PĂ©troglyphes d'Ulsan
Les pĂ©troglyphes d'Ulsan sont des gravures rupestres situĂ©es au bord de la riviĂšre Daegok, prĂšs dâUlsan, Ă lâextrĂ©mitĂ© sud-est de la CorĂ©e du Sud. Depuis , ce site fait partie de la liste indicative du Patrimoine mondial de lâUNESCO[1]. Il comprend deux groupes de pĂ©troglyphes, ceux de Bangudae et ceux de Cheonjeon-ri.
Les pétroglyphes de Bangudae, Daegok-ri
Bangudae : 35° 36âČ 50âł N, 129° 10âČ 28âł E
Historique
Ce site de gravures rupestres fut dĂ©couvert en 1971 par Moon Gyeongdae et Lee Jungbae[2], de lâuniversitĂ© Dongguk. Il a Ă©tĂ© reconnu comme trĂ©sor national en 1995.
Situation
Les pĂ©troglyphes de Bangudae (corĂ©en : ë°ê”Źë ìê°í) (6000 - 1000 av. J.-C.)[3] sont situĂ©s dans le village de Daegok[2]. Bangudae signifie « le rocher ressemblant Ă une tortue »[1]. Les gravures se trouvent dans une zone montagneuse, isolĂ©e dans la forĂȘt au bord de la riviĂšre Daegok[2], un affluent du Taehwa. Ils sont gravĂ©s dans une roche sĂ©dimentaire et regroupĂ©s en trois panneaux principaux mesurant, en tout, 5 m de haut et long de 8 m[2]. Un rocher protubĂ©rant les protĂšge de la pluie[2]. Les 300 gravures montrent des figures vives et dynamiques, et utilisent abondamment les lignes et les points. Dâautres pĂ©troglyphes semblables ont Ă©tĂ© trouvĂ©s Ă proximitĂ© sur le site de Cheonjeon-ni.
- Le site de Bangudae.
- Les gravures de Bangudae.
Le site est localisĂ© dans une vallĂ©e ravinĂ©e en amont de la riviĂšre Taehwa qui coule du sud et rejoint la mer du Japon, dans la rĂ©gion dâUlsan en CorĂ©e du Sud. Des gravures de milliers dâannĂ©es sur cette falaise sont restĂ©es intactes grĂące Ă la partie protubĂ©rante de la falaise, qui protĂ©gea les gravures de la pluie. LâĂ©quipe de dĂ©couvreurs les a nommĂ©es « Lâart rupestre de Bangudae » : le « Bangudae » est le nom dâun endroit pittoresque, situĂ© prĂšs du site dĂ©couvert et visitĂ© par de nombreux Ă©crivains pour susciter leur inspiration poĂ©tique durant la pĂ©riode Joseon, la derniĂšre des dynasties corĂ©ennes.
Description
Les gravures des scĂšnes de chasse aux cĂ©tacĂ©s en bateaux ont Ă©tĂ© bien dĂ©taillĂ©es, mais lâinsuffisance des indices archĂ©ologiques empĂȘchait la datation exacte dans les annĂ©es 1970. Cependant, des prĂ©historiens ont persĂ©vĂ©rĂ© pour pouvoir les dater. La plupart des trois cents gravures, obtenues par piquetage ou raclage sur la face plane du schiste, sont des animaux. Les diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s dâanimaux reprĂ©sentĂ©s sont : les animaux marins comme les cĂ©tacĂ©s comprenant la baleine franche du Pacifique-Nord, la baleine Ă bosse, la baleine grise, le cachalot, les tortues marines, les pinnipĂšdes, les poissons comme le saumon, les oiseaux marins, et les animaux terrestres comme les cerfs Ă©laphes, les chevreuils, les tigres, les lĂ©opards, les loups, les renards et les sangliers. Cette abondance dâassociation dâanimaux terrestres et marins dans une seule paroi verticale mesurant 5 m de haut sur 8 m de long, tĂ©moigne de la valeur unique de ce site.
La plupart des personnes gravĂ©es sont nues et sont reprĂ©sentĂ©es de profil, chassant Ă lâarc, ou les bras levĂ©s, soufflant dans un bĂąton qui semble ĂȘtre un instrument de musique. En outre, la reprĂ©sentation des animaux est suffisamment dĂ©taillĂ©e pour que lâon puisse distinguer lâespĂšce et lâĂ©thologie des animaux dâun simple coup dâĆil. Parmi les figures dâanimaux, les cĂ©tacĂ©s sont les plus nombreux. Ils se trouvent dans la partie gauche de la paroi et les animaux terrestres comme les cerfs sont regroupĂ©s dans la partie droite. Cette distinction entre la mer et la terre est influencĂ©e par la position naturelle de la falaise car le flux de la riviĂšre devant ce site coule vers la gauche et rejoint la mer ; le cĂŽtĂ© opposĂ© se trouve dans une zone montagneuse.
