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Owen Gingerich

Owen Jay Gingerich, né le et mort le [1], est un ancien professeur et chercheur en astronomie et en histoire des sciences à l'Université Harvard, et un « astronome senior emeritus » au Smithsonian Astrophysical Observatory. En plus de ses activités de recherche et d'enseignement, il est l'auteur de nombreux livres sur l'histoire de l'astronomie.

Gingerich est également membre de l'American Academy of Arts and Sciences, de la Société philosophique américaine et de l'International Academy of the History of Science. Il a été participé activement à l'American Scientific Affiliation, une société de scientifiques évangéliques[2] et il fait partie du conseil d'administration de la Fondation John Templeton[3].

Jeunesse

Il est nĂ© dans une famille mennonite Ă  Washington (Iowa), mais il a grandi dans les prairies du Kansas oĂč il commença Ă  s'intĂ©resser Ă  l'astronomie. Son pĂšre enseigna au Bethel College Ă  North Newton, Kansas, de 1941 jusqu'Ă  1947, oĂč il partit travailler au Goshen, College, dans l'Indiana. Lorsque sa famille emmĂ©nagea, Owen Gingerich commença de suivre les cours du Goshen College sans avoir reçu son diplĂŽme de lycĂ©en, n'y ayant terminĂ© que ses annĂ©es initiales. Il continua ses Ă©tudes Ă  Harvard. En 2004, le lycĂ©e de Newton lui remis en guise de distinction un diplĂŽme de lycĂ©en honoraire.

CarriĂšre et contributions

C'est largement grĂące aux travaux de Gingerich que De revolutionibus (ici, la couverture de la deuxiĂšme Ă©dition-BĂąle, 1566) a fait l'objet de plus de recherches et Ă©tĂ© inscrit Ă  plus de catalogues que n'importe quel texte historique en Ă©dition originale, Ă  l'exception de l’original de la Bible de Gutenberg

Gingerich fut finalement amenĂ© Ă  enseigner l'astronomie Ă  Harvard, oĂč ses confĂ©rences devinrent rĂ©putĂ©es pour les astuces employĂ©es en vue de capturer l'attention ; parmi elles, ses irruptions hors de la salle de classe armĂ© d'un extincteur pour illustrer la troisiĂšme loi du mouvement de Newton, ou le fait de se vĂȘtir comme un Ă©tudiant du ∏[4]. Il est Ă©galement associĂ© au Smithsonian et a prĂ©sidĂ© la Commission de DĂ©finition des PlanĂštes de l'Union astronomique internationale (UAI) qui avait une mission de mise Ă  jour de la dĂ©finition des planĂštes reflĂ©tant les changements rĂ©cents tels que ceux d'Eris.

Le comitĂ© de sept membres prĂ©senta un projet de dĂ©finition qui conservait son statut Ă  Pluton en n’exigeant d’une planĂšte que deux caractĂ©ristiques, savoir :

  1. qu’elle soit assez grande pour ĂȘtre parvenue Ă  un Ă©quilibre hydrostatique, c’est-Ă -dire une forme quasi sphĂ©rique), et
  2. qu’elle soit en orbite autour d’une Ă©toile sans en ĂȘtre une elle-mĂȘme.

Cette proposition fut l’objet de nombreuses critiques parce qu’elle affaiblissait le contenu du terme. La dĂ©finition finalement adoptĂ©e par l’UAI ajoutait une caractĂ©ristique complĂ©mentaire : dĂ©sormais, une planĂšte doit avoir Ă©liminĂ© de son voisinage tout corps de taille notable, langage qui « ne fit pas du tout plaisir » Ă  Gingerich[5].

En plus de ses travaux de recherche en astronomie, il en a Ă©galement Ă©tudiĂ© l’histoire. Dans les annĂ©es 1950, il effectua des recherches sur la vie de Charles Messier ainsi que sur son catalogue. Gingerich retrouva des notes de Messier sur deux objets supplĂ©mentaires, dĂ©couverts par Pierre MĂ©chain, qu’il ajouta au catalogue Messier : M108 (NGC 3556) et M109 (NGC 3992). Il effectua Ă©galement des investigations en vue de retrouver les « objets Messier » manquants. Il arriva Ă  la conclusion que M91 Ă©tait probablement une comĂšte, et que M102 Ă©tait probablement une duplication de la galaxie M101. Sa premiĂšre conclusion fut dĂ©noncĂ©e ultĂ©rieurement lorsque W. C. Williams apporta la preuve que M91 correspondait probablement Ă  l’objet NGC 4548, mais la seconde est encore discutĂ©e, M102 pouvant correspondre Ă  NGC 5866[6].

