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Pierre Nourry (ingénieur)

Pierre Nourry est né le dans le 9e arrondissement de Paris. Auteur, critique musical, producteur et ingénieur français. Secrétaire général du Hot Club de France en 1933 et directeur de la Société nouvelle du Tramway du Mont-Blanc en 1955.

Pierre Nourry
Pierre Nourry en 1938.
Biographie
Naissance

Paris
Décès

Il est décédé le à Bernay dans le département de l'Eure à l’âge de 79 ans. Il est enterré à Saint-Aubin-sur-Mer en Seine-Maritime.

Biographie

Pierre Nourry étudie en classe préparatoire au lycée Chaptal et poursuit ses études à l’École centrale de Paris à partir de 1929; sorti Major de sa promo, il devient Ingénieur des Arts et Manufactures.

Famille

Fils d'Henri Nourry (Industriel) et d'Angèle Hebert, Pierre Nourry se marie le 27 avril 1940 à Paris avec Thérèse-Marguerite Sander (1915 - 1997). De cette union naissent neuf enfants.

Le Quintette du Hot Club de France

L'enthousiasme pour le jazz prenant de l'ampleur, en 1932 deux étudiants parisiens, Jack Auxenfans et Elwyn Dirats, fondent l'association Hot Club de France qui vise à promouvoir cette musique. Puis les critiques de jazz Pierre Nourry, Jacques Bureau et Hugues Panassié les rejoignent et en deviennent les animateurs. Le Hot Club de France renouvelle son équipe en 1933 lorsque ses deux fondateurs se retirent du conseil d’administration; Hugues Panassié en devient président et Pierre Nourry prend le rôle de secrétaire général à tout juste 20 ans. Ils sont rejoints par Charles Delaunay[1]. L’appartement de Pierre Nourry situé au 15 rue du Conservatoire, dans le neuvième arrondissement de Paris devient le siège officiel du Club.

A Paris, le 1er février 1933, le Hot Club de France organise un concert avec Freddie Johnson, Garland Wilson, Spencer Williams et Louis Cole.

Dès la fondation du Hot Club de France, l’édition de disques est une de ses principales préoccupations. En 1934, grâce à l’aide du magasin la Boîte à musique, l’association propose la réédition de deux disques 78 tours de Louis Armstrong et de Frankie Trumbauer et Bix Beiderbecke. Puis, après avoir rencontré Jean Caldairou, le directeur de la société Ultraphone, Pierre Nourry, aidé par Charles Delaunay, organise des séances d’enregistrement de jazz durant toute l’année 1935 avec les musiciens afro-américains présents à Paris et des musiciens français.

En 1934, les activités s’intensifient, au moment où Pierre Nourry découvre le guitariste Django Reinhardt à l’hôtel Claridge. Après l'avoir entendu jouer, il va trouver le prodige dans sa roulotte à Saint-Ouen pour remplacer au pied levé des trompettistes qui ne se sont pas rendus à un concert prévus un dimanche matin. A l’heure du concert, Pierre Nourry saute dans sa 5CV Citroën, trouver d'autres vedettes et revint avec les deux frères Reinhardt et quelques autres artistes qui n’avaient pas été prévus pour cette manifestation. C’est dans sa voiture 5CV Citroën que Pierre Nourry emmène Django à son premier enregistrement (qu’il finance), et il continuera ensuite à démarcher les maisons de disques pour lui. Après une série de jam sessions informelles à l'hôtel Claridge, les dirigeants du "Hot Club de France" préconisent la formation d'un groupe permanent composé seulement de musiciens français. L’idée d’une formation dont Django eût été l’âme était déjà dans l’air. Pierre Nourry avait rencontré à ce sujet, Émile Savitry et André Ekyan et s’en était entretenu avec Django qui rêvait de jouer avec un ensemble à cordes[2].

Pierre Nourry songea aussitôt à enregistrer les interprétations des compositions de Django jouées par ce nouvel orchestre composé de Joseph Reinhardt (guitariste) le frère de Django Reinhardt, Stéphane Grappelli (violon) et Louis Vola (contrebasse), qui sont rejoint par Roger Chaput, troisième guitare. Les musiciens ne croyaient cependant pas au succès de leur ensemble car au départ aucune maison de disque ne s’intéressait à cette musique !

