Pierre Antoine Monneron
Pierre Antoine Monneron est un négociant, banquier, écrivain et homme politique français, né le à Annonay en France, décédé le à Pamplemousses à l'Île Maurice.
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(Ă 54 ans) Maurice |
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Contexte
Ses frères Charles Claude Ange Monneron (1735-1799), Louis Monneron (1742-1805) furent députés aux États généraux, le premier représentait la Sénéchausséee d'Annonay et le second les Indes orientales. Son frère Paul Mérault Monneron (1748-1788) fut Ingénieur en Chef de l'expédition de La Pérouse et mourut à Vanikoro. Un autre frère, Joseph François Augustin Monneron (1756-1826) fut député de Paris à l'Assemblée législative et donna sa démission en 1792. Sous le Directoire, Augustin Monneron devint Directeur général de la Caisse des comptes courants. Il fit banqueroute en 1798.
Biographie
Il suivit à Paris des cours d'architecture et eut comme condisciple Jacques-Étienne de Montgolfier ; ils furent les élèves de Soufflot.
Il fit un voyage autour du monde, en qualité de subrécague, sur le vaisseau le Saint-Jean-Baptiste commandé par M. de Surville, relaté dans son Journal du voyage fait sur le vaisseau le « Saint-Jean-Baptiste »[1].
Il se rendit aux Indes et s'y trouva en même temps que son frère Charles Claude Ange Monneron. Il se fit naturaliser portugais à Goa en 1779. Il se rendit en mission à Batavia pour le compte du gouvernement et obtint au Mysore l'amitié de Tippo Sahib qu'il poussa beaucoup à entrer dans la voie des conquêtes.
Ses conseils, funestes au sultan, contribuèrent à la résolution que prit celui-ci d'envoyer des ambassadeurs en France. Pierre Monneron lui offrit des bateaux[2] pour transporter l'ambassade, ce qui fut accepté. Tippo souhaitait obtenir de la part du gouvernement français une alliance plus effective que celle qu'il avait eu des Français de Pondichéry, quelques années auparavant.
En 1787, Pierre Monneron transportera à ses frais les ambassadeurs du sultan Tippo Sahib, et leurs suites (44 personnes) sur le vaisseau « l'Aurore », depuis l'Inde jusqu'à Versailles sur le territoire métropolitain. Mais la France ne souhaitait plus, en 1787, de guerres aux Indes, les ambassadeurs revinrent sans avoir rien obtenu (Tippo leur fit couper la tête en guise de récompense).
Il essaya vainement des années après (et après maintes tribulations - qui sont relatées dans son « Odyssée »[3]), de joindre Tippo afin que celui-ci lui rembourse les frais de cette ambassade...
(De gauche Ă droite : Pierre-Antoine (1747-1811), Charles-Claude-Ange (1735-1804), Jean-Louis (1742-1805))
Il fut député aux États généraux de 1789 avec ses frères Claude Ange et Louis et y représenta l'Île de France.
En mai 1791, Pierre Antoine Monneron joua un rôle important dans le débat de l'Assemblée nationale sur l'émancipation des populations de couleur de l'Empire. L'Assemblée coloniale dut affronter une contradiction : prôner les Droits de l'homme, tout en acceptant l'esclavage. Monneron se trouva à la fois député d'une colonie d'esclaves, et partisan des Amis des Noirs, face aux députés des Antilles françaises et à leurs partisans à l'Assemblée nationale[4].
Il est probable qu'il mourut à l'Île de France, en dépit de la note qui lui fait finir ses jours dans le Golfe Persique.
Publications
- « Mon Odyssée », paru dans La Revue de Paris, 1907, d'après un manuscrit qui existait en original aux archives de l'ambassade de France à Constantinople et en copie au ministère des Affaires étrangères à Paris.
