Plateforme de glace de Ross
La plateforme de glace de Ross, autrefois appelĂ©e grande barriĂšre de glace puis barriĂšre de Ross, est la plus grande plateforme de glace dâAntarctique[1] et la premiĂšre Ă avoir Ă©tĂ© dĂ©crite et cartographiĂ©e. Elle porte le nom de James Clark Ross qui commandait l'expĂ©dition qui l'a dĂ©couverte. Elle a attirĂ© de nombreux explorateurs au dĂ©but du XXe siĂšcle puis de nombreuses expĂ©ditions scientifiques.
Plateforme de glace de Ross | ||
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Pays | Antarctique | |
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DĂ©pendance de Ross | ||
Type | Plateforme de glace | |
CoordonnĂ©es | 81° 30âČ S, 175° 00âČ O | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Antarctique
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GĂ©ographie
Cette plateforme de glace est alimentée par un trÚs large courant de glace s'écoulant depuis la Terre Marie Byrd, à l'Est, et par de multiples glaciers s'écoulant au travers de la chaßne Transantarctique, à l'Ouest[2]. Le front de la plateforme de glace, au Nord, est limité par l'ßle de Ross le détroit de McMurdo, et la mer de Ross. Plusieurs ßles comme l'ßle Roosevelt sont complÚtement prises dans la glace de la barriÚre.
PrĂ©sentant une largeur dâenviron 800 km, il couvrait quelque 500 809 km2 en 2013[3]. Sa plus grande partie se trouve dans la dĂ©pendance de Ross, territoire revendiquĂ© par la Nouvelle-ZĂ©lande[4].
Climat
La plateforme est rĂ©putĂ©e pour son climat extrĂȘme. Le peu de relief de celle-ci ne freine pas le vent.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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TempĂ©rature moyenne (°C) | â4,5 | â11,4 | â20,5 | â24 | â25,6 | â26 | â28,3 | â29,7 | â28,1 | â21,3 | â11,4 | â4,8 | â19,6 |
Histoire
DĂ©couverte
La plateforme de glace a Ă©tĂ© dĂ©couverte le lors de l'expĂ©dition Erebus et Terror (1839-1843) avec d'autres lieux qui prendront une grande importance historique comme l'Ăźle de Ross et le dĂ©troit de McMurdo. Le capitaine James Clark Ross qui menait l'expĂ©dition la nomme la « Grande barriĂšre de glace » parce qu'elle l'empĂȘche d'aller plus au sud et parce que sa hauteur la rend trĂšs imposante. Ce n'est que plus tard qu'elle prendra son nom.
Ross est encore à Hobart en Tasmanie quand il a vent de la découverte de la Terre Adélie par l'expédition française Dumont d'Urville (1839-1840) de Jules Dumont d'Urville et les plans de l'expédition américaine Wilkes (1839-1842) de Charles Wilkes[5]. Il décide alors de détourner son expédition dans ce secteur non cartographié[5], plus à l'est. Cela lui permet de faire l'une des découvertes les plus spectaculaires du XIXe siÚcle[5].
L'accÚs à la barriÚre est difficile, le HMS Erebus et HMS Terror, les bombardes en bois de Ross n'ont pas la puissance des brise-glace modernes, et le pack freine la progression. Ross aperçoit le cap Adare au nord-est de la Terre Victoria puis longe la cÎte vers le sud[5]. Il découvre le détroit de McMurdo et l'ßle de Ross et enfin une énorme barriÚre de glace de 50 m de haut[5]. La longeant partiellement, il estime la longueur de la barriÚre à 800 km[5]. Devant hiverner, il décide de rentrer à Hobart faute de lieux sûrs[5].
à son retour l'année suivante, les conditions météorologiques sont moins clémentes[5]. La barriÚre étant à sa bordure nord une énorme falaise de glace, il ne peut y débarquer des hommes et se contente de la cartographier sur sa partie Est jusqu'à 160° de longitude ouest.
PremiĂšre exploration
C'est au cours de l'expĂ©dition Southern Cross (1898â1900) que Carsten Borchgrevink et deux hommes parviennent Ă escalader la barriĂšre et peuvent l'explorer via une pente sur celle-ci. Ils rĂ©alisent un « Farthest South » Ă la latitude de 78°50'S, c'est-Ă -dire en atteignant une latitude que personne avant eux n'avait rĂ©alisĂ©e. Ils ne restent pas beaucoup de temps sur celle-ci, leur camp de base principal Ă©tant au cap Adare.
