Pierre-Olivier Malherbe
Pierre[1] Malherbe est né à Vitré en Bretagne en 1569 (il est baptisé le à l'église Notre-Dame de Vitré[2]) et on pensait qu'il était probablement mort en Espagne vers 1616, mais Roger Faligot a découvert un certificat de décès à son nom daté de 1637 à Argentré-du-Plessis[3]. Il est considéré comme le premier voyageur à avoir effectué le tour du monde par voie terrestre.
Le négociant
Issu d’une famille de négociants en toiles, destinées notamment à la fabrication de voiles, il embarque à Saint-Malo en 1581 à destination de l’Espagne pour apprendre le métier familial chez un de ses oncles. En cette seconde moitié du XVIe siècle, Sanlúcar de Barrameda (Andalousie, embouchure du Guadalquivir), est un important comptoir breton, non loin de Séville. Il hispanise son nom en Pedro Lopez Malahierva, apprend l’espagnol et travaille pendant une dizaine d’années dans la boutique de « toiles bretonnes et bas-à -l’aiguille ». Durant ce séjour espagnol, il serait devenu ingénieur après des études à l’université de Valladolid. Désirant s’embarquer pour le Mexique, il se procure un ordre de mission au nom de Pedro Lopez Malahierva (le commerce avec la Nouvelle-Espagne étant interdit aux étrangers), auprès de l’université de Salamanque.
Le voyageur
Le , il signe une reconnaissance de dette (120 rĂ©aux d'argent) [4] à Étienne Frain, lui mĂŞme Ă©tabli Ă SanlĂącar sous le nom d'Esteban Frain, pour le compte de ses parents, marchands vitrĂ©ens. Esteban lui prĂŞte cette somme au nom de la ConfrĂ©rie des Marchands d'Outre-Mer, qui l'envoie rechercher de nouveaux dĂ©bouchĂ©s commerciaux. Il embarque alors pour les AmĂ©riques et sitĂ´t arrivĂ©, se rend Ă Mexico oĂą il rencontre le vice-roi Mendoza. Poursuivant le rĂŞve des conquistadores, il dĂ©couvre une mine d’argent et prend un associĂ© pour l’exploiter. Mais l’entreprise rencontre des problèmes et Malherbe doit s’enfuir vers Panama, puis le PĂ©rou et la Bolivie, notamment la citĂ© minière de PotosĂ, cĂ©lèbre pour sa montagne de minerai d’argent, le Cerro Rico. Il reprend alors la mer et descend jusqu’à la Terre de Feu, passant par le dĂ©troit de Magellan.
Le voyage se poursuit jusqu’aux Philippines, et il arrive en Chine (en 1595 il croise l'empereur chinois Wan Li). À Canton, il reprend son nom de Pierre-Olivier Malherbe, s'associe avec un marchand flamand, Jacques de Coutre[5] (1577-1640), spécialisé dans le commerce des pierres précieuses, et parvient à s’introduire dans le milieu des notables chinois, séduits par les récits de ses aventures, et son expérience des techniques. Sa réputation parvient jusqu’à l’empereur qui lui accorde sa protection, ce qui lui permet de voyager dans toute l’Indochine puis la Malaisie.
En Inde où il parvient via Goa, il rencontre à Agra le Grand Moghol Akbar dont il devient l’ami. Akbar, qui règne depuis 1556, est à la fois un conquérant qui a su agrandir et administrer son empire et un croyant à la recherche d’un syncrétisme. Malherbe reste trois ans en Inde et voyage selon son habitude. Il aurait exploré les sources du Gange, serait allé au Tibet (il y aurait rencontré le Dalaï-lama), en Ouzbékistan et aurait visité Kaboul et Samarkand. À la mort de l’empereur en 1605, il reprend la route en direction de la Perse où il est accueilli par le Shah Abbas qui lui permet de visiter son territoire. Il lui propose d’épouser la fille du roi d’Ormuz, mais Malherbe décide de rentrer en France. Accompagné d'une caravane de 500 chameaux, en parcourant l’Arabie, la Mésopotamie la Syrie, il parvient à Alexandrette où il embarque sur un bateau marseillais, en 1609[6].
Les dernières années
De retour dans son pays, après un périple de dix-sept ans, il rencontre à plusieurs reprises le roi de France Henri IV, à qui il narre ses aventures, et surtout son géographe Pierre Bergeron (1585-1638), qui consigne par écrit le récit de ses pérégrinations. Malherbe vient également conseiller au roi Henri IV de fonder la fortune de la France sur l'exploitation des pays d'outre-mer. Après la mort du roi (1610), il retourne en Espagne pour une nouvelle affaire commerciale. Il y serait mort vers 1616, bien que des rumeurs prétendent qu’il serait reparti au Mexique.
Pierre-Olivier Malherbe n’a pas laissé d’écrits, son histoire est connue par la retranscription du récit de son voyage au géographe de la cour Pierre Bergeron, et des traces dans les archives espagnoles.
Hommages
Un collège de Châteaubourg, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Vitré, porte le nom de Pierre-Olivier Malherbe.
En 2010 paraît un roman qui s'inspire de son histoire : Roger Faligot, Les sept portes du monde, Plon, 2010[7]
Notes et références
- Thierry Jigourel, Vitré, aux marches de Bretagne, Petit à petit, , 80 p. (ISBN 978-238-04-61-527), p.40
- Bernard Le Nail, "Des Bretons au Mexique", Ă©ditions les Portes du large, 2009,[ (ISBN 978-2-914612-27-2)]
- Roger Faligot, Les tribulations des Bretons en Chine, Les Portes du Large, (ISBN 9782914612326).
- Fonds Frain de la Gaulayrie, Archives de Vitré-Communauté
- https://nuspress.nus.edu.sg/products/the-memoirs-and-memorials-of-jacques-de-coutre.
- Serge Rogers, « Le premier globe-trotter de l'histoire serait vitréen », sur https://www.letelegramme.fr, (consulté le ).
- « Les sept portes du monde - Roger Faligot », sur Babelio (consulté le )
Sources et bibliographie
- Jean-Loup Avril, Mille Bretons, dictionnaire biographique, Éditions Les Portes du Large, Rennes, 2002, (ISBN 2-914612-10-9)
- Jacques Marseille et Renaud Thomazo (directeurs de collection), Journal de la Bretagne, Éditions Larousse, Paris, 2001, (ISBN 2-03-575097-0)
- Bernard et Jacqueline Le Nail, Pays de Vitré. Hommes et femmes remarquables, Éditions Les Portes du large, Rennes, 2004, (ISBN 2914612168)
- Jean Choleau, Les Bretons à l'aventure, Vitré, Éditions Unvaniez Arvor, 1950.
- Georges-Gustave Toudouze, Le premier des globe-trotters, Éditions André Bonne, 1955.
- Roger Faligot, Les sept portes du monde, Editions Plon, 2010. (ISBN 978-2-259-20935-9)