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Paul Helbronner

Paul Helbronner est un polytechnicien, alpiniste et géodésiste français, né à Compiègne dans l'Oise le et mort à Paris le [1] - [2]. De 1903 à 1928, il mène vingt-deux campagnes de relevés aboutissant à une modélisation géodésique de l'ensemble des Alpes françaises et de la Corse. Sous le titre Description géométrique détaillée des Alpes françaises, il publie ce travail monumental en douze tomes et deux albums annexes entre 1910 et 1939 (dernier tome publié à titre posthume). Sur proposition de l’Académie des sciences, son nom a été donné à la pointe Helbronner dans le massif du Mont-Blanc. Celle-ci sert de point d’appui et d'escale au téléphérique assurant la liaison entre Chamonix, l’aiguille du Midi et Courmayeur[3] - [4]. Il est président d'honneur de la Société française de photographie de 1929 à 1931.

Paul Helbronner
Croquis de Paul Helbronner par lui-même tiré de ses 150 premiers profils de confrères.
Fonction
Président d'honneur (d)
Société française de photographie
-
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Activités
Fratrie
Jacques Helbronner
Louis Helbronner (d)
Conjoint
Hélène Fould (d)
Enfant
Jacqueline Helbronner (d)
Parentèle

Biographie

Portrait de son épouse, née Hélène Fould.

Paul Helbronner est le fils d’Horace Helbronner, avocat à la cour d'appel de Paris, et d’Hermance Saint-Paul, artiste peintre qui expose au Salon des Artistes français de 1868 à 1889[5]. Son frère Jacques Helbronner a été président de Section au Conseil d'État jusqu'en , puis président du Consistoire central israélite de France jusqu'à sa déportation en . Après des études à l'école Monge (aujourd'hui lycée Carnot)[6], Paul Helbronner est reçu en 1892 à l'École polytechnique[7]. Il en sort en 1894 dans l'Artillerie dont il démissionne en 1897[8]. En 1898, il épouse Hélène Fould, fille d'Ernestine Dupont et d’Alphonse Fould, maître de forges des Aciéries de Pompey en Lorraine et sœur de René Fould ; après quelques années passées dans cette entreprise, il quitte ces fonctions pour se consacrer à sa passion pour la montagne. Il est le beau-père de Charles Mayer, de Simon Lazard et de Jacques Bensaude.

Alpiniste et topographe

InitiĂ© Ă  la montagne par son oncle le gĂ©ologue Auguste Michel-LĂ©vy, puis encouragĂ© par Joseph et Henri Vallot, il fait partie d'un groupe de topographes et alpinistes français qui n'Ă©taient pas satisfaits des cartes officielles des Alpes. Celles-ci contenaient peu de relevĂ©s dĂ©taillĂ©s et prĂ©cis de la haute montagne qui avait Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e jusque-lĂ  plutĂ´t comme un obstacle. En , il propose au Club alpin français d'Ă©tablir des cartes Ă  grande Ă©chelle (1:40 000 ou 1:50 000) des Alpes françaises. Une Commission de topographie est alors crĂ©Ă©e par la Direction centrale du CAF, qui se rĂ©unit pour la première fois le [9] - [10].

Panorama du Pelvoux peint par Paul Helbronner
Représentation panoramique du sommet du Pelvoux. Aquarelle en photogravure de Paul Helbronner dessinée d'après ses clichés photographiques.

Helbronner se lance dans cette aventure qui lui parait fondamentale, avec au dĂ©part ses seuls moyens financiers puis, au terme de quelques annĂ©es, avec un soutien de l'armĂ©e. Les deux premières campagnes de relevĂ©s se dĂ©roulent lors des Ă©tĂ©s 1903 et 1904, rĂ©alisant des triangulations dans le massif de Belledonne[11] pour appuyer les relevĂ©s des autres membres de la commission. En 1906, il entreprend une triangulation cohĂ©rente reliant le massif des Écrins Ă  la triangulation du massif du Mont-Blanc faite par Henri, frère de Joseph Vallot. Pour cela, il gravit le Grand Pic de la Meije, accompagnĂ© de 5 guides et porteurs, chargĂ©s d'appareils photographiques, de thĂ©odolites et autres instruments de mesure. Les triangulations sont ensuite Ă©tendues Ă  l’ensemble des Alpes en suivant un plan mĂ©thodique. Elles ne seront achevĂ©es qu’en 1928. Le bilan de ce travail est titanesque pour un homme seul : il a occupĂ©, ou visĂ© et calculĂ© 8 500 points de gĂ©odĂ©sie couvrant 18 500 km2 en utilisant des triangulations Ă  partir de 1 818 stations, dont 151 au-dessus de 3 000 m d'altitude et 15 500 clichĂ©s photographiques. En outre, il rĂ©alise une sĂ©rie d'aquarelles en photogravure, de panoramas dessinĂ©s d'après clichĂ©s photographiques avec une remarquable recherche du dĂ©tail et de la couleur[12]. Pendant la Première Guerre mondiale, il interrompt son Ĺ“uvre et rĂ©alise une organisation topographique du tir d’artillerie sur le front de la Somme, transportant son thĂ©odolite en plus de 132 stations. En 1917, il crĂ©e et organise une Section d’ExpĂ©riences de Tir en montagne.

