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Pierre Laget

Pierre Joseph Laget, né le à Gignac[1] et mort le au bagne de Cayenne, est un dentiste et criminel auteur d'au moins un homicide.

Pierre Laget
Tueur en série
Image illustrative de l’article Pierre Laget
Signature du 26 janvier 1924.
Information
Nom de naissance Pierre Joseph Laget
Naissance
Drapeau de la France Gignac
Décès
Drapeau de la France Cayenne
Cause du décès Suicide par empoisonnement
Surnom Docteur Laget
Docteur Tisane
Docteur Mystère
Condamnation
Sentence Peine de mort, commuée en travaux forcés à perpétuité
Actions criminelles Meurtres
Victimes 3 supposées + 1 tentative
PĂ©riode -
Pays Drapeau de la France France
Arrestation

Laget a été condamné pour avoir mortellement empoisonné sa seconde épouse en 1929, puis d'avoir tenté d'empoisonner sa sœur cadette entre et . Cependant, par manque de preuves, il fut acquitté pour le meurtre de sa première épouse en 1922 et non-poursuivi pour la mort suspecte de sa tante en 1923.

Laget empoisonnait ses victimes en leur mettant de l'arsenic dans leurs tisanes. Condamné à la peine de mort en 1931, puis gracié par le Président de la République Paul Doumer, il se suicide par le poison en 1944.

Biographie

Jeunesse

Pierre Laget est né le à Gignac[2]. Il est le fils de Edmond Jean Étienne Laget, 30 ans, receveur d'enregistrement et de Marie Léontine Félicité Tourrette, 23 ans. Il a une sœur cadette, nommée Marie-Louise (Appolonie Françoise), née le [3] - [4]. Pierre Laget est ce que l'on appelle un "élève brillant".

Il entre à l'école primaire en , puis au collège en .

Pierre Laget est ensuite scolarisé au lycée de Béziers de à , où il décroche son baccalauréat et part à la Faculté de médecine de Montpellier. Étudiant en médecine, il sort diplômé en 1909.

Profession, premier mariage

En , âgé de 24 ans, Pierre Laget devient dentiste et ouvre son propre cabinet à Béziers, dès le début de 1910[4].

En 1911, âgé de 26 ans, Laget fait la connaissance de Sarah Alexandre. Ils tombent amoureux et se marient le [5]. De leur union naissent trois enfants : Jacqueline Jeanne Pierrette (née le , décédée le ), Jean René Étienne (né le ) et Gaston[6].

Première guerre mondiale

Le , âgé de 29 ans, Pierre Laget est mobilisé comme médecin aide-major et contraint de partir à la guerre[7]. Il est affecté au 81e régiment d'infanterie le , puis au 229e régiment d'infanterie en . Le , il est nommé médecin aide-major de 1re classe. Il est affecté au centre maxillo-facial de la 16e région le , puis à l'hôpital le . Le , il est affecté au centre dentaire de la 1re armée. Il aurait été blessé dès le [8], mais s'en sort et se remet de ses blessures. Il est promu médecin capitaine par le décret du . Le , il est nommé officier de la Légion d'honneur[7].

Après guerre

Le , Pierre assiste au mariage de sa sœur Adèle Sophie Marie Julienne Laget (née à Gignac le [9]) avec le médecin aide-major Johannis Marius Fernand Fébrier[10]. Il est indiqué que Pierre est décoré de la Croix de Guerre. Est aussi présente la tante Sophie Pitoiset dont il est question ci-dessous.

Après que l'armistice soit prononcĂ©, le , le couple Laget commence Ă  se dĂ©grader. Pierre Laget, arrivant toujours en retard Ă  son cabinet, altère la patience des patients, qui se lassent des retards rĂ©pĂ©tĂ©s du mĂ©decin. Ă€ la place, Laget en profite pour accueillir dans son cabinet ses très nombreuses maĂ®tresses. Et quand il n’est pas avec des femmes, il joue le peu d’argent qu’il gagne en son salaire. Sarah, dĂ©couvrant vite la double vie de son mari, enchaĂ®ne les disputes, qui d’abord en privĂ©, finissent par se multiplier, mĂŞme devant la famille[6]. NoĂ©mie, la sĹ“ur de Sarah et son mari Georges Leboucher, sont souvent tĂ©moins de ces scènes de disputes. Ils calment rĂ©gulièrement la jeune Ă©pouse et la dissuadent d’envisager un divorce. Sarah Laget a lĂ©guĂ©, par la suite, la somme 262 000 francs Ă  ses enfants et leur père qui, jusqu’à leur majoritĂ©, aura l’usufruit de cette somme d'argent. Apprenant la nouvelle en 1922, Pierre Lager Ă©labore un plan pour obtenir la somme d'argent[4].