Les observations indiquent que la barriÚre s'est déplacée de quelque 30 km au sud depuis l'époque de Ross[6].
Percées décisives
Les expĂ©ditions suivantes qui ont permis d'atteindre le pĂŽle Sud lors de l'Ăge hĂ©roĂŻque de l'exploration en Antarctique (1895-1922) passĂšrent toutes par la plateforme de glace afin d'atteindre le plateau Antarctique.
L'expédition Discovery (1901-1904) de Robert Falcon Scott et l'expédition Nimrod (1907-1909) d'Ernest Shackleton tenteront sans l'atteindre le pÎle Sud mais donnant une pratique et une expérience qui sera importante dans les expéditions suivantes.
Sur la route du PĂŽle Sud
- L'expédition Terra Nova de Robert Falcon Scott (Royaume-Uni)
- L'expédition Amundsen de Roald Amundsen (NorvÚge)
Les expéditions britanniques prenaient comme base le détroit de McMurdo et l'ßle de Ross pour leurs tentatives et l'expédition Amundsen (1910-1913) du norvégien Roald Amundsen la baie des Baleines (Framheim)[7].
L'expĂ©dition Amundsen atteignit le pĂŽle par le glacier Axel Heiberg et l'expĂ©dition Terra Nova (1910-1913) de Robert Falcon Scott par le glacier Beardmore. Les cinq hommes de cette derniĂšre tomberont Ă son retour sur un climat particuliĂšrement rigoureux, et bloquĂ©s par la tempĂȘte et Ă court de provisions, moururent. Depuis cet Ă©vĂ©nement tragique, les conditions climatiques sur la barriĂšre sont considĂ©rĂ©es comme dĂ©cisives dans les tentatives Ă pied.
Seconde phase d'exploration
En 1928, Richard Byrd place son camp de base Little America Ă la baie des Baleines et en fait la tĂȘte de pont pour cinq expĂ©ditions amĂ©ricaines entre 1929 et 1956[8].
L'est de la plateforme de Ross est notamment exploré en 1934[8].
PĂ©riode moderne
Plusieurs bases antarctiques se situent prÚs de la plateforme, notamment la base néo-zélandaise Scott et la base américaine McMurdo toutes deux sur la péninsule de Hut Point de l'ßle de Ross.
Trois aéroports saisonniers, Ice Runway, Williams Field et Pegasus Field, se situent sur la barriÚre.
Ăvolution et conservation
Avec le réchauffement climatique, l'inlandsis de l'Antarctique est trÚs touché. Dans les années 2000, certains scientifiques ont envisagé une dislocation partielle de la plateforme de Ross à moyen terme[9].
Le [10], l'Iceberg B-15 d'environ 11 000 km2, soit plus que la taille de la Jamaïque, s'est désolidarisé de la plateforme de glace. En 2002, c'est l'Iceberg C-19 (en) d'environ 5 500 km2 et l'Iceberg C-18 d'environ 560 km2 qui se sont détachés.
Bibliographie
- Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pÎles, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard », (réimpr. 2006), 159 p. (ISBN 978-2-07-076332-0).
Notes et références
- « Plateforme de glace », sur recherchespolaires.veille.inist.fr, INIST-CNRS (consulté le ).
- (en) J. Mouginot, E. Rignot et B. Scheuchl, « ContinentâWide, Interferometric SAR Phase, Mapping of Antarctic Ice Velocity », Geophysical Research Letters, vol. 46, no 16,â , p. 9710â9718 (ISSN 0094-8276 et 1944-8007, DOI 10.1029/2019GL083826, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) E. Rignot, S. Jacobs, J. Mouginot et B. Scheuchl, « Ice-Shelf Melting Around Antarctica », Science, vol. 341, no 6143,â , p. 266â270 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, DOI 10.1126/science.1235798).
- Voir Revendications territoriales en Antarctique.
- Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pÎles, p. 38.
- (en) « Antarctic Explorers â Carsten Borchgrevink », www.south-pole.com (consultĂ© le ).
- Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pÎles, p. 86.
- Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pÎles, p. 103.
- (en) « Ross Ice Shelf could 'collapse quickly' », sur theaustralian.news.com.au, The Australian, (consulté le ).
- (en) Comiso, Josefino C., Polar oceans from space, New York, Springer, , 507 p. (ISBN 978-0-387-68300-3 et 0-387-68300-3, OCLC 663096366, lire en ligne), p. 396.