Pin d'Armand
Pinus armandii
RĂšgne | Plantae |
---|---|
Division | Pinophyta |
Classe | Pinopsida |
Ordre | Pinales |
Famille | Pinaceae |
Genre | Pinus |
Classification phylogénétique
LC Farjon, A., « Pinus armandii » (consulté le ) : Préoccupation mineure
Le pin d'Armand (Pinus armandii) est un arbre appartenant au genre Pinus et à la famille des Pinacées, originaire de Chine et du Nord Myanmar.
La consommation de ses pignons peut provoquer une dysgueusie (altération du goût).
Ătymologie et histoire de la nomenclature
Le nom de genre Pinus vient du latin pīnus « pin ».
LâĂ©pithĂšte spĂ©cifique armandii a Ă©tĂ© dĂ©diĂ©e au pĂšre Armand David par le botaniste de MusĂ©um de Paris, Franchet.
Le missionnaire botaniste Armand David, lors de son voyage lâexploration naturaliste dans les Monts Qinling (oct. 1872-avr. 1874) observe en , « le beau pin Ă Ă©corce lisse et verte, et dont les minces feuilles sont rĂ©unis en paquets de cinq et parfois de trois, [qui] croĂźt gĂ©nĂ©ralement dans toute la rĂ©gion des forĂȘts centrales. Dans mes notes, je donne le nom de Pinus quinquefolia Ă cet Ă©lĂ©gant arbre, qui devient haut et droit comme notre picĂ©a »[1].
Son descripteur, Adrien Franchet choisit un autre nom: Pinus armandii[2]. Car toujours impressionnĂ© par la qualitĂ© et le nombre des envois de nouvelles espĂšces du pĂšre David, il lui dĂ©dia un grand nombre dâespĂšces par l'Ă©pithĂšte spĂ©cifique soit de davidii soit dâarmandii.
Le nom chinois vernaculaire est ćć±±æŸ huashansong « pin des Huashan » ; les monts Hua, sont situĂ©s principalement dans le Shaanxi éè„ż.
Description
Le pin dâArmand est un grand arbre pouvant atteindre 35 m de haut[3]. LâĂ©corce dâabord lisse, marquĂ©e de lĂ©gĂšres craquelures gris violacĂ©, devient ensuite pourpre sombre, profondĂ©ment craquelĂ©e et couverte de grandes plaques[4]. La couronne est largement conique et ouverte, ou cylindrique pyramidale[3]. Les branches sont longues horizontales et sinueuses, pourvues de feuilles seulement Ă lâextrĂ©mitĂ©.
Les feuilles (ou aiguilles) sont groupĂ©es par cinq (parfois sept), Ă lâextrĂ©mitĂ© des rameaux uniquement, de section triangulaire, en faisceaux fermĂ©s et pendants, de 8â15 cm de long sur 1â1,5 mm[3].
Les cÎnes de pollen sont dressés ou tombants, cylindriques ou ovoïdes-ellipsoïdes, selon la variété. La libération du pollen se fait vers la mi-juin.
Les cĂŽnes femelles sont verts puis jaune brun Ă maturitĂ©, portĂ©s par un pĂ©doncule rouge de 2â3 cm. Les cĂŽnes de graines dâun an sont dressĂ©s, ovoĂŻdes, vert bleu. Les cĂŽnes de deux ans sont en forme de tonneaux[4], Ă Ă©cailles Ă©paissies, non recourbĂ©es ou lĂ©gĂšrement courbĂ©es vers lâintĂ©rieur, dâun vert luisant dâabord, virant au brun orangĂ© puis au brun violacĂ©.
Les graines sont sans ailes, dâun jaune brun, ou brun noir, obovoĂŻdes, de 1â1,5 cm sur 6â10 mm. La maturation des graines a lieu en septembre-octobre de lâannĂ©e suivante.
Distribution et habitat
Pinus armandii est un arbre originaire de Chine[n 1], de Taiwan et du Nord Myanmar.
Il pousse en montagne entre 1 000 et 3 300 m.
Taxons inférieurs
Flora of China distingue deux variétés[3] :
- Pinus armandii var. armandii ;
- Pinus armandii var. mastersiana (Hayata) Hayata.
Pinus armandii | CĂŽnes de pollen |
---|---|
var armandii | dressés, robustes, ovoïdes-ellipsoïdes |
var mastersiana | tombants, minces, cylindriques |
Usages
MĂ©dicinal
Les produits tirĂ©s du pin dâArmand sont utilisĂ©s dans la pharmacopĂ©e traditionnelle tibĂ©taine (èèŻ zang yao), des Yi (ćœèŻ yi yao) et des Lisu[5].
Le pollen appelĂ© « jaune de pin » (æŸé» songhuang) est utilisĂ© en mĂ©decine traditionnelle chinoise. Pris dans du vin chaud, il a pour effet de guĂ©rir les saignements traumatiques.
Alimentaires : non comestible
Les pignons de Pinus armandii qui contiennent 43 % dâhuile sont consommĂ©s en Chine : « Souvent frits avec des fruits secs, ils sont dĂ©licieusement parfumĂ©s »[5], indique lâencyclopĂ©die BaiduBaike. L'huile de pressage de pignons de pin est une huile sĂšche utilisĂ©e comme matiĂšre premiĂšre pour le savon industriel, le vernis et lâhuile de graissage.
Bien que des pignons de pin de cette espÚce aient été couramment commercialisés en Europe dans les années 2000[6], le lien entre consommation de pignons de pin de cette espÚce et troubles du goût a été scientifiquement établi[7].
