Philippe Ricord
Philippe Ricord, né le à Baltimore aux États-Unis et mort le à Paris, est un médecin et chirurgien français.
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(Ă 88 ans) 6e arrondissement de Paris |
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Jean Baptiste Ricord (en) |
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John Ricord (en) (neveu) |
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Biographie
Formation
Fils d’un armateur de la Compagnie des Indes originaire de Grasse, qui avait fui la Révolution en 1790, Philippe Ricord fit ses premières études aux États-Unis et employa les premières années de sa jeunesse à de nombreux voyages dans l’Amérique du Nord et du Sud, ainsi que dans l’archipel colombien, pour des recherches d’histoire naturelle[1]. Un grand nombre d’objets collectés par lui et son frère Alexandre figurent au Musée de Paris[1]. Ayant commencé ses études en médecine, en 1819, à Philadelphie, il vint en France en 1820, avec le naturaliste français Charles Alexandre Lesueur, à la suite des travaux d’histoire naturelle dont Jean-Guillaume Hyde de Neuville, alors ambassadeur de France en Amérique, l’avait chargé, recommandé par ce ministre, à Georges Cuvier[1]. D’abord attaché comme pharmacien surnuméraire à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, où il travaille comme conservateur des spécimens de Lesueur, puis, à la suite d’un premier concours, externe des hôpitaux civils de Paris en 1821 dans le service de Guillaume Dupuytren, il fut reçu douzième au concours de l’internat en 1822, à l’hôtel-Dieu de Paris du au , toujours dans les services de Dupuytren, mais se brouilla avec lui après avoir publié un article indiquant qu’une procédure que Dupuytren affirmait avoir inventée était déjà en usage aux États-Unis. Il passa ensuite sous Jacques Lisfranc à La Pitié du au [1].
MĂ©decine et chirurgie
Après son internat et des succès dans les cours pour les prix de l’École, Ricord prit le grade de docteur, le [1]. Après avoir pratiqué en province, il revint en 1828 dans la capitale et, à la suite d’un premier concours, il fut nommé, en 1828, chirurgien du bureau central des hôpitaux civils, et trois ans plus tard, à l’issue d’un second concours, dont il sortit premier, il fut chargé du service de chirurgie à l’hôpital des maladies vénériennes, où il établit un cours de clinique spéciale, qu’il a professé avec succès[1]. Également chirurgien en chef à l’hôpital du Midi, il est connu pour avoir décrit les trois stades de la syphilis et acquis une réputation mondiale dans sa spécialité[1]. En 1838, il a prouvé que l’auto-expérience de John Hunter était fausse, établissant ainsi définitivement que la syphilis et la gonorrhée ne sont pas la même maladie[2]. Il a fait, en outre, de 1854 à 1856, et avec fruit pour les élèves, des cours publics de pathologie spéciale, à l’École pratique[1]. Ses suggestions sur la guérison de la varicocèle et sur le fonctionnement de l’urétroplastie lui valurent le prix Montyon en 1842[1].
Comme chirurgien, il s’est fait connaitre comme opérateur par un nouveau procédé pour l’amputation de deux doigts ou de deux orteils à la fois ; par un procédé pour la cure des varices ; par une amputation du rectum, et par une méthode opératoire de la circoncision et du paraphimosis ; il a modifié, en outre, le spéculum, les pinces et le bistouri pour les amygdales, et a introduit dans la pratique un nouveau scarificateur pour l’urètre, et une seringue à double courant pour les injections utérines[1]. Il a de plus fait l’application, dans le traitement des maladies vénériennes, de quelques moyens thérapeutiques, dont la formule dite « de Ricord » pour le traitement de l’urétrite, largement utilisée au moins jusqu’à la fin des années 1910, qui consistait en une solution contenant 1 g de sulfate de zinc, 2 g d’acétate de plomb, 4 g de laudanum de Sydenham[3] et de teinture de catéchum dans 200 ml d’eau distillée[1]. Cette formule était largement connue et utilisée pour le lavage des tissus atteints d’urétrite simple grâce à ses propriétés astringentes et antiseptiques[4]. Il fut le professeur et confrère de l’urologue Antonin Jean Desormeaux[5] et du chirurgien Charles-Paul Diday.
Ricord est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (54e division)[6].
Publications
Philippe Ricord a écrit de nombreux articles notamment dans : la Revue médicale, la Lancette française, la Lancette anglaise, la Gazette médicale, le Journal des connaissances médico-chirurgicales, le Journal de thérapeutique.
MĂ©moires
- Mémoire sur l’emploi du spéculum dans les maladies vénériennes, 1855
- Mémoire sur l’inoculation artificielle de la vérole chez l’homme, 1855 : lu à l’Académie de médecine
- MĂ©moire sur la blennorragie chez la femme, 1854
- Mémoire sur l’emploi de l’onguent mercuriel dans le traitement des érysipèles, 1856 — Présenté à l’Institut, mention honorable.