Une audition fut cependant accordée par « Odéon », qui accepta d’enregistrer quelques faces d’essai du tout nouvel orchestre de l’association composé uniquement d’instruments à cordes (trois guitares, un violon et une contrebasse). Les musiciens se réunirent un après-midi pour répéter sans trop savoir ce qu'ils allaient enregistrer. A leur arrivée au studio, les musiciens se mettent à jouer au grand affolement des ingénieurs du son qui demandent discrètement : Mais qu’est-ce que cette musique que vous jouez ? Django, ayant entendu cette réflexion, décide de quitter le studio sur le champ. Pierre Nourry a le plus grand mal à le retenir jusqu’à ce que les deux premières faces d'essai aient été enregistrés : ces deux plaques de cire enchantèrent les musiciens qui s’entendaient pour la première fois, mais le conseil d’administration d'« Odéon » estima que les disques de l'orchestre sont d’une musique vraiment trop moderne ! La déconvenue des musiciens fut cruelle. Mais cet incident n’était pas pour décourager l’actif Pierre Nourry qui avait déjà fixé le premier concert du Quintette le 2 décembre 1934 à la salle de l’École normale de musique[3]. Comme on le constate en revoyant la publicité de cette manifestation Django s’écrivait encore Djungo et l’ensemble à cordes n’était pas encore baptisé Quintette du Hot Club de France, (parfois abrégé QdHCdF ou QHCF). C’est pour le concert suivant qu’il prit cette dénomination.

Leur première apparition eu un tel succès qu’une seconde séance fut organisée aussitôt.

En décembre 1934, Pierre Nourry signe un contrat avec la firme Ultra Phone, et quatre titres sont enregistrés et édités pour faire entendre les premières notes d’un jazz d'un nouveau style, le jazz manouche. Les premiers disques du Quintette suscitent l’étonnement et l’admiration des professionnels du milieu jazzistique à travers le monde. Le premier des critiques internationaux à réagir, après l’envoi à l’étranger des deux premiers 78 tours Ultraphone, est Helen Oakley. Elle écrit à Hugues Panassié qui transmet ses réactions à Pierre Nourry dans sa lettre du 21 mars1935 :

« Elle est enthousiasmée. Tous les musiciens de Chicago entendent sans cesse chez elle les 2 Ultraphone. Jess Stacy, Jimmy Lord, G. Whettling, Harry Carney, des types de Duke en quantité, etc, tous trouvent ça formidable. Ils ont déclaré : « Ils trouvent Django excellent, mais c’est Grappelli qu’ils aiment avant tout. Il est pour eux le meilleur violoniste hot du monde. »

« C’est un succès ! Vous voyez quel trésor nous possédons avec ce quintette ! Veillons bien dessus »[4].

Mais le père de Pierre Nourry décide de mettre tout le monde de son appartement qui était devenu à la fois le studio de répétition, le dortoir et une salle de jeu et un lieu de fêtes permanentes. Django Reinhardt retourne habiter dans sa roulotte. Rien de tout ça n’altérera l’amitié qui le lie à Pierre Nourry, qui sont unis par une passion commune du jazz et par un semblable tempérament marginal, à mille lieues des préjugés bourgeois[5].

La jeune génération des Charles Delaunay, Hugues Panassié ou Pierre Nourry se construit moins en filiation avec les premières manifestations de jazz noir, découvertes par ses aînés vers 1919, qu'en réaction à un jazz blanc prépondérant[6].

En même temps, l’association prépare un magazine bilingue français-anglais qui sortira en 1935. Jazz Hot (magazine) est la doyenne des revues de jazz du monde encore en activité sur internet. Les autres magazines Orchester Journalen (Suède) et Down Beat (USA), créées en 1934, et qui existent encore, ne sont, à l’origine, pas des revues exclusivement dédiées au jazz comme le fut Jazz Hot[7].Hugues Panassié est le directeur du magazine et Charles Delaunay le rédacteur en chef. En 1936, Charles Delaunay publie en français le livre Discographie hot. La traduction en anglais Hot Discography connaîtra de nombreuses rééditions.

Avec le succès de certains disques Ultraphone, Pierre Nourry envisage de fonder une firme consacrée uniquement à l’enregistrement de disques de jazz. Mais les difficultés financières d’Ultraphone obligent la maison de disque à fermer ses portes au début de l’année 1936. Le secrétaire général du Hot Club de France propose alors ses services à Jean Bérard, le nouveau directeur de la Gramophone Company, parent du label La Voix de son maître et reprend l’organisation de séances d’enregistrement pour cette maison de disques avec les musiciens afro-américains, français et le Quintette.

