Pierre Labat (scout)

Il est fils de Paul Labat, officier supérieur, et de Gabrielle Durand, qu’il perdit très jeune[1].

Neveu du poète Jules Laforgue, élève du lycée Théophile-Gautier de Tarbes, il prépare Polytechnique avant de rejoindre à 18 ans, pour échapper au STO, le Corps franc Pommiès puis la 1^re Armée du général de Lattre de Tassigny. En 1944, ils sont intégrés à la 3^e division d'infanterie algérienne (DIA). Durant cette période, Pierre Labat est observateur d'une section de mortier. Il participe à la campagne des Vosges, d'Alsace, le franchissement du Rhin et la marche sur Stuttgart. Pour ses actes de bravoure, il reçoit la Croix de Guerre[2].

À la suite d'une gelure des pieds, il ne peut plus servir dans l'infanterie, et revient à Tarbes, où il ouvre son propre cabinet d'avocat. Lassé, il entre en 1953 au service contentieux de l'arsenal de Tarbes, en tant que juriste d'entreprise.

Quartier-maître de 2^e classe, il rejoint la Marine nationale à compter du 19 mars 1953 et est admis à suivre le cours de nageur de combat début 1955 (breveté NC n^o 91 le 9 mai 1955)[1]. Lors de sa mort, il était toujours réserviste au Commando Hubert.

En parallèle de son travail d'avocat, il a deux grandes passions.

D'une part, le scoutisme : il est chef de troupe de la 3^e et de la 1^re Tarbes des Scouts de France dès son retour en France en septembre 1948. Il est l'un des premiers chefs à engager ses scouts vers la pédagogie des raiders[3] proposée par Michel Menu. Il sert le mouvement des Scouts de France pendant environ dix ans. Romancier scout publié dans la collection Signe de piste, il est l'auteur de quatre livres sur les raiders, notamment Deux rubans noirs[4]. Ses livres expriment ce qui a pu être décrit comme une « mystique du surhomme[5] ». Il échangeait souvent des idées avec Georges Ferney et Serge Dalens[2]. Il inspire un de ses anciens scouts et auteur du Signe de piste, Pierre-André Bernard[6] - [7].

Dessinateur, il avait songé illustrer lui-même ses romans et avait dessiné de grandes fresques pour illustrer le local scout de sa troupe. Il fonda également un ordre de chevalerie dont l'histoire servira de trame à son roman Le Manteau Blanc[8].

Un groupe Scouts de France[9] - [10] à Tarbes[11] ainsi qu'une troupe en Allemagne[12] portent encore aujourd'hui son nom.

D'autre part, la plongée sous-marine : lors de ses périodes militaires avec le Commando Hubert, il participe à l'élaboration des mines à ventouse, premières charges nageurs de combat destinées à être posées sur une partie sensible de la coque d'un bateau cible. Il s'intéresse également à la mise au point, bien avant l'Oxygers, d'un appareil respiratoire à oxygène pur et à circuit fermé. Proche du Commandant Cousteau, il participera à ses recherches et ses célèbres plongées sous marine du Grand Cougloué[13] en 1953 à bord de la Calypso. Il plonge à cette occasion avec André Galerne. Avec ses amis résistants, il fait partie des fondateurs d'une coopérative spécialisée dans les travaux sous-marin la "SGTMF". Cette coopérative va devenir plus tard la SOGETRAM (première société française de travaux sous-marin professionnelle) en 1952[14].

En alliant ses deux passions, il fonde le premier groupe de plongée sous-marine des Scouts de France, et crée pour sa troupe des objets de création artisanale pour l'exploration des fonds marins. Il produit par exemple des scaphandres à partir de pompes à vélo ou des radeaux à partir de chambres à air de camion[15]. Lors de ses publications dans la revue Le Chef, il met en place les règles de sécurité pour le scoutisme sous-marin.

Il meurt en plongée près de Toulon le 16 août 1955 lors d'une exploration de l'épave de l'Arroyo[16] aux rochers des Deux Frères, près de la rade de Toulon. Une plaque commémorative y est, depuis, apposée[17].

Le Commandant Cousteau écrira de Pierre Labat : « Labat est l'un de ces hommes qui ont à remplir la plus belle mission : celle d'éblouir la jeunesse en l'entraînant à la conquête des splendeurs de la Nature, de lui dévoiler les joies profondes de l'effort[18]… »

Le nom de Pierre Labat a été donné au 96ème cours de Nageurs de Combat de la Marine Nationale (Cérémonie de remise des insignes le 30 juillet 2020 aux nouveaux brevetés NC).

• Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze.
• Chevalier de l’Ordre Equestre du Saint Sépulcre de Jérusalem (mai 1953)

• Qui étiez-vous Pierre Labat ?... par C. Floquet, Scoutisme Patrimoine et Collections, n°€ 115, avril 2014
• Mémoires du scoutisme Tarbais - essai de chronique du scoutisme à Tarbes de la libération à nos jours de Bernard Préfol (avec une étude de l’œuvre littéraire de Pierre Labat par Jean-Mathias Sarda).
• La littérature pour adolescents, analyse de la collection Signe de Piste - Alain Gout, maîtrise de lettres modernes, université de Paris VIII, 1970
• Signe de Piste : étude structurale et socio-thématique d'une collection de romans pour adolescents - Alain Gout, thèse, université de Paris VIII, 1973
• Éclaireurs, scouts de France et "Signe de piste" : histoire d'un système de représentations (1920-1964) - thèse de Christian Guérin - Paris XIII 1993
• L'utopie Scouts de France, Christian Guérin, éditions Fayard, 1997
• Signe de Piste et Scouts de France, Jacques SCHEER , maîtrise de sciences de l'éducation, dir Georges Vigarello, université de Paris VIII, 1983.
• Calypso - 26 ans d'exploration scientifique des mers de Jacques-Yves Cousteau et Alexis Sivirine - Editions Robert Laffont, 1978.
• De l’Indochine à l'Algérie - ouvrage collectif - Editions de la Découverte, 2003.
• Des pionniers subaquatiques oubliés de Gérard Loridon - Presses du Midi, 2008
• Scouts marins parés ! - histoire des scouts marins d'Antoine Chataignon - éditions de l'Harmattan, 2010.

• Scouts de France
• Scoutisme en France
• Raider scout
• Michel Menu

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