- Réfutation de l’opinion de Huffeland sur la blennorragie, 1856
- MĂ©moire sur le chancre, 1857
- Mémoire sur l'épididymite, 1858, lu à l’Académie de médecine
Autres publications médicales
- De l’emploi du spéculum, 1833
- De la blennorragie de la femme, 1834
- MĂ©moires et observations, 1834
- Emploi de l’onguent mercuriel dans le traitement de l’érésipèle, 1836
- Monographie du chancre, 1837
- Théorie sur la nature et le traitement de l’épididymite, 1838
- Traité pratique des maladies vénériennes : ou Recherches critiques et expérimentales sur l’inoculation, Rouvier et Le Bouvier, Paris, 1838 - 808 p.
- Traité des maladies vénériennes (8 vol., 1838; 4e éd.), 1866
- A practical treatise on venereal disorders : and more especially on the history and treatment of chancre[7], 1840
- A practical lecture on venereal diseases, 1842 ; 13e Ă©d., 1854
- De l’ophtalmie blennorragique, 1842.
- Clinique iconographique de l’hôpital des Vénériens, 1842-1851.
- À MM. les membres de la section de médecine opératoire de l’Académie royale de médecine, 1844.Liste de ses qualifications en appui à sa candidature à l’Académie de médecine.
- (de) Heinrich Lippert, Die Pathologie und Therapie der venerischen Krankheiten nach Philippe Ricord’s […] Vorträgen und Bermerkungen, Berendsohn, 1846, 212 p.
- De la syphilisation, 1853.
- Lettres sur la syphilis avec une introduction par Amédée Latour, 1851 ; 3e éd., 1863) — Traduction anglaise : 1853
- Leçons sur le chancre, 1858 ; 2e éd., 1860) — Traduction anglaise : 1859
- Traité complet des maladies vénériennes. Clinique iconographique de l’hôpital des vénériens, recueil d’observations, suivies de considérations pratiques, 1862.
- « Communication de M. Ricord », dans De la syphilis vaccinaire : communications à l’Académie de médecine, 1865.
- (avec Jean Nicolas Demarquay) Deuxième rapport fait à la commission des études de la Société de secours aux blessés sur la nécessité de créer des ambulances modèles pour les blessés de l’industrie, [s. d.].
Bibliographie
- « Philippe Ricord (1800-1889), syphilographer », JAMA, vol. 211, no 1,‎ , p. 115-6 (ISSN 0098-7484, PMID 4902911, DOI 10.1001/jama.211.1.115)
- Jacques Chevallier, « Joseph Rollet and the shadow of Ricord », Hist Sci Med. 2010 jan-mar ; 44(1):65–71 — Résumé
- Claude Renner, « About Philippe Ricord », Histoire des sciences médicales, France, vol. 42, no 4,‎ , p. 365-70 (ISSN 0440-8888, PMID 19579542)
- (de) Ludwig Türck, Ricord’s Lehre von der Syphilis. Nach dessen klinischen Vorträgen, Vienne, 1846.
Compléments
Éponymie
- Le chancre de Ricord est la lésion initiale, semblable à un parchemin, de la syphilis.
- Le spéculum rectal de Ricord, ou de Ricord/Baildon est un spéculum à deux lames.
Distinctions
Ricord a reçu le prix Montyon en 1842.
Nommé médecin ordinaire du prince Napoléon, en 1862, il est nommé, le , chirurgien-conseil auprès de Napoléon III[1] - [8]. Membre de la Légion d’honneur depuis 1858, il fut fait Grand Officier en 1871, pour ses services dans le corps d’ambulance pendant le siège de Paris[9].
Hommages
Il a existé une statue de Philippe Ricord, œuvre de Barrias[10], à Paris, boulevard de Port-Royal.
Notes et références
- Edme-Théodore Bourg, Biographie des hommes du jour : industriels, conseillers-d’État, artistes, chambellans, députés, prêtres, militaires, écrivains, rois, diplomates, t. 4e, Paris, Pilout, , 416 p. (lire en ligne), p. 332-3.
- (en) J.D.R., « Nova et Vetera : Philippe Ricord (1800-1889) », British Medical Journal,‎ , p. 989 (lire en ligne).
- « Sydenham, laudanum de », site « Information hospitalière ».
- (it) Alexandre Renault, Malattie blenorragiche delle vie genito-urinarie, Paris, Vigot Frères, , xiv, 262, 21 cm (OCLC 799498409, lire en ligne), p. 31.
- Marcel Baudouin, Nécrologie — M. le Dr Antonin-Jean Desormeaux (Paris), dans Le progrès médical : journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie, série 02, t. 20, 1894, p. 270.
- Paul Bauer, Deux siècles d’histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 778.
- D’abord paru dans Edinburgh Medical and Surgical Journal, nos 135, 136 et 139.
- Ricord a pu approcher d'autres célébrités. Son propre neveu, l'avocat et globe-trotter texan John Ricord (probablement né Jean-Baptiste Ricord), auteur d'une constitution d'Hawaï, est venu mourir chez lui : page de la Texas State Historical Association. Quand Donizetti, au comportement alors étrange, fit une chute sur le pavé à Paris, on appela le Dr Ricord ; le public fit tout de suite l'association (qui était juste) avec une maladie vénérienne : Herbert Weinstock, Donizetti and the world of opera in Italy, Paris and Vienna in the first half of the nineteenth century, 1963, p. 244.
- New International Encyclopedia.
- Commentaire anonyme sur un message manuscrit de Ricord.
Liens externes
- Ressource relative Ă la recherche :
- Ressource relative aux militaires :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Base LĂ©onore