schéma jonction géodésique directe de la Corse à la France Continentale
Plan de la jonction géodésique directe de la Corse à la France Continentale réalisée par Paul Helbronner

En 1925, Helbronner procède Ă  la jonction gĂ©odĂ©sique directe de la Corse Ă  la chaine mĂ©ridienne des Alpes[13] - [14]. Pour cela, il rĂ©alise pendant l'Ă©tĂ© 1925 une sĂ©rie de visĂ©es Ă  partir de 4 stations choisies sur le Continent et de 3 autres installĂ©es sur trois sommets de la Corse[15]. Ses mesures correspondent, Ă  quelques centimètres près, Ă  celles acceptĂ©es aujourd'hui. L'abri Helbronner du Monte Rotondo est une trace matĂ©rielle toujours visible de cette aventure.

Le résultat de ses travaux est publié à compte d’auteur entre 1935 et 1938 dans une monumentale Description géométrique détaillée des Alpes françaises en 12 gros volumes qui comportent de nombreux commentaires et 2 albums de panoramas des Alpes, pris depuis les sommets qu’il gravissait.

Un bibliophile spécialisé

Ex libris dessiné par Paul Helbronner pour sa bibliothèque
Ex libris des ouvrages de la bibliothèque de Paul Helbronner

Paul Helbronner s'est constitué une importante bibliothèque contenant des incunables et divers ouvrages anciens consacrés à la cartographie. Il s'est créé un ex-libris faisant allusion à son œuvre :

  • la toile d'araignĂ©e fait rĂ©fĂ©rence Ă  la triangulation qui forme comme une toile sur les Alpes ;
  • le compas est l'outil du cartographe, le pinceau Ă©voque le goĂ»t de Paul Helbronner pour la peinture. Il est l'auteur de spectaculaires panoramas peints d'après photos depuis le mont Blanc et le Pelvoux ;
  • la devise : perseverentia est une allusion directe Ă  la qualitĂ© première qu'il lui a fallu pour mener Ă  bien un travail titanesque ;
  • les profils de montagne reprĂ©sentent les principaux sommets des Alpes. On reconnaĂ®t : le mont Blanc, la Meije, le Pelvoux (avec un doute) et la Barre des Écrins. Deux sommets ne sont pas identifiĂ©s[16].

Un académicien cultivant d'illustres relations

Dans les années 1920, il conseille sa cousine, la baronne Noémie de Rothschild, dans le choix de Megève pour y construire l’hôtel du Mont d’Arbois. Ce fut le commencement des stations de sports d’hiver françaises. Il entretient aussi une correspondance suivie avec le Roi Albert Ier de Belgique et avec le pape Pie XI, tous deux très férus de montagne.

Paul Helbronner est élu, sur proposition de Paul Appell, membre de l'Académie des sciences le (division des académiciens libres) et membre du Bureau des longitudes[17]. Excellent dessinateur, il profite des séances à l’Académie pour « croquer » ses collègues, et réaliser deux savoureux recueils de portraits, dont « Profils de confrères ». À son décès, il lègue à l’Institut de France la totalité des archives concernant son activité de géodésien, ses notes de calcul, des milliers de photos et son matériel de campement. Ce legs est maintenant réparti pour l'essentiel au Musée dauphinois à Grenoble, qui en est le dépositaire, et une petite partie au Musée Alpin à Chamonix[18].