Des baleines nageant en banc, vues de dessus, sont reprĂ©sentĂ©es trĂšs vives, avec des scĂšnes prĂ©sentant une baleine portant son petit sur son dos, des baleines sautant hors de lâeau et dĂ©couvrant leur ventre, et des scĂšnes panoramiques montrant la respiration des cĂ©tacĂ©s de profil. Par ailleurs, des baleines Ă lâenvers, reprĂ©sentĂ©es horizontalement, semblent ĂȘtre mortes. Quant aux donnĂ©es ethnographiques, les motifs de traits horizontaux et verticaux ressemblent fortement aux lignes de dĂ©coupage des cĂ©tacĂ©s utilisĂ©es par les indigĂšnes dâAmĂ©rique du Nord. Les trois tortues placĂ©es au-dessus des bancs de cĂ©tacĂ©s les guident. La tortue est souvent considĂ©rĂ©e comme un lien entre le monde aquatique et le monde terrestre. Des poissons qui se trouvent en bas de la paroi ont une tĂȘte bien dĂ©taillĂ©e, avec un corps couvert de nombreuses cupules, dans une scĂšne de saut des poissons. PrĂšs des baleines, un oiseau proche du cormoran vole Ă tire-dâaile, avec un poisson dans son bec. Les animaux forestiers sont principalement reprĂ©sentĂ©s de profil, ce qui marque efficacement la description ethnologique des quatre pattes.
Les gravures des outils, ainsi que des bateaux, des flotteurs, des harpons, des filets, des barrages, des arcs, sont porteuses dâinformations tĂ©moignant de la vie Ă l'Ă©poque de rĂ©alisation des gravures, comme dans une scĂšne de chasse Ă la baleine, ou de chasse au tigre avec des filets. Par analogie, une trace de filet, dĂ©couverte dans un amas coquillier de Dongsam-dong Ă Busan, rĂ©gion qui se situe prĂšs des pĂ©troglyphes de Bangudae, montre lâutilisation de filet au NĂ©olithique, qui fut employĂ© non seulement pour la chasse Ă la baleine mais aussi pour la chasse aux animaux terrestres. Des gravures de piĂšges Ă poissons y sont Ă©galement reprĂ©sentĂ©es.
Lâart rupestre de Bangudae a une valeur archĂ©ologique exceptionnelle, par ses scĂšnes de chasse Ă la baleine illustrĂ©es sans ambiguĂŻtĂ©. Dans des bateaux curvilignes, des groupes de 17, 7 ou 5 personnes sont embarquĂ©s. Certains bateaux sont figurĂ©s avec des cĂ©tacĂ©s et des flotteurs, avec la reprĂ©sentation dâun harpon gravĂ©e sur une baleine. Ces scĂšnes constituent la plus ancienne reprĂ©sentation de chasse Ă la baleine connue au monde, d'aprĂšs des Ă©tudes rĂ©centes qui ont permis d'estimer la date de rĂ©alisation du site de Bangudae. Les rĂ©sultats de plusieurs analyses des restes fauniques et de baleines relevĂ©s dans des amas coquiller du sud-est de la CorĂ©e tĂ©moignent de leur existence vers 5000 Ă En outre, un bateau en bois dĂ©couvert en 2005 dans un amas coquillier de Bibongri Ă Changnyeong, et un os de baleine percĂ© par un harpon dĂ©couvert dans un amas coquillier de Hwangseongdong Ă Ulsan en 2010, sont des tĂ©moins Ă©vidents d'une chasse Ă la baleine au dĂ©but du NĂ©olithique, le rĂ©sultat des analyses fixe une chronologie entre 6000 et
Conservation
Lors de leur dĂ©couverte, les pĂ©troglyphes de Bangudae Ă©taient dĂ©jĂ immergĂ©s dans un lac du barrage. Les ressources hydriques crĂ©Ă©es par ce barrage au profit des activitĂ©s industrielles de la rĂ©gion dâUlsan reprĂ©sentant une valeur Ă©conomique importante, les pĂ©troglyphes de Bangudae ne bĂ©nĂ©ficiaient alors dâaucune mesure de protection depuis les 40 derniĂšres annĂ©es. Ă la suite de leur dĂ©claration en 1995 comme trĂ©sors nationaux, des discussions se sont ouvertes en 2000, lors d'un Symposium international sur les Sciences commĂ©morant le 30e anniversaire de la dĂ©couverte des pĂ©troglyphes en CorĂ©e. Le sentiment de la nĂ©cessitĂ© de leur prĂ©servation a commencĂ© alors Ă ĂȘtre largement partagĂ©, accentuĂ© notamment par de nombreuses mĂ©diatisations, montrant des exemples de prĂ©servation de pĂ©troglyphes dans dâautres pays, et leur valeur en tant que patrimoine culturel. En particulier, lâexemple du patrimoine de Foz CĂŽa au Portugal et les messages des scientifiques europĂ©ens sollicitant leur prĂ©servation ont profondĂ©ment touchĂ© les CorĂ©ens. En 2003, une Ă©tude scientifique a Ă©tĂ© menĂ©e afin de trouver des mesures de prĂ©servation adaptĂ©es. Trois solutions ont Ă©tĂ© proposĂ©es : la baisse du niveau dâeau du barrage, la dĂ©viation de la voie dâeau, ou l'installation de murs hydro-bloquants devant le site. Mais les avis Ă©taient contradictoires entre le Service des ressources hydrauliques, le Bureau du patrimoine et le gouvernement rĂ©gional, les discussions ont durĂ© plusieurs annĂ©es sans trouver dâissue.
