la Terre inhabitables si le taux de vapeur d'eau (H2O) augmentait jusqu'Ă  1 % de la masse totale de l'atmosphĂšre, devenant ainsi un constituant atmosphĂ©rique majeur[32]. Si un tel forçage Ă©tait entiĂšrement dĂ» au CO2, le processus d’altĂ©ration Ă©liminerait le CO2 atmosphĂ©rique en excĂšs bien avant de baisser le niveau des ocĂ©ans[31].

Points de basculement en cascade

Franchir un seuil dans une partie du systĂšme climatique peut amener un autre Ă©lĂ©ment Ă  basculer dans un nouvel Ă©tat. Ce sont ce qu'on appelle des points de basculement en cascade[33]. La fonte de la glace en Antarctique occidental et au Groenland modifierait considĂ©rablement la circulation ocĂ©anique. Ce processus pourrait entraĂźner l'activation d'Ă©lĂ©ments de basculement dans cette rĂ©gion, tels que la dĂ©gradation du pergĂ©lisol, la fonte de la banquise arctique et le dĂ©pĂ©rissement de la forĂȘt borĂ©ale. Cela montre que mĂȘme Ă  des niveaux relativement bas de rĂ©chauffement climatique, des Ă©lĂ©ments de basculement relativement stables peuvent ĂȘtre activĂ©s[34].

Signaux d'alerte précoce

Pour certains des points de basculement dĂ©crits ci-dessus, il peut ĂȘtre possible de dĂ©tecter si cette partie du systĂšme climatique se rapproche d'un point de basculement. Toutes les parties du systĂšme climatique sont parfois perturbĂ©es par les phĂ©nomĂšnes mĂ©tĂ©orologiques. AprĂšs la perturbation, le systĂšme revient Ă  son Ă©quilibre. Par exemple, une tempĂȘte peut endommager la banquise qui se reforme aprĂšs. Si un systĂšme se rapproche d'un basculement, la restauration de son Ă©tat normal peut prendre de plus en plus de temps, ce qui peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme un signe avant-coureur du basculement[35] - [36].

L'Arctique en mutation, Ă©tude 2019 du PNUE

Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par le PNUE en 2019 indique que le point de basculement a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© atteint pour l'Arctique et le Groenland[37] - [38]. En raison de la fonte du pergĂ©lisol, le mĂ©thane (en plus d'autres polluants climatiques de courte durĂ©e) pourrait ĂȘtre libĂ©rĂ© dans l'atmosphĂšre plus tĂŽt que prĂ©vu. La perte d'un bouclier de glace Ă  albĂ©do positif a lancĂ© une puissante boucle de rĂ©troaction positive conduisant Ă  des tempĂ©ratures toujours plus Ă©levĂ©es. L’instabilitĂ© climatique qui s’accĂ©lĂšre dans la rĂ©gion polaire est susceptible d’affecter le climat mondial, et de dĂ©passer les prĂ©visions antĂ©rieures[39] - [40] - [41] - [42] - [43] - [44] concernant le point de l’avenir oĂč le basculement mondial aura lieu.

Effets des points de basculement

Si le climat entre dans un scĂ©nario de serre humide, il est Ă  craindre des pĂ©nuries alimentaires, des pĂ©nuries d'eau et des centaines de millions de personnes dĂ©placĂ©es en raison de l’élĂ©vation du niveau de la mer, de conditions malsaines et invivables et de tempĂȘtes cĂŽtiĂšres violentes[34].

Un emballement Ă  4 Ă  5 °C pourrait rendre inhabitables des pans entiers de la planĂšte autour de l’équateur, avec un niveau de la mer jusqu’à 60 m au-dessus d'aujourd'hui[45]. Un rĂ©chauffement de 11 Ă  12 °C mettrait en question la survie des humains par hyperthermie[46].

Des effets comme ceux-là ont été popularisés dans des ouvrages de fiction comme The Inhabitable Earth[47].

Notes et références

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  2. O.D. Hoegh-Guldberg, M. Jacob, M. Taylor, Bindi S. et Brown, Global Warming of 1.5°C, In Press, , « Impacts of 1.5°C of Global Warming on Natural and Human Systems ».
  3. N. J. Shackleton, « The 100,000-Year Ice-Age Cycle Identified and Found to Lag Temperature, Carbon Dioxide, and Orbital Eccentricity », Science, vol. 289, no 5486,‎ , p. 1897–902 (PMID 10988063, DOI 10.1126/science.289.5486.1897, Bibcode 2000Sci...289.1897S).
  4. J. Zachos, M. Pagani, L. Sloan et E. Thomas, « Trends, rhythms, and aberrations in global climate 65 Ma to present », Science, vol. 292, no 5517,‎ , p. 686–693 (PMID 11326091, DOI 10.1126/science.1059412, Bibcode 2001Sci...292..686Z).
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    « Hothouse Earth is likely to be uncontrollable and dangerous to many 
 global average temperatures would exceed those of any interglacial period—meaning warmer eras that come in between Ice Ages—of the past 1.2 million years. »
  6. T.M. Lenton, H. Held, E. Kriegler et J.W. Hall, « Tipping elements in the Earth's climate system », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 105, no 6,‎ , p. 1786–1793 (PMID 18258748, PMCID 2538841, DOI 10.1073/pnas.0705414105, Bibcode 2008PNAS..105.1786L).
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Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes

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