Première mort suspecte

Un matin d', Sarah Laget tombe malade. La jeune femme ne peut plus sortir de son lit et vomit la moindre nourriture. Les médecins étant impuissants, pensent à un cancer, mais à cette époque, on ne sait presque rien sur cette maladie. Le Dr Laget, lui, ne s’inquiète pas. Il tente de soulager sa femme avec des tisanes de son invention, mélangées à de l'arsenic. Laget l'empoisonne avec cette mixture[4].

Le , Sarah meurt dans son lit[11]. Georges, son beau-frère, fait part Ă  la famille Alexandre de ses soupçons envers Pierre Laget. D’autant plus que quelques jours après les funĂ©railles de la dĂ©funte, la famille dĂ©couvre que Sarah Laget a lĂ©guĂ© la somme 262 000 francs Ă  ses enfants et que c’est leur père qui a hĂ©ritĂ© de la somme, car les enfants Laget sont mineurs Ă  cette Ă©poque[4]. Pierre Laget ne met pas longtemps Ă  se remettre du dĂ©cès de son Ă©pouse.

Fin 1922, seulement quelques mois après la mort de Sarah, Pierre Laget dĂ©cide de prendre une seconde Ă©pouse et son choix se porte sur la sĹ“ur cadette de Sarah : Suzanne Alexandre. La famille Alexandre, connaissant bien les penchants du dentiste pour les femmes et l’argent, ne se rĂ©jouit pas du mariage, mais les parents se rĂ©signent quand mĂŞme Ă  payer la somme du second mariage : 300 000 francs[4].

Deuxième mort suspecte

Le , alors que Pierre Laget cherche à se marier, sa tante Sophie Julie Honorine Tourrette (65 ans), veuve d'Étienne Pitoiset, décède[12]. Cependant, Laget semble totalement étranger à cette mort, du fait de l'âge avancé de la défunte. La mort a été conclue comme une mort de vieillesse.

Fin 1923, Pierre Laget, toujours impuni, prépare son mariage avec Suzanne Alexandre[13].

Le [14], Pierre Laget épouse Suzanne Alexandre. Ils auront par suite une fille : Micheline. Après que Suzanne Laget a signé un contrat de viager en 1925, Pierre compte en profiter et élabore un nouveau crime, en cas de rupture d'argent[6]. Il s’offre une gigantesque villa dans le Tarn et d’autres biens immobiliers. Il continue de sortir et à dépenser son argent. Fin 1928, Laget est de nouveau ruiné[4].

Troisième mort suspecte

Début 1929, Suzanne tombe malade. Les symptômes sont très proches de ceux qui avaient touché sa sœur quelques années auparavant. La jeune femme reste agonisante pendant plusieurs mois, perd la vue, puis ne parle plus. Son état s'aggrave au printemps 1929. Pierre Laget l'empoisonne à l'arsenic, comme sa sœur aînée[4].

Le , Suzanne Laget meurt Ă  son tour dans son lit[15]. Pierre Laget explique Ă  la famille Alexandre que la cause du dĂ©cès est hĂ©rĂ©ditaire. La famille Alexandre, plus soupçonneuse qu'avant, commence alors Ă  douter de l'attitude du mĂ©decin. Une fois encore, une affaire d’argent s'est instaurĂ©e au niveau du couple. Lorsqu'il a Ă©pousĂ© Suzanne, Pierre Laget a ouvert une assurance vie au nom de son Ă©pouse. Si elle venait Ă  mourir, il toucherait près de 100 000 francs[4]. LĂ  encore, Laget ne met pas bien longtemps Ă  se remettre du deuil de son Ă©pouse.

Dès la mi-, Pierre Laget annonce vouloir se marier une troisième fois, avec une dĂ©nommĂ©e Paule. Il souhaite se ranger en Ă©pousant l’une de ses maitresses, mais sa sĹ“ur, Marie-Louise, est fermement opposĂ©e Ă  cette idĂ©e. De plus, elle harcèle Pierre Laget pour qu’il lui rende les 172 000 francs qu’elle lui a prĂŞtĂ©s quelques annĂ©es plus tĂ´t. Ayant recours Ă  cette mĂ©sentente, une nouvelle dispute Ă©clate entre le dentiste et sa jeune sĹ“ur. Ă€ la suite de cette nouvelle dispute, Pierre Laget compte tuer de nouveau, pour faire face Ă  ses problèmes d'argent.

