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Bagne de Cayenne

Le bagne de Cayenne était, avec celui de Saint-Laurent-du-Maroni, représentatif du bagne de la Guyane française, mais était cependant considéré comme le moins pénible d'entre eux.

Bagne de Cayenne
Image de l'établissement
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Guyane
Ville Cayenne
CoordonnĂ©es 4° 56′ 40″ nord, 52° 19′ 00″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Guyane
(Voir situation sur carte : Guyane)
Bagne de Cayenne
Fonctionnement
Date d'ouverture 1852
Date de fermeture 1946

Historique

FondĂ© en 1852[1] sous Louis-NapolĂ©on Bonaparte, ce bagne Ă©tait situĂ© sur l'anse du Chaton, non loin de la pointe de BuzarĂ©, Ă  Cayenne en Guyane française. Les installations du pĂ©nitencier Ă©taient constituĂ©es de trois baraquements dĂ©signĂ©s sous le nom de « Europe », « Afrique » et « Asie ». Il comprenait 4 dortoirs, 19 prisons et 77 cellules, ainsi qu'une infirmerie, des cuisines et des logements pour le personnel pĂ©nitentiaire.

Après son coup d'État, NapolĂ©on III y envoie 3 000 prisonniers politiques[2], ce sont les « dĂ©portĂ©s Â»[3].

Si la peine des bagnards est supérieure à 8 ans de bagne, on leur donne un lopin de terre pour les obliger à rester en Guyane, on les appelle alors les « relégués »[3]. Si elle est inférieure ce sont les « transportés »[3].

Le bagne est fait de plusieurs camps et pénitenciers différents selon la catégorie des prisonniers (déportés, relégués, transportés) et selon leur métier[3]. Le plus important de ces camps est celui de Saint Laurent du Maroni[3]. Les relégués sont amenés au camp de Saint Jean du Maroni[3]. Les plus dangereux détenus sont envoyés à l'île Royale[3].

Du fait du climat et des maladies tropicales la mortalité des Européens y est très forte : plus de 40 % meurent dans leur première année. Pour cette raison, on n'envoie plus de condamnés européens en Guyane (mais en Nouvelle-Calédonie) de 1867 à 1887. La loi du le réinstaure pour :

  1. deux condamnations aux travaux forcĂ©s ou Ă  la rĂ©clusion ;
  2. une des condamnations Ă©noncĂ©es ci-dessus et deux condamnations soit Ă  l’emprisonnement pour faits qualifiĂ©s crimes, soit Ă  plus de trois mois d’emprisonnement pour vol, escroquerie, abus de confiance, outrage public Ă  la pudeur, excitation habituelle de mineurs Ă  la dĂ©bauche ; vagabondage ou mendicitĂ© ;
  3. quatre condamnations, soit Ă  l’emprisonnement pour faits qualifiĂ©s crimes ; soit Ă  plus de trois mois d’emprisonnement pour les dĂ©lits spĂ©cifiĂ©s au paragraphe 2 ;
  4. sept condamnations dont deux au moins prévues par les deux paragraphes précédents, et les autres, soit pour vagabondage, soit pour infraction à interdiction de résidence, à la condition que deux de ces autres condamnations soient à plus de trois mois d’emprisonnement [4]

La publication par Albert Londres d'un reportage (découpé en plusieurs articles) sur le bagne de Cayenne à partir du mercredi 8 août 1923 dans Le Petit Parisien mettra l'institution du bagne en sursis[4] - [5]. En 1936, le Front populaire décide d'interrompre le transfert des forçats vers la Guyane[4]. À la chute du Front populaire, Gaston Monnerville envoie un dernier convoi au bagne en 1938[4]. « Si le bagne fut officiellement supprimé en 1938, ce n'est qu'en 1953 que les derniers forçats rentrèrent en métropole[6]. »

En tout, 15 000 hommes et femmes ont Ă©tĂ© « relĂ©guĂ©s Â» et 52 000 « transportĂ©s Â» au bagne[4].

La vie au bagne : la « guillotine sèche Â»

Le bagne mĂ©rite bien le surnom de « guillotine sèche Â»[7] : les châtiments inhumains, la malaria, les mauvais traitements, la « dĂ©pravation » font des ravages. Sur 17 000 hommes envoyĂ©s Ă  Cayenne entre 1854 et 1867, il n'y a que 7 000 survivants.

Les bagnards sont employés soit dans les travaux publics (assainissement des marais ou entretien des installations portuaires, construction de routes) soit au service des particuliers.

Les conditions sanitaires y sont si déplorables qu'un taux de mortalité important y est enregistré. Ainsi, l'espérance de vie moyenne ne dépasse pas les 3 à 5 ans. Les infections sexuellement transmissibles y sont très répandues, car des relations sexuelles se pratiquent entre certains bagnards, bien qu'elles soient réprimées par le règlement intérieur du bagne. De plus, des bagarres y sont fréquentes et leur issue parfois fatale pour les protagonistes.

