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Phosphate de cobalt(II)

Le phosphate de cobalt(II) est un composé du phosphore, de l'oxygÚne et du cobalt, dont la formule est Co3(PO4)2. C'est le sel de cobalt(II)[2] de l'acide phosphorique H3PO4. Sous forme anhydre, il représente un des pigments connus sous le nom de violet de cobalt[3]. Il s'agit le plus souvent, comme le montre le carré , d'une teinte de violet assez foncée[4].

Phosphate de cobalt(II)
Identification
Synonymes

violet de cobalt, orthophosphate de cobalt II, Bis(orthophosphate) de tricobalt, pigment violet 14 anhydre ou chauffé

No CAS 13455-36-2(tétrahydrate: 10294-50-5) (octohydrate 10294-50-5)
No ECHA 100.033.309
No CE 236-655-6
PubChem 24878297 pour les formes hydratées
Apparence solide violet microcristallin
Propriétés chimiques
Formule Co3O8P2Co3(PO4)2
Masse molaire[1] 366,742 3 ± 0,002 4 g/mol
Co 48,21 %, O 34,9 %, P 16,89 %,
Propriétés physiques
Solubilité insoluble dans l'eau, soluble dans les acides minéraux dilués et dans les alcalis
Masse volumique 3,81 g·cm-3
Propriétés optiques
Indice de réfraction indice au moins égal à 1,7

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.
Une poudre violette


Il a d'autres usages, par exemple en catalyse : de fins dépÎts ou film ont un effet catalytique sur l'oxydation de l'eau, dénommé parfois craquage[5]

Une gamme de pigments colorants

Le taux d'hydratation peut changer, induisant des nuances colorantes diffĂ©rentes, de violet Ă  pourpre clair, voire rouge ou rosĂ©e avec la composition structurelle croissante en eau. Il existe aussi communĂ©ment un phosphate de cobalt octohydratĂ© Co3(PO4)2.8H2O qui est une poudre rouge clair, parfois rose, de masse molaire 510,84 g/mol et de densitĂ© 2,769 soluble dans les acides minĂ©raux, peu soluble dans l'eau, insoluble dans les alcalis.

Le tétrahydrate de phosphate de cobalt Co3(PO4)2.4H2O est violet-clair. Mais il est assez instable à la chaleur.

Structure

Le cristal de phosphate de cobalt est formĂ© d'anions phosphate (PO43−) volumineux qui complexent les centres de cations Co2+. Les ions cobalt sont en position octaĂ©drique, 1/3 dans des sites Ă  six et 2/3 Ă  cinq degrĂ©s de coordination[6].

Sa masse molaire est 366,74 g/mol. Sa densitĂ© dĂ©passe 3,8. Au microscope, il apparaĂźt sous forme de cristaux tabulaires formant des tablettes rectangulaires transparentes assez grandes. La structure lamellaire est trĂšs fragile. Une dispersion trop violente les brise, et rĂ©duit le pouvoir colorant en rendant moins foncĂ©e la teinte attendue[7].

Les cristaux sont insolubles dans l'eau et les solvants organiques courants. Le phosphate de cobalt est soluble dans les acides diluées (HCl dÚs 5% en masse) tout en résistant aux alcalis dilués (par exemple à la soude caustique à 1 %). L'eau de chaux le fait brunir, ainsi que l'ammoniaque qui le dissout en formant des cobaltamines.

Le phosphate de cobalt tétrahydraté, de densité 2,6 exposé à la chaleur, se transforme chimiquement et donne un composé violet foncé, de densité plus élevée, mais aussi plus stable à la chaleur.

Préparation

Il est préparé à partir de l'octohydrate de phosphate de cobalt, qui perd ses molécules d'eau à 200 °C.

Il précipite aussi à partir de solution aqueuse de tétrahydrate de phosphate de cobalt, préparé à partir d'une mélange de solutions aqueuses de cobalt(II), par exemple de chlorure de cobalt, et des sels phosphatés alcalins solubles. Le précipité rose est lavé et séché pour acquérir la nuance violette claire, ou tétrahydrate de phosphate de cobalt. Il faut un chauffage assez prolongé vers 200 °C pour obtenir le phosphate de cobalt anhydre, violet foncé et plus stable.

Pigment minéral de synthÚse

Le violet de cobalt clair, parfois plus ou moins foncé, lorsqu'il est chauffé à divers températures décroissantes, est référencé au Colour Index comme pigment violet 14 n°77360.

