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Palaeoloxodon naumanni

ÉlĂ©phant de Naumann

Palaeoloxodon naumanni
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
ÉlĂ©phant de Naumann

EspĂšce

Palaeoloxodon naumanni
(Makiyama (d), 1924)

Palaeoloxodon naumanni, ou ÉlĂ©phant de Naumann, est une espĂšce fossile d’élĂ©phants trouvĂ©e en Chine et dans de nombreux sites de l’archipel japonais, ayant vĂ©cu au cours du PlĂ©istocĂšne moyen et supĂ©rieur, entre 340 000 et 26 000 ans avant le prĂ©sent (AP). C’était un Ă©lĂ©phant de taille petite Ă  moyenne, au corps trapu, avec des femelles faisant m et des mĂąles de 2,4 Ă  2,7 m au garrot. Il habitait dans des forĂȘts mixtes de caducifoliĂ©s et de conifĂšres. Il porte le nom du gĂ©ologue et palĂ©ontologue allemand Heinrich Edmund Naumann (1854-1927) qui Ă©tudia les fossiles dĂ©couverts Ă  Yokosuka, dans la prĂ©fecture de Kanagawa, au Japon.

Historique

Le nom de genre Palaeoloxodon est un nom formĂ© Ă  partir de trois Ă©tymons grecs anciens, qui s’analysent ainsi 1) παλαÎčÎżÏ‚ palaios « ancien, vieux » 2) Î»ÎżÎŸÏŒÏ‚ loxĂłs, « oblique, qui est de travers », « incurvĂ© » par opposition Ă  « droit » 3) ᜀΎώΜ odĂŽn « dent »[1], soit aprĂšs latinisation Paleao.lox(o).odon, qui peut s’analyser comme « dent (odon) oblique (loxo) ancienne (palaeo) », le caractĂšre « ancien » suggĂ©rant un ancĂȘtre Ă©teint des Loxodonta, les Ă©lĂ©phants d’Afrique.

L’épithĂšte spĂ©cifique naumanni est un anthroponyme suivi du suffixe -i indiquant la provenance. C’est un hommage au gĂ©ologue et palĂ©ontologue allemand Heinrich Edmund Naumann, qui fut conseiller Ă©tranger au Japon pendant l'Ăšre Meiji et qui eut l'occasion d'Ă©tudier des fossiles de Palaeoloxodon naumanni.

L’espĂšce a Ă©tĂ© dĂ©crite en 1924 et nommĂ©e Elephas naumanni par Jirƍ Makiyama (d) (1896-1986)[2]. Il a divisĂ© les spĂ©cimens du Japon prĂ©cĂ©demment regroupĂ©s sous le nom de Elephas namadicus en deux sous-espĂšces :

  • ceux avec une forme similaire Ă  E. namadicus continental, ayant une couronne large et des boucles d’émail non Ă©troitement disposĂ©es, comme les spĂ©cimens trouvĂ©s sur l’üle de Shodo dans la mer intĂ©rieure de Seto. Ils ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s par Elephas naumanni namadi
  • ceux avec une forme similaire Ă  E. antiquus d’Europe, ayant une couronne Ă©troite et des sinus dĂ©veloppĂ©s, comme les spĂ©cimens trouvĂ©s Ă  Sahama, prĂ©fecture de Shizuoka. Ils ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s par Elephas naumanni naumanni.

En 1924, le palĂ©ontologue japonais Hikoshichirƍ Matsumoto (d) (1887-1975) crĂ©e le genre Palaeoloxodon, qu’il circonscrit en tant que sous-genre des Loxodonta, les ÉlĂ©phants d’Afrique, et dĂ©signe Palaeoloxodon naumanni Makiyama comme l'espĂšce type[3].

Plusieurs nouvelles espÚces découvertes dans les années 1920-1930 furent dans les années 1970 regroupées sous le genre Palaeoloxodon, de sorte que de nos jours (2023) tous les restes de Palaeoloxodon trouvés au Japon sont maintenant désignés comme P. naumanni[4].

Description

Statues de l’élĂ©phant de Naumann prĂšs du lac Nojiri, prĂ©fecture de Nagano

Palaeoloxodon naumanni est un Ă©lĂ©phant de taille moyenne Ă  petite, avec une hauteur au garrot d’environ m pour les femelles et de 2,2 Ă  2,7 m pour les mĂąles, mesurĂ©e sur des squelettes complets reconstruits[4], ce qui est comparable aux 2,19 m d’un cheval de trait actuel mais considĂ©rablement plus petit que les m de Palaeoloxodon namadicus, l’élĂ©phant proche parent vivant Ă  la mĂȘme Ă©poque sur le continent asiatique.

Pour les spĂ©cimens de P. naumanni du lac Nojiri, chez les mĂąles les dĂ©fenses ont montrĂ© une courbure dorsoventrale importante et une torsion, avec une longueur totale de 2,2 Ă  2,4 m. Pour les femelles, les dĂ©fenses n’ont ni courbure ni torsion, avec une longueur de m.

Le corps était trapu et les membres généralement plus épais proportionnellement à leur longueur par rapport aux espÚces existantes, ce qui suggÚre de forts mouvements des membres.

Les caractĂšres propres de P. naumanni sont une taille plus petite que celles des espĂšces de Palaeoloxodon continentaux, une inclinaison faciale relativement lĂąche, une crĂȘte pariĂ©to-frontale faible, une symphyse mandibulaire courte[4].