Ĺ’uvres

  • Une semaine au mont Blanc, , G. Steinheil Ă©d. 1894.
  • « Ascension de l'Aiguille des glaciers, 3,834 mètres », in l'Annuaire du Club alpin français, 21e vol. 1894 [prĂ©sentation en ligne].
  • TĂ©lĂ©photographie simple et stĂ©rĂ©oscopique en montagne, P. Renouard, Paris, 1903.
  • L'Histoire des cartes gĂ©ographiques et procĂ©dĂ©s actuels de leur Ă©tablissement en haute montagne, P. Pierron, Nancy, 1906.
  • « Une toile d'araignĂ©e sur les Alpes françaises » in Groupe parisien de l'X, 6e annĂ©e, no 3, , Gauthier-Villars, Paris, 1908.
  • « Au cours de l'exĂ©cution de la chaĂ®ne mĂ©ridienne de prĂ©cision de Savoie, notes sur ma 5e campagne gĂ©odĂ©sique dans les hautes rĂ©gions des Alpes françaises », in la Montagne du , disponible Ă  la BNF.
  • « Au Galenstock (3,597 m) », in la Revue des Alpes dauphinoises, no 10 et 11 de la 12e annĂ©e, 1910, disponible Ă  la BNF.
  • « La jonction gĂ©odĂ©sique de la Corse au continent français » in l'Astronomie, Bulletin de la SociĂ©tĂ© astronomique de France, .
  • Description gĂ©omĂ©trique dĂ©taillĂ©e des Alpes françaises (OCLC 457782141)
    • Tome I ChaĂ®ne MĂ©ridienne des Alpes (campagnes 1907-08) Gauthier-Villars, Paris, 1910.
    • Tome II Massifs du Chablais et du Faucigny. Versant français du Massif du Mont-Blanc Gauthier-Villars, Paris, 1930. (campagnes 1914-19-20-21)
    • Album-Annexe du tome II Massif du Mont-Blanc (campagnes 1890-3), Gauthier-Villars, Paris, 1921.
    • Tome III Massifs entre Arve et Isère (campagnes 1912-13) Gauthier-Villars, Paris, 1931.
    • Tome IV Massifs des Bauges et de la Grande Chartreuse (campagne 1911-12-13) Gauthier-Villars, Paris, 1931.
    • Tome V Massifs d’Allevard, des Sept Laux, de Belledonne, des Grandes Rousses et des Arves (campagnes 1903-04-05-09) Gauthier-Villars, Paris, 1931.
    • Tome VI Massifs de Tarentaise (campagnes 1908-09-11-12) Gauthier-Villars, Paris, 1932.
    • Tome VII Massif de la Haute-Maurienne (campagnes 1908-09) Gauthier-Villars, Paris, 1932.
    • Tome VIII ChaĂ®ne MĂ©ridienne de DauphinĂ©-Provence (campagnes 1921-22-23) Gauthier-Villars, Paris, 1925.
    • Tome IX Jonction gĂ©odĂ©sique directe de la Corse au continent français, ChaĂ®ne mĂ©ridienne de corse, Mesure de l’arc de mĂ©ridien des Alpes françaises. (campagnes 1925-26-28) Gauthier-Villars, Paris, 1929.
    • Tome X Massifs du Champsaur, du Devoluy, des Écrins et du Pelvoux (campagnes 1904-05-06-18-21-22) Gauthier-Villars, Paris, 1935.
      • Au Travail sur le Grand Pic de la Meije, RĂ©sumĂ© Extrait du Tome X de la Description gĂ©omĂ©trique dĂ©taillĂ©e des Alpes françaises, Gauthier-Villars, Paris, 1935.
    • Album-Annexe du Tome X Panoramas du Pelvoux (campagne 1902) Gauthier-Villars, Paris, 1934.
    • Tome XI Massifs orientaux de la Haute-Durance et massifs de l’Ubaye (campagnes 1905-21-22-23-24) Gauthier-Villars, Paris, 1938.
    • Tome XII Massifs des Alpes maritimes et tables gĂ©nĂ©rales (campagnes 1923-24-25-26-27) Gauthier-Villars, Paris, 1939.

DĂ©corations

Notes et références

  1. Obituary of Nature International weekly journal of science
  2. G. Perrier, « Paul Helbronner », Bulletin Géodésique, vol 60, 1939, p. 410-420
  3. Le téléphérique de l'aiguille du Midi de Chamonix-Mont-Blanc
  4. Panoramic du Mont-Blanc
  5. « Hermance Saint-Paul », sur Association Paul Helbronner (consulté le )
  6. [PDF] Notice biographique sur le site de l'Académie des Sciences.
  7. « Helbronner, Paul (X 1892 ; 1871-1938) », sur Bibliothèque centrale de l'École polytechnique.
  8. « Cote LH/1278/59 », base Léonore, ministère français de la Culture
  9. Officiers topographes et Topographes-alpinistes dans les Alpes françaises, 1890-1940
  10. De l'idée initiale aux premiers travaux... ou les blancs de la cartographie de haute montagne
  11. Daniel Léon, Les Alpes d'Helbronner : mesures et démesure, Grenoble, Glénat, , 159 p. (ISBN 978-2-344-01069-3)
  12. F.Honoré « Les Alpes françaises. L'œuvre d'un alpiniste, à la fois géomètre et peintre de montagne » in L'Illustration 1921, no 4083, p. 532-537
  13. Corse vue du continent
  14. A. Troller, « La jonction géodésique de Corse et de la France Continentale », La Nature, no 2703, 1926, p. 49-54
  15. J. Palmieri, « Paul Helbronner (1871-1938) et la géodésie de la Corse » Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse, fascicule no 730-733, 2010, p. 229-269
  16. Ex-libris dauphinois
  17. In memoriam Les Membres de l'Académie des sciences depuis sa création (en 1666)
  18. Musée Alpin à Chamonix

Voir aussi

Bibliographie

  • Georges Perrier, Notice historique sur Paul Helbronner (1871-1938) (Notice historique sur la vie et l'Ĺ“uvre de Paul Helbronner (1871-1938) dĂ©posĂ©e en la sĂ©ance du 6 mars 1939 de l'AcadĂ©mie des Sciences), Paris, Palais de l'Institut, , 13 p. (lire en ligne).
  • Daniel LĂ©on, Les Alpes d'Helbronner, mesures et dĂ©mesure, Ă©ditions GlĂ©nat, 2015.
  • Daniel LĂ©on, « Paul Helbronner, le mĂ©tronome de l'inutile », Pour la science, no 463,‎ , p. 70-77

Liens externes

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