La société industrielle de Mulhouse lance en 1859 un appel pour une couleur violette utilisable pour l'impression textile. Le chimiste Alphonse Salvétat y répond et propose l'usage du phosphate de cobalt, précisant que ce pigment suivant son traitement thermique montre plusieurs nuances. En réalité, le pigment était déjà utilisé pour la fabrication de bleu de cobalt, notamment par Louis Jacques Thénard qui ne s'en servait que comme intermédiaire.

Les phosphates sont d'excellents pigments pour la peinture de chevalet et l'aquarelle [8]. Ils présentent une bonne luminosité dans les peintures couvrantes à sec, ainsi qu'une bonne solidité à la lumiÚre[9]. Mais il reste trÚs coûteux tout en ayant un faible pouvoir colorant et une grande sensibilité à la chaleur (tendance à foncer).

Ce pigment violet foncĂ©, qui ne devait ĂȘtre pas broyĂ© trop finement et restait onĂ©reux, Ă©tait apprĂ©ciĂ© par l'Ă©cole impressionniste française, et ses peintres de plein air.

Le phosphate de cobalt, et les composés hydratés de sa famille restreinte, sont utilisés comme colorant dans le verre, les couvertes ou glaçures céramiques, les émaux et les matiÚres plastiques.

Toxicologie

Les contacts avec la peau, parfois les plus anodins aux coudes ou aux genoux, sont toujours susceptibles de causer des allergies. L'inhalation chronique peut provoquer de l'asthme. Une ingestion accidentelle provoque vomissement et diarrhée, le tout avec des bouffées de chaleur.

Notes et références

  1. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. On appelle cobalt(II) le cobalt ayant le nombre d'oxydation +II.
  3. Hugo MĂŒller, Wolfgang MĂŒller, Manfred Wehner, Heike Liewald "Artists' Colors" in Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry 2002, Wiley-VCH, Weinheim. Doi|10.1002/14356007.a03_143.pub2. Il faut noter qu'Ă  cĂŽtĂ© des phosphates de cobalt, il y a les arsĂ©niates de cobalt toxiques, mais autrefois connus sous le nom d'Ă©rythrite ou de fleur de cobalt, qui donnaient des gammes de couleur de rouge Ă  rosĂ©e ou violet clair. L'arsĂ©niate de cobalt anhydre est violet. Mais il est de nos jours dĂ©suet et abandonnĂ©.
  4. Il s'agit évidemment d'une appellation populaire et commerciale, certains spécialistes de la couleur estimant que le violet n'existe quasiment pas ou du moins n'est point visible, en référence à une proximité des UV.
  5. Matthew W. Kanan, Yogesh Surendranatha, Daniel G. Nocera "Cobalt–phosphate oxygen-evolving compound" Chem. Soc. Rev., 2009, volume 38, 109-114.
  6. Anderson, J. B.; Kostiner, E.; Miller, M. C.; Rea, J. R. "Crystal structure of cobalt orthophosphate Co3(PO4)2" Journal of Solid State Chemistry 1975, vol. 14, 372-7.
  7. La description est pratiquement la mĂȘme pour le tĂ©trahydrate de phosphate de cobalt.
  8. Aptitude Ă  l'huile, l'acrylique, au tempera, Ă  la peinture Ă  l eau
  9. Résistance à la lumiÚre selon un fabricant allemand à l'état concentré : 8, médium : 8, diluée : 8 (1 trÚs faible, 8 optimum).

Voir aussi

Bibliographie

  • François Perego, Dictionnaire des matĂ©riaux du peintre, Belin, Paris, 2005, 896 pages. (ISBN 2-7011-2135-3), Sur les violets de cobalt, P 781-783.
  • Matthew W. Kanan, Junko Yano , Yogesh Surendranath, Mircea Dincă, Vittal K. Yachandra, and Daniel G. Nocera, "Structure and Valency of a Cobalt−Phosphate Water Oxidation Catalyst Determined by in Situ X-ray Spectroscopy", Journal of American Chemical Society, 2010, 132 (39), pp 13692–13701 RĂ©sumĂ©
  • Monica Barroso, Alexander J. Cowan, Stephanie R. Pendlebury, Michael GrĂ€tzel, David R. Klug, and James R. Durrant,"The Role of Cobalt Phosphate in Enhancing the Photocatalytic Activity of α-Fe2O3 toward Water Oxidation", J. Am. Chem. Soc., 2011, 133 (38), pp 14868–14871 RĂ©sumĂ©
  • C A Hogarth and M J Basha, "Electrical conduction in cobalt-phosphate glasses", Journal of Physics D: Applied Physics, 16 869, 1983

Liens externes

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