Tentative d'assassinat et ultime rechute

Fin , Marie-Louise Laget attrape une lĂ©gère toux, après avoir passĂ© ses vacances chez Pierre Laget. Mais, la maladie tourne court et Marie-Louise se remet de son empoisonnement. Pierre Laget, lui, n'est pas inquiĂ©tĂ© pour le moment, car le mĂ©decin personnel de la malade, le Dr Roulleau, pense Ă  une intoxication. En revanche, Pierre Laget doit toujours les 172 000 francs Ă  Marie-Louise. Pour Ă©viter ce fardeau, Laget verse de l'arsenic dans les soupes et les tisanes qu'il concocte pour empoisonner sa sĹ“ur. Il sera par la suite surnommĂ© «Docteur Tisane». Après avoir rĂ©veillonnĂ© le soir de NoĂ«l, il reproduit de nouveau son scĂ©nario sur sa sĹ“ur et son Ă©tat s'amenuise[16].

Le , Marie-Louise tombe de nouveau malade. Elle résiste, mais la maladie se poursuit en . La malade souffre de sa maladie durant quatre semaines, sans ne rien pouvoir faire ni lutter contre le mal qui la ronge. À la mi-, la maladie de Marie-Louise commence à la gagner au fil des jours, malgré les soins du Dr Roulleau. De jours en jours, les symptômes sont toujours similaires aux précédents, mais cette fois ci, le Dr Roulleau et le Dr Pages réussissent à la soigner et élabore la décision de l'hospitaliser, fin [16].

Le , ils conseillent à la famille de placer Marie-Louise dans un établissement spécialisé et interdisent Pierre Laget de visites. Les médecins soupçonnent leur patiente d’être victime d’un empoisonnement, et sont quasiment certain que Pierre Laget a tenté de la tuer. Après deux jours sans contact avec Pierre, Marie-Louise va mieux. Elle confie à son médecin que, ces derniers temps, Pierre Laget venait lui rendre visite tous les jours pour boire le thé, et elle reconnaît qu’à chaque fois, elle ne se sentait pas très bien après son départ. Sur les conseils du docteur Roulleau, Marie-Louise porte plainte contre Pierre Laget pour tentative d’empoisonnement. La famille Alexandre se joint à la plainte[4]. Marie-Louise se mariera le à Caromb dans le Vaucluse.

Arrestation et instruction

Le , Pierre Laget est arrêté et placé en détention préventive. Bien qu'il clame son innocence, il est inculpé de 2 assassinats et d'une tentative d'assassinat. À Béziers, une folle rumeur s’installe : Marie-Louise aurait une liaison avec un homme marié qui lui aurait transmis la syphilis et l’aurait mise enceinte. En lui faisait avaler de l’arsenic, Pierre Laget tentait simplement discrètement de “faire passer” l’enfant et de soigner sa maladie. Marie-Louise est donc contrainte de se soumettre à tout un tas d’examens médicaux. Les résultats sont que : non seulement la jeune femme n’a jamais été enceinte, elle n’a pas non plus eu la syphilis, mais surtout, elle a bien été empoisonnée avec de l’arsenic qu’on lui a fait avaler de façon régulière[4].

Le , les corps de Sarah et Suzanne sont exhumés en vue d’être autopsié. Dans le cimetière, Pierre Laget assiste à la scène, impassible. Les conclusions révèlent que Suzanne Laget a elle aussi été empoisonnée à l’arsenic. En revanche, il est impossible de dire de quelle manière précise est morte Sarah Laget ; le corps étant en trop mauvais état. Inculpé du meurtre de ses deux épouses, Laget retourne dans sa prison et les cercueils des deux défuntes sont de nouveau inhumés[4].

En , le corps de la tante de Pierre Laget est également exhumé. Cependant, la mort de la défunte ayant eu lieu 7 ans plus tôt, aucune incrimination ne sera possible envers Laget[16].

En , Pierre Laget est renvoyé devant la cour d'assises de l'Hérault. Il est transféré à la prison de Montpellier en [16].