Après avoir purgĂ© leur peine, les transportĂ©s sont assignĂ©s Ă  rĂ©sidence (doublage) en Guyane pour un temps Ă©quivalent Ă  la peine qu'ils ont purgĂ©e si celle-ci est infĂ©rieure Ă  8 ans. Pour toute peine supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  8 ans, le condamnĂ© se voit interdire Ă  vie tout espoir de retour en mĂ©tropole et est assignĂ© Ă  la rĂ©sidence perpĂ©tuelle en Guyane. En Ă©change, des concessions et lopins de terre peuvent leur ĂŞtre attribuĂ©s avec un double objectif : se dĂ©barrasser des populations « indĂ©sirables Â» en mĂ©tropole et assurer le peuplement de la Guyane.

Bibliographie

  • Maurice Alhoy, Les bagnes : histoires, types; mĹ“urs, mystères, Paris, Gustave Havard, Dutertre et Michel LĂ©vy Frères, (lire en ligne)
  • Yvan Melchior, Les dĂ©portĂ©s ou Cayenne en l'An VII de la RĂ©publique, Bruxelles, Meline, Cans et Cie, , 229 p. (lire en ligne)
  • LĂ©on Aubineau, Les JĂ©suites au bagne : Toulon – Brest – Rochefort - Cayenne, Paris, Charles Douniol, , 356 p. (lire en ligne), p. 241 Ă  354
  • Charles Delescluze, De Paris Ă  Cayenne : journal d'un transportĂ©, Paris, Le Chevalier, , 306 p. (lire en ligne)
  • Paul Minande, Forçats et proscrits, Paris, Calmann LĂ©vy, , 329 p. (lire en ligne), p. 1-47
  • Albert Londres, Au bagne, Éditions Le serpent Ă  plumes, 1923.
  • Roger Flotat, Au plus chaud de l'enfer du Bagne, Editions du Scorpion, 1957. Ex surveillant Chef des pĂ©nitenciers de Guyane. Le seul rĂ©cit Ă©crit par un surveillant, il s'Ă©tait spĂ©cialisĂ© dans la recherche des Ă©vadĂ©s en forĂŞt, et avait rĂ©primĂ©, avec son Ă©pouse, la rĂ©volte de Lanio, Ă  Saint Joseph en 1934.
  • RenĂ© Belbenoit, ("Prisonnier No. 46635") Dry Guillotine, 1938. 2:ĂŞme version, Bantam, 1949: I escaped from Devil's Island. Remarquable rĂ©cit des cruautĂ©s commises par un pays europĂ©en au XXe siècle, sanction sur des jeunes gens coupables de divers mĂ©faits. BrutalisĂ©s et violĂ©s par les prisonniers "forts" et homosexuels. Un jugement, dĂ©jĂ  sĂ©vère de 8 ans de dĂ©portation doublĂ© par 8 ans d'exil en Guyane, Ă©tait effectivement un arrĂŞt de mort. Ce rĂ©cit a inspirĂ© Henri Charrière pour son livre Papillon.
  • Henri Charrière, Papillon, Éditions Robert Laffont, 1969. Le livre raconte la vie d'un bagnard, Ă  Cayenne et ses tentatives d'Ă©vasion. Le film de Franklin J. Schaffner Papillon est tirĂ© du livre.
  • Jean-Claude Michelot, La guillotine sèche : Histoire du bagne de Cayenne, Éditions Fayard, 1981 – 361p. (ISBN 2213011052) (ISBN 978-2213011059)
  • Jean Lefevre, Le Bagne Ă  la casse, Éditions France Empire, 1981
  • Alain Dalotel, De la Chine Ă  la Guyane. MĂ©moires du Bagnard Victor Petit 1879-1919, La Boutique de l'Histoire Éditions Paris, 1996 - 324p
  • Pierre-Philippe Robert, Des galères au bagne, Les Chemins De La MĂ©moire, 2003, 108 pages, (iconographie)
  • Michel Valette, De Verdun Ă  Cayenne, Éditions des Indes Savantes, 2007. Le livre est l'histoire vraie de Robert Porchet, militant pacifiste qui, après avoir dĂ©sertĂ© au cours de la Première Guerre mondiale, fut condamnĂ© et envoyĂ© au bagne de Cayenne.
  • Bernadette PĂ©cassou-Camebrac, La dernière bagnarde, Flammarion, 2011. Roman historique
  • Éric Sagot et Fabien Vehlmann, Paco les mains rouges, Dargaud, T1 2013 - T2 2017. BD.
  • Raymond VaudĂ©, Passeport pour le bagne , Henri Veyrier, 1977

Notes et références

  1. Les archives des bagnes de Cayenne et de Nouvelle-Calédonie, sur le site revues.org de 1985
  2. « 30 mai 1854 - Création du bagne de Cayenne, en Guyane - Herodote.net », sur www.herodote.net (consulté le )
  3. Hélène Taillemite, « La vie au bagne », Criminocorpus. Revue d'Histoire de la justice, des crimes et des peines,‎ (ISSN 2108-6907, lire en ligne, consulté le )
  4. Jean-Lucien Sanchez, « La relégation (loi du 27 mai 1885) », Criminocorpus. Revue d'Histoire de la justice, des crimes et des peines,‎ (ISSN 2108-6907, lire en ligne, consulté le )
  5. « C'était à la une ! Au bagne de Guyane avec Albert Londres », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consulté le )
  6. C'était le bagne..., sur le site lexpress.fr du 3 mai 2004
  7. Histoire de France Larousse, Paris 1998

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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