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Ouled Saïd (tribu)

Les Ouled Saïd (arabe : اولاد سعيد) sont une tribu tunisienne arabe issue des Hilaliens[1] et installée dans le Nord-Est tunisien[2], avec Enfida pour capitale[3].

Ouled Saïd

Populations importantes par région
Autres
Régions d’origine Tunisie
Langues Arabe
Religions Islam
Ethnies liées Arabes

Histoire

Origines

Les Ouled Saïd seraient issus de la tribu des Riyah, installée au Maghreb à la suite de l'invasion hilalienne[4]. Leur territoire s'étend de la ville d'Enfida, jusqu'au cap Bon[1]. Ils s'installent un premier temps à Malte, avant de revenir en Tunisie[5].

Moyen Âge et époque moderne

Historiquement, ils sont réputés guerriers et redoutés, et Gustave Mercier-Lacombe les qualifie de « pillards incorrigibles »[3]. L'historien Ibn Khaldoun les décrit comme étant « les Bédouins les plus belliqueux »[6]. Ibn Abi Dinar les présente même comme étant les responsables de l'insécurité en Ifriqiya[7]. Ils sont à maintes reprises marginalisés par le pouvoir, d'abord sous les Hafsides, où ils sont exclus du corps musulman par les légistes, qui assimilaient même les campagnes menées contre eux à la guerre sainte[3]. En 1433, le sultan Abou Amr Uthman les réduit, en confisquant leurs terres et en les déportant[3]. Néanmoins, une source coloniale les qualifie de meilleurs cavaliers du pays, au côté des Ouerghemma[5].

Durant l'occupation espagnole, les Ouled Saïd sont présentés comme l'une des tribus les plus puissantes du royaume. Comptant huit cheikhs, dont le principal se nomme Baldiaf, elle est composée de 2 700 cavaliers[8].

Sous le pouvoir beylical, ils sont également marginalisés et mènent une révolte contre le bey en 1613, mais sans succès[3]. Néanmoins, ils participent à la guerre algéro-tunisienne de 1628 et à la bataille de Smendja en 1735, venant renforcer l'armée husseinite aux côtés des Souassi et des Drid[9].

En 1864, en pleine insurrection menée par Ali Ben Ghedhahem, le caïd des Ouled Saïd, Mohamed El Ouaer, protège un haut fonctionnaire beylical, qui est le commandant Rachid, un gendre du bey. Il est alors escorté par Mohamed El Ouaer jusqu'à la ville de Kairouan, l'un des principal foyer de l'insurrection[10]. La même année, le caïd des Ouled Saïd noue une alliance avec les Jlass de Kairouan[11], et la tribu attaque et pille la ville de Nabeul, en visant particulièrement sa communauté juive. Ils attaquent et pillent également la ville de Hammamet, qui reçoit par ailleurs des réfugiés venant des villages de Takrouna et Hergla[12]. Ils reçoivent par la suite des renforts Mthalith, qui les aident à la piller[12]. Par ailleurs, la tribu est accusée par l'État d'avoir participé aux révoltes de 1841 et 1850, sans pour autant de preuves précises et exactes[10].

Ils participent en revanche de manière active à la lutte contre la colonisation française et s'allient en 1881 aux Jlass et aux Souassi, réunissent 6 000 hommes, et attaquent l'armée française à Bir Hfaïdh près de Hammamet[13]. Par ailleurs, ils sont employés en tant que fermiers par la Société du crédit marseillais, implantée sur le territoire de la tribu[4].

Selon un récit, ils seraient entrés en guerre avec les Jlass voisins durant cent ans, en raison d'un mariage d'une Saïdienne avec un Jlass, auquel les Ouled Said se sont fermement opposés[14].

Composition

La tribu serait composée de plusieurs fractions, à savoir[14] :

  • Ouled Daoud ;
  • Ouled Aoun ;
  • Ouled Amar ;
  • Ouled Messaoud ;
  • Ouled Abdallah ;
  • Ouled Tiba.

Au XIXe siècle, la tribu serait peuplée d'environ 5 000 à 6 000 personnes[15].

Culture

La tribu pratiquait la fantasia, un art équestre traditionnel d'origine tunisienne[14].

Notes et références

  1. Prosper Zaccone, « Notes sur les tribus de la régence », Revue tunisienne, no 33, , p. 12 (lire en ligne, consulté le ).
  2. (de) Afrika-Kartenwerk, Berlin, Borntraeger, , 46 p. (ISBN 3-443-28004-8).
  3. Zaccone 1902, p. 13.
  4. Zaccone 1902, p. 14.
  5. Albert de La Berge, En Tunisie : récit de l'expédition française, voyage en Tunisie, histoire, Paris, Firmin-Didot, , 378 p. (lire en ligne), p. 152.
  6. (ar) Ibn Khaldoun, Kitâb al-‘ibar wa dîwan al-Mubtada wa al-khabar fî ayyâm al-`arab wa al-`ajam wa al-barbar wa man `âsarahum min dhawî al-sultân al-akbar, Beyrouth, Dâr al-Kitâb al-Lubnânî, , p. 409.
  7. (ar) Ibn Abi Dinar, Al-mu'nis fî akhbâr Ifrîqiyya wa Tûnis, Tunis, Al-Maktaba al-‘Atîqa, , p. 254 et 293.
  8. Élie de la Primaudaie, Documents inédits sur l'histoire de l'occupation espagnole en Afrique (1506-1574), Alger, A. Jourdain, , 323 p. (lire en ligne), p. 212.
  9. Alphonse Rousseau, Annales tunisiennes ou aperçu historique sur la régence de Tunis, Alger, Bastide, , 571 p. (lire en ligne), p. 115.
  10. Mahmoud Ettayeb, « La tribu dans l'historiographie tunisienne : l'exemple des Oulad Saïd », dans Sami Bargaoui et Hassan Remaoun, Savoirs historiques au Maghreb : constructions et usage, Oran, Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle, (ISBN 978-9961813249, lire en ligne), p. 107-114.
  11. Mahmoud Ettayeb, « L'accession de Mohammed Bel Ouaer au caïdat : un cas de compétition politique chez les Oulad Saïd (1855-1862) », dans Abdelhamid Hénia (dir.), Être notable au Maghreb : dynamique des configurations notabiliaires, Tunis, Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, coll. « Connaissance du Maghreb », (ISBN 978-2706818028, lire en ligne), p. 228-237.
  12. (ar) « الوطن القبلي أثناء انتفاضة 1864 », sur nabeul.gov.tn (consulté le ).
  13. « Rétrospective : le 24 avril 1881, les tribus tunisiennes résistent aux occupants français », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  14. Ludovic de Campou, La Tunisie française, Paris, Charles Bayle, , 239 p. (lire en ligne), p. 107.
  15. Jean Ganiage, « La population de la Tunisie vers 1860 : essai d'évaluation d'après les registres fiscaux », Population, vol. 21, no 5, , p. 878 (ISSN 0032-4663, lire en ligne, consulté le ).
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