Procès

Le , Pierre Laget est jugé à Montpellier, pour les meurtres de ses deux épouses et de la tentative d’empoisonnement sur sa sœur cadette. Le procès de Laget, qui reste froid tout au long des débats, fascine les amateurs de faits divers. Le médecin continuera inlassablement à clamer son innocence, arguant que c’est peut-être les victimes elles-mêmes qui venaient se procurer l’arsenic dans son cabinet. Cela ne prendra pas aux yeux des juges[16].

Le , Pierre Laget est reconnu coupable du meurtre de sa seconde épouse, en , ainsi que la tentative d'assassinat de sa jeune sœur entre et . Il est cependant acquitté du meurtre de sa première épouse, en . À la suite de cela, la Cour d'assises de l'Hérault condamne Pierre Laget, pour un meurtre et une tentative d'assassinat, à la peine de mort[4].

Le , au lendemain du verdict, Pierre Laget insiste auprès de son avocat, lui disant qu'il "préfère l’échafaud au bagne perpétuel". Cependant, lui et son avocat forment un pourvoi en cassation, mais ce dernier est rejeté le .

Grâce présidentielle, bagne et suicide

Le , le président de la République de l’époque, Paul Doumer, décide de gracier Pierre Laget.

En , Pierre Laget est finalement envoyé au bagne, à Cayenne, où il travaille plusieurs années comme infirmer[17].

En 1938, Laget obtient une commutation de peine pour bonne conduite : Cette dernière rĂ©duit sa peine Ă  20 ans de travaux forcĂ©s[6].

Ne pouvant plus supporter d'être considéré comme un assassin, Pierre Laget se suicide le , en avalant une forte dose de poison. Il laisse une lettre qui sera découverte le matin-même de sa mort[17].

« C’est volontairement que je me tue, non pour me faire justice mais parce que j’en ai assez. Inutile de chercher, si je vis encore quand on me trouvera, à me soigner. Avec ce que j’ai pris, ce n’est qu’une question de minutes pour que la mort soit là, rien n’y fera. Adieu à tous, et je pardonne[17]. »

Annexes

Émissions radiophoniques

Articles connexes

Références

  1. Mairie de Gignac (Hérault), « Acte de naissance n°31 du 12/07/1925 photo 155/354 5 MI 43/4 », sur AD Hérault (consulté le )
  2. « Pierre Laget (1885-1944) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  3. Mairie de Gignac, « Acte de naissance n° 41 du 08/09/1892 photo 49/401 5 MI 43/5 », sur AD Hérault (consulté le )
  4. biniasz, « HISTOIRE - Dr Pierre Laget, le dentiste empoisonneur de femmes », sur Les Généralistes-CSMF, (consulté le )
  5. Mairie de Béziers, « Acte de mariage n°187 du 18/08/1912 photo 96/251 3 E 32/413 », sur AD Hérault (consulté le )
  6. « L’affaire Laget : La double vie du Dr Mystère », sur RTL.fr (consulté le )
  7. Armée française, « Fiche matricule n° 45 photo 37/395 1 R 1190 Centre de Béziers-Saint-Pons-de-Thomières », sur AD Hérault (consulté le )
  8. Blessure non mentionnée sur sa fiche matricule.
  9. Mairie de Gignac, « Acte de naissance n° 30 du 24/08/1888 photo 257/354 5 MI 43/4 », sur AD Hérault (consulté le )
  10. Mairie de Béziers, « Acte de mariage n° 327 du 16/07/1919 photo 18/427 3 E 32/420 » (consulté le )
  11. Mairie de Béziers, « Acte de décès n°610 du 28/05/1922 photo 73/190 3 E 32/476 », sur AD Hérault (consulté le )
  12. Mairie de Béziers, « Acte de décès n° 294 du 8/03/1923 photo 39/180 3 E 32/477 », sur AD Hérault (consulté le )
  13. « L'Affaire Laget : une énigme qui bouleversa le Midi de la France », sur www.k-libre.fr (consulté le )
  14. Mairie de Béziers, « Acte de mariage n° 28 du 26/01/1924 photo 17/277 3 E 32/425 », sur AD Hérault (consulté le )
  15. Mairie de Béziers, « Acte de décès n° 479 du 12/04/1929 photo 61/185 3 E 32/483 », sur AD Hérault (consulté le )
  16. « Pierre Laget, le docteur empoisonneur - L'intégrale », sur Europe 1 (consulté le )
  17. « Crimes d’antan dans le département de l’Hérault (6) », sur www.lagglorieuse.info (consulté le )
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