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Perchaude

Perca flavescens

La perchaude (Perca flavescens) est une espèce de poissons dulcicoles appartenant à la famille des percidés. Ubiquitaire en Amérique du Nord, elle s'adapte bien à toutes sortes d'habitats : grands lacs, petits étangs ou rivières tranquilles.

Migration

L’origine probable de ce percidé serait des populations venues de l’Asie du Nord-est et qui auraient envahi l'Amérique du Nord durant le Pléistocène. La perchaude et la perche, considérées comme des espèces distinctes, possèdent une morphologie et des modes de vie équivalents. Le seul caractère connu qui distingue morphologiquement Perca flavescens de Perca fluviatilis est l’os prédorsal, qui s’étend chez la perchaude entre la première et la deuxième épine dorsale alors qu’il est antérieur à la première épine dorsale chez la perche. La perchaude a été introduite dans de nombreux plans d’eau au Canada.

Distribution

Ce poisson est abondant dans les lacs et cours d'eau du Canada et des États-Unis. Il aurait été introduit en Europe. La perchaude est originaire des régions sud du Canada, ainsi que du nord-est des États-Unis et du nord des Plaines de ce pays. Aujourd’hui, aux États-Unis, elle est répandue du Maine à la Floride, puis vers l’ouest jusqu’au nord du Missouri, à l’est du Kansas et le nord-ouest du Montana. De plus, elle a été introduite dans presque tous les États situés à l’est et à l’ouest de sa distribution originale. Au Canada, l’espèce se trouve dans toutes les provinces : en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Québec (de Baie-Comeau à la Baie James), en Ontario, dans le centre du Manitoba, en Saskatchewan, dans la région du Grand Lac des Esclaves, dans le Sud de l’Alberta et dans la région de Kootenay, Okanagan et Pend Oreille. La large répartition et diversité d’habitats de cette espèce reflètent sa grande adaptabilité écologique, un facteur important pour son élevage. Les perchaudes aiment les endroits dégagés des grands lacs, étangs, rivières à faible courant, aux eaux claires parsemées de végétation aquatique. À l’occasion on les retrouve dans les eaux saumâtres. C’est un poisson qui tolère la présence des métaux ce qui explique sa large distribution et son abondance dans les zones minières et fonderies du Canada.

Identification

Les couleurs de la perchaude, dans son habitat naturel, permettent de la différencier hors de tout doute. Les bandes alternées, triangulaires sont uniques pour les poissons nord-américains. Elle a deux nageoires dorsales. La première est formée de rayons épineux et tranchants, tandis que la seconde est souple. Sa forme est plus élancée que les achigans ou les crapets, mais plus trapue que les dorés. Il est important de ne pas la confondre avec son homologue européenne, la perche commune. Bien qu'elle y ressemble beaucoup, sa taille est plus modeste.

Nutrition

La perchaude se nourrit principalement d'insectes, de petits poissons (alevins), d'œufs et de crustacés[1]. Son alimentation varie beaucoup en fonction de sa taille. Le brochet constitue l'un des principaux prédateurs de la perchaude adulte. Plus petite, elle a de nombreux prédateurs, y compris les individus de sa propre espèce de plus grande taille.

Une étude scientifique a constaté (1990) que cette espèce (comme la perche soleil et un siluridé autochtone, et comme les jeunes salmonidés) grandit plus et plus vite dans les réservoirs créés par les barrages de castors que dans un milieu comparable sans castors[2].

Anatomie

Le corps de la perchaude est allongé et ovale. Sa longueur moyenne se situe entre 10 et 25 cm et elle pèse en moyenne entre 50 et 200 g. Ce poisson possède deux nageoires dorsales bien séparées. La première, située plus près de la tête, est épineuse (13 à 15 épines), haute et arrondie ; la seconde localisée à proximité de la nageoire caudale, est plus petite que la précédente ; elle possède une à deux épines suivies de douze à quinze rayons mous. La nageoire anale porte deux épines. Le bout des opercules se termine par une pointe piquante. Le pédoncule caudal est long et étroit ; la nageoire caudale est peu fourchue. Ses écailles sont bordées de petites épines. Les mâchoires sont munies de nombreuses petites dents.