Gingerich est une autorité largement reconnue aussi bien sur Johannes Kepler que sur Nicolas Copernic, et spécialement en ce qui concerne son De revolutionibus orbium coelestium.

Arthur Koestler en 1959 Ă©crivit dans « Les Somnambules », au chapitre « II Le systĂšme de Copernic » Ă  propos de De revolutionibus orbium coelestium : « Le livre que personne n’a lu - Le Livre des RĂ©volutions des SphĂšres CĂ©lestes Ă©tait et demeure la plus mauvaise vente de tous les temps. » AprĂšs la dĂ©couverte Ă  l’Observatoire Royal d’Edimbourg (en) d’un exemplaire rigoureusement annotĂ©, ayant appartenu Ă  Erasmus Reinhold[7], l’éminent astronome et mathĂ©maticien allemand du XVIe siĂšcle, en Prusse, peu aprĂšs la mort de Copernic au mĂȘme endroit, Gingerich eut l’inspiration de vĂ©rifier l’affirmation de Koestler, et de rechercher qui avait possĂ©dĂ© et Ă©tudiĂ© les seules Ă©ditions de l’ouvrage antĂ©rieures au milieu du XIXe siĂšcle, l’original de 1543 Ă  Nuremberg, et la seconde Ă©dition de 1566 Ă  BĂąle. Gingerich mit en Ă©vidence les piĂšces indiquant les auteurs et les mĂ©thodes de censure du livre. C’est notamment grĂące aux travaux de Gingerich que ce livre est celui ayant fait l’objet du plus grand nombre de recherches documentaires et apparaissant dans le plus grand nombre de catalogues juste derriĂšre l’original de la Bible de Gutenberg[4]. Son Ă©tude personnelle de 30 annĂ©es du chef-d’Ɠuvre de Copernic fut contĂ©e dans The Book Nobody Read, publiĂ© en 2004 par Walker & Co. Ce livre et les recherches qu’il expose lui valurent en 1981 l’Ordre du MĂ©rite Polonais dĂ©cernĂ© par le gouvernement polonais[8].

Science et religion

Étant thĂ©iste en mĂȘme temps qu’historien des sciences et cosmologiste, on a demandĂ© Ă  plusieurs reprises Ă  Gingerich de commenter les relations entre la science et la foi. De l’une d’entre elles, le dessein intelligent (DI), il considĂšre que le problĂšme rĂ©side dans une « immense incomprĂ©hension aussi bien de la part de ses partisans que de ses opposants ». D’un cĂŽtĂ©, dit-il, il est regrettable qu’il semble y avoir des rĂ©actions d’attrappe-nigauds parmi ceux qui critiquent le DI selon l’idĂ©e que ce n’est qu’un crĂ©ationnisme Jeune-Terre dĂ©guisĂ©. D’un autre cĂŽtĂ©, il indique que, lorsque les partisans du DI prĂ©sentent un bon dossier permettant une comprĂ©hension cohĂ©rente de la nature du cosmos,

« ils restent Ă  court lorsqu’il s’agit de prĂ©senter un quelconque mĂ©canisme efficace des causes premiĂšres des scientifiques de notre Ă©poque. Le DI n’explique pas la distribution temporelle ou gĂ©ographique des espĂšces, ni les relations d’intrications du codage de l’ADN. Le DI est intĂ©ressant comme idĂ©e philosophique, mais il ne remplace pas les explications scientifiques qu’offre l’évolution[9]. »

Gingerich pense qu’« il existe un Dieu concepteur, qui s’est servi Ă  l’occasion du processus Ă©volutionnaire pour parvenir Ă  des objectifs plus gĂ©nĂ©raux - qui sont, pour ce que nous, les ĂȘtres humains, pouvons en percevoir [le dĂ©veloppement de] la conscience de soi et de la conscience ». Il a Ă©crit : « Je crois dans le dessein intelligent, en minuscule ’d’ et 'i'. Mais j’ai un problĂšme avec le Dessein Intelligent en majuscule ’D’ et ’I’, un mouvement largement perçu comme anti-Ă©volutionniste. » Il a indiquĂ© que les arguments tĂ©lĂ©ologiques tels que le rĂ©glage fin de l’Univers, peuvent compter parmi les Ă©vidences mais non les preuves de l’existence de Dieu. Il dit que « le sens commun et une interprĂ©tation satisfaisante de notre monde suggĂšre une conception de la main d’une superintelligence. »[10]

