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Paul Panda Farnana

Paul Panda Farnana (né Paul Panda Farnana M'fumu[1] en 1888 à Nzemba, près de Banana, et mort dans cette même localité le ) est un agronome et un nationaliste congolais.

Paul Panda Farnana
Paul Panda Farnana en 1921.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Koninklijk Technisch Atheneum Horteco (d) ( - )
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Conflit
Distinction

Biographie

Le nom de Paul Panda Farnana a marqué l’histoire de la République démocratique du Congo à plusieurs titres : il fut le premier Congolais à avoir fait des études supérieures en Belgique et en France. Il a été surtout le premier nationaliste congolais dénonçant avec virulence les méthodes coloniales mises en place par les Belges. Il réclamait par exemple, la généralisation de l’enseignement laïc ainsi que l’accès des Congolais aux universités de la Métropole. Il plaidait également pour la participation de ses compatriotes au sein des instances décisionnelles de la colonie ainsi que pour l’africanisation des cadres.

Il fut, par ailleurs, militant actif du panafricanisme et collabora avec Paul Otlet, Henri La Fontaine (collaborateur de Otlet et Prix Nobel de la paix en 1913), W.E.B. DuBois, et Blaise Diagne à l’organisation du Deuxième Congrès Panafricain, au Palais Mondial, à Bruxelles en . Il s’imprégna des idéaux internationalistes et pacifistes qui étaient ceux de Paul Otlet et Henri La Fontaine. La presse belge dresse de lui des portraits assez défavorables, le suspectant de sympathies communistes[2].

Il se voulait le porte-parole du Congo belge Ă  Bruxelles et multipliait les articles dans la presse de son temps. Il fonda en 1919 l’Union Congolaise (SociĂ©tĂ© de secours mutuel et de dĂ©veloppement moral de la race congolaise), la plus ancienne association sans but lucratif initiĂ©e par des Congolais sur le sol belge. Un des buts de cette organisation dont il fut tour Ă  tour le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral et le prĂ©sident d’honneur, Ă©tait de dĂ©fendre les droits des vĂ©tĂ©rans congolais de la Première Guerre mondiale dont il Ă©tait. Cette association exigea Ă  plusieurs reprises l’érection d’un monument au « Soldat inconnu congolais Â» afin de marquer la dette de la Belgique Ă  l’égard des soldats congolais qui s’étaient battus sous son drapeau en Afrique (entre autres Ă  Tabora, au Cameroun) et en mĂ©tropole. Un monument en hommage aux combattants congolais de la Force publique sera finalement Ă©difiĂ© Ă  Schaerbeek, square François Riga et inaugurĂ© en 1970, soit 40 ans après la mort de Panda[3].