Chronologie

Distribution et chronologie du genre Palaeoloxodon, d’aprùs Takahashi (2022).

Les fossiles de P. naumanni datĂ©s par tĂ©phrochronologie (datation de dĂ©pĂŽts pyroclastiques), stratigraphie sĂ©quentielle ou datation par le carbone 14 indiquent que l’espĂšce aurait vĂ©cu au Japon entre 340 000 et 26 000 ans avant le prĂ©sent AP[4].

Pour Takahashi, il semble raisonnable de supposer que P. naumanni aurait migrĂ© au Japon durant l’épisode glaciaire relativement long et froid du stade isotopique de l’oxygĂšne SIO 10, soit entre 375 000 et 337 000 ans AP.

P. naumanni est présent en Chine au moins depuis le PliocÚne tardif. Les sites du PléistocÚne moyen et tardif avec cette espÚce sont largement distribuées en Chine.

Pendant la période froide du PléistocÚne supérieur (SIO 4 à 2), qui était la derniÚre étape de l'existence de P. naumanni, la faune de mammouths est arrivée de la route du nord via Sakhaline.

L'espĂšce s'est Ă©teinte avant la fin du PlĂ©istocĂšne supĂ©rieur[5]. Takahashi et d’autres palĂ©ontologues pensent que vers 27 000–26 000 ans AP, l’espĂšce Ă©tait Ă©teinte au Japon[4].

Les causes de l’extinction n’ont pas Ă©tĂ© Ă©tablies avec assurance. Pour certains chercheurs, les changements environnementaux seraient la cause principale, pour d’autres, l’impact des humains aurait jouĂ© un rĂŽle majeur.

Habitat

L’étude des palĂ©overtĂ©brĂ©s et des pollens effectuĂ©e lors de la fouille au lac Nojiri, dans la prĂ©fecture de Nagano oĂč a Ă©tĂ© trouvĂ© P. naumanni, a permis d’en dĂ©duire que la rĂ©gion connaissait un climat tempĂ©rĂ©. Le climat y Ă©tait relativement chaud et humide, avec des prairies et des forĂȘts de caducifoliĂ©es et de conifĂšres[6]. La pĂ©riode d'extinction de P. naumanni, il y a environ 23 000 ans, a coĂŻncidĂ© avec l'expansion des conifĂšres Ă  feuilles persistantes et une diminution des feuillus Ă  feuilles caduques, en raison d'un climat plus froid.

Distribution

P. naumanni est largement distribuĂ© sur les Ăźles japonaises sur plus de 300 sites, allant de Hokkaidƍ au nord Ă  la prĂ©fecture de Kagoshima au sud, entre 44° et 33° de latitude Nord. En dehors des zones terrestres, cette espĂšce a Ă©tĂ© trouvĂ©e dans les eaux cĂŽtiĂšres y compris la mer intĂ©rieure de Seto et le banc de Yamato au centre de la mer du Japon, Ă  une Ă©poque oĂč la mer s’était retirĂ©e.

Certains fossiles trouvĂ©s en Chine et qui furent analysĂ©s dans un premier temps comme des sous-espĂšces de P. namadicus furent par la suite considĂ©rĂ©s comme des P. naumanni. Pour Tong et Patou-Mathis[5], l’espĂšce P. naumanni est prĂ©sente en Chine depuis au moins le PliocĂšne tardif et s’est Ă©teinte avant la fin du PlĂ©istocĂšne supĂ©rieur.

Liste des espĂšces du genre

EspĂšces notables de Palaeoloxodon :

Références

  1. Anatole Bailly, « Dictionnaire grec-français : ᜀΎώΜ, ÏŒÎœÏ„ÎżÏ‚ (ᜁ) ion. c. áœ€ÎŽÎżÏÏ‚, dent, HDT. 6, 107 » (consultĂ© le )
  2. Jirƍ Makiyama, Notes on a fossil elephant from Sahama, Totomi, Mem Col Sci, Kyoto Imp Univ Ser B. 1:255–264
  3. Matsumoto H., « æ—„æœŹç”ŁćŒ–çŸłè±ĄăźçšźéĄž(ç•„ć ±) [Note prĂ©liminaire sur les Ă©lĂ©phants fossiles au Japon (en japonais)] », 朰èłȘ歩雑èȘŒ The Journal of the Geological Society of Japan, vol. 31, no 371,‎ , p. 255–272 (lire en ligne)
  4. Keiichi Takahashi, « An overview of Palaeloxodon naumanni, the Palaeoloxodon (Elephantidae) of the far east: distribution, morphology and habitat », Historical Biology, vol. Ahead-of-Print,‎ , p. 1-18 (lire en ligne)
  5. Tong Haowen et MarylÚne Patou-Mathis « Mammoth and other proboscideans in China during the Late Pleistocene » ()
    —Advances in Mammoth Research
    — « (ibid.) », dans Proceedings of the Second International Mammoth Conference, Reumer, J.W.F., De Vos, J. & Mol, D. (eds.), rotterdam, may 16-20, 1999
  6. Nojiri-ko Excavation Research Group (2018). Naumann’s elephant in Lake Nojiri – Ice age examined by civic participation. Tokyo:Shin nihon syuppansya Co Ltd. Japanese
  7. Turner, A. (2004) Prehistoric Mammals. Larousse

Liens externes

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