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Ouvrage de La DĂ©a

L'ouvrage de La Déa est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, située sur la commune de Moulinet dans le département des Alpes-Maritimes.

Ouvrage de La DĂ©a
Type d'ouvrage Petit ouvrage d'infanterie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié des Alpes-Maritimes
└─ sous-secteur de l'Authion,
quartier Cabanes-Vieilles
Année de construction 1935-1940 (inachevé)
RĂ©giment 75e BAF et 85e BAF
Nombre de blocs 3
Type d'entrée(s) Entrée des hommes (EH)
Effectifs 79 hommes et 2 officiers
CoordonnĂ©es 43° 57′ 05,87″ nord, 7° 27′ 19,35″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Alpes-Maritimes

Il s'agit d'un petit ouvrage d'infanterie[n 1] de trois blocs, inachevé, servant d'abri actif : il avait pour mission non seulement de protéger une section d'infanterie, mais aussi de renforcer la ligne de fortifications.

Description

L'ouvrage est construit sur la baisse de la DĂ©a, en sommet de crĂŞte Ă  1 750 mètres d'altitude, juste Ă  la limite entre la commune de Moulinet et celle de Breil-sur-Roya.

Position sur la ligne

L'ouvrage faisait partie de la principale ligne de défense de la ligne Maginot, servant à interdire le passage du vallon de la Maglia vers l'ouest par les pentes de la Gonella et du Ventabren.

Souterrains et blocs

Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui de La Déa est conçu pour résister à un bombardement d'obus de gros calibre. Les organes de soutien sont donc aménagés en souterrain, creusés au minimum sous douze mètres de roche, tandis que les organes de combat, dispersés en surface sous forme de blocs, sont protégés par d'épais cuirassements en acier et des couches de béton armé. Les installations souterraines abritaient un casernement pour l'équipage, un système de ventilation et de filtration de l'air, une cuisine, un poste de secours, des latrines, des lavabos, un petit stock de munitions, un stock de vivres, une usine (mais le petit groupe électrogène n'a pas été installé), ainsi que des citernes d'eau.

Le niveau de protection est le no 2[2], soit pour les murs exposĂ©s une Ă©paisseur de 2,25 mètres de bĂ©ton armĂ© et pour les dalles deux mètres, de quoi thĂ©oriquement rĂ©sister Ă  un pilonnage jusqu'au calibre 240 mm. L'ouvrage avait deux blocs d'entrĂ©e (sur le versant occidental) et un bloc de combat (sur la crĂŞte) servant aussi d'observatoire :

  • bloc 1, servant d'entrĂ©e nord, sans dĂ©fense ;
  • bloc 2, entrĂ©e sud, avec un crĂ©neau pour fusil-mitrailleur ;
  • bloc 3, observatoire avec une cloche GFM type A allĂ©gĂ©e, armĂ©e avec un fusil mitrailleur et un mortier de 50 mm[3].

Un quatrième bloc devait être construit sur le versant oriental : ce devait être une casemate armée avec trois créneaux pour jumelage de mitrailleuses.

Les mitrailleuses et fusils mitrailleurs de l'ouvrage Ă©taient chacun protĂ©gĂ© par une trĂ©mie blindĂ©e et Ă©tanche (pour la protection contre les gaz de combat). Ils tirent la mĂŞme cartouche de 7,5 mm Ă  balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de g pour la modèle 1929 C)[4]. Les mitrailleuses devaient ĂŞtre des MAC modèle 1931 F, montĂ©es en jumelage (JM) pour pouvoir tirer alternativement, permettant le refroidissement des tubes. La portĂ©e maximale avec cette balle (Vo = 694 m/s) est thĂ©oriquement de 4 900 mètres (sous un angle de 45°, mais la trĂ©mie limite le pointage en Ă©lĂ©vation Ă  15° en casemate et Ă  17° dans une cloche GFM), la hausse est graduĂ©e jusqu'Ă  2 400 mètres et la portĂ©e utile est plutĂ´t de 1 200 mètres. Les chargeurs circulaires pour cette mitrailleuse sont de 150 cartouches chacun, avec un stock de 50 000 cartouches pour chaque jumelage[5]. La cadence de tir thĂ©orique est de 750 coups par minute[6], mais elle est limitĂ©e Ă  450 (tir de barrage, avec trois chargeurs en une minute), 150 (tir de neutralisation et d'interdiction, un chargeur par minute) ou 50 coups par minute (tir de harcèlement, le tiers d'un chargeur)[7]. Le refroidissement des tubes est accĂ©lĂ©rĂ© par un pulvĂ©risateur Ă  eau ou par immersion dans un bac. Les fusils mitrailleurs (FM) Ă©taient des MAC modèle 1924/1929 D, dont la portĂ©e maximale est de 3 000 mètres, avec une portĂ©e pratique de l'ordre de 600 mètres[8]. L'alimentation du FM se fait par chargeurs droits de 25 cartouches, avec un stock de 14 000 par cloche GFM, 7 000 par FM de casemate et 1 000 pour un FM de porte ou de dĂ©fense intĂ©rieure[5]. La cadence de tir maximale est de 500 coups par minute, mais elle est normalement de 200 Ă  140 coups par minute[9] - [10].

Histoire

Le premier projet proposé à la Commission d'organisation des régions fortifiées d'un abri sur La Déa date de , le dernier en [11]. La construction de l'ouvrage par la main-d'œuvre militaire a débuté en 1935, mais à cause des difficultés à accéder à l'ouvrage en hiver la construction fut retardée. En 1940, l'ouvrage n'avait pas de groupe électrogène ce qui obligeait les hommes à s'éclairer avec des lampes à pétrole mais avaient un système de ventilation.

L'ouvrage est propriété de la commune de Moulinet. Les deux blocs d'entrée sont murés, ainsi que les créneaux de FM, mais l'extérieur de l'ouvrage reste toujours accessible.

Notes et références

Notes

  1. L'appellation d'« ouvrages » pour désigner les abris actifs est sujet à débats. Selon Philippe Truttmann, « les abris-actifs jouent, dans le Sud-Est, le rôle dévolu aux ouvrages d'infanterie ; ils s'appellent d'ailleurs parfois petits ouvrages »[1].

Références

  1. Truttmann 2009, p. 235.
  2. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 32.
  3. « La DEA (D) ( Ouvrage d'infanterie ) », sur http://wikimaginot.eu/.
  4. « Munitions utilisées dans la fortification », sur http://wikimaginot.eu/.
  5. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 58.
  6. Stéphane Ferrard, France 1940 : l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, , 239 p. (ISBN 2-7268-8380-X), p. 58.
  7. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 110.
  8. « Armement d'infanterie des fortifications Maginot », sur http://www.maginot.org/.
  9. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 107.
  10. Truttmann 2009, p. 374.
  11. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 54.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).
  • Philippe Truttmann (ill. FrĂ©dĂ©ric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'Ă©volution des systèmes fortifiĂ©s d'Europe occidentale de 1880 Ă  1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (rĂ©impr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X).

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