Jalons biographiques

Monument aux troupes congolaises et belges[4].
  • 1888 : naissance de Paul Panda Farnana Ă  Nzemba près de Moanda dans le Bas-Congo.
  • 1900 : arrivĂ©e de Panda en Belgique, le , en compagnie du lieutenant Derscheid, qui participa Ă  l’expĂ©dition Bia dans le Katanga. Il entame des Ă©tudes secondaires Ă  l’AthĂ©nĂ©e d’Ixelles.
  • 1904 : en octobre, il rĂ©ussit l’examen d’entrĂ©e Ă  l’École d’Horticulture et d’Agriculture de Vilvorde.
  • 1907 : Panda dĂ©croche son diplĂ´me avec la plus grande distinction ; il obtient en sus le « certificat de capacitĂ© Â» avec pour spĂ©cialitĂ© les cultures tropicales.
  • 1908 : soucieux de complĂ©ter sa formation, Panda s’inscrit comme Ă©lève rĂ©gulier Ă  l’École supĂ©rieure d’Agriculture tropicale Ă  Nogent-sur-Marne. Au terme de son cursus, il obtient le « Certificat d’études Â». Ă€ l’École supĂ©rieure commerciale et consulaire de Mons, il approfondit sa connaissance de l’anglais.
  • 1909 : Panda est engagĂ© par le Ministère des Colonies en qualitĂ© de « chef de cultures de troisième classe Â». Ă€ son arrivĂ©e Ă  Boma le , il est nommĂ© au Jardin botanique d'Eala près de Coquillathville, oĂą il assume aussi des cours thĂ©oriques.
  • 1911 : son mandat achevĂ©, Panda embarque sur le SS Bruxellesville 3, le . Ă€ son arrivĂ©e en Belgique, il reçoit la distinction de « l’Étoile service Â». Ă€ son retour au Congo en dĂ©cembre de la mĂŞme annĂ©e, il est nommĂ© directeur de la station de Kalamu, oĂą il effectuera notamment des rĂ©coltes de spĂ©cimens d'herbiers conservĂ©s au Jardin botanique national de Belgique.
  • 1914 : la guerre Ă©clate alors que Panda sĂ©journe en Belgique. Il s’engage dans le Corps de Volontaires Congolais. Deux autres Congolais posent le mĂŞme geste : Joseph Adipanga et Albert Kudjabo[5]. Tous les trois sont faits prisonniers par les Allemands. Alors que Joseph Adipanga rĂ©ussit Ă  s’évader, Paul Panda et Kudjabo Albert demeurent en captivitĂ© jusqu’à la fin de la guerre. Le ils se retrouvent au camp de prisonniers de guerre de Soltau en Allemagne et sont sĂ©parĂ©s en date du . Dans les camps de prisonniers de guerre, il se rapproche des Tirailleurs sĂ©nĂ©galais pour qui il fait office d’écrivain public. Par ce biais, il entre en contact avec Blaise Diagne, DĂ©putĂ© du SĂ©nĂ©gal.
  • 1919 : libĂ©rĂ©, Panda regagne la Belgique et obtient Ă  sa demande une mise en disponibilitĂ© pour convenance personnelle. En fĂ©vrier, il participe aux assises du Premier Congrès Panafricain Ă  Paris, organisĂ© Ă  l’initiative conjointe de Blaise Diagne, membre du gouvernement français, et de W.E.B. Du Bois, sociologue afro-amĂ©ricain et chef de la N.A.A.C.P. (National Association for the Advancement of Coloured People). En novembre, il fonde avec ses compatriotes (parmi lesquels Joseph Adipanga et Albert Kudjabo) l’Union Congolaise, une « sociĂ©tĂ© de secours et de dĂ©veloppement moral et intellectuel de la race congolaise Â» ; elle est placĂ©e sous la haute protection de Louis Franck, ministre libĂ©ral des Colonies et d’Émile Vandervelde, leader socialiste et ministre de la Justice.
  • 1920 : Panda intervient Ă  la tribune du premier Congrès Colonial National (du 18 au ) dont les assises se tiennent au sĂ©nat. Sa contribution est d’autant plus remarquĂ©e qu’il est le seul Congolais conviĂ© Ă  prendre la parole face aux personnalitĂ©s coloniales, ecclĂ©siastiques et civiles. C’est Ă  l’occasion de ce congrès que Panda rencontre l’abbĂ© Stefano Kaoze, alors secrĂ©taire de Mgr Roelens, vicaire apostolique du Haut-Congo. Les deux hommes qui prennent le temps de se connaĂ®tre s’estiment et Panda fait part de leur consensus sur la participation souhaitĂ©e des Congolais aux instances de dĂ©cision.
  • 1921 : le Deuxième Congrès Panafricain se tient alternativement Ă  Londres, et Ă  Bruxelles. Panda siège au bureau du Congrès aux cĂ´tĂ©s de Blaise Diagne, de W.E.B. Du Bois, de Paul Otlet, et de Miss Jessie Fauset. Le , Paul Panda donne une confĂ©rence sur « L’historique de la civilisation nègre sur les rives du fleuve Congo Â». Par ailleurs, il exprime le vĹ“u que des diplomates noirs soient prĂ©sents au sein des commissions internationales ayant la charge d’administrer les mandats exercĂ©s sur les anciennes possessions allemandes en Afrique. Ă€ la demande des membres de l’Union Congolaise, Paul Panda entreprend des dĂ©marches auprès du Ministère des Colonies en vue d’organiser des cours Ă  l’usage de ses compatriotes. C’est ainsi que des cours pour Congolais subsidiĂ©s par les autoritĂ©s belges sont ouverts Ă  Bruxelles, Ă  Charleroi et Ă  Marchienne. Panda assure lui-mĂŞme quelques cours Ă  cĂ´tĂ© d’enseignants dĂ»ment mandatĂ©s par les autoritĂ©s. AccusĂ© de sĂ©dition, le catĂ©chiste Simon Kimbangu est condamnĂ© Ă  mort. Sa peine est commuĂ©e en dĂ©tention Ă  perpĂ©tuitĂ© ; il se voit infligĂ© la dĂ©portation dans le Katanga, oĂą il sera emprisonnĂ© jusqu’à sa mort en 1951. Par le biais notamment du ministre Louis Franck, Panda s’emploie Ă  convaincre les autoritĂ©s coloniales de ne pas appliquer la peine capitale au condamnĂ©. Kimbangu est d’autant plus dĂ©criĂ© par certains coloniaux qu’ils le tiennent pour un disciple de Marcus Garvey. Une violente polĂ©mique oppose Paul Panda Ă  l’équipe rĂ©dactionnelle de l’Avenir Colonial Belge, porte-voix des coloniaux les plus conservateurs.
  • 1925 : « La Renaissance de l’Occident Â» consacre une livraison spĂ©ciale aux arts et Ă  l’artisanat congolais. Panda est mis Ă  contribution et s’exprime avec pertinence sur les questions de l’art ainsi que l’avenir de l’artisanat dans son pays. Il dĂ©nonce les pillages qui ont permis Ă  l’Europe de garnir ses musĂ©es et juge que la colonisation constitue ni plus ni moins du vandalisme « rationalisĂ© Â».
  • 1929 : retour de Panda au Congo ; il rejoint son village natal ; il y fait Ă©riger une Ă©cole ainsi qu’une chapelle, dĂ©diĂ©e Ă  son saint patron.
  • 1930 : Paul Panda Farnana meurt le dans son village natal, Ă  41 ans. Ă€ Bruxelles, l’Union Congolaise fait cĂ©lĂ©brer une messe en l’Église de l’Abbaye de la Cambre.