Acceptant l’ancĂȘtre commun Ă  toutes les espĂšces, Gingerich est un Ă©volutionniste thĂ©iste (en). De ce fait, il n’accepte pas le naturalisme mĂ©taphysique, en Ă©crivant :

« La plupart des mutations sont des dĂ©sastres, mais peut-ĂȘtre que peu d’entre elles, inspirĂ©es, ne le sont pas. Des mutations peuvent-elles ĂȘtre inspirĂ©es ? Ici se situe le rideau de fumĂ©e idĂ©ologique, la division entre l’évolution athĂ©e et l’évolution thĂ©iste, et franchement c’est au-delĂ  du domaine scientifique que de statuer d’une façon ou de l’autre sur ce sujet. La science ne s’effondrera pas si certains praticiens sont convaincus qu’à l’occasion, il y a eu une impulsion crĂ©atrice dans la longue chaĂźne de l’existence[11]. »

Les croyances de Gingerich ont quelquefois suscitĂ© des critiques de la part des crĂ©ationnistes Jeune-Terre, qui sont en dĂ©saccord avec l’idĂ©e d’un Âge de l'univers qui se compte en milliards d’annĂ©es. Gingerich a rĂ©pondu partiellement en disant que « la grande tapisserie de la science est tissĂ©e en mĂȘme temps que la question 'comment ?’ » alors que le rĂ©cit et la foi biblique « adressent des questions entiĂšrement diffĂ©rentes : non pas sur le ’comment ?’ mais sur les motivations du ’Qui ?’ »[2]

RĂ©ussites et distinctions

À Harvard, Gingerich enseigna « La perspective astronomique », un cours scientifique central pour des non-scientifiques, qui fut, Ă  la date de sa retraite en l'an 2000, le plus ancien cours de l'UniversitĂ© avec la mĂȘme direction. Un certain semestre, alors que les inscriptions Ă  son cours se tassaient, Gingerich loua un avion pour voler au-dessus d'Harvard en traĂźnant une banderole sur laquelle Ă©tait Ă©crit : « Sci A-17. M, W, F. Try it! » La classe se remplit avant la fin de la semaine. En 1984, il gagna le prix Phi Beta Kappa de Harvard-Radcliffe, pour l'excellence de son enseignement, en partie du fait de sa crĂ©ativitĂ© dans l'usage des costumes mĂ©diĂ©vaux, des extincteurs et d'au moins un avion[4].

Le Dr Gingerich a écrit plus d'une vingtaine d'ouvrages, publié prÚs de 600 articles et études ethniques et pédagogiques, et il a écrit de nombreux autres articles pour un public populaire. Deux anthologies de ses études ont été publiées, The Great Copernicus Chase and Other Adventures in Astronomical History aux Cambridge University Press et The Eye of Heaven: Ptolemy, Copernicus, Kepler à l'American Institute of Physics[8]

Il a fait partie du conseil de l'American Astronomical Society, et il a contribuĂ© Ă  l’organisation de sa Division Astronomie historique. En 2000, il a remportĂ© le Prix Doggett pour sa contribution Ă  l'histoire de l'astronomie[12] et en 2006, il reçoit le prix Jules-Janssen de la SociĂ©tĂ© astronomique de France (SAF) en rĂ©compense pour ses travaux astronomiques importants.

L’astĂ©roĂŻde (2658) Gingerich, dĂ©couvert le , Ă  l’Observatoire d'Harvard, a Ă©tĂ© baptisĂ© en son honneur.

Vie personnelle

Gingerich et sa femme Myriam sont mariés depuis plus de 50 ans[4]. Ils ont trois garçons et plusieurs petits-enfants. Il collectionne les livres rares[12]. Bien qu'il ne possÚdent pas d'exemplaire de la premiÚre édition du De revolutionibus (mais deux exemplaires de la seconde édition[13]), sa collection d'éphémérides[14] des 16e et 17e siÚcles ne le cÚde qu'à celle de la BibliothÚque nationale à Paris[15].