Appelé à rejoindre la Marine nationale française pour son service militaire, Pierre Nourry tournera radicalement la page du Hot Club quand il le verra se transformer en une entreprise lucrative. Charles Delaunay prendra la relève des activités d’enregistrement et, ce faisant, avec Hugues Panassié, ils gagneront tous les honneurs de la postérité dans les encyclopédies du jazz. Le rôle Pierre Nourry étant sous évalué.

Un désaccord entre Django Reinhardt et Stéphane Grappelli met fin définitivement au Quintette en 1939.

En 1940, Pierre Nourry, officier de Marine, part pour l’Algérie.

Le Tramway du Mont Blanc

En 1950, Pierre Nourry, qui est devenu après la guerre directeur des Usines Sander à Lille, se donne un nouvel objectif en Haute-Savoie où il rachète le grand hôtel du Col de Voza construit à l'occasion des Jeux olympiques de 1924. Cet hôtel situé à 1653m d’altitude appartenait à la Société auxiliaire du Mont-Blanc (SAMB) et il n'était accessible que par le Tramway du Mont-Blanc (TMB).

Le 4 août 1955, Pierre Nourry contribue à augmenter le capital social de la Compagnie du TMB jusqu'à 42,630 millions d'anciens francs. Son apport lui permet d'acquérir 90% d'actions de l’entreprise qui devient la Société nouvelle du Tramway du Mont-Blanc dont il devient le directeur. Il engage un ambitieux projet de modernisation, estimé à 426 millions d'anciens francs, qui débute avec l’acquisition de nouveau matériel, l’électrification et d'importants travaux sur la voie et les bâtiments.

Il fait appel à des financeurs publics et privé pour financer ces travaux. Les anciennes locomotives à vapeur sont remplacées par trois rames composées d'une motrice et d'une remorque. Initialement, il avait prévu de commander quatre automotrices et deux remorques neuves, mais il dut se contenter de trois automotrices pour réduire les couts.

Pierre Nourry avait alors déjà en tête de donner à chaque nouvelle automotrice les prénoms de ses quatre filles[8] : Marie, Anne, Jeanne et Marguerite - et elles devaient être placées sur la voie dans le même ordre de naissances. Par manque de moyens, il regretta de ne pouvoir acquérir la quatrième automotrice pour lui donner le prénom de la plus jeune de ses filles, Marguerite. La 4ème automotrice Stadler du TMB est livrée au dépôt du Fayet[9] le 28 novembre 2022 et elle fut mise en service le 17 décembre 2022, l'année même du décès de Marguerite Nourry. Le premier train commercial de la saison 2022/23 du Tramway du Mont-Blanc est assuré par la toute nouvelle Marguerite, inaugurée le 16 décembre 2022 avec ses trois autres sœurs et elle démarre du terminus hivernal de Bellevue en direction de Col de Voza.

La modernisation des équipements dura deux ans, d’abord par les travaux d’infrastructure durant l'année 1955 et avec l’électrification de la voie en 1956. Aucun ancien train à vapeur ne circulait durant les travaux de gros œuvre.

Le 26 janvier 1957, l’automotrice de tête, la « Marie » fut livrée au Fayet par les Ets. Decauville, de Corbeil. Elle porte les couleurs de la Savoie avec du blanc en haut, et du rouge en bas. À son bord 200 passagers peuvent monter mais il y a seulement 120 places assises[10]. Quelques jours plus tard, le chasse-neige rotatif arriva de Suisse. Il préféra ne pas le nommer en lui donnant le nom d'un de ses cinq fils car il lui aurait fallu choisir entre les prénoms de Thomas, Augustin-Dominique, Jérôme, Grégoire et Ambroise. Des essais de circulation de ce duo sont effectués aussitôt, volontairement après une forte chute de neige, jusqu’au Mont-Lachat, à 2 074 m d’altitude.

La « Jeanne », de couleur jaune en haut et bleu en bas, fut livrée en avril puis la « Anne », de couleur bleu en haut et jaune en bas, en juin, juste à temps pour l'affluence du plein été 1957. Leurs couleurs resteront identiques jusqu’en 1999, où chacune s’habillera d’une couleur unie : Marie en bleu profond, Jeanne en rouge bordeaux et Anne en vert sapin.