La coloration de la perchaude varie selon sa taille et son habitat. Des barres noires en forme de V sur chaque côté du corps caractérisent ce poisson. Au nombre d’environ sept, elles débutent sur le dos du poisson pour se terminer sur le ventre. Le dos et la face dorsale de la tête varient du vert brillant au brun doré. Les nageoires pelvienne et anale sont ordinairement orange brillant. La coloration des mâles est plus intense que celle des femelles en période de frai.

Les écailles sont des cténoïdes, les opercules sont en grande partie nus, la poitrine et le ventre sont squameux, la ligne latérale est complète, haute et peu arquée. Le péritoine est argenté ; l’intestin est bien différencié, il existe 3 caeca pyloriques courts et épais. On dénombre 38 à 41 vertèbres et il n’existe pas de tubercules nuptiaux.

Reproduction

La fraie de la perchaude a lieu tĂ´t au printemps. Selon les rĂ©gions et les conditions atmosphĂ©riques, la reproduction dĂ©bute en mars pour se terminer en mai et mĂŞme en juin. La tempĂ©rature optimale pour la reproduction de la perchaude se situe entre 7,8 °C et 11,1 °C. Les adultes recherchent alors des eaux peu profondes pourvues de vĂ©gĂ©tation. Les petits mâles accèdent aux frayères les premiers, les femelles suivent. La reproduction se dĂ©roule durant la nuit ou très tĂ´t le matin. Elle a lieu, en gĂ©nĂ©ral, Ă  des endroits oĂą il y a la prĂ©sence de plantes submergĂ©es avec quelques tiges, racines, des branches et des broussailles. Chaque perchaude y accrochera son ruban d’œufs. Ă€ dĂ©faut de ces structures, ce poisson frayera sur le sable ou le gravier. Il ne construit pas de nids comme d’autres espèces de poissons. Il ne semble pas y avoir d’observations sur l’acte reproducteur lui-mĂŞme, mais on croit qu’il n’implique qu’une seule grande femelle et plusieurs mâles qui vont et viennent en une file longue et compacte, les premiers mâles pressant leur museau contre la femelle. Chaque femelle gravide peut ĂŞtre suivie par quinze Ă  vingt-cinq mâles; ils fertilisent les Ĺ“ufs lorsqu’ils sont relâchĂ©s. Le nombre d’œufs pondus varie entre 2 000 Ă  90 000 selon la taille de la femelle. Un Ĺ“uf mesure environ 3,5 mm une fois gonflĂ© d’eau. Ces Ĺ“ufs, Ă  demi flottants, sont contenus dans un tube ou un cordon aplati, gĂ©latineux et transparent, pliĂ© en accordĂ©on. Certains cordons peuvent mesurer plus de 2 mètres de longueur par 4 cm de largeur. Les Ĺ“ufs ne reçoivent aucun soin de leurs parents, toutefois, ils contiendraient une substance qui dĂ©courage leur prĂ©dation par d’autres poissons. L’incubation des Ĺ“ufs dure normalement de 8 Ă  10 jours; cependant, cette pĂ©riode peut atteindre près d’un mois lorsque la tempĂ©rature de l’eau se situe autour de 8 °C. Les femelles croissent plus rapidement que les mâles. Elles dĂ©passent rarement 36 cm de longueur. Leur poids n’excède presque jamais 500 grammes. L’aĂ©ration des Ĺ“ufs en incubation provient de l’eau circulant Ă  travers le cordon. Lorsqu’ils Ă©closent, les jeunes larves mesurent environ 5 mm. Durant quelques jours, elles se nourrissent du contenu de leur sac vitellin et par la suite, elles mangent du plancton. Les mâles peuvent atteindre la maturitĂ© sexuelle Ă  l’âge de 1 Ă  2 ans et les femelles sont matures Ă  2 Ă  3 ans. Une perchaude vit en moyenne jusqu’à l’âge de 9 ans, l’âge maximal atteint est de 17 ans. La croissance est extrĂŞmement variable et fortement influencĂ©e par le type d’habitat dans lequel elle vit. C'est un poisson Ă  croissance lente, environ 2,5 cm annuellement.