Publications

  • (en)Owen Gingerich: "Astronomy" in The Encounter between Christianity and Science, Edited by Richard H. Bube, William B. Eerdmans Publishing Company, 1968, pages 109-133
  • (en)Owen Gingerich, « Erasmus Reinhold and the dissemination of Copernicus theory » In: Owen Gingerich The Eye of Heaven. Ptolemy, Copernicus, Kepler. The American Institute of Physics, New York NY 1993, (ISBN 0-883-18863-5), p. 221–251, reprise de « The Role of Erasmus Reinhold and the Prutenic Tables in the Dissemination of the Copernican Theory », Studia Copernicana VI (Colloquia Copernicana II) (Warsaw: Ossolineum, 1973), p. 43-62.
  • (en)Owen Gingerich, Robert S. Westman : The Wittich Connection: Conflict and Priority in Late Sixteenth-Century Cosmology, Transactions of the American Philosophical Society, vol 78, part 7, 1988 lire en ligne,
  • Owen Gingerich, Le Livre que nul n'avait lu – À la poursuite du « De Revolutionibus » de Copernic, Dunod, coll. « Quai des sciences », , 337 p. (ISBN 978-2-10-049611-2 et 2-10-049611-5), traduction de The Book Nobody Read: Chasing the Revolutions of Nicolaus Copernicus. New York: Walker, 2004 (ISBN 0-8027-1415-3).
  • (en) Owen Gingerich, An annotated census of Copernicus' De revolutionibus (Nuremberg, 1543 and Basel, 1566, Leiden Boston, MA, Brill, , 402 p. (ISBN 90-04-11466-1) (Studia copernicana. Brill's series; v. 2)
  • (en) Owen Gingerich, God's universe : Owen Gingerich, Cambridge, Mass, Harvard University Press, (ISBN 0-674-02370-6)
  • General editor of Oxford Portraits in Science (depuis 1996)
  • (en) Owen Gingerich, The eye of heaven : Ptolemy, Copernicus, Kepler, New York, NY, American Institute of Physics, (ISBN 0-88318-863-5)

Notes et références

  1. CBET 5266: OWEN J. GINGERICH (1930-2023), 30 mai 2023.
  2. Stephen C. Meyer. « Owen Gingerich ». Eternity. May 1986.
  3. Templeton Foundation board of trustees. Accessed Nov. 15, 2006
  4. (en) « Book quest took him around the globe » [« La recherche d’un livre l’a conduit partout dans le monde »], sur boston.com
  5. Robert Roy Britt. « Pluto Demoted: No Longer a Planet in Highly Controversial Definition » (Pluton rĂ©trogradĂ©, n’est plus une planĂšte aux termes d’une classification hautement controversĂ©e). 24 aoĂ»t 2006
  6. Owen Gingerich at SEDS. Consulté le 22-09-2006
  7. Michael Cohen, The Book Nobody Read (Le livre que personne n’a lu), review, 5 fĂ©vrier 2005 The Book Nobody Read
  8. Owen Gingerich Harvard faculty web page (Page d’Owen Gingerich sur le site de l’UniversitĂ© d’Harvard). ConsultĂ© 22-09-2006
  9. Owen Gingerich. « Taking the ID debate out of pundits’ playbooks » (Dessein intelligent : sortir le dĂ©bat sur le DI du livre de route des experts). Science & Theology News (en). Nov. 8, 2005.
  10. Chris Floyd. « « Eyes Wide Open: An Interview with Owen Gingerich (Les yeux grands ouverts : une interview d’Owen Gingerich) »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) ». Science and Spirit. Accessed Sept. 23, 2006
  11. Jonathan Witt. « Owen Gingerich Encourages Civil ID Debate (Owen Gingerich encourage un ébat civil autour du DI) ». 09-11-2005
  12. Owen Gingerich aux bibliothÚques de la Smithsonian Institution. Consulté 22-09-2006
  13. Gingerich, O.:The Book Nobody Read, Walker & Co., 2004.
  14. livres donnant la position des planĂštes jour aprĂšs jour
  15. « Astrophysicist Owen Gingerich to visit Newton, Bethel College ». May 19, 2004

Liens externes

Généralités

Études

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