Esclavon
Esclavon est le nom des habitants de l'Esclavonie (l'actuelle Slavonie)[1].
Pendant l'Empire romain et jusqu'à la fin du Moyen Âge, l'Esclavonie était un réservoir d'esclaves. Les Byzantins les appelaient Sclavini en latin[2], mais ce n'était au début qu'un nom d'origine renvoyant aux Slaves qui occupaient la région depuis le VIe siècle, l'esclave en latin s'appelant alors servus[3]. En bas-latin, le mot devient Slavonici[4] et sclavi ou slavi[5]. Le mot Esclavon devient alors pratiquement synonyme d'esclave, bien qu'on distingue les serfs des Esclavons.
Le mot Esclavons a servi en Espagne musulmane à traduire son équivalent arabe Saqāliba[6], désignant les esclaves européens, notamment slaves[7]. Capturés et achetés en Europe, les Esclavons étaient essentiellement des Slaves et des Germains provenant d'Europe centrale ou orientale, employés au palais ou dans l'armée et convertis à l'Islam[8]. Favorisés sous Abd al-Rahman II, ils ont été ramenés en grand nombre en Andalousie où certains d'entre eux ont reçu une éducation poussée qui leur a permis, après leur affranchissement, d'obtenir de hauts postes dans l'administration[9]. Devenant pour certains Grand Fauconnier, Grand Orfèvre ou encore Commandant de la Garde, ils ont fini par former un groupe à part, se favorisant mutuellement les uns les autres. Ils ont joué un rôle important dans l'éclatement du pays au XIe siècle lors de leurs luttes contre les Berbères. À l'époque des taifas, plusieurs esclavons comme Jairan et Mujahid al-Amiri sont parvenus à se constituer des royaumes comme à Denia, Almeria, Valence ou encore Tortosa, et à en faire de puissantes entités politiques[10].
Notes et références
- Dictionnaire universel français et latin, vulgairement appelé Dictionnaire de Trevoux, Tome III. sur Google Livres, 1738, pages 351-352.
- latin : Scalavīni / Scalavīnorum, le dictionnaire Gaffiot ne donne que cette forme plurielle
- latin : servus / servi, serviteur, esclave qui a donné le mot serf au Moyen Âge.
- bas-latin : slavonicus / slavonici
- bas-latin : sclavus / sclavi ou slavus / slavi
- arabe : (n.m.) ṣaqlab, صقليب (pl.) ṣaqāliba, صقالبة, Slave(s) (adj.) ṣaqlabī, صقلبي
- . L'espagnol moderne utilise esclavo pour esclave et eslavo pour l'esclavon, le Slave. Il existe la même ambigüité en anglais avec les mots slave et Slav
- François Clément, « Origines ethno-culturelles et pouvoir dans l'Espagne musulmane des Taifas (Ve/XIe siècles) », Mélanges de la Casa de Velázquez, vol. 29, no 1, , p. 197–206 (DOI 10.3406/casa.1993.2644, lire en ligne, consulté le )
- Francis Conte, Les Slaves, Bibliothèque de l'Evolution de l'Humanité, Albin Michel, 1996, p. 93.
- Clot 2004, p. 233
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Janine et Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l'islam, Éd. PUF, , (ISBN 213054536X), p. 273, article « Esclavons ».
- André Clot, L'Espagne musulmane : VIIIe – XIe siècle, Paris, Perrin, , 429 p. (ISBN 2-262-02301-8).