- Journal du voyage fait sur le vaisseau le Saint-Jean-Baptiste, commandé par M. de Surville
Bibliographie
- Marie-Hélène Reynaud, Les Ardéchois dans la Révolution, avec plusieurs lettres de Pierre Antoine Monneron à Étienne de Montgolfier
- M. Gobalakichenane, « Les frères Monneron en Inde française au XVIIIe siècle : dans cahier consacré aux Ardéchois loin de leur terre natale, émigrants, expatriés, déportés », Cahier de Mémoire d'Ardèche et Temps Présent, no 96,‎
Liens internes
Notes
- Journal du voyage fait sur le vaisseau le « Saint-Jean-Baptiste », commandé par M. de Surville, Capitaine des vaisseaux de la Compagnie des Indes et chevalier de l'ordre royal et militaire - 1769 - AN New-Zealand - Alexander Turnbull Library et BN (ms nouv.acq. fr. 9436-9437).
- Ceux des établissements Monneron de son frère Jean Chrysostome Janvier Monneron
- « Mon Odyssée », Extrait : .../... je suis reparti de Paris le 30 mars 1792 par Hyères, Nice, Alexandrie et le Caire. Je suis arrivé à Suez d'où je me suis embarqué aussitôt le 20 août 1792 sur le bateau Anglais Morning Star qui a mouillé à Moka le 3 septembre. Je comptais passer de moka dans l'Inde sur quelque autre navire avec mon domestique et le nommé Sanourin, matelot esclavon qui s'était attaché à ma mauvaise fortune depuis Alexandrie, Mais, il n'y avait pas à Moka de navire en partance pour l'Inde et ce fut en vain qu'il supplia le Capitaine Pisse, du 'Morning Star' de l'emmener plus loin promettant de coucher sur le pont sans jamais rien demander. « Depuis longtemps je vivais sur les épargnes que mon fidèle domestique avait faites à mon service. Le matelot esclavon y avait joint 30 Piastres qui composait toute sa fortune. En résumant toutes ces ressources, je me trouvais possesseur de 120 piastres ». Le Consul de France à Moka s'était suicidé l'année précédente ; les deux courtiers français qui le remplaçaient aidèrent Monneron à faire l'acquisition d'une barque. Mais il n'y avait à vendre qu'une seule chaloupe de 21 pieds de long, et c'est sur cette embarcation, qu'il s'aventura avec ses deux compagnons et un arabe, Hassam, pour faire Mille deux cents lieues sur une mer assez orageuse. Tout le peuple de Moka nous regardait comme des victimes vouées à la mort. Cette navigation insensée fut d'abord heureuse et la chaloupe franchit Bab-el-Mandeb, puis survint la mousson du nord qui força les voyageurs à rétrograder après sept jours de lutte, jusqu'à Moka. Le 17 janvier 1793 ; Monneron devait Six cent soixante six piastres aux courtiers français. À cause de la mousson qui lui était toujours contraire, ne cherchant plus à gagner l'Inde, il repartit sur son petit bateau pour Suez et le Caire où il connaissait un Docteur charitable. Ici les fréquentes tempêtes d'une part, les pirates et le mauvais vouloir des Arabes de la mer Rouge de l'autre; tout semble conspirer pour l'empêcher d'arriver au point où tendent tous ses efforts. Retenu prisonnier à Djeddah, il s'échappe déguisé, par une fenêtre et après maintes tribulations finit par arriver dans l'Inde. De là il réussit à rejoindre Janvier son frère à l'Île de France et celui-ci le secourut dans sa misère en payant au moins une partie de ses nombreuses dettes. Alors il séjourna longtemps à l'Île de France, tenant les écritures dans la maison de son frère (Terrain Monneron près de la Gare Centrale à Port Louis). Il est probable qu'il y mourut, en dépit de la note qui lui fait finir ses jours dans le Golfe Persique. Évidemment son sang froid, et sa hardiesse étaient grands, mais ce sont là des qualités d'aventuriers. Peut être y eut-il beaucoup de légèreté à lui reprocher, en tous cas trouvant miséricorde auprès de Janvier, il témoigna beaucoup d'affection aux fils de ce dernier? Son journal montre que sa générosité était grande, et il trouva même parmi les arabes de touchants dévouements qui seraient inexplicables s'il eut été dur envers eux. Pierre Antoine avait possédé 25 millions de fortune.
- Mais l'évolution sociale ne sembla apparaître que très discrètement. L'émancipation politique fut conférée uniquement aux personnes de couleur nées de père et mère libres.