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Pierre de la Joure

La pierre de la Joure est un menhir situé sur la commune de Saint-Ouen-d'Attez dans le département de l’Eure en France.

Pierre de la Joure
Image illustrative de l’article Pierre de la Joure
Pierre de la Joure en 2016
Présentation
Nom local Pierre de la Goure
Pierre de l’Agour
Pierre de Gargantua
Pierre de la Gout
Type Menhir
PĂ©riode NĂ©olithique
Faciès culturel Mégalithisme
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1934)
Visite Libre d'accès
Caractéristiques
Dimensions hauteur 4,5 m
Matériaux grès
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 48° 48′ 29″ nord, 0° 57′ 52″ est
Pays France
RĂ©gion Normandie
DĂ©partement Eure
Commune Saint-Ouen-d'Attez
GĂ©olocalisation sur la carte : Eure
(Voir situation sur carte : Eure)
Pierre de la Joure

Localisation

Le mégalithe est situé au bord d’un étang alimenté par la rivière de l’Iton à la limite des communes de Saint-Nicolas-d'Attez, Saint-Ouen d’Attez et Condé-sur-Iton.

Description

Gravure réalisée par Le Prévost et représentant le menhir en 1832

La Pierre de la Joure est un bloc de grès ferrugineux très dur, se terminant en pointe arrondie et mesurant 4,5 m sur une largeur moyenne de 2,2 m et de 1,6 m[1]. Une longue fente de 0,4 m de longueur et 0,05 m de large existe au sommet. Plusieurs autres situĂ©es sur la face ouest sont profondes, l’une se trouve Ă  0,8 m du sol. La face est offre une surface plate ; au sommet, la face ouest forme une protubĂ©rance. Ă€ 1,5 m du sommet, le cĂ´tĂ© mĂ©plat est mesure encore 1,4 m de largeur maxima[2].

En 1896, Alphonse-Georges Poulain croit voir dans le prolongement de grès, de forme arrondie, qui couronne le menhir « une imitation grossière d’une tête humaine, trois petits trous, à demi effacés par le temps, représentant le nez et les yeux ! (face regardant le sud-ouest). C’était peut-être l’image d’un héros célèbre dans cette contrée, en l’honneur duquel ses contemporains ont élevé debout cette pierre » [3].

  • CĂ´tĂ© nord-ouest
    Côté nord-ouest
  • CĂ´tĂ© sud-est
    Côté sud-est
  • CĂ´tĂ© sud-ouest
    Côté sud-ouest

Historique

Hache palĂ©olithique retrouvĂ©e Ă  200 m de la Pierre de la Joure

Le monument date du Néolithique[4]. Des silex de cette période ont été retrouvés sur la commune ainsi que des haches, retouchoirs, grattoirs, percuteurs, nucleus et quelques pointes de flèches. Deux haches amygdaloïdes paléolithiques ont également été retrouvées dans des terrains voisins ainsi que deux pointes moustériennes[5]. Le nombre important d’outils de toutes époques trouvés dans le voisinage prouve que le site a longtemps été occupé[6].

Auguste Le PrĂ©vost est le premier Ă  dĂ©crire le monument en 1832[7]. Mais c’est LĂ©on Coutil, prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, qui rĂ©ussit Ă  le prĂ©server de la destruction. Lorsqu’il le dĂ©crit pour la première fois en 1896, le menhir est situĂ© sur un terrain marĂ©cageux Ă  55 m de l’Iton. Mais lorsqu’il retourne sur le site en 1901, il dĂ©couvre que le terrain a Ă©tĂ© vendu :

« Quelle fut notre surprise de le trouver enseveli dans un Ă©norme tas de sable et galet de plus de 30 m de longueur sur 3,3 m de hauteur et laissant dĂ©passer seulement de 1,2 m le menhir. Un entrepreneur de maçonnerie de Breteuil avait achetĂ© Ă  vil prix le terrain marĂ©cageux oĂą il se trouvait mais qui Ă©tait composĂ© d’alluvions ; et il avait profitĂ© d’une pĂ©riode de sĂ©cheresse pour extraire depuis trois mois son sable et son galet, opĂ©ration assez dĂ©licate puisque la rivière l’Iton passe Ă  cĂ´tĂ©, Ă  55 m seulement au sud. Voyant que l’exploitation avait creusĂ© un immense trou plein d’eau et que le pied du menhir n’était qu’à 4 ou 5 m de ce trou, nous Ă©crivĂ®mes Ă  cet entrepreneur pour acheter le monument aussitĂ´t qu’il serait dĂ©gagĂ©[8]. »

