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Pâques vaudoises

Les Pâques vaudoises, appelĂ©es aussi « Pâques piĂ©montaises », dĂ©signent une pĂ©riode de rĂ©pression sanglante menĂ©e en 1655 dans le PiĂ©mont par le DuchĂ© de Savoie contre les populations de Vaudois de trois, puis d'une dizaine de vallĂ©es italiennes. Leur dĂ©roulement, avec l'hĂ©bergement forcĂ© des troupes par les habitants et de nombreux sĂ©vices contre les populations locales, a prĂ©figurĂ© les dragonnades qui seront organisĂ©es en France une gĂ©nĂ©ration plus tard sous Louis XIV par le ministre de la guerre Louvois au dĂ©but des annĂ©es 1680.

Gravure illustrant le massacre des vaudois qui a eu lieu en 1655 dans le Piémont.

L'arrêt de janvier 1655 contre les trois vallées

La croisade de 1655 contre les vaudois repose, comme celle de 1545 (Luberon) et celle de 1488 (Vallouise), sur une justification juridique et religieuse, même si elle est ensuite prétexte à viols, pillages et tortures. Le docteur en droit Gastaldo, auditeur à la chambre des comptes, conservateur général de la sainte foi, chargé d'assurer l'observation des ordres publiés contre la « religion prétendue réformée » des vallées de Lucerne, de Pérouse et de Saint-Martin, fut délégué spécialement à cet effet par Christine de France, régente de Savoie. S'étant transporté à Luzerne, il y publia, le , un arrêt demandant aux vaudois de quitter leurs vallées.

L'arrivĂ©e de 40 000 soldats dans les vallĂ©es

En , les Vaudois subissent des dragonnades et, Ă  Pâques, 40 000 soldats, renforcĂ©s par les milices communales et commandĂ©s par le marquis de Pianezza, sont lancĂ©s, tels des croisĂ©s, sur les vallĂ©es vaudoises. Parmi eux, des rĂ©fugiĂ©s irlandais qui avaient subi chez eux les persĂ©cutions de Cromwell, relate l'historien Gabriel Audisio.

L’occupation tourne rapidement au massacre, à Pra-du-Tour, à Villar Pellice, à Bobbio Pellice, à Rora, à Prali. Le , le marquis de Pianezza célébrait sa victoire sur ces « hérétiques… simples bergers idiots… faux monnayeurs, apostats et sorciers ».

L'exil des leaders vaudois

Un hĂ©ros populaire, JosuĂ© Janavel, appelle Ă  la rĂ©sistance, mais ce n’est qu’un feu de paille. Le , le Val Germanasca tombe, Janavel doit s’exiler, ainsi que le « modĂ©rateur Â» (responsable) Jean LĂ©ger, futur auteur d’une Histoire gĂ©nĂ©rale des Églises Ă©vangĂ©liques des vallĂ©es du PiĂ©mont ou vaudoises, dont la première Ă©dition est publiĂ©e en 1659 Ă  Leyde. Jean LĂ©ger obtient du roi français Louis XIV, au dĂ©but du règne de ce dernier, et sur la recommandation d'Oliver Cromwell[1], la permission de faire en France une enquĂŞte sur les persĂ©cutions de l'annĂ©e 1655.

L'intervention de la communauté internationale

Les vaudois seront sauvés par la communauté internationale protestante. Oliver Cromwell décrète un jeûne national en l’honneur des martyrs. Le poète et pamphlétaire anglais, John Milton (1608 - 1674), écrit son sonnet sur Bloody Easter (« venge, ô Dieu, tes élus massacrés »). Le Danemark, la Hollande, Berne, Genève protestent et un flot de pamphlets et d’estampes anti-savoyardes envahit l’Europe. Londres envoie à Turin un ambassadeur extraordinaire, sir Samuel Morland, auteur de The History of the Evangelical Churches of the Valleys of Piemont (Londres, 1658).

La France s’en mĂŞle ensuite : Mazarin s’émeut de ce tapage, qui touche ses alliĂ©s protestants du moment, surtout lorsque la rĂ©sistance locale reprend des forces avec JosuĂ© Janavel et des officiers huguenots français. JosuĂ© Janavel est blessĂ©, son lieutenant Bartolomeo Jahier tuĂ© et le , les vaudois brĂ»lent le couvent de La Tour. Finalement, Mazarin s'en mĂŞle et l'ambassadeur de France Ă  Turin pousse Ă  la paix, ce qui amène le jeune duc Charles-Emmanuel II de Savoie Ă  accorder alors des « patentes de grâce Â» et un pardon gĂ©nĂ©ral. JosuĂ© Janavel, qui veut continuer le combat, est dĂ©savouĂ©. Il trouvera un nouveau rĂ´le 30 ans plus tard lors de la Glorieuse rentrĂ©e d', qui voit 900 rĂ©fugiĂ©s vaudois Ă  Genève parcourir 200 kilomètres Ă  travers les crĂŞtes, menĂ©s par le pasteur Henri Arnaud pour retrouver leurs villages du PiĂ©mont, en profitant du renversement d'alliance du Duc de Savoie Ă  l'occasion de son ralliement Ă  la ligue d'Augsbourg.

La patente de Turin

Une assemblĂ©e de barbes vaudois se rĂ©unit du 6 au Ă  Roccafiero (Envers Villar) pour ratifier la « Patente de Turin Â» obtenue de Charles-Emmanuel II de Savoie après l’intervention d’ambassadeurs suisses. Le texte, validĂ© par le Duc de Savoie le [2], comporte plusieurs inconvĂ©nients, en particulier parce qu'il exige l'exil de JosuĂ© Janavel et l'interdiction du culte Ă  St Jean, mais en Ă©change, la libertĂ© de culte est maintenue aux anciennes Églises des VallĂ©es, comme dans les prĂ©cĂ©dents traitĂ©s, en particulier la paix de Cavour. La Patente apporta vingt annĂ©es de paix après 10 ans de persĂ©cutions continuelles de 1655 Ă  1665. Entretemps, la Restauration anglaise et l'arrivĂ©e de Charles II, le nouveau roi d’Angleterre, catholique et cousin du roi de France Louis XIV, a changĂ© la donne. Un peu avant l'assemblĂ©e de Roccafiero, le , les reprĂ©sentants vaudois avaient Ă©tĂ© rĂ©unis Ă  La Tour de Pellice le pour lui Ă©crire, car il avait confisquĂ© les sommes rĂ©unies par Oliver Cromwell pour les vallĂ©es vaudoises. Cette dĂ©marche n’obtint rien, Charles II considĂ©rant qu’il n’était pas tenu de payer les dettes d’Oliver Cromwell, qu'il considĂ©rait comme un usurpateur.

Notes et références

  1. Biographie universelle par François Xavier de Feller - 1839 -
  2. Waldensian trail of faith

Voir aussi

Bibliographie

  • Alexis Muston, L'IsraĂ«l des Alpes: première histoire complète des Vaudois du PiĂ©mont et de leurs colonies, 1854 - Librairie de Marc Ducloux

Articles connexes

Liens externes

  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article FrĂ©dĂ©ric Meyer, « Vaudois et protestants dans les Etats de Savoie-PiĂ©mont du XVIe au XVIIIe siècle », [lire en ligne]
  • Janavel et les vaudois, sur www.info-bible.org, [lire en ligne]
  • Jeanne Decorvet, L'ÉpopĂ©e vaudoise, Ă©d.Excelsis, [lire en ligne] (extraits)
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