Bibliographie

  • AndrĂ©-Bernard Ergo. Congo Belge. La colonie assassinĂ©e. L'Harmattan 2008. (ISBN 978-2-296-07341-8) pp.87-90
  • AndrĂ©-Bernard Ergo. Paul Panda Farnana M’Fumu (1888-1930) diplĂ´mĂ© Ă  l’École de Vilvorde en 1907. Premier Congolais diplĂ´mĂ© de l’enseignement supĂ©rieur en Belgique ? publiĂ© sur le blog de l'auteur: abergo1.e-monsite.com ConsultĂ© en .

Filmographie

  • Panda Farnana, un Congolais qui dĂ©range, film de Françoise Levie, 2011, Wild heart productions & Memento Productions, 55 min.

Notes et références

  1. (en) The Herbarium of the National Botanic Garden of Belgium
  2. Amzat Boukari-Yabara, Une histoire du panafricanisme, , p. 73
  3. René Pétré, Monuments aux Morts Congolais et Belges de la Force Publique
  4. (Bruxelles-Schaerbeek, Square Riga/avenue Huart-Hamoir) Willy Kreitz
  5. André-Bernard Ergo, Congo belge : la colonie assassinée, L'Harmattan, , 274 p. (ISBN 978-2-296-07341-8 et 2-296-07341-7), p. 85

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