à la fin des années 2000, les autorités sanitaires de plusieurs pays de l'Union européenne ont mis en doute leur comestibilité, de nombreux consommateurs ayant fait état d'un goût amer persistant, postérieurement à l'ingestion de pignons de pin. L'apparition des symptÎmes survient habituellement de façon retardée, un à trois jours aprÚs l'ingestion[8]. Cette dysgueusie caractérisée par une forte amertume, souvent exacerbée par la consommation d'aliments, persiste pendant plusieurs jours voire au-delà d'une semaine. Entre et , les centres antipoison et de toxigovigilance avaient pu recenser, en France, 3 403 cas symptomatiques[9].
Par un avis publiĂ© au Journal officiel de la RĂ©publique française, le ministĂšre de l'Ăconomie, de l'Industrie et de l'Emploi a indiquĂ© que la commercialisation de cette espĂšce de pignon de pin, ainsi que de l'espĂšce Pinus massoniana, est interdite du fait que ces espĂšces, qui n'Ă©taient pas traditionnellement consommĂ©es en Europe, n'ont jamais fait l'objet d'une demande d'autorisation[10].
Pinus armandii, Pinus massoniana, Pinus yunnanensis et Pinus tabuliformis ne font d'ailleurs pas partie des espĂšces rĂ©pertoriĂ©es comme Ă©tant comestibles par lâOrganisation des Nations unies pour lâalimentation et lâagriculture (FAO)[11].
Industriels
Le pin dâArmand fournit un bon bois de construction. Câest un bois lĂ©ger et tendre, rĂ©sistant Ă lâeau. Il sert aussi Ă la fabrication de meubles, de sculptures, de contreplaquĂ©s et de traverses[5].
Le colophane et la térébenthine sont également prélevés.
Culture chinoise
En raison de son feuillage persistant, le pin est symbole de longĂ©vitĂ©, en triomphant de la mort hivernale. Il est en outre traditionnellement plantĂ© prĂšs des tombes, ce symbole dâimmortalitĂ© devant aider Ă dĂ©passer la mort humaine[12].
Dans les temps anciens les chercheurs dâimmortalitĂ© taoĂŻstes consommaient de la rĂ©sine de pin. Le dieu de la longĂ©vitĂ©, Shouxing, 毿æ, est habituellement reprĂ©sentĂ© au pied dâun pin, sur lequel est perchĂ©e une grue Ă couronne rouge.
Bien sĂ»r en ces temps reculĂ©s, le pin (æŸ song) ne renvoie pas Ă une espĂšce particuliĂšre, mais au pin en gĂ©nĂ©ral.
Notes et références
Notes
- S Gansu, C and NW Guizhou, Hainan, SW Henan, W Hubei, S Shaanxi, S Shanxi, Sichuan, SE Xizang, Yunnan.
Références
- AbbĂ© Armand David, Journal de mon troisiĂšme voyage dâexploration dans lâEmpire chinois, tome I, Librairie Hachette et C°, (lire en ligne [PDF]), p. 192.
- Plantae davidianae ex sinarumnimperio A. Franchet, « Nouvelles archives du muséum d'histoire naturelle, sér. 2 7: p. 95 » (consulté le ).
- (en) Référence Flora of China : Pinus armandii Franchet .
- A. Mitchell, Tous les arbres de nos forĂȘts, Bordas, , 414 p..
- BaiduçŸç§, « ćć±±æŸ Â» (consultĂ© le ).
- 60 millions de consommateurs, « Un goût amer pour les consommateurs de pignons de pin », Institut national de la consommation, .
- (en) Destaillats F et al., « Identification of the Botanical Origin of Commercial Pine Nuts Responsible for Dysgeusia by Gas-Liquid Chromatography Analysis of Fatty Acid Profile », Journal of Toxicology, vol. in press,â (DOI 10.1155/2011/316789, lire en ligne).
- Directeur général de l'Anses, « Avis du 26 juillet 2010 relatif à la mise en place d'un protocole expérimental pour l'analyse de pignons de pin, sur saisines n°2009-SA-0286 et n°2009-SA-0166 », Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, .
- Comité de coordination de toxicovigilance, « Pignons de pin et dysgueusie retardée », .
- Avis du ministĂšre de l'Ăconomie, de l'Industrie et de l'Emploi du 15 septembre 2010 aux fabricants, importateurs et distributeurs de pignons de pins en application de l'article L. 221-7 du code de la consommation.
- 60 millions de consommateurs, « Le mystÚre des pignons de pin enfin éclairci ? », Institut national de la consommation, .
- Livia Kohn (dir.), Daoism Handbook, Brill, février.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) Destaillats F et al., « Identification of the Botanical Origin of Commercial Pine Nuts Responsible for Dysgeusia by Gas-Liquid Chromatography Analysis of Fatty Acid Profile », Journal of Toxicology, vol. in press,â (DOI 10.1155/2011/316789, lire en ligne) (en)
- Comité de coordination de toxicovigilance, « Pignons de pin et dysgueusie retardée », [PDF]
- MinistÚre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, « Avis du 15 septembre 2010 aux fabricants, importateurs et distributeurs de pignons de pins en application de l'article L. 221-7 du code de la consommation », Journal officiel de la République française[PDF]
- (en) Référence Flora of China : Pinus armandii
- (en) Référence NCBI : Pinus armandii (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : espÚce Pinus armandii Franch., 1884 (consulté le )
- (en) Référence GRIN : espÚce Pinus armandii Franch.