Économie

La perchaude occupe un vaste territoire et une grande variĂ©tĂ© d’habitats, vit en bancs et se rassemble près du rivage au printemps. Tous ces facteurs la rendent facilement accessible aux pĂŞcheurs, tant commerciaux que sportifs. Se nourrissant activement Ă  l’annĂ©e longue, elle peut ĂŞtre pĂŞchĂ©e aussi bien en Ă©tĂ© qu’en hiver (pĂŞche sur glace par exemple). Ce percidĂ© est capturĂ© commercialement de l’Ohio Ă  l’Alberta. Elle est aussi largement exploitĂ© dans le fleuve St-Laurent et les Grand lacs. Les prises dans le lac St Pierre au QuĂ©bec atteint parfois quelques centaines de tonnes. On la vend Ă  l’état frais ou congelĂ© presque partout. Sa chair est blanche, floconneuse, dĂ©licieuse et populaire. Des restaurants spĂ©cialisĂ©s bordent les grands lacs et les pĂŞcheurs commerciaux peuvent offrir 3 000 000 de livres annuellement. Elle a Ă©tĂ© une des espèces Ă  ĂŞtre exploitĂ©e Ă  la senne, dans les grands lacs, du milieu jusqu'Ă  la fin des annĂ©es 1800. La production, les dĂ©barquements commerciaux et les prix commandĂ©s par cette espèce dĂ©pendent de bien de facteurs, tels que la variation des classes d’âge, nombres de pĂŞcheurs, prĂ©sence ou absence de prĂ©dateurs et taux de croissance suivant la tempĂ©rature et la nourriture. L’industrie de la perchaude est considĂ©rĂ©e comme la plus importante des Grands Lacs, bien que les pĂŞcheries commerciales sont en dĂ©clin Ă  peu près partout dans l’Est de l’AmĂ©rique du Nord y compris celle du lac St Pierre. La cause serait la surexploitation du recrutement. Une pĂŞche commerciale de cette espèce existe, principalement dans le rĂ©seau hydrographique du fleuve St-Laurent. C'est la principale pĂŞcherie, sur le plan de la valeur monĂ©taire, en Ontario. La perchaude est reconnue comme relativement facile Ă  pĂŞcher. Sa chair, tendre, rappelle celle de la sole. Par contre, les gros spĂ©cimens se montrent beaucoup plus difficiles Ă  pĂŞcher et ils sont très convoitĂ©s. C'est un poisson prisĂ© dans certaines rĂ©gions et considĂ©rĂ© comme un indĂ©sirable dans d'autres cours d'eau, tels ceux oĂą elle n'est pas native et oĂą sa taille reste modeste. La population Ă©tant actuellement en dĂ©clin dans le lac Saint-Pierre, la pĂŞche tant commerciale que sportive est sujette Ă  un moratoire depuis 2012[3]. Cette interdiction complète dĂ©coule d'une chute des populations Ă  la fin des annĂ©es 1990. Cet Ă©vènement est causĂ© par la perte d'habitats propice Ă  la fraie et d'une diminution de la qualitĂ© de l'eau, liĂ© directement Ă  l'augmentation de l'agriculture traditionnelle (monoculture, mise Ă  nue des sols Ă  l'automne, ajout d'engrais et de pesticides, etc.) dans la zone littorale du lac Saint-Pierre. Une Ă©valuation en 2019 des populations de perchaudes du lac Saint-Pierre ne dĂ©montrait aucune amĂ©lioration de la situation depuis 2016[4].