Le nouveau service en traction électrique débuta le 2 juin 1957, et la nouvelle exploitation fut inaugurée le 4 août 1957, en présence du ministre des Travaux publics et des Transports, Édouard Bonnefous, des élus du Département de Haute Savoie, et des relations de Pierre Nourry, parmi lesquelles certains amis du Hot Club.

Grace aux trois rames disponibles, une desserte renforcée à 14 allers-retours par jour a été mise en place le 29 juin pour toute la saison estivale. Ce pari était osé, car les trois automotrices devaient être engagées pendant 65 jours consécutifs, sans matériel de réserve. Si l’été 1958 connut moins de trafic, tous les étés suivants bénéficièrent d’une desserte renforcée avec les trois automotrices engagées simultanément. Pour les dessertes hivernales, le parcours se limitait entre Le Fayet - Bellevue, et n’excédait pas cinq allers-retours les jours de semaine, et neuf les week-ends, par beau temps.

Avec le développement du tourisme d’altitude et la performance du nouveau matériel, la fréquentation du TMB franchit rapidement le seuil des 100 000 voyageurs annuels, jamais atteint précédemment. Parallèlement, l’électrification a permis de réduire les coûts directs d’exploitation (énergie de traction et, surtout la main d’œuvre nécessaire à son fonctionnement), pour mieux rembourser les crédits, mais l’équilibre restait encore fragile…

Martinique

En 1966, Pierre Nourry, capitaine de corvette dans la réserve, a été chargé de se rendre à l'ile de la Martinique pour tenter de sauver une importante distillerie en péril aux Sainte Marie. Il devient fondé de pouvoir des Rhum Saint-James.

Notes et références

  1. « The French Touch », sur www.swing-time.fr (consulté le )
  2. Claude Evin _ La naissance du quintette Ă  cordes
  3. « Hot Club Quintet of France », sur www.djangolizer.ch (consulté le )
  4. Anne Legrand, « Le Hot Club de France des années 1930, un modèle de diffusion et de promotion du jazz : Transferts culturels et autres enjeux stylistiques », Les Cahiers de la Société québécoise de recherche en musique Volume 16, numéro 1-2,‎ printemps–automne 2015, p. 77–84 (lire en ligne)
  5. Suzanne Ably, « Mon grand-père et Django », sur http://www.lespipelettesdebelleville.com/,
  6. Pascal Ory, « 3. Notes sur l'acclimatation du jazz en France », Vibrations. Musiques, médias, société, vol. 1, no 1,‎ , p. 93–102 (DOI 10.3406/vibra.1985.857, lire en ligne, consulté le )
  7. « Jazz Hot, une encyclopédie vivante du jazz », sur www.jazzhot.net (consulté le )
  8. G. LAFARGUE, « Le Tramway du Mont-Blanc "Adieu à Anne, Jeanne et Marie ... sous la neige", », sur https://www.facs-patrimoine-ferroviaire.fr/,
  9. Philippe Valla, « FACS_Patrimoine Ferroviaire », sur https://www.facs-patrimoine-ferroviaire.fr/,
  10. La rédaction Yonder, « Il était une fois… Le Tramway du Mont-Blanc de Saint-Gervais », sur Yonder.fr, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Ă€ la Martinique, Ant'Isle de l'AmĂ©rique, de Pierre Nourry - 1967 - Éditions d'histoire et d'art, Plon (Paris,) PrĂ©face de Henry LĂ©mery Ancien SĂ©nateur de La Martinique. Ce livre a reçu en 1968 le Prix Broquette-Gonin de littĂ©rature « destinĂ© Ă  rĂ©compenser l'auteur d'un ouvrage philosophique, politique ou littĂ©raire jugĂ© susceptible d'inspirer l'amour du vrai, du beau et du bien ». https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3349635g
  • Et toutes ces choses reprendront vie [Choix de lettres.] / Pierre Nourry - 1969 - monographie imprimĂ©e par l'auteur, le Marais (59-Haubourdin) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3382205w.texteImage#
  • MINIMES II, de Pierre Nourry - 1974
  • Django Reinhardt and the illustrated history of gypsy jazz (2006), Alain Antonietto, Anne Legrand, Michael Dregni, Denver [Colo.] : Speck Press , 2006

Références

  • Anne Legrand, Charles Delaunay et le Jazz en France dans les annĂ©es 30-40, Paris, Éditions du Layeur, 2006 et 2010, 239 p. (ISBN 978-2-915118-57-5)

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