Le prix demandé étant trop important, les démarches n’aboutissent pas[9] et le terrain est revendu à un agent d’affaires de Breteuil qui compte déménager le monument « dans le parc d’un château ». Les travaux d’extraction du sable ont créé un étang artificiel à proximité immédiate du menhir affaiblissant ainsi le sol sur lequel il est dressé, ce qui explique son inclinaison actuelle[10].

Le menhir est finalement sauvé grâce à son classement au titre des monuments historiques par arrêté du 6 décembre 1934[4].

LĂ©gende

« Cette pierre fut le témoin d’une tragique histoire. On raconte qu’à l’époque de l’invasion de la Gaule par les légions de Jules César et plus précisément au pays des Aulerques, lorsque Publius Crassus qui s’était rendu maître d’Éburovices (Évreux) en 57 av. J.-C. descendait la voie gauloise près de l’Iton, un dénommé Hoël, suivi des principaux de son clan, dut interrompre sa route et se réfugier avec eux dans d’épais fourrés, voyant défiler une légion tout entière. Dans la douleur et la honte de voir son pays envahi par l’ennemi romain, le vieux chef gaulois Hoël se transperça le cœur d’un vigoureux coup d’épée. Il fut enseveli devant la pierre de la Goure, lieu de culte de ses ancêtres. On dit que pendant les nuits d’orage, des sanglots entrecoupés s’élèvent des alentours du menhir et s’éteignent lentement dans un murmure prolongé qui se confond peu à peu avec le bruissement des eaux de l’Iton. La pierre de la Gour porte aussi le nom de « Pierre de Gargantua ». Selon la légende, elle se soulèverait seulement pendant la messe de Noël et découvrirait un trésor. C’est la version la plus connue relatée par les habitants du pays[11]. »

Une fente entaille le menhir Ă  environ 0,6 m de sa partie supĂ©rieure du cĂ´tĂ© opposĂ© Ă  l’étang. D’après une lĂ©gende, la veille de NoĂ«l, pendant la messe de minuit et pendant l’élĂ©vation, on peut retirer de ce trou autant d’or que l’on veut ; mais la cavitĂ© se refermerait parfois, emprisonnant la main de l’homme assez cupide pour tenter d’enlever le trĂ©sor[12].

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

Références

  1. [PDF] Léon Coutil, « Inventaire des menhirs et dolmens de France : Eure », Bulletin de la Société normande d’Études préhistoriques, tome IV, année 1896, éd. Imprimerie Eug. Izambert, Louviers, 1897, p. 49
  2. Léon Coutil, « Pierre de l’Agour ou Pierre de Gargantua », éd. Imprimerie Ch. Hérissey, Évreux, 1919, p. 3-4
  3. [PDF] Georges Poulain, « Le menhir de Saint-Nicolas-d’Attez et description d’instruments en silex trouvés dans la contrée », Bulletin de la Société normande d’études préhistoriques, tome X, 1902, p. 117
  4. « Menhir dit Pierre de la Joure », notice no PA00099564, base Mérimée, ministère français de la Culture
  5. Léon Coutil, « Pierre de l’Agour ou Pierre de Gargantua », p. 4
  6. Georges Poulain, « op. cit. », p. 117-125]
  7. [PDF] Auguste Le Prévost, « Notice historique et archéologique sur le département de l’Eure », Revue de la Société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l’Eure, tome III, 1832, p. 253
  8. Léon Coutil, « Pierre de l’Agour ou Pierre de Gargantua », p. 2
  9. Séance du jeudi 28 juillet 1910, « Le menhir, la pierre de l’Agour, à Saint Nicolas d’Altez (Eure) », Bulletin de la société préhistorique de France, vol. 7, n°8, 1910, p. 458
  10. Léon Coutil, « Pierre de l’Agour ou Pierre de Gargantua », p. 3
  11. Jeannine Rouch, MĂ©galithes de Normandie, Ă©d. OREP, Bayeux, 2012, p. 94
  12. Léon Coutil, « Pierre de l’Agour ou Pierre de Gargantua », p. 5
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