La mĂ©thode consistant Ă baisser le niveau dâeau du barrage a Ă©tĂ© fortement mise en avant, mais elle causait une perte de ressources hydrauliques non nĂ©gligeable. En 2009, lâaffaire a pris une nouvelle dimension, avec lâengagement du Premier ministre devant le Parlement, Ă la suite d'une plainte des conseillers rĂ©gionaux : de prĂ©server ce patrimoine en lâinscrivant sur la Liste du Patrimoine mondial de lâUNESCO. Dans la mĂȘme annĂ©e, une mĂ©thode de prĂ©servation pour quâils ne soient pas immergĂ©s a Ă©tĂ© dĂ©finitivement adoptĂ©e et le site a Ă©tĂ© inscrit sur la liste indicative du Patrimoine mondial de lâUNESCO.
Les pétroglyphes de Cheonjeon-ri
Cheonjeon-ri : 35° 36âČ 53âł N, 129° 10âČ 25âł E
Les pĂ©troglyphes de Cheonjeon-ri (corĂ©en : ìČì 늏 ê°ì) ont Ă©tĂ© gravĂ©s sur une longue pĂ©riode, entre la fin du NĂ©olithique et la pĂ©riode de Silla. Ces gravures ont la particularitĂ© de se chevaucher. Sur une surface de 2,8 m sur 9,7 m, elles reprĂ©sentent essentiellement des animaux terrestres, en particulier des cerfs Ă©laphes. Les gravures du milieu de lâĂge du bronze comprennent beaucoup de formes gĂ©omĂ©triques (losanges, spirales, etc.) ce qui est trĂšs rare pour la pĂ©ninsule corĂ©enne mais rappelle plutĂŽt des motifs dĂ©couverts en SibĂ©rie et dans le nord de la Chine.
Les gravures de lâĂge du fer ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es avec des outils trĂšs acĂ©rĂ©s, les lignes sont trop fines pour ĂȘtre discernĂ©es facilement. Ces images datant probablement du Ve ou VIe siĂšcle montrent des personnages sur des bateaux ou Ă cheval en procession, portant le costume de lâĂ©poque du royaume de Silla. Les derniĂšres inscriptions concernent les hwarangs, la jeunesse aristocratique de Silla qui sâentraĂźnait Ă cet endroit. Elles donnent le nom des personnages, leur programme dâentraĂźnement ainsi que des informations sur la famille royale. Ce site a Ă©tĂ© classĂ© en 1973 comme TrĂ©sor national no 147[1].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Bangudae Petroglyphs » (voir la liste des auteurs).. Cet article a Ă©tĂ© grandement augmentĂ© depuis la traduction de l'article Bangudae Petroglyphs.
- (en)« Daegokcheon Stream Petroglyphs », sur whc.unesco.org,
- B. Fitzner, K. Heinrichs, D. La Bouchardiere, « The Bangudae Petroglyph in Ulsan, Korea: studies on weathering damage and risk prognosis », Environmental Geology, 2004, 46, 504-526. DOI 10.1007/s00254-004-1052-x [PDF] .
- (fr) Sang-Mog Lee et Daniel Robineau, « Les cĂ©tacĂ©s des gravures rupestres nĂ©olithiques de Bangu-dae (CorĂ©e du Sud) et les dĂ©buts de la chasse Ă la baleine dans le Pacifique nord-ouest », Lâanthropologie, 2004, 108, 137-151. DOI 10.1016/j.anthro.2004.01.001 [PDF] (pdf).
Bibliographie
- Lee Sangmog, Chasseurs de baleines : la frise de Bangudae (CorĂ©e du Sud), Paris, Ăd. Errance,, , 126 p. (ISBN 978-2-87772-458-6) .
- Kim Won-yong. Art and Archaeology of Ancient Korea. Taekwang, Seoul, 1986.
- Nelson, Sarah M. The Archaeology of Korea. Cambridge University Press, Cambridge, 1993, pp. 154.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Les pétroglyphes de Bangudae, visitkorea.or.kr
- (run) Site officiel
- (fr) France-Culture: émission d'archéologie: Carbone 14 Le mystÚre des baleines de Bangudae (Corée du Sud), 01.07.2017.