Cerro Rico
Le Cerro Rico est un sommet andin situĂ© en Bolivie, dans le dĂ©partement de PotosĂ, culminant Ă 4 782 m d'altitude. Il domine la ville de PotosĂ. Il a Ă©tĂ© exploitĂ© pour ses ressources minĂ©rales depuis le XVIe siècle jusqu'Ă nos jours, selon l'historien bolivien Carlos Mesa, la dĂ©couverte de ses gisements est Ă l'origine de la fondation de l'audience de Charcas, base territoriale de l'actuelle Bolivie[1]. Cette importance du Cerro dans l'histoire de la Bolivie est soulignĂ©e par la prĂ©sence de son profil sur les armes de ce pays.
Cerro Rico | ||
Vue du Cerro Rico | ||
GĂ©ographie | ||
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Altitude | 4 782 m | |
Massif | Cordillère Orientale (Andes) | |
Coordonnées | 19° 37′ 05″ sud, 65° 44′ 56″ ouest | |
Administration | ||
Pays | Bolivie | |
DĂ©partement | PotosĂ | |
Province | Tomás FrĂas | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Bolivie
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Toponymes
Cerro Rico signifie en espagnol, la « colline riche ». Le mont est aussi connu sous plusieurs toponymes d'origine quechua, PotosĂ ou PotojsĂ, ou Huayena PotosĂ, « celui qui explose », d'après l'un des pouvoirs de la divinitĂ© amĂ©rindienne tutĂ©laire de Cerro, Huiracocha. Sumaq Urqu (ou Sumaj Orcko), « le mont le plus beau, le chef »[1].
GĂ©ographie
Le sommet se situe au sud de PotosĂ, chef-lieu du dĂ©partement homonyme, en Bolivie. Il domine la ville d'environ 600 mètres de haut.
Histoire
Période précolombienne
Le Cerro Rico est un lieu sacré pour les populations de la région, il s'agit d'une huaca, c'est-à -dire d'un site dédié à l'adoration d'une divinité. À son sommet ont lieu des sacrifices en l'honneur du dieu Pachamamac, connu localement sous le nom de Huiracocha[1]. Du fait de l'importance de cette divinité dans la cosmogonie des Incas, le mont est l'une des huacas les plus importantes de l'empire. Jusqu'à l'arrivée des Conquistadors, des rites sacrificiels y sont effectués[1]. Néanmoins les sacrifices humains dans la civilisation inca étaient relativement rares (à la différence des civilisations mésoaméricaines telles que les Mayas et les Aztèques), et ne se faisaient que lors de périodes de grands changements ou de grands troubles.
Une légende rapportée par plusieurs chroniqueurs rapporte que les Incas, qui avaient connaissance des richesses du mont, ne les auraient pas exploitées, avertis que celles-ci étaient destinées à des nouveaux venus[1].
PĂ©riode coloniale
Le site a joué un rôle majeur dans l'histoire des mines d'argent. La tradition rapporte que la découverte par les Espagnols des fabuleuses richesses du Cerro est due à l'Amérindien Diego Huallpa en janvier 1545[1]. Celui-ci se trouvant en compagnie de quatre soldats espagnols découvre par inadvertance un filon d'argent, un minéral qui recouvre pratiquement la montagne. Il en avertit les soldats mais ceux-ci ne font pas cas de cette découverte. Huallpa commence alors à exploiter le minerai pour son compte mais rapporte sa découverte à un ami nommé Huanca, lui-même serviteur du majordome Diego de Villaroel[1]. Ce dernier, qui est au service de l'encomendero Lorenzo de Estupiñan, profite de l'absence de ce dernier pour s'approprier les richesses du Cerro Rico[1].
La nouvelle de la dĂ©couverte se rĂ©pand dans toute la vice-royautĂ© du PĂ©rou. Un flux humain converge alors vers le Cerro Rico ; rapidement va se former la ville de PotosĂ au pied du mont. Sa fondation officielle date de 1546[1]. Le Cerro devient dès lors l'un des Ă©lĂ©ments fondamentaux de la puissance coloniale espagnole. Durant les XVIe et XVIIe siècles, l'argent de PotosĂ[2] est l'une des principales sources de richesse de l'empire[1].
Sur le plan religieux, la montagne garde toute son importance, cette fois sous la forme d'un syncrĂ©tisme mĂŞlant influences catholiques et indigènes. La Vierge Marie est identifiĂ©e au mont[1]. Plusieurs divinitĂ©s andines lui sont associĂ©es. Les peintres de l'Ă©poque coloniale la reprĂ©sentent, personnifiant le Cerro qui apparaĂ®t sous la forme de son manteau[1]. Ainsi s'opère la fusion entre la mère de Dieu et la Pachamama, la terre pourvoyeuse de vie. Les mineurs rendent un culte au TĂo, dĂ©formation de Dios, « dieu » en espagnol[1]. Il est vu comme le protecteur de la mine et des statues, auxquelles des offrandes sont effectuĂ©es, sont Ă©rigĂ©es en plusieurs points des galeries.
PĂ©riode contemporaine
Le Cerro Rico continue à être exploité pour son argent. La mine à ciel ouvert de San Bartolomé s'est développée sur ses flancs depuis 2008[3].
Instabilité géologique
En raison de son exploitation continue depuis plusieurs siècles, le Cerro Rico, qui comporte plus de 600 entrées de galeries, est soumis à de forts risques d'effondrement[4].
Notes et références
- (es) Carlos D. Mesa Gisbert, Historia de Bolivia, La Paz, Editorial Gisbert, , 7e Ă©d., 739 p. (ISBN 978-99905-833-3-5), p. 98-99
- Gildas Salaün, « Potosi, l'argent du Nouveau Monde », Monnaie magazine,‎ , p. 50-55 (ISSN 1626-6145)
- San Bartolomé Silver Mine, Potosi, Bolivia, Mining Technology
- (es) « El Cerro Rico de Potosà se encuentra en "alto riesgo" de derrumbe », Los tiempos,‎ (lire en ligne)
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (es) Miguel Lora, La plata que nunca fue de PotosĂ, Comunidad Boliviana radicada en la Argentina