Intérêts scientifiques

Dans le contexte de l’écotoxicologie des métaux, la perchaude apparaît comme l’espèce la plus pertinente, en effet, elle est particulièrement intéressante dans l’étude des effets des métaux dans les systèmes d’eau douce. Exposés à de l’eau contaminée, ces poissons accumulent les métaux (Kraemer et al. 2006). Elles se prêtent aussi aux études de toxicologie des métaux (Pierron et al. 2009) et permettent en général d’évaluer l’impact des métaux sur la santé des poissons (Gauthier et al. 2008).

Références

  1. http://www.dfo-mpo.gc.ca/regions/central/pub/fact-fait-ogla-rglo/yellowperch_f.htm Feuillet d’information - Perchaude sur le site de Pêches et Océans Canada
  2. Keast A & Fox MF (1990) Fish community structure, spatial distribution and feeding ecology in a beaver pond. Env. Biol. Fishes 27, 201-214 (résumé)
  3. « Prolongation de 5 ans du moratoire sur la pêche à la perchaude au lac Saint-Pierre », sur Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (consulté le )
  4. Pierre Magnan, ÉTAT DU STOCK DE PERCHAUDES DU LAC SAINT-PIERRE EN 2019, Trois-Rivières, Québec, Canada, Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (lire en ligne Accès libre [PDF])

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Nelson JA (1989). Critical swimming speeds of yellow perch Perca flavescens: comparison of populations from a naturally acidic lake and a circumneutral lake in acid and neutral water. Journal of experimental biology, 145(1), 239-254.
  • Bernatchez, L. et M. Giroux, (1991). Guide des poissons d’eau douce du QuĂ©bec et leur distribution dans l’Est du Canada. Éditions Broquet inc.. La Prairie Qc. 304 p.
  • Couture F. (1985). Étude technique et Ă©conomique sur la production de perchaudes en Ă©levage intensif (prĂ©liminaire). FacultĂ© d’agriculture, UniversitĂ© Laval. QuĂ©bec. 24 p.
  • DubĂ© P. (1996). Mission scientifique sur l’élevage de la perchaude (Perca flavescens Mitchill et du dorĂ© (Stizostedion vitreum) dans deux Ă©tats du centre- nord des États-Unis, du 10 au . SociĂ©tĂ© de recherche et de dĂ©veloppement en aquiculture continentale (SORDAC) Inc. 200, chemin Ste-Foy, 12e Ă©tage (QuĂ©bec) Qc. G1R 4X6. Document de veille technologique. No. 96.1. 56 p.
  • Gauthier C, Campbell PGC, Couture P (2008). Physiological correlates of growth and condition in the yellow perch (Perca flavescens). Comp. Biochem. Physiol. (A) Mol. Integr. Physiol. 151(4): 526-532.
  • Kraemer LD, Campbell PGC, Hare L. (2006). Seasonal variations in hepatic Cd and Cu concentrations and in the sub-cellular distribution of these metals in juvenile yellow perch (Perca flavescens) .Environ. Pollut. 142, 313-325.
  • Pierron F, Bourret V, St-Cyr J, Campbell PGC, Bernatchez L, Couture P (2009). Transcriptional responses to environmental metal exposure in wild yellow perch (Perca Flavescens) collected in lakes with differing environmental metal concentrations (Cd, Cu, Ni). Ecotoxicology 18(5): 620-631.
  • Scott, W.B. & Crossman, E.J. (1973). Freshwater fishes of Canada. In Bulletin of the Fisheries Research Board of Canada. pp 755–761 Ottawa.
  • , W.B. et E.J. Crossman, (1974). Poissons d’eau douce du Canada. Ministère de l’Environnement, Service des sciences de la mer, Ottawa, 1026 p.
  • Stickney, R.R., (1993). Advances in Fisheries Science, Culture of Nonsalmonid Freshwater Fishes, Second Edition, CRC Press Inc., 104-113 pp.
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  • Todd T.N, Hatcher C.O (1993). Genetic- Variability and Glacial Origins of Yelow perch (Perca flavescens) in North America. Canadian Journal of Fisheries ans Aquatic Sciences, 50, 1828-1834.
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